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AGRIPPANT, -ANTE, participe présent et adjectif.

Publié le 15/10/2015

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AGRIPPANT, -ANTE, participe présent et adjectif.  

I.—  Participe présent de agripper* 

II.—  Emploi adjectival. 

A.—  [En parlant notamment des pattes ou des serres d'un rapace]  Dont la caractéristique principale est de pouvoir agripper : 

Ø 1. On l'a retrouvé [Autheman] le soir même (...). Le corps entraîné loin, broyé (...) la tête seule intacte et hors du bandeau protecteur plus visible et plus effroyable que jamais, le mal immonde, l'araignée aux longues pattes agrippantes, toujours en vie, acharnée sur sa proie.

ALPHONSE DAUDET, L'Évangéliste,  1883, page 276. 

Ø 2.... l'oiseau de proie reçut le choc en plein poitrail et chancela; mais ses ailes fantastiques l'eurent redressé en une seconde et avant même que son bec crochu eût lacéré dans ses cisailles cette chair frémissante, ses serres agrippantes saisissaient Fuseline par le râble et il s'enlevait dans l'espace,...

LOUIS PERGAUD, De Goupil à Margot,  1910, page 114. 

B.—  AÉRONAUTIQUE.   [En parlant du guiderope]  Surface agrippante. Surface (de ce cordage) susceptible d'agripper le sol et de freiner l'avion en descente : 

Ø 3. Pour augmenter les aspérités, soit la surface agrippante du guide-rope, et, par suite, son effet utile de balai, il est bon qu'il soit commis en grelin, c'est-à-dire composé de trois cordes tordues entre elles.

ALFRED LEDIEU, ERNEST CADIAT, Le Nouveau matériel naval, tome 2, 1899, page 383. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 17. 

 

Forme dérivée du verbe \"agripper\"

 agripper

AGRIPPER, verbe transitif.  

I.—  Emploi transitif, familier.  Saisir vivement de manière à ne plus lâcher l'objet saisi. 

A.—  [Le sujet désigne une personne, une partie du corps humain notamment la main; exceptionnellement un animal; l'objet désigne une réalité concrète]  Saisir de la main (ou d'un organe équivalent). Elle agrippe tout ce qu'elle voit (Dictionnaire de l'Académie Française) : 

Ø 1. Mon Gaspard n'avait plus qu'à étendre ses doigts crochus pour agripper le petit million dont il paraissait avoir quelque besoin. Maître Jolibois croyait déjà tenir ses quatre-vingt mille livres, et le comte de Kerlandec ses quelques milliers d'écus.

JULES SANDEAU, Sacs et parchemins,  1851, page 12. 

Ø 2.... ouvrant un pupitre, il [Dupin] en tira une lettre et la donna au préfet. Notre fonctionnaire l'agrippa dans une parfaite agonie de joie...

CHARLES BAUDELAIRE, Histoires extraordinaires, traduit de Edgar Poe, 1856, page 61. 

Ø 3. Des corvées passaient, chargées de pieux, de tôles, d'outils, d'araignées barbelées qui agrippaient nos sacs et ne les lâchaient plus. 

ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois,  1919, page 266. 

Ø 4.... j'apercevais une pauvre loque humaine qui se débattait contre les mains des furieux, et ceux-ci agrippaient, serraient, frappaient le malheureux qui hurlait, lui aussi, les vêtements déchirés, la face martelée de coups de poing.

PAUL BOURGET, Nos actes nous suivent,  1926, page 18. 

Ø 5. Il agrippa la main de Mathieu et la serra, comme s'il conservait un dernier espoir...

JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme,  1949, page 95. 

—  Emploi absolu : 

Ø 6.... il court vers un tronc d'arbre, le premier en vue, ou vers une jambe; ses mains agrippent, ses membres enserrent à brassées et enjambées énormes; en un rien de temps il s'élève;...

ANDRÉ GIDE, Feuillets d'automne,  1949, page 1115. 

Remarque : L'emploi transitif est constamment noté « bas » ou « populaire » jusqu'à Dictionnaire de l'Académie Française 1878 (sauf dans DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (PROSPER POITEVIN) 1860 et DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (ÉMILE LITTRÉ)), parfois « familier » à partir de Nouveau Larousse illustré DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965 réserve cette mention à la construction agripper quelqu'un. 

B.—  Au figuré.  [Le sujet désigne un sentiment lancinant ou violent] :

Ø 7. J'ai toujours un serrement de coeur sur le seuil de ma chambre « qui n'a pas de chance ». Au-dessus de la fenêtre, un piton à rideaux, trop haut planté, conserve un bout de cordon qui oscille et accueille mon arrivée. Mais je ne veux pas me laisser agripper par le découragement.

LÉON FRAPIÉ, La Maternelle,  1904, page 67. 

Ø 8.... la mélancolie du départ agrippait sauvagement mon coeur, l'affreux fantôme de ma solitude ancienne me menaçait de dessous les ponts...

OSCAR VLADISLAS DE LUBICZ-MILOSZ, L'Amoureuse initiation,  1910, page 202. 

—  Emploi absolu : 

Ø 9. « Ah! ceux qui n'ont pas de famille, ou presque; (...) qui vivent seuls, bohèmes, dans leur unique fantaisie, prenant la maîtresse qui leur plaît et les exalte, habitant le coin qui leur chante, ne fréquentant que ceux qui pensent leurs pensées, et dont l'élan jumeau soutient le leur; ils ne savent pas ce que sont toutes ces affections qui aggripent, toutes ces habitudes qui enserrent et entravent, et dont on ne peut rompre le cercle sans blesser des êtres chers, ou se blesser soi-même!... »

ROGER MARTIN DU GARD, Devenir,  1909, page 131. 

C.—  Spécialement, argotique : 

Ø 10. Agripper, verbe ancien Prendre à l'improviste, subitement, —  dans l'argot du peuple. Signifie aussi : filouter, dérober adroitement.

ALFRED DELVAU, Dictionnaire de la langue verte,  1866, page 5. 

II.—  Emploi pronominal, familier.  [Le sujet désigne une personne ou une partie du corps humain notamment les mains]  Se saisir de quelque chose (de manière à s'y accrocher); se cramponner. 

A.—  [Suivi d'une préposition] 

1. S'agripper à, plus rarement s'agripper contre. 

a) [Le sujet désigne une personne, plus rarement un animal, ou une partie du corps en particulier les mains, les griffes, etc.; le complément désigne une personne ou une partie du corps humain] :

Ø 11. Je vis qu'elle s'accrochait à lui comme un naufragé s'agrippe à la main qui peut seule le sauver de l'abîme.

GASTON LEROUX, Le Parfum de la dame en noir,  1908, page 36. 

Ø 12.... revenues de leur stupeur les lamproies s'agitent. (...) Elles s'agrippent aux mains qui les empoignent, envahissent les bras, frappent les torses, enveloppent ces corps trempés de coups de fouet et d'étreintes instantanées.

JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, tome 1, 1921, page 154. 

Ø 13. Jenny avait saisi son bras et s'y agrippait. Ses traits étaient décomposés...

ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 500. 

b) [Le complément désigne un objet] :

Ø 14. Bientôt Margot, plus excitée que les autres, oublieuse de sa résolution passée, et ne soupçonnant rien, passa, repassa et sauta par-dessus la criarde dont les griffes des pattes se tordaient, s'ouvraient, se fermaient frénétiquement, comme cherchant un point d'appui où s'agripper pour reprendre la station droite.

LOUIS PERGAUD, De Goupil à Margot,  1910, page 196. 

Ø 15. Il était d'une ingéniosité extrême à inventer de bizarres accidents nerveux : tantôt, au milieu d'un dîner, il était pris de tremblements convulsifs, il renversait son verre ou cassait son assiette; tantôt, montant un escalier, sa main s'agrippait à la rampe; ses doigts se crispaient; il prétendait qu'il ne pouvait plus les rouvrir...

ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Nouvelle journée, 1912, page 1522. 

2. Au figuré.  [Le sujet désigne une personne ou un être personnifié; le complément désigne un inanimé abstrait] :

Ø 16. L'obstacle peut être un fait rencontré dans la vie réelle, il peut être un souvenir perturbateur qui s'agrippe à la mémoire, une idée qui tourmente l'esprit.

EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère,  1946, page 437. 

Ø 17. «... quand l'heure de l'inévitable départ aura sonné, notre mépris pour ceux qui s'agrippent vainement à l'existence éclatera dans ce beau chant : ah! que dignement nous avons vécu! »

ALBERT CAMUS, L'Homme révolté,  1951, page 48. 

Ø 18.... j'aurais tout de même souhaité m'agripper à une preuve irréfutable;...

SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 137. 

—  Par métaphore.  [Le sujet désigne un être personnifié] :

Ø 19. À une cadence rapide, les lames sèches s'abattaient contre les galets. Si elles ne montraient pas la brutalité de la mer contre les récifs, leur cadence obsédait le corps non moins que l'envergure de leur course. Abattues, elles s'agrippaient contre les galets, elles s'appuyaient sur les galets, elles glissaient, elles montaient toujours, toujours...

HENRI QUEFFÉLEC, Un Recteur de l'île de Sein,  1944, page 123. 

B.—  emploi absolu.  [Le sujet désigne une personne ou une partie du corps humain en particulier les mains] :

Ø 20. Des creux faits par des pieds obstinés qui s'enfoncent et refusent de lâcher, des traces de coudes et de mains, de griffes d'hommes qui se ramassent, s'accrochent et s'agrippent et qui, pelotonnés dans un dernier trou, tirent ainsi leur dernière balle en poussant leur dernier soupir.

RENÉ BENJAMIN, Gaspard,  1915, page 55. 

Ø 21. Comme un noyé qui cherche à s'agripper, il était anxieux de se retenir à quelque acte que ce fût; c'est ainsi qu'il saisit à la hâte un petit instrument qui lui servait à se couper les ongles, et se coupa les ongles.

HENRI DE MONTHERLANT, Les Célibataires,  1934, page 887. 

—  Spécialement, argotique  \" Se prendre aux cheveux avec quelqu'un. \" (Alfred Delvau, Dictionnaire de la langue verte, 1866, page 5). \" Même sens qu'agricher (...) en venir aux mains. \" (Dictionnaire de la langue verte (HECTOR FRANCE) 1907). 

 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 164. 

 

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