avant-garde n.

avant-garde n. f. 1. Unité chargée d'assurer le renseignement et la couverture en avant d'une formation militaire en déplacement. 2. Mouvement précurseur (en art, en littérature, etc.). V. Encycl. Encycl. - ART., LITT. La notion d'avant-garde, en art et en littérature, naît au XIXe s. d'un double bouleversement du statut de la création et de l'artiste et de la conception de l'avenir. En peinture, l'art se sépare de la technique, l'écrivain se coupe de la société pour être un maudit ou un mage. Le critère de la modernité remplace celui de la tradition. L'avant-garde suppose donc qu'on place le phénomène de la création dans une perspective historique, mais dont la référence se situe non plus dans le passé et dans l'expérience, mais dans la dynamique du progrès et de l'innovation continue. L'avantgarde traduit donc à la fois un doute sur la nature de l'art et une foi dans sa pérennité: elle installe dans l'histoire de l'art un système de ruptures, un conflit de générations, une esthétique de la provocation (du gilet rouge de Théophile Gautier à la première d'Hernani jusqu'aux manifestations dadaïstes). Mais le mot même d'avant-garde suggère qu'elle ne fait que précéder quelque chose (un mouvement, une masse, une école, un style) qui la suit et dont elle est la tête chercheuse. L'avant-garde implique donc sa récupération (le surréalisme est devenu un produit de consommation courante). Et la disparition de la conception linéaire et déterministe de l'histoire, au profit de l'«empire de l'éphémère» et de l'actualité, a relégué l'avant-garde dans les musées et les manuels scolaires, où futurisme, expressionnisme et minimalisme prennent sagement place à leur tour après les classiques et les romantiques.