BONASSE, adjectif.

BONASSE, adjectif. A.— [En parlant d'une personne] Qui a bon caractère, qui se montre très complaisant dans ses relations avec autrui, souvent jusqu'à l'excès, par simplicité d'esprit, faiblesse de tempérament : Ø 1. Elle était heureuse et n'avait pas d'ailleurs sujet de se tracasser. Son mari était un homme bonasse et bébête, obéissant sans regimber à ses moindres ordres. GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Les Soeurs Vatard, 1879, page 101. PARADIGMES. a) (Quasi-)synonymes : bête, bienveillant, brave, faible, inoffensif, niais, paterne, simple, sot, veule. b) (Quasi-)antonymes astucieux, cynique, dur, énergique, féroce, fin, malin, matois, méchant, retors, roublard, rusé, sévère, sournois. Remarque : S'emploie parfois à la forme substantif : Madame Baudouin, grosse « bonasse » (DURANTY, Le Malheur d'Henriette Gérard, 1860, page 179); un bonasse... un naïf (HOGIER-GRISON, Les Hommes de proie, Pigeons et vautours, 1886, page 175); faire la bonasse (JEAN GIONO, Un de Baumugnes, 1929, page 61); confer aussi ces bonasses de paysans (EUGÈNE SUE, Les Mystères de Paris, tome 3, 1842-43, page 144). B.— [En parlant d'un aspect de la personne, d'un trait du comportement humain] Qui dénote un bon caractère, une nature accommodante jusqu'à l'excès : Ø 2.... ce serait le type de la fille facile par douceur, par envie de folâtrer, par tempérament bêta et bonasse. En voilà encore une sur qui l'école devra avoir une action des plus raffermissantes. LÉON FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, page 102. Ø 3. La voix était bonasse et molle, une voix de franc feignant, sans malice. MAURICE GENEVOIX, Raboliot, 1925, page 195. Ø 4.... vous l'auriez vu arriver, de sa marche indolente, balancée, avec son air endormi, bonasse, sa bonne tête d'assiette de Quimper, un peu rouge,... ROGER CRÉTIN, DIT ROGER VERCEL, Capitaine Conan, 1934, page 145. — Par analogie : Ø 5.... l'âne qui porte Notre-Seigneur entrant à Jérusalem a une vraie mine d'âne, bonasse et pacifique;... GUSTAVE FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, 1848, page 332. C.— [En parlant d'une chose abstraite] Dépourvu de tout heurt, de toute animosité, excessivement tranquille : Ø 6.... il [Coriolis] voyait toutes sortes de servitudes, d'abdications et de ramollissements pour l'artiste, dans cette félicité bonasse du ménage, cet état doux, lénitif... où s'éteint la fièvre qui fait créer. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Manette Salomon, 1867, page 141. Remarque : 1. Péguy a utilisé ce mot dans son acception primitive, avec l'orthographe de son homonyme bonace*, substantif féminin : quand la mer est bonace (Ève, 1913, page 823). 2. On rencontre dans la documentation les néologismes a) Bonasson, adjectif. L'air bonasson et endormi (ALPHONSE DAUDET, Port-Tarascon, 1890, page 90; suffixe -on*). Péjorativement (Quasi-)synonyme de bon(n)asse, indolent, mou. b) Bonassité, substantif féminin À la bonassité du mari et à la douceur de la femme (GUSTAVE FLAUBERT, La 1re. Éducation sentimentale, 1845, page 28; suffixe -ité*). (Quasi-)synonyme de bon(n)asserie.