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ACCOTER, verbe transitif.

Publié le 30/09/2015

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ACCOTOIR, substantif masculin.  

Emplois généralement techniques, vieillis.  Ce qui sert d'appui à quelqu'un ou à quelque chose. 

Remarque : À l'idée d'appui s'ajoutent ordinairement celles de côté ou de bras, ou parfois les deux : 

1. AMEUBLEMENT.  Appui pour les bras, sur les côtés d'un siège : 

Ø 1.... l'une [des chambres] ouvrait sur un petit atelier au nord, meublé d'un canapé en noyer... dont les accotoirs avaient des sphinx à mamelles du Directoire...

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Manette Salomon,  1867, page 235. 

Ø 2. Accotoir. Ce mot (...) sert aussi à désigner dans les stalles des églises les bras sur lesquels s'appuient les personnes assises soit sur la sellette, soit sur la miséricorde.

JULES ADELINE, Lexique des termes d'art,  1884. 

—  Par extension.  Appui pour les coudes (sur un prie-Dieu, dans un confessionnal, dans une loge de théâtre, etc.) : 

Ø 3. Demailly et De Rémonville étaient tous deux dans une grande loge, accoudés contre les accotoirs de la loge.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Charles Demailly,  1860, page 204. 

Ø 4. C'était le confessionnal où régulièrement, le mardi et le vendredi, le père Giansanti recevait la confession de Madame Gervaisais. Souvent elle y passait près de deux heures, (...) L'heure se passait, puis la demie : Madame Gervaisais posait son front, qu'elle avait peine à porter, contre l'accotoir.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Madame Gervaisais,  1869, pages 185-186. 

Ø 5. Il s'approche du prie-dieu et s'agenouille avec abandon. (...), il prie, comme un père, pour le petit égaré. Sous l'accotoir, parmi les livres pieux, il prend son chapelet...

ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Le Cahier gris, 1922, page 670. 

—  Au figuré : 

Ø 6. Faire de quelqu'un son accotoir, abuser de sa complaisance, de sa trop grande bonté, pour le surcharger de fonctions pénibles et désagréables.

JEAN-FRANÇOIS ROLLAND, Dictionnaire du mauvais langage,  1813, page 3. 

Remarque : 1. Selon Dictionnaire de l'Académie Française 1798 reprenant une indication de Dictionnaire universel françois et latin contenant la signification et la définition avec des remarques d'érudition et de critique (dictionnaire de Trévoux ) 1771, \" accotoir sert pour s'appuyer de côté, et l'accoudoir pour s'appuyer en avant \"; contredite par les emplois signalés supra, cette distinction a été abandonnée dans les édition ultérieures d'Dictionnaire de l'Académie Française 2. Dictionnaire de l'Académie Française 1835, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (ÉMILE LITTRÉ), etc. mentionnent les accotoirs de carrosse; cet emploi disparaît dans Dictionnaire de l'Académie Française tome 1 1932. Accoudoir est seul employé dans les techniques modernes comme l'automobile, les wagons de chemin de fer : accoudoir latéral (sur les portières), central (sur le siège arrière d'une auto), etc. Pour le mobilier d'appartement, le terme dominant est bras; accoudoir tend à désigner un bras rembourré ou élargi, en tout cas confortable. 3. Pet IT DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (PAUL ROBERT) signale un sens nouveau « saillie d'un dossier où l'on peut appuyer sa tête »; il serait donc synonyme de appuie-tête; il pourrait servir à désigner un appuie-tête latéral. 

2. BÂTIMENT.  

a) \" Appui généralement supporté par une console. \" (Larousse du XXe.  siècle en six volumes) : 

Ø 7. Dans l'art de construire, ce mot [accotoir] signifie toute saillie de parement ou de moulure ne se profilant pas en retour d'équerre.

JULES ADELINE, Lexique des termes d'art,  1884. 

b) \" Balustrade ou mur à hauteur de coude \". (Dictionnaire technique du bâtiment et des travaux publics (MAURICE BARBIER, ROGER CADIERGUES) 1963). 

3. MARINE.  \" Appui, étances, pour les bâtiments en construction. \" (Dictionnaire de marine (JEAN-BAPTISTE PHILIBERT WILLAUMEZ), 1831); (Confer accore2 ). 

4. PAPETERIE.  \" Planche placée debout, et qui sert d'égouttoir. \" (Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842). 

5. TRAVAUX PUBLICS.  \" Berge d'un cours d'eau revêtue de maçonnerie à face inclinée joignant un pont. \" (Nouveau Larousse illustré). 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 4. 

ACCOTER, verbe transitif.  

I.—  Emploi transitif, vieilli. 

A.—   [Le sujet désigne une personne] 

1. Accoter une chose (à, contre, sur quelque chose). La soutenir en la plaçant au contact de quelque chose : 

Ø 1.... il se fit à la surface de l'essaim comme une évaporation brusque, lorsqu'il approcha l'échelle et qu'il monta dessus pour accoter la perche contre la branche. Tout fut enfin si bien disposé que, le poids de la perche et de la ruche inclinant légèrement la branche, tout l'appareil vint s'appuyer contre l'échelle et s'y soutint,...

ANDRÉ GIDE, Journal,  1906, page 217. 

Ø 2. Le portail de Saint-Jean-d'Acre, église chrétienne, église des croisés, a été accoté à une mosquée.

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 6, 1907-1908, page 159. 

—  Sans complément préposition.  Soutenir à l'aide d'une cale : 

Ø 3. Il faut accoter ce pot, de peur qu'il ne tombe. Accoter les roues d'une charrette.

Dictionnaire de l'Académie française.  1878, 1932. 

2. Accoter une personne, une partie du corps, etc. (à, contre, sur quelque chose ou quelqu'un). La soutenir en la plaçant au contact de quelqu'un ou de quelque chose : 

Ø 4.... il se remit à manger son pain et son fromage en accotant son épaule sur le montant de la fenêtre, car il se reposait debout...

HONORÉ DE BALZAC, Le Colonel Chabert,  1835, page 7. 

Ø 5. On se contente de le [le blessé] mettre à l'abri dans un coin, de l'accoter à un arbre ou au revers d'un fossé...

ALPHONSE DAUDET, Jack, tome 1, 1876, page 267. 

B.—  Emploi technique. 

1. BÂTIMENT.  vieux. \" Accoter une muraille. \" (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). 

Remarque : À cet emploi, signalé par Dictionnaire de l'Académie Française 1694, mais abandonné par les édition ultérieures, DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE  (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845 ajoute : \" on accote une colonne, le terme moderne est étayer. \" 

2. HORTICULTURE.  \" Mettre un accot* autour d'un coffre. \" (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). 

3. MARINE.  emploi absolu. Accoter (confer infinitif accoté 3). 

Remarque : Les emplois 1 et 2 dérivent du sens \" appuyer \", attesté d'autre part dans de nombreux dialectes (confer Französisches etymologisches Wörterbuch (WALTHER VON WARTBURG) tome 24, au mot accubitare). 

II.—  Emploi pronominal. S'accoter. Synonyme : s'appuyer. 

A.—  [Le sujet désigne une personne]  S'accoter à, contre, sur quelqu'un ou quelque chose.  Se placer à côté ou au contact de quelqu'un ou de quelque chose pour se soutenir (plus rarement, pour soutenir, exemple 6) : 

Ø 6.... les premières vagues s'engouffrèrent dans les charpentes, on allait rire.

—  Dommage qu'il ne soit pas là, le jeune homme! dit la voix goguenarde de ce gueux de Tourmal. Il pourrait s'accoter contre, pour les renforcer.

ÉMILE ZOLA, La Joie de vivre,  1884, page 985. 

Ø 7. Ils s'étayaient sur leurs fusils, s'accotaient aux arbres, bande boueuse d'éclopés qu'aucune volonté ne raidissait plus.

ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois,  1919, page 220. 

Ø 8.... Antoine s'assit près d'elle; mais, au lieu de s'accoter à lui, elle appuya son front à la vitre noire.

ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Belle saison, 1923, page 1036. 

1. Sans complément préposition : 

Ø 9. Rien n'est plus curieux qu'une barricade qui se prépare à un assaut. Chacun choisit sa place comme au spectacle. On s'accote, on s'accoude, on s'épaule.

VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 436. 

Ø 10. Il s'accota sous l'auvent d'une boutique, le dos contre la muraille, et n'avança plus.

GUSTAVE FLAUBERT, Salammbô, tome 2, 1863, page 164. 

Ø 11. Beaucoup étaient si épuisés qu'ils ne tenaient debout qu'en s'accotant deux à deux, épaule contre épaule; ou encore par groupes de trois, le plus faible entre les deux autres, doublement étayé par ses camarades dans un enlacement réciproque.

FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances,  1946, page 166. 

2. Au figuré : 

Ø 12. Rancé, qui s'accotait contre Dieu, acheva son oeuvre; l'abbé de La Mennais s'est incliné sur l'homme : réussira-t-il?

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Vie de Rancé,  1844, page 136. 

Ø 13. Le « mal du siècle » m'apparaît de plus en plus comme le malaise des déracinés qui ne peuvent plus s'accoter sur des moeurs héréditaires.

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 3, 1902-1904, page 318. 

Ø 14. Mais s'ils sont venus, ces Messins, dans la maison de l'Éternel, c'est d'instinct pour s'accoter à quelque chose qui ne meurt pas.

MAURICE BARRÈS, Colette Baudoche,  1909, page 244. 

Remarque : Dans le style recherché, le pronom réfléchi peut être remplacé par une périphrase personnifiant par exemple un état d'âme; l'idée réfléchi est rendue par un adjectif possessif : 

Ø 15.... Gaston La Chaille (...) trouva le temps, deux fois en dix jours de venir quêter une camomille et d'accoter, au dossier du fauteuil en conque, sa lassitude d'industriel...

GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Gigi,  1944, page 41. 

B.—  [Le sujet désigne une chose]  S'accoter à, contre, sur quelque chose.  Être placé à côté ou au contact de quelque chose, généralement en y prenant appui (sans idée d'appui, exemple 17) : 

Ø 16.... des maisons, puis d'autres encore, s'accotaient à de nouvelles maisons, et quelquefois un trou brusque s'ouvrait...

GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Train de 8 h 47,  1888, page 189. 

Ø 17. Le Caire... une grande cité musulmane à laquelle s'accote une ville d'Europe assez pareille à Nice.

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 6, 1907-1908, page 155. 

Ø 18. La béquille et la canne dédaignées s'accotent au mur.

GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine,  1922, page 76. 

—  Au figuré : 

Ø 19. On voit qu'ici l'épithète Andante s'accote à une Sarabande,...

LIONEL DE LA LAURENCIE, L'École française de violon, tome 2, 1922, page 29, note 4. 

Remarque : Dans les dictionnaires du Dictionnaire de l'Académie Française l'emploi pronominal est signalé comme \" populaire \" (Dictionnaire de l'Académie Française 1740), \" familier \" (Dictionnaire de l'Académie Française 1762, 1798), \" familier et peu usité \" (Dictionnaire de l'Académie Française 1835, 1878), \" sans remarque \" (Dictionnaire de l'Académie Française 1932). 

C.—  Emploi technique.  HORLOGERIE.  S'accoter (ou accoter). [En parlant des pièces]  Frotter l'une contre l'autre en se gênant : 

Ø 20. Pièce d'horlogerie qui accote. Confer accotement.

Dictionnaire général de la langue française (ADOLPHE HATZFELD, ARSÈNE DARMESTETER). 

Remarque : Cette acception, signalée pour la première fois par Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842 et DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE  (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, figure dans les principaux dictionnaires généraux moderne. 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 42. 

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