Citations & Défintion: APLANI, -IE, participe passé et adjectif.

Citations & Défintion: APLANI, -IE, participe passé et adjectif. A.— Participe passé de aplanir* B.— Adjectif. 1. [En parlant d'une surface de terrain, etc.] Rendu plan, uni : Ø 1. Les monastères situés dans les pays montueux pouvaient être protégés, sur une partie de leur enceinte, par des escarpements naturels; mais là où le terrain aplani devenait facilement accessible, on plaçait un donjon. ALBERT LENOIR, L'Architecture monastique, tome 1, 1852, page 64. Ø 2. Sigognac eut comme un éblouissement; il ne reconnaissait plus ces lieux si familiers pourtant à sa mémoire. La route aplanie n'offrait plus d'ornières. THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 490. — Rare. [En parlant d'une partie du corps humain] : Ø 3.... son nez aquilin et mince, ses joues aplanies, ses lèvres sérieuses et d'un dessin serré, l'ovale parfait de sa figure différaient essentiellement du nez africain, des pommettes saillantes, de la bouche épaisse, et du masque large que présentent habituellement les Égyptiens. THÉOPHILE GAUTIER, Le Roman de la momie, 1858, page 243. Remarque : Confer aplanissement, exemple 5. — Par métaphore : Ø 4. CÆSONIA, (dressée devant lui et suppliante). — Il y a le bon et le mauvais, ce qui est grand et ce qui est bas, le juste et l'injuste. Je te jure que tout cela ne changera pas. CALIGULA, (de même). — Ma volonté est de le changer. Je ferai à ce siècle le don de l'égalité. Et lorsque tout sera aplani, l'impossible enfin sur terre, la lune dans mes mains, alors, peut-être, moi-même je serai transformé et le monde avec moi, alors enfin les hommes ne mourront pas et ils seront heureux. ALBERT CAMUS, Caligula, 1944, I, 2, page 27. 2. Au figuré. — Mis au même niveau, égalisé : Ø 5.... la Berma étendait de vastes nappes de terreur, de tendresse, sur les mots fondus également, tous aplanis et relevés, et qu'une artiste médiocre eût détachés l'un après l'autre. MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, page 51. — Rendu uniforme et facile : Ø 6. « Oui, songeait Antoine Arnault, ils [les nobles] doivent penser cela, ces êtres sans culture, sans amour, sans passion et sans philosophie! Ils ont cette fierté d'être irritables, de flatter le danger comme un cheval de sang vif, et c'est leur seule ivresse dans la vie morne et aplanie. (...) » ANNA DE NOAILLES, La Domination, 1905, page 98. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 110. Forme dérivée du verbe "aplanir" aplanir APLANIR, verbe transitif. I.— Emploi transitif. A.— [L'objet désigne une aspérité de la surface terrestre] Rendre plan, uni, en faisant disparaître les inégalités, les aspérités. Synonymes : niveler, égaliser, aplatir : Ø 1. Elle [la neige] tomba deux jours et deux nuits sans discontinuer, nivelant les hauteurs, comblant les vallons, aplanissant tout sous son enveloppe friable que rien ne soulevait. LOUIS PERGAUD, De Goupil à Margot, 1910, page 60. — GÉOGRAPHIE : Ø 2.... d'autres parties de surfaces continentales offrent des facilités naturelles à la circulation. Ce sont principalement les contrées où, l'accumulation l'emportant sur l'érosion, la surface est couverte d'un manteau de terres qui aplanit les accidents du relief. PAUL VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géographie humaine, 1921, page 224. — Par extension. [L'objet désigne une surface quelconque] : Ø 3. Mais, soudain, elle redéplia le papier, passa sa main dessus pour l'aplanir,... ANDRÉ GIDE, Geneviève, ou la Confidence inachevée, 1936, page 1354. B.— Par métaphore et au figuré. 1. [Ce qui est enlevé est une inégalité] Aplanir les inégalités : Ø 4. Le plaisir réunissait toutes les classes, aplanissait toutes les susceptibilités hautaines, nivelait tous les rangs. AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND (Larousse du 19e. 1866). — Péjoratif : Ø 5. La Politesse, quoique fille de la cour, fut et sera toujours niveleuse, elle efface et aplanit tout; ni trop haut ni trop bas est sa devise. Elle n'entend pas la Nature qui crie de toutes parts au génie comme Macbeth : Viens haut ou bas. ALFRED DE VIGNY, Lettre à Lord... sur la soirée du 24 octobre et sur son nouveau système dramatique, 1829, page 271. Ø 6. Je ferai face, disais-je. Face à quoi? Surmonter la vie! Pourtant, ils l'ont bien aplanie. Rasée comme un terrain de manoeuvre, la vie! Rasée comme une cour de caserne. Rasée comme un ponton. GEORGES BERNANOS, Un Mauvais rêve, 1948, page 963. 2. [Ce qui est enlevé est un obstacle; emploi généralement mélioratif] a) Aplanir la route, les voies, le chemin à quelqu'un (pour quelqu'un, devant quelqu'un, sous les pas de quelqu'un); à quelque chose; de quelque chose à quelqu'un. Lui rendre plus facile quelque chose : Ø 7.... plusieurs [des peintres de moeurs] ont arrondi volontairement des angles, aplani les rudesses de la vie, amorti ces fulgurants éclats. CHARLES BAUDELAIRE, Curiosités esthétiques, 1867, page 363. Ø 8. D'où venait donc cet intérêt subit? Une invisible main semblait veiller sur lui, écarter les obstacles, lui aplanir la route. ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Les Amies, 1910, page 1196. b) Aplanir les obstacles, les difficultés, plus rarement les traverses. Les atténuer, les supprimer : Ø 9. Le pays eut, à ce moment, l'heureuse fortune de trouver en M. Millerand un ministre de la guerre qui sut faire front avec une volonté puissante et une belle énergie au problème qui se posait à nous. Placé entre mes incessantes et croissantes demandes et les industriels démunis de main-d'oeuvre, de matières premières et de machines, il sut vaincre toutes les résistances et aplanir tous les obstacles. MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 2, 1931, page 49. II.— Emploi pronominal. A.— [Le sujet désigne une chose concrète] Devenir plan (le plus souvent, en s'abaissant, pour s'aligner sur le niveau inférieur); apparaître comme plan : Ø 10.... le terrain allait en s'abaissant et en s'aplanissant de la droite des armées alliées à leur gauche, des rives accidentées de la Meuse aux grandes plaines des Flandres d'un parcours relativement plus facile. MARÉCHAL FERDINAND FOCH, Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre de 1914-1918, tome 2, 1929, page 237. — Par comparaison : Ø 11. Quand j'arrivai chez Anne, la nuit tombait. Le ciel, vers le soir, s'était aplani, tous ses gouffres comblés d'or. JEAN GIRAUDOUX, Simon le Pathétique, 1926, page 217. B.— Par métaphore et au figuré : 1. Souvent mélioratif. S'atténuer, disparaître (progressivement). Les difficultés, les obstacles s'aplanissent : Ø 12. Tout se calme, les souvenirs s'effacent, les déchirements du passé, les rêves perdus aussi, tout s'oublie, s'aplanit, s'apaise... JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Journal intime, tome 1, 1882-85, page 154. 2. Rare, péjoratif. [Le sujet désigne une personne] S'uniformiser : Ø 13. Si Bossuet fait jamais une Logique (...) il est à croire qu'il saura moins uniment s'aplanir, et qu'il ne se tiendra pas de tout point dans cette médiocrité lumineuse. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 3, 1848, page 476. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 144.