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ajouté quelque chose.

Publié le 06/01/2014

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ajouté quelque chose. Oh, Daniel, tu le connaissais ! Herman Ehrlich. Herman le Coiffeur !   La nuit, je pense à ces choses. Je suis satisfait de ce que je sais, mais à présent je pense beaucoup à tout ce que j'aurais pu savoir, qui aurait été bien plus que tout ce que je peux apprendre maintenant, qui a disparu à jamais maintenant. Ce que je sais à présent, c'est ceci : il y a tant de choses que vous ne voyez pas vraiment, préoccupé comme vous l'êtes de vivre tout simplement ; tant de choses que vous ne remarquez pas, jusqu'au moment où, soudain, pour une raison quelconque -  vous ressemblez à quelqu'un qui est mort depuis longtemps ; vous décidez tout à coup qu'il est important de faire savoir à vos enfants d'où ils viennent -, vous avez besoin de l'information que les gens que vous connaissiez autrefois devaient toujours vous donner, si seulement vous l'aviez demandée. Mais au moment où vous pensez à le faire, il est trop tard. Sur le reste de la famille, j'avais évidemment su depuis longtemps tout ce qu'il y avait à savoir ; longtemps j'avais pensé savoir aussi tout ce qu'il y avait à savoir des six qui avaient disparu. Dans mon esprit, le mot disparus faisait référence à la relation qu'ils entretenaient avec le reste de l'histoire et de la mémoire, et pas seulement au fait qu'ils avaient été tués : ils étaient désespérément loin, irrémédiablement. Au moment où ma mère avait dit Herman le Coiffeur, je m'étais aperçu que j'avais peut-être tort, que des traces de ces six demeuraient peut-être quelque part dans le monde. Il s'agissait donc d'une sorte de culpabilité, autant que d'une curiosité ; une culpabilité, autant qu'un désir de connaître ce qui leur était réellement arrivé dans les détails qui restaient encore à découvrir, qui me poussait en dernière instance à retourner. A abandonner mon ordinateur, à quitter la sécurité des livres et des documents, avec leurs descriptions si nettes des événements qu'il était impossible d'imaginer qu'ils avaient affecté la vie réelle des gens (par exemple, le document qui faisait état du fait suivant : Pendant la marche jusqu'à la gare de Bolechow pour être transportés jusqu'à Belzec, ils étaient contraints de chanter, notamment la chanson « Ma petite ville de Belz ») ; à renoncer au confort du bureau des archives et à la commodité de l'Internet, et à partir dans le monde, à faire l'effort dont je serais capable, peu importait la modicité des résultats, pour aller voir qui et ce qui restait, et au lieu de lire et d'apprendre par les livres, d'aller leur parler à tous, comme j'avais parlé autrefois à mon grand-père. A découvrir, même à cette date extraordinairement tardive, s'il y avait encore d'autres indices, d'autres faits et d'autres détails aussi précieux que ceux que j'avais laissé passer, quand les gens qui les connaissaient vivaient encore, quand le temps n'était pas encore venu pour moi de poser mes questions, pour moi de désirer savoir. Et donc, quatre-vingt-un ans après que mon grand-père a abandonné son foyer dans une petite ville animée, nichée dans les forêts de pins et de mélèzes sur les contreforts des Carpates, et vingt et un ans après sa mort dans une piscine entourée de palmiers, trois cent quatre-vingtneuf ans après l'arrivée des Jäger à Bolechow, et soixante ans après qu'ils en ont définitivement disparu, j'y suis retourné. C'était le commencement.           TEXTE D'UNE LETTRE D'ABRAHAM JAEGER, DATÉE DU 25 SEPTEMBRE 1973, TROUVÉE PAR L'AUTEUR DANS UN TAS DE VIEUX PAPIERS LE 6 JUIN 2005 :   Très chers enfants et Elkana et Ruthie et petits-enfants   C'est presque Yom Tov et nous vous souhaitons donc à tous Bonheur et Santé pour la Nouvelle Année s'il vous plaît donnez cette photo à Daniel pour l'album de famille. Debout, c'est Herman le Coiffeur et, assis, c'est mon Cher Frère SHMIEL dans l'armée autrichienne, cette photo a été prise en 1916. Ethel m'a donné cette photo. Bonne et Heureuse Année Avec tout mon amour Daddy -- Grandpa Ray vous adresse ses meilleurs sentiments   Deuxième partie Caïn et Abel ou Frères et soeurs (1939/2001)       Dans la maison commune, il y avait un parchemin sur lequel figurait une chronique, mais la première manquait et l'écriture s'était effacée. Isaac Bashevis Singer, «Le Gentleman de Cracovie»     1Le péché entre les frères  

«       TEXTE D'UNE LETTRE D'ABRAHAM JAEGER,DATÉEDU25SEPTEMBRE 1973,TROUVÉE PAR L'AUTEUR DANSUNTAS DEVIEUX PAPIERS LE6JUIN 2005 :   Très chers enfants etElkana etRuthie etpetits-enfants   C'est presque YomTovetnous voussouhaitons doncàtous Bonheur etSanté pourlaNouvelle Année s'ilvous plaîtdonnez cettephoto àDaniel pourl'album defamille.

Debout, c'estHerman le Coiffeur et,assis, c'estmonCher Frère SHMIEL dansl'armée autrichienne, cettephoto aété prise en1916. Ethel m’adonné cettephoto. Bonne etHeureuse Année. »

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