Devoir de Philosophie

ABSORBANT, -ANTE, adjectif et substantif masculin. Définition.

Publié le 28/09/2015

Extrait du document

ABSORBANT, -ANTE, adjectif et substantif masculin.  

I.—  Sens propre. 

A.—  Adjectif.  ANATOMIE, SCIENCES NATURELLES et SCIENCES PHYSIQUES.   [En parlant d'organes creux et par analogie de corps physique considérés comme perméables]  Qui a la propriété d'intégrer à sa substance les sels, les liquides, les gaz, les rayons caloriques ou lumineux, etc. en contact : 

Ø 1. Tout près de-là est le pylore, d'où part l'intestin, lequel, restant toujours égal et cylindrique, fait deux replis, et se porte en avant et à droite, où il s'ouvre au bord de l'orifice du poumon, après avoir rampé sur les parois de cette cavité, et y avoir fourni aux vaisseaux veineux qui les parcourent, une infinité de racines absorbantes.

GEORGES CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, tome 4, 1805, page 116. 

Ø 2. [Pour faire un bon moule céramique] la terre cuite [doit être] assez (...) poreuse pour être absorbante.

ADOLPHE BRONGNIART, Traité des arts céramiques ou des poteries considérées dans leur histoire, leur pratique et leur théorie, tome 1, 1844, page 131. 

Ø 3. En général, la racine qui croît, se couvre bientôt d'un manchon velouté de poils infiniment fins, poils radicaux ou poils absorbants...

LUCIEN PLANTEFOL, Cours de botanique et de biologie végétale, tome 1, 1931, page 149. 

Ø 4.... les multiplicateurs [de fréquence pour l'émission radiotélégraphique] donnent de nombreux harmoniques que des circuits absorbants (...) ou des filtres peuvent (...) éliminer,...

JOSEPH MERCIER, Traité de radio-électricité, Oscillateurs à haute fréquence, tome 1, 1937. 

Ø 5. L'acier inoxydable est malheureusement trop absorbant pour les neutrons; il peut être utilisé pour le gainage de l'uranium enrichi, mais ne peut l'être pour l'uranium naturel.

BERTRAND GOLDSCHMIDT, L'Aventure atomique, ses aspects politiques et techniques,  1962, page 208. 

—   [En parlant de la propriété même]  Qui consiste à intégrer à sa substance d'autres substances (confer ci-dessus) : 

Ø 6. Le sang respire. En modifiant sa composition, on modifie sa propriété absorbante pour l'oxygène.

CLAUDE BERNARD, , Cahier de notes (1850-1860),  1860, page 48. 

Ø 7. Tout le monde autour de lui n'est qu'une mine où le précieux filon vert puise de quoi élaborer continûment son protoplasme, dans l'air par la fonction chlorophyllienne de ses feuilles, dans le sol par la faculté absorbante de ses racines qui assimilent les sels minéraux d'où la qualité essentielle de cet être, libéré à la fois de tous soucis domiciliaires et alimentaires par la présence à son entour d'une ressource infinie d'aliments : l'immobilité.

FRANCIS PONGE, Le Parti pris des choses,  1942, page 67. 

B.—  Emploi comme substantif, rare. 

1. PHARMACOLOGIE.  Substances propres à absorber les acides développés dans les voies digestives. 

2. PYROTECHNIE : 

Ø 8. Les absorbants ont pour objet de solidifier (...) les liquides explosifs (...) pour les rendre plus maniables,...

LOUIS VENNIN, G. CHESNEAU, Les Poudres et explosifs, et les mesures de sécurité dans les mines de houille,  1924, page 314. 

II.—  Au figuré, emploi adjectif.  [En parlant d'une activité, de nature surtout morale, ou d'un état d'âme, etc.]  Qui occupe ou accapare entièrement l'esprit ou les réserves d'énergie d'une personne : 

Ø 9. Chez Trompe-La-Mort, évadé depuis huit ans, ce mouvement s'était bien affaibli; mais, par l'effet de son absorbante méditation, il allait d'un pas si lent et si solennel que, quelque faible que fût ce vice de démarche, il devait frapper un oeil exercé comme celui de La Pouraille.

HONORÉ DE BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes,  1848, page 539. 

Ø 10. C'est beaucoup de fatigue et de souci quand l'héritage n'y suffit pas, et qu'il faut exercer une industrie absorbante comme l'est celle d'écrire pour le public.

AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 4, 1855, page 423. 

Ø 11. Ces deux pensées étaient si étroitement mêlées dans son esprit qu'elles n'en formaient qu'une seule; elles étaient toutes deux également absorbantes et impérieuses, et dominaient ses moindres actions.

VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 271. 

Ø 12. Il y a de tout cela dans Beethoven. Si absorbant que soit le rêve musical, où tous ses jours sont immergés, il étouffe du besoin d'agir, de sermonner, de commander.

ROMAIN ROLLAND, Beethoven, Les Grandes époques créatrices, tome 1, 1903, page 163. 

Ø 13. Cette femme pour qui il avait tué, qui avait été toute sa vie, qui l'avait possédé de chair et d'âme, ne comptait plus, noyée, étouffée dans un souci infiniment plus vaste, plus absorbant, plus hallucinant

MAXENCE VAN DER MEERSCH, L'Invasion 14,  1935, page 184. 

—   [En parlant d'une personne]  Même sens : 

Ø 14. Tout individu qui n'a rien à nous donner et qui ne veut rien recevoir de nous, nous paralyse par sa société. C'est un absorbant qui nous soutire gaieté, esprit, force vitale, et nous laisse plus pauvres, sans s'être enrichi lui-même.

HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime,  25 décembre 1866, page 549. 

Ø 15. Zola, au fond, est l'homme que les habitudes de la société forcent à vous demander de vos nouvelles, quand il vient chez vous; mais son moi est si tout plein de lui, si absorbant, qu'il ne lui permet pas de donner la moindre attention à la réponse qu'on lui fait.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  février 1885, page 420. 

Remarque : Dans l'exemple 14, l'adjectif est substantivé (seul exemple de cet emploi dans la documentation). 

 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 214. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 289, b) 301; XXe.  siècle : a) 325, b) 306. 

 

Forme dérivée du verbe \"absorber\"

 absorber

ABSORBER, verbe transitif.  

I.—  Emploi transitif. 

A.—  Sens physique. 

1. BIOLOGIE et.  langue commune.  [Le sujet désigne un organisme vivant : substance notamment fluide biologiquement assimilable]  Faire pénétrer quelque chose en soi en vue de l'assimiler : 

Ø 1. Par exemple, pour ce qui concerne la nutrition, les végétaux, qui sont attachés au sol, absorbent immédiatement par leurs racines les parties nutritives des fluides qui l'imbibent...

GEORGES CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, tome 1, 1805, page 12. 

Ø 2. Le sang absorbe d'autant plus d'oxygène qu'il est plus noir et d'autant moins qu'il est plus rouge.

CLAUDE BERNARD, , Cahier de notes (1850-1860),  1860, page 130. 

Ø 3. Sur toute la surface des arbres tombait maintenant un voile d'eau fine que la forêt épaisse absorbait sans bruit, comme une énorme éponge.

ALBERT CAMUS, L'Exil et le royaume,  1957, page 1661. 

Remarque : La biologie tend par nature à préciser le sens du verbe : \" Une première condition indispensable à la vie d'un organisme est un apport de substances énergétiques. Cet apport est représenté par les aliments, qui, lors de la digestion, sont transformés en substances assimilables par les cellules et sont absorbés, c'est-à-dire passent dans le sang \".  (Encyclopédie Larousse tome 2 1968, page 781). 

—  En particulier dans la langue commune.  [L'objet désigne une boisson]  Boire jusqu'au bout : 

Ø 4.... le père Roland leva son verre (...) le but par petits coups (...), le coeur plein (...) de regrets, dès qu'il eut absorbé la dernière goutte.

GUY DE MAUPASSANT, Pierre et Jean,  1888, page 335. 

2. [Le sujet désigne une source de chaleur ou de lumière agissant sur un liquide ou la lumière d'un corps désignés par l'objet]  Faire disparaître quelque chose comme par assimilation progressive : 

Ø 5. L'esprit sévère de l'édifice vient surtout de la pierre dont il est construit, un granit grisâtre qui fait des arêtes sèches et absorbe la lumière sans la refléter.

ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol,  1933, page 222. 

Remarque : Pour le sens précis pris par absorber en optique et dans diverses technologies, confer absorption, absorbant, absorbeur. 

3. Emplois figurés.  [des sens physique 1 ou 2 ou parfois des 2 à la fois] : 

Ø 6. Et, comme le soleil aspire la rosée,

Dans ton sein, à jamais, absorbe ma pensée.

ALPHONSE DE LAMARTINE, Méditations poétiques, La Prière, 1820, page 162. 

Ø 7. Les affections de l'organisme quand elles sont nombreuses (...) attirent à elles presque toutes les forces de l'âme et la fixent ou l'absorbent dans le corps au point que la personnalité, la liberté peuvent disparaître entièrement et que l'homme se trouve comme réduit à l'état de l'animal.

MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal,  1822, page 367. 

Ø 8.... l'âme a besoin d'absorber les sentiments d'une autre âme, de se les assimiler pour les lui restituer plus riches.

HONORÉ DE BALZAC, Eugénie Grandet,  1834, page 227. 

Ø 9. Piquée par une mouche, la feuille est forcée de fournir une abondance de sève pour envelopper et nourrir son ennemi : image de la passion qui absorbe et dévore la meilleure substance de l'âme.

MAURICE BLONDEL, L'Action, Essai d'une critique de la vie, 1893, page 329. 

Ø 10. Jésus la traite en enfant gâtée (...); il l'appelle, l'attire, l'absorbe dans la lumière incréée, lui permet, par une avance d'hoirie, de connaître, vivante, les joies du ciel.

GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome  2, 1895, page 74. 

Ø 11. L'image ne veut pas se laisser mesurer. Elle a beau parler espace, elle change de grandeur. La moindre valeur l'étend, l'élève, la multiplie. Et le rêveur devient l'être de son image. Il absorbe tout l'espace de son image.

GASTON BACHELARD, La Poétique de l'espace,  1957, page 160. 

Remarque : Dans l'exemple 6 survit peut-être le sens ancien « engloutir ». Dans les exemples 7 et 10 apparaît la construction absorber dans, qu'on retrouvera dans l'emploi pronominal; on constate que la connotation mystique n'est pas la seule possible. 

B.—  Sens abstrait.  [Le sujet désigne une personne, ou une pensée, un sentiment, une sensation, etc.]  Occuper exclusivement et totalement l'attention ou l'activité d'un être : 

Ø 12. Au milieu des affaires, à la tête des troupes, en parcourant les camps, mon adorable Joséphine est seule dans mon coeur, occupe mon esprit, absorbe ma pensée.

NAPOLÉON 1ER, Lettres à Joséphine,  1796, page 21. 

Ø 13. Il y a des idées qui entrent en nous, nous rongent, nous tuent, nous rendent fou, quand nous ne savons pas leur résister. (...) Si nous avons le malheur de laisser une de ces pensées-là se glisser en nous, si nous ne nous apercevons pas dès le début (...) qu'elle revient sans cesse, s'installe, chasse toutes nos préoccupations ordinaires, absorbe toute notre attention et change l'optique de notre jugement, nous sommes perdus.

GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Divorce, 1888, page 1095. 

Ø 14. Tantôt, en effet, nous avons à faire effort pour apercevoir cette sensation, comme si elle se dérobait; tantôt au contraire elle nous envahit, s'impose à nous, et nous absorbe de telle manière que nous employons tout notre effort à nous en dégager, et à rester nous-mêmes.

HENRI BERGSON, Essai sur les données immédiates de la conscience,  1889, page 42. 

Remarque : 1. Dans tous les exemples apparaît une expression de l'idée de totalité (tout, tout entier) ou de celle d'exclusivité (seul). 2. L'exemple 14 montre comment le sens physique peut réapparaître sous le sens abstrait. 

II.—  Emploi pronominal. S'absorber dans (ou en) quelqu'un ou quelque chose.  [Le sujet désigne une personne ou une entité spirituelle; le complément désigne généralement une personne, plus rarement une attitude spirituelle]  Se laisser prendre par quelqu'un ou quelque chose au point de s'identifier avec lui : 

Ø 15.... que quand un homme, par un dégagement absolu de ses sens, s'absorbe dans la contemplation de lui-même, il parvient à y découvrir la divinité, et il la devient en effet...

CONSTANTIN-FRANÇOIS CHASSBOEUF, COMTE DE VOLNEY, Les Ruines ou Méditations sur les révolutions des empires,  1791, page 196. 

Ø 16. L'estime des autres pour celui qu'elle aime est pour beaucoup dans l'amour d'une femme, parce que dans son amant elle cherche un appui et un protecteur, parce qu'elle sent qu'elle s'identifie à lui, qu'elle ne devient plus qu'une partie de lui-même, et s'absorbe en lui, et n'aura plus d'autre considération que la sienne, d'autre bonheur que le sien.

ALPHONSE KARR, Sous les tilleuls,  1832, page 112. 

Ø 17. On dirait que dans la jouissance artistique, la conscience sort d'elle-même et s'absorbe dans un autre être.

ALEXIS CARREL, L'Homme cet inconnu,  1935, page 155. 

Remarque : Pour la construction, confer supra I A 3, remarque. 

 

Liens utiles