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DÉCHIRANT, -ANTE, participe présent et adjectif.

Publié le 09/12/2015

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DÉCHIRANT, -ANTE, participe présent et adjectif.  

I.—  Participe présent de déchirer* 

II.—  Adjectif.  Qui déchire. 

A.—  Qui fait mal, qui suscite un malaise, qui indispose. 

1. [En parlant de phénomènes physiques, de la nature, du corps]  Un froid sec et déchirant; une faim déchirante; la lumière déchirante du magnésium. Une eau déchirante de froid (HENRI DE MONTHERLANT, Les Bestiaires,  1926, page 562 ). 

2. [En parlant de bruits de voix]  Le bruit déchirant d'une fusillade; le cri déchirant des trompettes; un coup de sifflet, un rire, un vacarme déchirant; pousser des cris déchirants. 

B.—  Au figuré.  Qui déchire l'âme, le coeur, en touchant vivement, en émouvant profondément. Synonymes : bouleversant, pathétique. Un sentiment, un spectacle déchirant Qui pourrait rendre ce mélange inouï de joie déchirante et de délicieuse douleur? (VICTOR HUGO, Han d'Islande,  1823, page 477) : 

Ø La plus déchirante beauté du monde est, à mon sens, d'être éphémère, et toujours condamnée. J'aime la vie comme une amante qu'on va mener à l'échafaud.

JACQUES RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier] , 1909, page 119. 

SYNTAXE : Un souvenir déchirant; une angoisse, une plainte déchirante; la tristesse déchirante des adieux; déchirante imploration, lamentation, rupture, séparation; pousser de déchirants sanglots; d'une voix déchirante. 

—  Emploi comme substantif. La scène de la maréchale [dans la Maréchale d'Ancre] et de Borgia, (...) tout cela est d'un vrai, d'un déchirant, d'un sublime de passion qui amène les larmes (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Correspondance, tome 1, 1818-69, page 240 ). 

Remarque : On rencontre dans la documentation l'adverbe déchiramment.  D'une manière déchirante. Le pauvre logis rustique, (...) déchiramment sonore des sanglots de la mère (EDMOND ET JULES DE GONCOURT, Journal, 1896, page 902). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 952. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 1 594, b) 1 047; XXe.  siècle : a) 1 251, b) 1 374. 

 

Forme dérivée du verbe \"déchirer\"

 déchirer

DÉCHIRER, verbe transitif.  

Mettre en pièces, en morceaux, en lambeaux, sans se servir d'un instrument tranchant Le lion déchire sa proie. 

A.—  1. [Le complément d'objet désigne une chose]  Déchirer sa chemise, sa robe; déchirer une affiche, une lettre, la page d'un livre. Je déchirais l'ananas suivant les règles, en l'inondant de kirsch, de sucre (LÉON DAUDET, Salons et journaux, 1917, page 19 ). 

—  Spécialement. Déchirer un bateau. [Le bachoteur :] J'ai justement un vieux bateau à moitié pourri; je voulais le déchirer (EUGÈNE SUE, Les Mystères de Paris, tome 6, 1842-43, page 55 ). 

—  Expression. Déchirer ses vêtements (en signe de deuil, d'affliction). Déchirer le voile (de l'hypocrisie, du mensonge). Rétablir la vérité. 

—  Argot militaire. Déchirer de la toile. \" Faire un feu de peloton \" (Dictionnaire de la langue verte (HECTOR FRANCE) 1907). L'on entendait des fusillades lointaines. Les groupes disaient : —  Voilà qu'on commence à déchirer de la toile (VICTOR HUGO, Histoire d'un crime,  1877, page 227 ). 

2. Blesser, écorcher, lacérer. L'épervier déchire le moineau; être déchiré par les aigles, les loups, les ronces. Les griffes des panthères déchirent les membres nus (ÉLIE FAURE,  Histoire de l'art,  1921, page 14 ). 

—   [Avec un pronom réfléchi indirect lorsque le complément d'objet désigne une partie du corps]  Se déchirer les mains; [avec ellipse du complément d'objet] se déchirer aux arbustes, aux épines. 

—  Expression. Se déchirer le visage avec les ongles (en signe de désespoir). 

3. Ouvrir. 

—  Emploi pronominal à sens passif. La nuée se déchire. L'eau se déchirait doucement sous la quille (EUGÈNE FROMENTIN, Dominique,  1863, page 166 ). 

—  Expression. Déchirer une enveloppe. L'ouvrir. Le laboureur déchire le sol. Ouvre la terre avec la charrue. 

B.—  Au figuré. 

1. [L'objet désigne une chose, une partie de l'être humain] 

a) Causer une douleur physique plus ou moins vive. Déchirer l'estomac, le tympan. La toux opiniâtre qui lui déchire la poitrine (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Première neige, 1883, page 420 ). 

—  Par extension.  [L'objet désigne une personne; le verbe est généralement au passif]  Être déchiré de doutes, de jalousie; être déchiré par l'angoisse, par le désespoir. 

b) Causer une douleur morale, affective; toucher le coeur, émouvoir profondément. Déchirer le coeur de quelqu'un. J'étais déchiré de regret et de passion insatisfaite (HENRI BOSCO, Le Mas Théotime,  1945, page 152 ). 

—  En particulier.  Troubler par des disputes, des querelles, des divisions. Un pays déchiré par la guerre civile : 

Ø ... l'état de folie, de folie agressive, complète, d'un monde laissé entre les mains des bandits qui déchirent et détruisent les siècles.

TRISTAN TZARA, Manifeste Dada,  1918, page 32. 

2. [L'objet désigne une personne]  Dire du mal de quelqu'un, le mettre en pièces. « J'apprends de source sûre (...) que vous me déchirez, en mon absence, auprès de tous nos amis communs » (LÉON DAUDET, Médée,  1935, page 274 ). 

Remarque : On rencontre dans la documentation déchirage, substantif masculin  Action de défaire un train de bois flotté, de dépecer le bois d'un bateau hors d'usage. On m'a dit que je pourrais être employé sur le port au déchirage des bateaux (FRANÇOIS VIDOCQ, Mémoires, tome 4, 1828-29, page 225). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2 570. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 4 066, b) 3 659; XXe.  siècle : a) 3 618, b) 3 322. 

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