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ABSORBER, verbe transitif. Définition.

Publié le 28/09/2015

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ABSORBER, verbe transitif.  

I.—  Emploi transitif. 

A.—  Sens physique. 

1. BIOLOGIE et.  langue commune.  [Le sujet désigne un organisme vivant : substance notamment fluide biologiquement assimilable]  Faire pénétrer quelque chose en soi en vue de l'assimiler : 

Ø 1. Par exemple, pour ce qui concerne la nutrition, les végétaux, qui sont attachés au sol, absorbent immédiatement par leurs racines les parties nutritives des fluides qui l'imbibent...

GEORGES CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, tome 1, 1805, page 12. 

Ø 2. Le sang absorbe d'autant plus d'oxygène qu'il est plus noir et d'autant moins qu'il est plus rouge.

CLAUDE BERNARD, , Cahier de notes (1850-1860),  1860, page 130. 

Ø 3. Sur toute la surface des arbres tombait maintenant un voile d'eau fine que la forêt épaisse absorbait sans bruit, comme une énorme éponge.

ALBERT CAMUS, L'Exil et le royaume,  1957, page 1661. 

Remarque : La biologie tend par nature à préciser le sens du verbe : \" Une première condition indispensable à la vie d'un organisme est un apport de substances énergétiques. Cet apport est représenté par les aliments, qui, lors de la digestion, sont transformés en substances assimilables par les cellules et sont absorbés, c'est-à-dire passent dans le sang \".  (Encyclopédie Larousse tome 2 1968, page 781). 

—  En particulier dans la langue commune.  [L'objet désigne une boisson]  Boire jusqu'au bout : 

Ø 4.... le père Roland leva son verre (...) le but par petits coups (...), le coeur plein (...) de regrets, dès qu'il eut absorbé la dernière goutte.

GUY DE MAUPASSANT, Pierre et Jean,  1888, page 335. 

2. [Le sujet désigne une source de chaleur ou de lumière agissant sur un liquide ou la lumière d'un corps désignés par l'objet]  Faire disparaître quelque chose comme par assimilation progressive : 

Ø 5. L'esprit sévère de l'édifice vient surtout de la pierre dont il est construit, un granit grisâtre qui fait des arêtes sèches et absorbe la lumière sans la refléter.

ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol,  1933, page 222. 

Remarque : Pour le sens précis pris par absorber en optique et dans diverses technologies, confer absorption, absorbant, absorbeur. 

3. Emplois figurés.  [des sens physique 1 ou 2 ou parfois des 2 à la fois] : 

Ø 6. Et, comme le soleil aspire la rosée,

Dans ton sein, à jamais, absorbe ma pensée.

ALPHONSE DE LAMARTINE, Méditations poétiques, La Prière, 1820, page 162. 

Ø 7. Les affections de l'organisme quand elles sont nombreuses (...) attirent à elles presque toutes les forces de l'âme et la fixent ou l'absorbent dans le corps au point que la personnalité, la liberté peuvent disparaître entièrement et que l'homme se trouve comme réduit à l'état de l'animal.

MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal,  1822, page 367. 

Ø 8.... l'âme a besoin d'absorber les sentiments d'une autre âme, de se les assimiler pour les lui restituer plus riches.

HONORÉ DE BALZAC, Eugénie Grandet,  1834, page 227. 

Ø 9. Piquée par une mouche, la feuille est forcée de fournir une abondance de sève pour envelopper et nourrir son ennemi : image de la passion qui absorbe et dévore la meilleure substance de l'âme.

MAURICE BLONDEL, L'Action, Essai d'une critique de la vie, 1893, page 329. 

Ø 10. Jésus la traite en enfant gâtée (...); il l'appelle, l'attire, l'absorbe dans la lumière incréée, lui permet, par une avance d'hoirie, de connaître, vivante, les joies du ciel.

GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome  2, 1895, page 74. 

Ø 11. L'image ne veut pas se laisser mesurer. Elle a beau parler espace, elle change de grandeur. La moindre valeur l'étend, l'élève, la multiplie. Et le rêveur devient l'être de son image. Il absorbe tout l'espace de son image.

GASTON BACHELARD, La Poétique de l'espace,  1957, page 160. 

Remarque : Dans l'exemple 6 survit peut-être le sens ancien « engloutir ». Dans les exemples 7 et 10 apparaît la construction absorber dans, qu'on retrouvera dans l'emploi pronominal; on constate que la connotation mystique n'est pas la seule possible. 

B.—  Sens abstrait.  [Le sujet désigne une personne, ou une pensée, un sentiment, une sensation, etc.]  Occuper exclusivement et totalement l'attention ou l'activité d'un être : 

Ø 12. Au milieu des affaires, à la tête des troupes, en parcourant les camps, mon adorable Joséphine est seule dans mon coeur, occupe mon esprit, absorbe ma pensée.

NAPOLÉON 1ER, Lettres à Joséphine,  1796, page 21. 

Ø 13. Il y a des idées qui entrent en nous, nous rongent, nous tuent, nous rendent fou, quand nous ne savons pas leur résister. (...) Si nous avons le malheur de laisser une de ces pensées-là se glisser en nous, si nous ne nous apercevons pas dès le début (...) qu'elle revient sans cesse, s'installe, chasse toutes nos préoccupations ordinaires, absorbe toute notre attention et change l'optique de notre jugement, nous sommes perdus.

GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Divorce, 1888, page 1095. 

Ø 14. Tantôt, en effet, nous avons à faire effort pour apercevoir cette sensation, comme si elle se dérobait; tantôt au contraire elle nous envahit, s'impose à nous, et nous absorbe de telle manière que nous employons tout notre effort à nous en dégager, et à rester nous-mêmes.

HENRI BERGSON, Essai sur les données immédiates de la conscience,  1889, page 42. 

Remarque : 1. Dans tous les exemples apparaît une expression de l'idée de totalité (tout, tout entier) ou de celle d'exclusivité (seul). 2. L'exemple 14 montre comment le sens physique peut réapparaître sous le sens abstrait. 

II.—  Emploi pronominal. S'absorber dans (ou en) quelqu'un ou quelque chose.  [Le sujet désigne une personne ou une entité spirituelle; le complément désigne généralement une personne, plus rarement une attitude spirituelle]  Se laisser prendre par quelqu'un ou quelque chose au point de s'identifier avec lui : 

Ø 15.... que quand un homme, par un dégagement absolu de ses sens, s'absorbe dans la contemplation de lui-même, il parvient à y découvrir la divinité, et il la devient en effet...

CONSTANTIN-FRANÇOIS CHASSBOEUF, COMTE DE VOLNEY, Les Ruines ou Méditations sur les révolutions des empires,  1791, page 196. 

Ø 16. L'estime des autres pour celui qu'elle aime est pour beaucoup dans l'amour d'une femme, parce que dans son amant elle cherche un appui et un protecteur, parce qu'elle sent qu'elle s'identifie à lui, qu'elle ne devient plus qu'une partie de lui-même, et s'absorbe en lui, et n'aura plus d'autre considération que la sienne, d'autre bonheur que le sien.

ALPHONSE KARR, Sous les tilleuls,  1832, page 112. 

Ø 17. On dirait que dans la jouissance artistique, la conscience sort d'elle-même et s'absorbe dans un autre être.

ALEXIS CARREL, L'Homme cet inconnu,  1935, page 155. 

Remarque : Pour la construction, confer supra I A 3, remarque. 

 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 476. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 1 873, b) 1 738; XXe.  siècle : a) 2 459, b) 2 267. 

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