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CLAQUER1, verbe.

Publié le 13/11/2015

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CLAQUER2, verbe transitif.  

CORDONNERIE.  Coudre une claque (confer claque2 ) aux quartiers d'une tige de chaussure. Claquer des bottines d'étoffe (Dictionnaire général de la langue française (ADOLPHE HATZFELD, ARSÈNE DARMESTETER)). 

Remarque : 1. Confer l'emploi adjectival de claqué, plus fréquent. 2. Vocabulaire technique de l'industrie de la chaussure (OECD) 1969 enregistre le substantif masculin claquage. \" L'action de claquer (...) et l'opération correspondante. \" 

CLAQUER1, verbe.  

I.—  Emploi intransitif. 

A.—  Produire un bruit sec et éclatant : 

Ø 1. Un grand silence s'était fait. Puis, tout à coup, un bruit sec claqua dans l'air. Le vicomte avait giflé son adversaire.

GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Un Lâche, 1884, page 915. 

Ø 2. Avant qu'il [le père] ait ouvert la bouche, sa fille repousse déjà la barrière de bois, ses galoches claquent sur les pierres de la route...

GEORGES BERNANOS, Nouvelle Histoire de Mouchette,  1937, page 1316. 

SYNTAXE : Un fouet, une porte, un drapeau, un volet, des coups de feu claquent; claquer du doigt, de la langue; claquer brutalement, bruyamment, nerveusement. 

—   [Le bruit forme une série, une répétition]  Claquer des mains. Des voix éraillées (de jeunes gens?) criaient « bis! » et on claquait toujours des mains (HENRI DE MONTHERLANT, Les Jeunes filles,  1936, page 1042 ).  Claquer des dents. Avoir froid, avoir peur (sans que les dents s'entrechoquent nécessairement). Il [saint Jean] aura quelque chose à écrire pour que le monde claque des dents jusqu'à la consommation des siècles (LÉON BLOY, Journal,  1903, page 179 ). 

·    Par hyperbole. Claquer de froid, de faim, de peur. En pantalon rouge, claquant de chaleur et de discipline (ANDRÉ GIDE, Correspondance avec Paul Valéry, 1906, page 409 ). 

Remarque : Claquer de peur peut être compris également comme l'ellipse de claquer des dents de peur.  Johel. —  Comment : il claque de peur? Le Barbier. —  Je veux dire : il claque des dents, de peur du roi (ANDRÉ GIDE, Saül, 1903, III, 1, page 311). 

·    Au figuré. Claquer du bec. Avoir faim, soif. Encore un qui claquait du bec de jus (HENRI BARBUSSE, Le Feu,  1916, page 119 ). 

B.—  Par extension.  Se rompre en faisant un bruit sec : 

Ø 3. Elle brisa furieusement six cruches, et la sueur d'angoisse coulait de son front. Les vases claquèrent et s'ouvrirent : ils étaient vides.

MARCEL SCHWOB, Le Livre de Monelle,  1894, page 87. 

—  Familier.  Se briser, se détruire subitement. Le joint claque (RENÉ CHAMPLY, Nouvelle encyclopédie pratique, tome 10, 1927, page 99 ). 

·    Au figuré. Claquer dans les mains, dans les doigts. Échouer. « C'est l'affaire de l'institut qui vient de me claquer dans les mains » (GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Passion de Joseph Pasquier, 1945, page 253 ). 

—  Argot, populaire.  Mourir Il n'est donc pas encore claqué, votre Lanlaire? (OCTAVE MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre,  1900, page 88 ). 

Remarque : On rencontre le substantif féminin claquaison attesté uniquement chez Verlaine.  Litote, néologisme familier évoquant la mort. Me sauver cette fois, non certes d'une claquaison prochaine, mais d'une crise qui eût, certes, été mortelle dans la solitude (Correspondance, tome 1, 1862-95, page 86). 

II.—  Emploi transitif. 

A.—  Faire un geste, un mouvement qui provoque un bruit sec. 

1. [Le complément désigne une personne] 

a) Donner des claques, frapper du plat de la main. En rentrant, papa m'a claquée. J'ai même pleuré, c'est plutôt rare (GEORGES BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, page 1207 ). 

b) Vieux.  Applaudir un artiste, une oeuvre en frappant dans ses mains. « Ce n'est pas le public d'Henriette Maréchal! » tout est accepté, claqué (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1879, page 7 ). 

2. [Le complément désigne un objet inanimé concret]  Plaquer, fermer quelque chose avec force : 

Ø 4. —  À présent, du sang-froid, se dit Lafcadio. Ne claquons pas la portière : on pourrait entendre à côté. Il tira la portière à lui, contre le vent, avec effort, puis la referma doucement.

ANDRÉ GIDE, Les Caves du Vatican,  1914, page 830. 

—  Au figuré. Claquer la porte, partir en claquant la porte, claquer la porte au nez de quelqu'un. Refuser de voir, d'écouter, de recevoir, de demeurer chez quelqu'un pour lui montrer son désaccord. Je ne demandais qu'à régler les choses à l'amiable. C'est lui qui est parti en claquant la porte (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins,  1954, page 401 ). 

Remarque : Claquer la langue. Produire un bruit sec en détachant la langue du palais; la construction transitive : en hochant la tête et en claquant la langue (HENRI BARBUSSE, Le Feu, 1916, page 97) est beaucoup plus rare que la construction intransitive : la belle jeune fille claque de la langue (PAUL ÉLUARD, Donner à voir, 1939, page 13).  Les puristes préfèrent, dans cette expression, l'emploi du verbe clapper* (confer claquement). 

B.—  Populaire.  Rompre en faisant du bruit. 

1. SPORTS.  Se claquer un muscle, un tendon, un ligament. Se déchirer un muscle, un tendon, un ligament par un effort trop brutal. Le sportif s'est claqué un muscle. 

—  Absolument. Se claquer. Être victime d'un claquage*. 

Remarque : 1. Attesté depuis DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (ÉMILE LITTRÉ) et dans tous les dictionnaires généraux du XXe.  siècle exceptés Dictionnaire de l'Académie Française 1932 et DICTIONNAIRE DE FRANÇAIS CONTEMPORAIN  (JEAN DUBOIS ) 2. Confer également claqué, adjectif plus fréquent dans cet emploi. 

2. Vieux.  Mettre sous la dent, consommer. J'ai faim, tu sais... j'ai compté sur toi. Faut me trouver quelque chose à claquer (ÉMILE ZOLA, L'Assommoir,  1877, page 763 ). 

—  Par extension.  Dépenser, gaspiller. Avec des copains, je ne compte pas l'argent que je claque en une soirée (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins,  1954, page 293 ). 

C.—  Emploi pronominal ou passif.  Être à bout de force. 

1. Se claquer. Se fatiguer à l'excès. Il ne faut pas arriver à être surentraîné, c'est-à-dire qu'il y a une limite au delà de laquelle on se claque (JULES RENARD, Correspondance, 1883-1910, page 310 ). 

2. [À la voix passive]  Être claqué. Je suis claqué. J'ai passé la nuit précédente dans le train, debout presque tout le temps (ROGER VAILLAND, Drôle de jeu,  1945, page 165 ). 

 

 

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