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ANÉANTISSANT, -ANTE, participe présent et adjectif.

Publié le 21/10/2015

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ANÉANTISSANT, -ANTE, participe présent et adjectif. I.— Participe présent de anéantir* II.— Adjectif. Qui anéantit, qui a une action destructrice : Ø 1.... je pose la question : peut-être l'oeuvre ne se défait-elle finalement que parce que l'homme lui-même s'est défait. Peut-être aucune autre littérature n'est-elle possible désormais que cette analyse anéantissante (...). S'il en est ainsi, rien de solide ne subsiste plus, en dehors des confessions de cet ordre, que le monde opaque des objets, et en fait de romans, nous ne devons plus compter que sur des « robbegrillades. » FRANÇOIS MAURIAC, Mémoires intérieurs, 1959, page 213. — Dans un contexte religieux Qui conduit à l'anéantissement (confer anéantissement II B 2) : Ø 2.... cette union au Christ anéanti sera toujours anéantissante, c'est-à-dire, exigera de notre part un dépouillement complet de nous-mêmes :... ABBÉ HENRI BREMOND, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, tome 3, 1921, page 368. · Spécialement. RELIGION CHRÉTIENNE. [En parlant de l'Eucharistie] Humiliant au plus haut point : Ø 3. L'incarnation, première preuve de l'effrayante humilité de Dieu. Comme s'il avait voulu en donner une autre encore plus parfaite, encore plus anéantissante, l'Eucharistie. JULIEN GREEN, Journal, 1942, page 201. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 20. Forme dérivée du verbe "anéantir" anéantir ANÉANTIR, verbe transitif. I.— Emploi transitif. A.— [Le sujet ou l'agent — parfois implicite — désigne une force capable d'exercer une grande violence] Réduire à néant, détruire. 1. [Le néant atteint l'être dans sa totalité] a) PHILOSOPHIE : Ø 1. Sylvius nous a dit : je crois à la transmigration des âmes; soit, la thèse est bonne; mais il aurait pu ajouter : et je crois aussi à la transformation de la matière; la matière est, comme l'esprit, indestructible et éternelle; il eût pu dire : je ne crois pas à la résurrection de la chair, parce qu'elle ne meurt jamais! Les machines les plus formidables ne pourront pas anéantir un grain de sable. Dieu lui-même n'annihile rien, car il est éminemment créateur; il transforme, mais il ne détruit jamais. MAXIME DU CAMP, Mémoires d'un suicidé, 1853, page 239. b) RELIGION, MYSTIQUE. Absorber l'être particulier dans le Tout universel : Ø 2.... le nirwana ou l'anéantissement au sein de l'être infini était le but promis au sage parvenu à la vertu suprême et à la science de l'absolu. Les sages ainsi sauvés, c'est-à-dire anéantis, les autres hommes restaient soumis à la renaissance dans la vie, conformément au sentiment naturel qui avait inspiré aux Indiens leur idée de la vie éternelle. PIERRE LEROUX, De l'Humanité, de son principe et de son avenir, tome 1, 1840, page 299. 2. Langue courante. [Le néant atteint la nature ou l'essence d'un être] a) [Le sujet, parfois implicite, désigne un agent naturel, physique, chimique ou une manifestation du psychisme humain; l'objet désigne une chose ou une personne, ou un aspect de la personne humaine] Altérer jusqu'à faire disparaître complètement. Antonymes : préserver, conserver, maintenir : Ø 3. Il résolut alors de vouloir plus, de vouloir tout. Embarrassé comme un amant jeune encore qui n'ose pas croire à l'abaissement de son idole, il hésita longtemps, et connut ces terribles réactions de coeur, ces volontés bien arrêtées qu'un mot anéantit, ces décisions prises qui expirent au seuil d'une porte. HONORÉ DE BALZAC, La Duchesse de Langeais, 1834, page 275. Ø 4. Vous avez vu mille fois sur le bord de la mer des rochers énormes, d'une masse imposante, d'une carrure massive, des rochers de granit ou de basalte lavés par les flots débiles. Vous les avez vus, malgré leur grosseur, troués en mille endroits, perforés, minés, menaçant de choir, et n'en doutez pas, un jour arrive, ils tombent, ils sont réduits en sable, ils sont anéantis, et comment voulez-vous que le flot persistant des pensées malsaines auxquelles vous vous donnez en proie ne finisse pas par amener à votre égard un résultat tout pareil? JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Les Pléiades, 1874, page 351. b) [Le sujet ou l'agent — parfois implicite — désigne un engin ou un ensemble d'engins dont la fonction est de détruire; l'objet désigne une personne ou des collectivités] Faire mourir : Ø 5. Un duel, et il n'avait pas vingt ans. Voilà qui était digne de lui. « C'est dommage que les duels ne jouissent plus de leur ancienne faveur ». Et s'il était tué? La gorge contractée, il se voyait anéanti, corps et âme, lui qui avait à peine vécu. Il sentait dans la vie une douceur inépuisable, et se maudissait de n'avoir pas su la goûter. MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 169. — En particulier, dans un contexte guerrier : Ø 6. Nous avons vu, de nos yeux vu, le travail consciencieux, l'instruction la plus solide, la discipline et l'application les plus sérieuses, adaptés à d'épouvantables desseins. Tant d'horreurs n'auraient pas été possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d'hommes, dissiper tant de biens, anéantir tant de villes en si peu de temps; mais il a fallu non moins de qualités morales. Savoir et devoir, vous êtes donc suspects? PAUL VALÉRY, Variété I, 1924, page 13. Ø 7.... la veille, quatre corps d'armée allemands avaient livré bataille à nos alliés, et dans la soirée, vers 18 heures, ceux-ci avaient subi une coûteuse défaite : deux divisions sur cinq étaient presque anéanties, et les autres étaient en assez médiocre état. MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 1, 1931, page 324. c) [Le sujet désigne une force sociale; l'objet désigne la personne humaine] Faire disparaître la personnalité d'un être : Ø 8.... l'individu n'est pas facilement extrait et séparé du tout social pour une pensée rigoureuse et une totalité cesse d'être humaine si elle absorbe et anéantit l'individu. FRANÇOIS PERROUX, L'Économie du XXe. siècle. 1964, page 590. B.— Emplois hyperboliques. 1. MYSTIQUE. Compter pour rien sa propre personne devant l'être infini de Dieu (supra abaisser*) : Ø 9. On pourra me demander maintenant pourquoi le soleil abaisse vers nous sa partie supérieure, plutôt qu'il n'élève son inférieure : à cela je répondrai sans doute, comme Newton, que la raison en est dans la volonté suprême de Dieu; mais sa volonté n'est pas sans raison, puisque, suivant le newtonien Clarke, elle est la raison même. Au reste, j'anéantis la mienne devant sa sagesse infinie, à l'exemple de Newton, de Clarke, de Leibnitz, et de tous les hommes qui ont tant soit peu médité sur ces sublimes ouvrages. JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 342. 2. Langue courante. [Le sujet désigne une force physique ou psychique] Priver quelqu'un de la capacité d'agir ou de réagir, comme s'il avait cessé de vivre. a) [Sous l'effet d'un choc émotionnel] : Ø 10. Il répéta, de sa voix haute, inexorable : — Écris, écris. Puis, les yeux dans les siens, sans colère, sans gros mots, mais avec une obstination dont elle sentait le poids l'écraser, l'anéantir : — Ce que je vais faire, tu le verras bien... Et, entends-tu, ce que je vais faire, je veux que tu le fasses avec moi... Comme ça, nous resterons ensemble, il y aura quelque chose de solide entre nous. ÉMILE ZOLA, La Bête humaine, 1890, page 25. b) [Sous l'effet de la fatigue, etc.] : Ø 11. Plus troublantes assurément sont ces expériences où la conscience, prise de vertige, s'aveugle et s'éteint; la fatigue extrême me « vide » et m' « anéantit »; l'évanouissement est une « absence », et le sommeil, une extinction de la conscience de veille. PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, 1949, page 430. II.— Emploi pronominal. A.— Emploi passif. 1. Être détruit par l'effet d'une force violemment négative. a) [La force est de nature physique; le sujet désigne une chose ou une personne] S'écrouler, se perdre : Ø 12.... le vacarme des voix se perdait, s'évaporait à son tour dans la torpeur brûlante où semblait s'anéantir toute vie. JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, La Fête arabe, 1912, page 13. — En particulier, dans un contexte guerrier : Ø 13. Parfois, des renflements allongés — car tous ces morts sans sépulture finissent tout de même par entrer dans le sol — un bout d'étoffe seulement sort, — indiquent qu'un être humain s'est anéanti en ce point du monde. HENRI BARBUSSE, Le Feu, 1916, page 291. b) [La force est de nature morale] : Ø 14. Et le pis était que s'anéantissait avec lui cette fortune des Beauvilliers, autrefois colossale, assise sur des terres immenses, des domaines royaux, que la révolution avait déjà trouvée amoindrie, et que son père et lui venaient d'achever. De ces vastes biens fonciers, une seule ferme demeurait,... ÉMILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 71. 2. Au figuré. [Le sujet désigne la personne morale; la force est elle-même de nature morale] — Rare. [Avec une idée de réciprocité] : Ø 15. Les natures vraiment belles et riches ne sont pas celles où des éléments opposés se neutralisent et s'anéantissent; ce sont celles où les extrêmes se réunissent, non pas simultanément, mais successivement, et selon la face des choses qu'il s'agit d'esquisser. L'homme parfait serait celui qui serait tour à tour inflexible comme le philosophe, faible comme une femme, rude comme un paysan breton, naïf et doux comme un enfant ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890, page 408. — Par hyperbole : Ø 16.... Ducret fourre des cailloux dans sa poche, à la récréation, puis, dans la classe, dissimulé par les élèves assis devant lui, il lime furtivement des entailles à sa table. Pris en faute, il s'anéantit, sans ressort. Et pourtant il a été placé à la crèche dès sa naissance et, depuis quatre ans, il vit à l'école maternelle. LÉON FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, page 89. B.— Emploi réfléchi. [Le sujet, parfois implicite, désigne toujours une personne; le contexte a généralement une coloration religieuse ou mystique] 1. S'anéantir dans ou en quelque chose ou quelqu'un. a) Rare. [Avec une idée de mort, de suicide] : Ø 17. Gervaise ne pouvait pleurer. Elle étouffait, les reins appuyés contre son baquet, le visage toujours entre les mains. De courts frissons la secouaient. Par moments, un long soupir passait, tandis qu'elle s'enfonçait davantage les poings sur les yeux, comme pour s'anéantir dans le noir de son abandon. C'était un trou de ténèbres au fond duquel il lui semblait tomber. ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 394. b) Abandonner son être propre (physique ou moral) de manière à le confondre avec celui d'un être plus grand que soi. — [Cet être est Dieu ou la nature] : Ø 18. Sainte Catherine expose aussi que Jésus n'interdit le ciel à personne, que c'est l'âme même qui, s'estimant indigne d'y pénétrer, se précipite, de son propre mouvement, dans le purgatoire, pour s'y modifier, car elle n'a plus qu'un but, se rétablir dans sa pureté primitive; qu'un désir, atteindre à ses fins dernières, en s'anéantissant, en s'annihilant, en s'écoulant en Dieu. GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome 1, 1895, page 262. Ø 19.... il existait un accord si profond entre moi-même et ce paysage que je me suis demandé, comme autrefois, s'il ne serait pas délicieux de s'anéantir en tout cela, comme une goutte d'eau dans la mer, de n'avoir plus de corps, mais juste assez de conscience pour pouvoir penser : « Je suis une parcelle de l'univers. L'univers est heureux en moi. Je suis le ciel, le soleil, les arbres, la Seine et les maisons qui la bordent... » JULIEN GREEN, Journal, 1932, page 118. · Par analogie. [Cet être est une personne aimée] : Ø 20. Ce dégoût de moi, ce désir de m'anéantir en vous comme en un cher amour, de ne plus penser que par vous, je m'en veux de les éprouver,... JACQUES RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier] , 1906, page 320. Remarque : Plus rarement, le complément en + substantif désigne l'aboutissement d'une transformation de la chose désignée par le sujet : Ø 21.... et surtout ce magnifique jardin de rêve et de silence, formé au bord de l'oued de dix à douze petits vergers dont on avait abattu les murailles, et dans lequel la sagesse la plus septentrionale devait, j'en avais fait l'expérience, se dissoudre en rêveries folles, se déchirer, s'anéantir en parfums? JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, La Fête arabe, 1912, page 86. 2. S'anéantir devant Dieu. S'humilier profondément, par la conscience que l'on a de son " néant ". Qu'il put s'anéantir soi-même devant Dieu (titre du chapitre VIII, 1. III de L'Imitation de Jésus-Christ, traduit par Félicité-Robert de Lamennais. ). — Par analogie. S'anéantir devant quelqu'un : Ø 22. Une plus douce mélopée accompagnait l'âme de M. Godeau : « Était-il nécessaire que tu valusses mieux que moi pour que je t'aime? Était-ce te préférer à moi que de t'aimer? Y avait-il en toi une force qui m'obligeait de m'anéantir devant toi ou trouvais-je en moi le jugement de cette préférence de toi à moi? Mon amour pour toi procédait-il d'un absolu que tu enveloppais ou d'un rapport qui était dans mon esprit, d'un « nombre » mystique inscrit dans ton être ou d'une algèbre dont tu avais la clé pour moi seul et qui enfermait le monde? MARCEL JOUHANDEAU, Monsieur Godeau intime, 1926, page 89. Ø 23. Il la vit ardente, candide, entendue, délicate, pleine de Dieu, belle à en mourir. Il s'agenouilla, il se prosterna, il s'anéantit devant elle, une fois de plus, dans l'incognito de son coeur. JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 179. — emploi absolu. Faire le vide (spirituel) en soi : Ø 24. C'est qu'aussi bien, après la terrible expérience de ces deux années, M. Olier se trouvait tout préparé à réaliser avec plus de clarté, à accepter avec moins d'effroi, la doctrine essentielle de Condren sur le devoir où nous sommes de nous effacer, de nous sacrifier et de nous anéantir nous-mêmes, pour faire place en nous à l'esprit de Dieu. ABBÉ HENRI BREMOND, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, tome 3, 1921, page 452. Remarque : Par opposition à l'emploi A, les emplois B supposent toujours que l'action est plus ou moins conduite par le sujet. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 997. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 2 028, b) 1 063; XXe. siècle : a) 1 392, b) 1 101.

« A.? [Le sujet ou l'agent ? parfois implicite ? d?signe une force capable d'exercer une grande violence] R?duire ? n?ant, d?truire.

1.

[Le n?ant atteint l'?tre dans sa totalit?] a) PHILOSOPHIE?: ? 1.

Sylvius nous a dit?: je crois ? la transmigration des ?mes; soit, la th?se est bonne; mais il aurait pu ajouter?: et je crois aussi ? la transformation de la mati?re; la mati?re est, comme l'esprit, indestructible et ?ternelle; il e?t pu dire?: je ne crois pas ? la r?surrection de la chair, parce qu'elle ne meurt jamais! Les machines les plus formidables ne pourront pas an?antir un grain de sable.

Dieu lui-m?me n'annihile rien, car il est ?minemment cr?ateur; il transforme, mais il ne d?truit jamais. MAXIME DU CAMP, M?moires d'un suicid?, 1853, page 239.

b) RELIGION, MYSTIQUE.

Absorber l'?tre particulier dans le Tout universel?: ? 2....

le nirwana ou l'an?antissement au sein de l'?tre infini ?tait le but promis au sage parvenu ? la vertu supr?me et ? la science de l'absolu.

Les sages ainsi sauv?s, c'est-?-dire an?antis, les autres hommes restaient soumis ? la renaissance dans la vie, conform?ment au sentiment naturel qui avait inspir? aux Indiens leur id?e de la vie ?ternelle. PIERRE LEROUX, De l'Humanit?, de son principe et de son avenir, tome 1, 1840, page 299.

2.

Langue courante.

[Le n?ant atteint la nature ou l'essence d'un ?tre] a) [Le sujet, parfois implicite, d?signe un agent naturel, physique, chimique ou une manifestation du psychisme humain; l'objet d?signe une chose ou une personne, ou un aspect de la personne humaine] Alt?rer jusqu'? faire dispara?tre compl?tement.

Antonymes?: pr?server, conserver, maintenir?: ? 3.

Il r?solut alors de vouloir plus, de vouloir tout.

Embarrass? comme un amant jeune encore qui n'ose pas croire ? l'abaissement de son idole, il h?sita longtemps, et connut ces terribles r?actions de coeur, ces volont?s bien arr?t?es qu'un mot an?antit, ces d?cisions prises qui expirent au seuil d'une porte. HONOR? DE BALZAC, La Duchesse de Langeais, 1834, page 275.

? 4.

Vous avez vu mille fois sur le bord de la mer des rochers ?normes, d'une masse imposante, d'une carrure massive, des rochers de granit ou de basalte lav?s par les flots d?biles.

Vous les avez vus, malgr? leur. »

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