Définition: AFFECTUEUX, -EUSE, adjectif.

Définition: AFFECTUEUX, -EUSE, adjectif. A.- Vieux. Passionné : orateur pathétique et affectueux (Dictionnaire de l'Académie Française). B.- Qui marque ou manifeste de l'affection (confer affection). 1. [Se dit d'une personne] a) Emploi généralement absolu : Ø 1. J'ai toujours trouvé, pour ma part, le président très bienveillant, je pourrais presque dire très affectueux, et si on lui avait rappelé les rapports qui ont existé entre nous, je doute qu'il eût rayé votre nom avec cette persistance. ALEXIS DE TOCQUEVILLE, JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Correspondance avec Arthur de Gobineau (1843-1859), 1851, page 158. Ø 2.... l'autre, l'homme intérieur, est un être sensible, affectueux, cordial, aimant HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime, 7 avril 1866. Ø 3. Une chienne suivait les soldats, chienne affectueuse et affamée dont les mamelles pendaient. RENÉ BENJAMIN, Gaspard, 1915, page 47. Ø 4. - Vial, je voudrais te parler comme à un être humain affectueux, - s'il est des êtres humains affectueux... Ma restriction venait à point : Vial buta sur le mot honni de tous les amants, et son regard me reprit sa confiance. GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Naissance du jour, 1928, page 55. b) [Avec un complément prépositionnel (préposition avec, plus rarement pour)] : Ø 5. Une femme ordinaire dont on voudrait exalter l'attachement aurait besoin qu'on fût avec elle léger, inconséquent, inégal, tantôt affectueux, tantôt froid, il faudrait feindre d'autres inclinations, partir, revenir, alarmer sa vanité pour exciter sa jalousie, jouer un rôle, enfin. VICTOR HUGO, Lettres à la fiancée, 1821, pages 58-59. Ø 6. Peu de temps auparavant, pendant qu'Albertine habitait chez moi, je l'avais rencontré et il avait, contrairement à son attitude à Balbec, été excessivement aimable, même affectueux avec moi, m'avait supplié de le laisser venir me voir, ce que j'avais refusé pour beaucoup de raisons. MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, La Fugitive, 1922, page 620. 2. [Se dit du comportement de quelqu'un (paroles, façons, gestes, sentiments)] : Ø 7.... « j'ai vu M me. de Nièvres; elle a bien voulu me considérer comme un de vos meilleurs amis. À ce titre, elle m'a dit à propos de vous et sur vous des choses affectueuses qui me prouvent qu'elle vous aime beaucoup, mais qu'elle ne vous connaît pas très-bien. » EUGÈNE FROMENTIN, Dominique, 1863, page 124. Ø 8. Les phoques, avec leurs têtes arrondies, leur front large et recourbé, leurs yeux expressifs, présentaient une physionomie douce et même affectueuse. On comprenait que la fable, poétisant à sa manière ces curieux habitants des flots, en eût fait d'enchanteresses sirènes, quoique leur voix ne fût qu'un grognement peu harmonieux. JULES VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, tome 3, 1868, page 92. Ø 9. Samedi 22 décembre. J'embarque, ce soir à cinq heures, les De Nittis pour l'Italie. Ce sont des embrassades émotionnées, mais au milieu d'une certaine gêne et de paroles affectueuses dans lesquelles l'affection sent un peu l'effort. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, décembre 1883, page 294. Ø 10. Avec les autres femmes, même Jeanne si gentille, on sent qu'il faut surveiller ses paroles; il faut taire, surtout, le grand secret de la maison. Toutes vous épient, sans le vouloir, avec des airs affectueux. Un mot sincère, un regard un peu triste, est recueilli avidement, presque avec joie, comme un aveu de défaite, une sorte de honte. JACQUES CHARDONNE, L'Épithalame, 1921, pages 255-256. Ø 11. Son regard agressif se heurta au sourire affectueux d'Antoine, qui, sous ce masque débonnaire, veillait, circonspect, résolu à temporiser, mais prêt à tout. ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Sorellina, 1928, page 1201. Ø 12. Comme Honoré lui avait toujours témoigné de l'amitié, elle devait profiter de ces dispositions affectueuses pour l'amener à composition. Où les arguments raisonnables de Ferdinand n'atteindraient pas, elle devait donner l'argument sentimental. MARCEL AYMÉ, La Jument verte, 1933, page 120. Ø 13. Si je mets dans une dédicace, à un confrère avec qui j'ai des relations franchement cordiales : « affectueux souvenir », il ne vient pas une seconde à l'esprit du confrère que j'aie pour lui de l'affection. Andrée, pour une pareille dédicace, fondrait de joie : « il s'est déclaré! » HENRI DE MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, pages 1012-1013. Remarque générale : 1. Affectueux qualifie presque toujours l'animé, soit directement (1), soit par l'intermédiaire d'un de ses attributs (2), et ne s'applique que très exceptionnellement à un inanimé ( confer stylistique). L'attitude de la personne affectueuse peut ne pas correspondre à un sentiment sincère ou à une qualité réelle : confer exemple 9, 10, 11, 13. 2. Syntagmes fréquents : airs affectueux, discours -, dispositions affectueuses, manières affectueuses, masque affectueux, mots -, paroles affectueuses, pensées affectueuses, physionomie affectueuse, regard affectueux, sentiment -, souvenir -, (dans une lettre, dans une dédicace, etc.). 3. Associations paradigmatiques : affectueux s'oppose à froid (exemple 5), se situe à un autre niveau que déférent, et, dans certains cas, exclut la notion d'amour ( confer exemple 4 et affection stylistique). On peut le placer sur le même plan que l'adjectif tendre (exemple 15), le substantif amitié (exemple 12), le verbe aimer beaucoup (exemple 7). Il indique un sentiment (sincère ou non) plus intense que bienveillant (exemple 1), aimable (exemple 6), et même doux (exemple 8), et un peu moindre que fraternel : Ø 14. - N'ayez pas de remords : ce n'est pas le quitter que de rester ici. Il eut ensuite des mots affectueux, presque fraternels. ÉDOUARD ESTAUNIÉ, L'Empreinte, 1896, page 291. C.- MYSTIQUE. Qui dans sa spiritualité accorde une grande place à l'affectivité : Ø 15. Madame de Saint-Ange, si je démêle bien son caractère, était un peu plus tendre, plus affectueuse qu'il n'appartient à la race directe de dévotion de Port-Royal. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 4, 1859, page 210. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 363. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 963, b) 2 310; XXe. siècle : a) 2 290, b) 1 506.