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DARWIN (Charles)

Publié le 02/04/2015

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DARWIN (Charles)
Né en 1809 à Shrewsbury d'une famille de médecins réputés, il fait ses études à Édimbourg (médecine), puis à Cambridge, où il songe à recevoir les ordres. Il collectionne dès cette époque plantes, insectes et échantillons minéraux. En 1831, il obtient un poste de naturaliste sur le Beagle, navire qui entreprend un voyage scientifique de cinq ans autour du monde. De nombreuses découvertes (par exemple sur la formation des massifs coralliens) allaient en résulter ; mais surtout ses observations de la distribution géographique des fossiles sur les côtes orientales sud-américaines lui apportent la conviction que les phéno­mènes naturels ne peuvent être expliqués par la seule création divine, mais doivent l'être par une théorie de l'évolution. De retour en Angleterre, secrétaire de la Geological Society, il se marie, séjourne à Londres, puis pour des raisons de santé, se fixe dans le Kent en 1842, et y réside jusqu'à sa mort (1882). L'ouvre de Darwin touche tous les domaines des sciences naturelles, mais il est surtout universel­lement célèbre par les ouvrages où il expose la théorie de l'évolution : De l'origine des espèces par voie de sélection naturelle, 1859, De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, 1868, La Descendance de l'homme et la sélection naturelle, 1871.
L'idée d'espèce biologique est originairement liée aux notions philosophiques d'essence, de forme, d'idée, telles que les elaborent Platon et Aristote. L'espèce est la base de classification, elle exprime les caractères communs à un certain nombre d'individus. S'agissant des vivants, la notion d'espèce soulève deux problèmes :
1 — Quels sont les caractères individuels qui peuvent servir à définir une espèce ?
2 — Pourquoi y a-t-il identité spécifique entre deux indi­vidus ?
A la première question, on peut répondre par une recherche des propriétés morphologiques, à la seconde par la des­cription du mécanisme de reproduction.
Pour Aristote (1) l'espèce est une forme visible (2), et c'est le mâle, lors de l'accouplement, qui transmet cette forme. Il s'ensuit que l'appartenance à une espèce est héréditaire, que toutes les espèces vivantes sont fixes et qu'entre les espèces il y a une discontinuité fondamentale. Ces thèses essentielles sont compatibles avec l'idée d'une création originelle de toutes les espèces vivantes. La découverte de fossiles appartenant à des terrains d'âges différents, correspondant à des espèces disparues, présentant entre elles et par rapport aux espèces existantes toute une gamme de variations, va à partir du XV I I Ie siècle remettre en question ces conceptions. Buffon (3) soutient la thèse de la continuité des espèces : il ne renonce pas pour autant au créationisme ; si pour lui il y a progrès d'une espèce à l'autre, ce n'est pas qu'elles proviennent les unes des autres, mais que le plan total de la nature, où toutes les espèces ont place dans un tableau immense, se réalise de façon différée.
C'est Lamarck (1744-1829) qui, dans sa Philosophie zoolo­gique, 1809, en posant les bases, du transformisme, rompt avec le fixisme et le créationisme :
1 — Il y a une évolution des formes de vie.
2 — Les modifications du milieu entraînent des modifi­cations dans l'organisme vivant.
3 — Les caractères acquis réalisent l'adaptation des êtres vivants à leur milieu.
4 — Ces caractères sont héréditaires.
L'originalité de Darwin est d'apporter des arguments paléon­tologiques et biologiques décisifs à la thèse de la transfor­mation des espèces, et surtout de concevoir le mécanisme de cette transformation de façon opposée au transformisme. C'est l'idée libérale de la concurrence économique qui le guide dans sa formation de la théorie de l'Évolution (4). La mutation d'une espèce à une autre n'est pas due à l'adap­tation au milieu, mais à la sélection naturelle. Dans un milieu- donné, il y a entre les vivants une lutte pour la vie (struggle for life) : il s'agit de parvenir à se nourrir et à se reproduire. Il s'ensuit que les êtres les moins adaptés perissent et seuls, les plus aptes, survivent et se reproduisent.
L'importance philosophique du darwinisme est immense : tant au niveau de la nouvelle position que l'homme, descendant d'autres espèces, acquiert dans la nature, que des thèmes de la lutte pour la vie, et de l'évolution (5). Mais ce sont seulement les découvertes récentes de la génétique (6) (possibilité de mutations, non-hérédité des caractères acquis) qui semblent avoir définitivement imposé l'évolutionnisme face au finalisme transformiste.
1.  Cf. L'histoire des animaux.
2.  Si elle est originellement liée au fixisme, cette conception de l'espèce doit en être soigneusement distinguée : Buffon refuse le critère morphologique, et définit l'appartenance à une même
espèce par la seule possibilité d'obtenir par croisement des descendants féconds, il est pourtant fixiste. Darwin n'a pas une conception originale de l'espèce, il la rapporte à la possibilité d'une classification des individus à partir des propriétés. Le critère de Buffon est discutable, puisqu'on peut produire arti­ficiellement des hybrides féconds, et que selon l'évolutionnisme, les descendants n'appartiennent pas nécessairement à l'espèce de leurs géniteurs, C'est pourquoi le biologiste E. Mayr (Animal, Species and Evolution, 1963) propose la définition suivante : « Les espèces sont des groupes de populations naturelles à l'intérieur desquelles les individus sont réellement (ou potentiel­lement) capables de se croiser ; toute espèce est isolée du point de vue de la reproduction des autres especes. «
3.17,07-1788, célèbre auteur de l'Histoire Naturelle (cf. surtout les Époques de la nature, 1779). La continuité des espèces signifie simplement que les variations entre les caractères défi­nissant chaque espèce sont infimes ; on passe donc continûment d'une espèce décrite à une autre.
4. Darwin lui-même rattache la découverte de sa théorie à la lecture en 1836 de l'Essai de Malthus sur le principe de popu­lation plusieurs contemporains de Darwin, notamment A. R. Wallace (avec qui il collabore en 1858) avaient eu l'idée de la sélection naturelle, mais Darwin est le premier à en concevoir le rôle novateur dans l'apparition des espèces.
5. Voir Nietszche, Bergson, progrès, histoire.
 
6. Si Gregor Mendel (1822-1884) formule dès 1865 ses lois sur l'hybridation, la portée de son oeuvre ne sera comprise gue bien Plus tard, lorsqu on saura rapporter les traits heréditaires aux cellules de l'appareil reproducteur.

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