Âge l'étaient.
Publié le 06/01/2014
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«
11
L’Église
au Moyen Âge
Comment nepas enparler ? Hauteetdroite comme laCroix, vastecomme unecathédrale, l’Égliseestl’élément
central duMoyen Âgeeuropéen, sacolonne vertébrale.
Dansquelchapitre jusqu’icinel’avons-nous pasévoquée ?
Il reste alors, surlecontinent, quelquesirréductibles àla foi duChrist : descommunautés juivesquiserassemblent
là où onles laisse enpaix, onvient delevoir ; lesmusulmans d’AlAndalus, leursroyaumes d’Espagne ; etdes
païens trèsàl’est –la Lituanie estledernier paysd’Europe àdemeurer fidèleauxdieux anciens, etlesera jusqu’au
tournant duxive
et du xve
siècle.
L’immense majoritédesâmes estchrétienne ; leschamps etles villes
demeurent àl’ombre desclochers ; dubaptême àla mort, chaque moment, chaquegestedelavie est imprégné
de christianisme.
Biensûr,ilfaut parler del’Église, maiscomment ? Celan’est passisimple.
Ilya beaucoup de
sujets d’histoire quidivisent.
Peuquiamènent autantd’idées préconçues.
Repères
– 910 :
fondation del’ordre deCluny, restauration delaRègle desaint Benoît – 1115 :
fondation del’abbaye deClairvaux parsaint Bernard – 1208 :
« croisade desalbigeois » prêchéeparlepape pourenfinir avec l’hérésie cathare – 1244 :
prisedelaforteresse deMontségur, dernierrefugecathare – 1378-1417 :
« Grandschisme d’Occident », lachrétienté déchiréeentredeuxpapes, l’unàRome, l’autre àAvignon
Se reconnaît-on delatradition laïqueetl’on suivra leschemins ouvertsjadisparVoltaire ou,unsiècle plustard,
par Michelet.
Onneretiendra duchristianisme médiévalquesalégende noireeton sortira del’armoire dutemps
la sinistre panoplie quil’accompagne : moinesfanatiques dontlevisage cruelseperd dans l’ombre delacapuche ;
prêtres perfides n’aimant brandirlecrucifix quedevant lesgibets ; geôleshumides etchaînes rouillées des
inquisiteurs ; innocentslivrésàla torture, espritslibresfrappés d’interdit, livresjetésdanslesbûchers.
C’estune
façon deconsidérer leschoses.
Ellen’est passans fondement.
Àpartir duxiie
siècle, l’obsession ducatholicisme,
c’est lalutte contre les hérésies ,
c’est-à-dire touteslesfaçons des’échapper dudogme telqu’il estédicté par
Rome.
Leshommes entrouvent beaucoup.
Tantd’âmes puresrejettent l’Églisetellequ’elle leurapparaît alors,
grasse, corrompue, siloin dumessage originel.
Vers 1170, parexemple, PierreValdoouValdès, unriche marchand deLyon, écœuré parlacorruption duclergé,
rêve d’un retour àl’Évangile.
Ildonne toussesbiens, prêche lapauvreté etose une pratique alorsinouïe : ilfait
traduire leNouveau Testament enlangue vulgaire pourquelepeuple puisselecomprendre.
Unetelle folie est
inacceptable : sile peuple litlesaint livre, àquoi serviront lesprêtres ? Valdoestcondamné, lesmembres dela
fraternité qu’ilacréée sontexcommuniés etses partisans, quel’onappelle d’après sonnom les vaudois ,
ne
peuvent survivrequ’endiscrètes petitescommunautés, plusoumoins cachées enSuisse oudans leNord del’Italie.
Parfois, cesdiables d’hérétiques sontautrement coriaces,ilfaut pour lesréduire mobiliser desarmées entières et
massacrer pendantdesdécennies.
Onl’acompris sansdoute, jeparle descélèbres cathares .
Leur doctrine
emprunte auchristianisme, maiselleestmâtinée dumanichéisme venudePerse etd’autres doctrines orientales.
Elle pose uneséparation absolueentreunDieu bonquiesttout esprit, etlamatière, quiestlemal dont ilfaut se
détacher ; etrejette avechorreur lecatholicisme etsa hiérarchie quiluisemblent lesymbole deladépravation.
Venue deBulgarie etdes Balkans versl’an1000, elleprolifère deuxcents ansplus tard dans lesriches terres du
comte deToulouse.
Pourenvenir àbout, lepape, en1208, neprêche rienmoins qu’une croisade.
Onl’appellera la
« croisade desalbigeois », laville d’Albi étantconsidérée commeunedesbases deshérétiques.
Cettevéritable
guerre duredesdécennies : en1244, ilfaut mobiliser encoredesforces exceptionnelles pourvenir àbout dela
forteresse deMontségur, dernierrefugecathare.
Elleestsanglante, jalonnéed’horreurs, demassacres, et
dominée parunmot quel’onprête àArnaud Amaury, lelégat pontifical.
DevantBéziersqu’ils’apprête àmettre à
sac, alors qu’on luidemande comment onsaura distinguer lesmauvais desbons chrétiens, lechef delacroisade
aurait dit :« Tuez-les tous,Dieureconnaîtra lessiens. » Onn’est passûrque laphrase aitjamais étéprononcée,
mais tousleslaïques laconnaissent : mêmefausse, ellerésume parfaitement lefanatisme indiscutablement à
l’œuvre durantcettepériode.
Les historiens sontd’accord aujourd’hui pourmontrer quel’entreprise avaitplusàvoir avec lagéopolitique
qu’avec deréelles motivations spirituelles.Emmenéeparlespetits seigneurs duNord, vassaux dePhilippe
Auguste, dontlecruel Simon deMontfort, lacroisade permetsurtoutauroi deFrance demettre lamain surle
comté deToulouse, traditionnellement alliéàla Catalogne d’outre-Pyrénées.
Onnepeut toutefois oublier,pour
ajouter encoreunpeu denoir àce tableau déjàbien sombre, unedesconséquences strictementreligieusesdela.
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