ASSERMENTÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif masculin. I.— Participe passé de assermenter* II.— Adjectif. A.— [Concerne des personnes] Qui a prêté serment, qui est lié par serment. 1. Qui a prêté serment avant d'exercer une fonction publique, une profession, une fonction de surveillance. Fonctionnaire, garde assermenté : Ø 1. Art. 7. — Les infractions spécialement définies pour la protection des parcs nationaux ainsi que les infractions commises dans ces parcs en matière forestière, de chasse et de pêche sont constatées par des agents assermentés, commissionnés par le ministre de l'agriculture, dans des procès-verbaux dispensés de l'affirmation et faisant foi jusqu'à preuve contraire. L'Aménagement du territoire. 1964, page 74. 2. Qui a prêté serment devant un tribunal (avant d'y exprimer un avis). Architecte, expert assermenté : Ø 2. Appelé à témoigner, le médecin assermenté nous parle de l'étrange soulagement, de la détente que Bernard lui a dit avoir éprouvés après avoir bouté le feu. ANDRÉ GIDE, Souvenirs de la Cour d'assises, 1913, page 634. — Au figuré. Qui est entièrement soumis, inféodé à quelqu'un ou à quelque chose : Ø 3. Où sont les hommes qui ne font pas partie des claques assermentées, qui n'applaudissent pas, sur un signe de leur chef, Dieu ou le prince (...)? ÉMILE ZOLA, Mes haines, 1866, page 10. 3. HISTOIRE. a) Ecclésiastique ayant prêté serment à la Constitution civile du Clergé de 1790. Prêtre assermenté. Antonymes : non assermenté, insermenté, réfractaire : Ø 4.... quelques jours après, le pape Pie VI lança son excommunication contre les prêtres et les évêques assermentés. Cela ne leur fit ni chaud ni froid. ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, tome 1 1870, page 395. b) Rare, vieux. [En parlant des élus ayant prêté le serment politique] : Ø 5. Après le renversement de l'Empire, un des premiers actes du gouvernement de la Défense nationale fut d'abolir le serment politique (décret du 5 septembre 1870). Il n'y eut plus dès lors de députés assermentés. La Grande Encyclopédie, Inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts. t 4 1885-1902, page 235. Remarque : On rencontre en argot le syntagme fille assermentée, synonyme de fille inscrite : Ø 6. À seize ans, en carte : orgueil; séchant d'envie d'être assermentées et comptant les jours jusque-là, et allant jusqu'à s'en fabriquer de fausses pour leur satisfaction personnelle. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1853, page 114. B.— Rare, vieux. [En parlant de choses] Qui est attesté par serment : Ø 7. Assez de canailleries, assez de mensonges assermentés, assez de faux, assez de trahisons! Toute la vérité connue. GEORGES CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, page 362. Remarque : Canadianisme (confer Société du Parler français au Canada, 1930, DICTIONNAIRE GÉNÉRAL DE LA LANGUE FRANÇAISE AU CANADA (LOUIS-ALEXANDRE BÉLISLE) 1957 et DICTIONNAIRE CORRECTIF DU FRANÇAIS AU CANADA (GASTON DULONG ), 1968). III.— Substantif masculin. Un assermenté. Un prêtre assermenté : Ø 8. Ils [les constituants] ne concevaient pas une bien haute idée du clergé et pensaient qu'il se soumettrait par intérêt; en fait, sept évêques seulement jurèrent et, quant aux curés, ils se partagèrent à peu près par moitié dans l'ensemble, mais très inégalement suivant les régions : par exemple, les assermentés ou constitutionnels formèrent une majorité écrasante dans le sud-est; au contraire, on n'en compta que très peu en Flandre et en Artois, en Alsace et surtout dans l'ouest. GEORGES LEFEBVRE, La Révolution française, 1963, page 190. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 40. Forme dérivée du verbe "assermenter" assermenter ASSERMENTER, verbe transitif. I.— Emploi transitif. A.— DROIT PUBLIC. rare. Assermenter quelqu'un.. Lier quelqu'un par un serment, faire prêter serment à quelqu'un qui doit remplir certaines fonctions (politiques, professionnelles ou de surveillance). Confer assermenté A. Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux du XIXe. et du XXe. siècle. B.— Rare, vieux. Assermenter quelque chose. Attester quelque chose par serment : Ø 1. DYMAS. — La Révolution vint qu'on n'y comprit pas grand chose, jusqu'à la mort du Roi qui nous fit deuil (...). Après on nous envoya en Vendée (...). Seulement je puis dire, vous assermenter que moi, caporal Babot! j'ai jamais touché ni femme ni enfant JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, Nez-de-Cuir, gentilhomme d'amour, 1936, page 236. Remarque : Sens en usage au Canada. Confer Société du Parler français au Canada, 1930 et DICTIONNAIRE GÉNÉRAL DE LA LANGUE FRANÇAISE AU CANADA (LOUIS-ALEXANDRE BÉLISLE) 1957. II.— Emploi pronominal. A.— Rare. [En particulier en parlant des prêtres qui ont prêté serment à la Constitution civile du Clergé] Devenir assermenté, se lier par serment, prêter serment : Ø 2. C'est mon frère, dit-il en variant son soupir d'une manière lugubre. C'est le premier recteur qui se soit assermenté. Voilà le seul asile où il ait été en sûreté contre la fureur des Chouans et des autres prêtres. (...) Un jour je pourrai l'ensevelir en terre sainte, comme disait ce pauvre homme, qui ne s'est assermenté que par peur. HONORÉ DE BALZAC, Les Chouans, 1869, pages 229-230. B.— Rare. S'assermenter quelque chose. Se jurer quelque chose à soi-même : Ø 3.... cent fois et plus je m'étais assermenté que je ne souffrirai son dépérissement jusqu'au bout... FERDINAND FABRE, Le Chevrier, 1867, page 324. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1.