Devoir de Philosophie

DÉCORER, verbe transitif.

Publié le 12/12/2015

Extrait du document

 

DÉCORER, verbe transitif.  

A.—  [Par référence à décor A et décoration A] 

1. [Généralement avec une idée d'intention marquée, de recherche]  Orner, parer, agrémenter de décors ou de décorations un édifice, un appartement, une pièce d'ameublement, etc. 

a) [Le sujet désigne une personne]  Garnir d'accessoires destinés à embellir ou à être un élément d'embellissement. Décorer un appartement, un édifice. Décorer les couvertures de leurs dictionnaires de dessins ingénieux à l'encre (JULES FLEURY-HUSSON, DIT CHAMPFLEURY, Les Souffrances du professeur Delteil,  1853, page 101 ). Décorer les façades de pilastres, d'ornements de toute provenance (EUGÈNE VIOLLET-LE-DUC, Entretiens sur l'architecture,  1872, page 319 ). 

—  Spécialement.  ART CULINAIRE.  Une nouvelle manière de décorer la table avec des guirlandes de fruits (MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 2,  1921, page 457) : 

Ø 1. Les tables de 24 à 40 couverts n'étaient point rares. On les décorait suivant un rite immuable. Je copie... « Pour le milieu, un surtout, garni (...). Pour les quatre coins, quatre buissons, montés à fond crud... etc. » Je ne soulignerai pas l'abondance « de cette garniture et de ces enjolivements » du dessert, ni la richesse de tant de pièces de métal ciselé et de porcelaines fines...

JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison,  1925, page 115. 

b) [Le sujet désigne des objet qui servent à la décoration]  Servir d'ornement à, être l'ornement de. (Quasi-)synonymes : agrémenter, enjoliver, enrichir. Les portraits qui décoraient les murs du salon (JULES SANDEAU, Sacs et parchemins,  1851, page 37 ). Les figures mythologiques, les animaux chimériques qui décorent les montants des meubles sous la Renaissance et l'Empire (JACQUELINE VIAUX, Le Meuble en France,  1962, page 11 ). 

—  Emploi pronominal passif. Les murs se décoraient d'un lambris en bois des îles, espèce de luxe alors dans sa nouveauté (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Portraits littéraires, tome 2, 1844-64, page 283 ). 

Remarque : On rencontre dans la documentation a) l'emploi adjectival du participe présent décorant, ante, au sens de « qui décore, sert à orner, embellir ». La 3e.  série de matières décorantes [céramiques] comprend les métaux (A. BRONGNIART, Traité des arts céramiques, 1844, page 504); b) l'adjectif décoratoire.  Qui se rapporte à la décoration ou qui a une valeur de décoration (voir ce mot A). L'artiste [Hubert Robert] (...) le crayonneur agréable, l'aquarelliste à l'aquarelle à la fois délicate et décoratoire (EDMOND DE GONCOURT, La Maison d'un artiste, 1881, page 142). La cervelle d'un artiste occidental, dans l'ornementation d'une assiette ou de n'importe quoi, ne conçoit et ne crée qu'un décor placé au milieu de la chose, un décor unique ou un décor composé de deux, trois, quatre, cinq détails décoratoires (EDMOND ET JULES DE GONCOURT, Journal, 1884, page 334). 

2. Par analogie.  [Généralement sans idée d'intention, de recherche]  Parer, rendre plus beau, plus éclatant par des moyens concrets, à effet décoratif. L'espèce d'amphibie auquel appartenait cette tête conique à gros yeux, que décoraient des moustaches à longs poils soyeux (JULES VERNE, L'Île mystérieuse,  1874, page 149 ). Quelques nuages décorent le ciel de leurs fresques légères et charmantes (OCTAVE MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre,  1900, page 70 ). 

—  Emploi pronominal passif, poétique. Ce chêne ne se décore plus de son propre feuillage (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Œuvres complètes, tome 16, René, Paris, Ladvocat, 1826 [1805] , page 155 ). 

3. Par métaphore.  Rehausser quelqu'un ou quelque chose par des qualités d'ordre moral. Ta jeune soeur que la pudeur décore (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Poésies complètes,  1829, page 117 ). L'enfant que sa grâce innocente décore (ALBERT SAMAIN, Le Chariot d'or, 1900, page 57) : 

Ø 2. Il y a un mois, je ne savais pas au juste à qui je voulais plaire, mais je savais que cette personne viendrait. C'est pour honorer sa venue que je décorais de gloire toute ma vie, que je faisais de ma vie un beau palais qu'elle viendrait habiter.

VALÉRY LARBAUD, Fermina Marquez,  1911, page 140. 

B.—  [Par référence à décor A 2 par analogie remarque et décoration B] 

1. Remettre une décoration à quelqu'un en marque d'honneur. Décorer un héros, un soldat; décorer quelqu'un de la Légion d'honneur ou absolument décorer. Ceux qui tenaient encore les yeux ouverts faisaient le rêve (...) qu'ils étaient des braves et qu'on les décorait (ÉMILE ZOLA, La Fortune des Rougon,  1871, page 247 ). 

—  Par extension.  Honorer quelqu'un d'un titre, d'une dignité. Décorer du titre de comte. On vous décorera de tous les ordres imaginables, on vous sanglera de tous les cordons fameux (LÉON BLOY, Journal,  1907, page 353 ). 

2. Par métaphore, péjoratif.  Décerner abusivement à quelqu'un ou à quelque chose une distinction imméritée. Les petites règles tatillonnes de politique prudente, que le monde décore du nom de morale (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, L'Adolescent, 1905, page 267 ). 

—  Emploi pronominal. Se décorer du titre de savant Des gens froids, privés d'imagination, dont l'impuissance se décore du vain nom de raisonnables (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Histoire de la peinture en Italie, tome 2, 1817, page 57) : 

Ø 3. Je ne citerais même pas comme appartenant probablement au genre romantique les ouvrages que je viens de vous rappeler, si la plupart de ceux qui les ont faits ne se décoraient dans le monde du beau nom d'écrivains romantiques avec une assurance qui doit vous désespérer.

HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Racine et Shakspeare, tome 2, 1825, page 73. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 580. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 1 065, b) 912; XXe.  siècle : a) 918, b) 514. 

Liens utiles