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Définition: AFFREUX, -EUSE, adjectif et substantif.

Publié le 08/10/2015

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Définition: AFFREUX, -EUSE, adjectif et substantif. Qui inspire ou est propre à inspirer tous les degrés de l'horreur ou de l'angoisse douloureuse. A.- Adjectif . 1. Domaine des sens . a) [Dominance de l'idée de terreur] : Ø 1. Autour du gouffre ils n'aperçurent que des rochers stériles hérissant des côtes ténébreuses, ou suspendus en voûtes au-dessus de l'abîme. Des bruits lamentables, d' effrayantes clameurs, d' affreux rugissements, assourdissoient les navigateurs à mesure qu'ils s'enfonçoient dans ces solitudes d'eau et de nuit. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Natchez, 1826, page 484. Ø 2. La peur (et les hommes les plus hardis peuvent avoir peur), c'est quelque chose d'effroyable, une sensation atroce, comme une décomposition de l'âme, un spasme affreux de la pensée et du coeur, dont le souvenir seul donne des frissons d'angoisse. GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, La Peur, 1882, page 798. b) [Dominance de l'idée de douleur] - [En parlant d'un état, d'un événement etc.] Qui suscite ou exprime une extrême douleur : Ø 3. Nous apprenions ainsi à n'avoir aucune de ces répugnances qui rendent plus tard l'homme faible devant la maladie, inutile à ceux qui souffrent, timide devant la mort. Elle ne nous écartait pas des plus affreux spectacles de la misère, de la douleur et même de l'agonie. ALPHONSE DE LAMARTINE, Les Confidences, 1849, pages 87-88. Ø 4. Je suis rentré assez tristement, sous la pluie. Le peu de vin que j'avais pris me causait d' affreuses douleurs d'estomac. GEORGES BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, page 1055. c) [Dominance de l'idée de laideur physique (par référence à l'idée du Beau)] - [En parlant surtout d'un animé] Qui inspire de la répulsion ou du dégoût : Ø 5. Il y a quelques jours, j'ai rencontré trois pauvres idiotes qui m'ont demandé l'aumône. Elles étaient affreuses, dégoûtantes de laideur et de crétinisme,... GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1845, page 178. Ø 6. Le bon Dieu fut vertement tancé pour avoir inventé la barbe. L'homme orné de cette chose fut déclaré bouc. La barbe fut décrétée laide, sotte, sale, immonde, infecte, repoussante, ridicule, antinationale, juive, affreuse, abominable, hideuse, et, ce qui était alors le dernier degré de l'injure, - romantique! VICTOR HUGO, Correspondance, 1845, page 623. - Par hyperbole . [En parlant surtout d'un inanimé] Qui blesse les sens, en particulier la vue et l'ouïe : Ø 7. Je demeurai assise toute la journée sur la plage à regarder les baigneurs dans l'eau. Ils arrivaient gros ou minces, tous laids dans leurs affreux costumes;... GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Enragée? 1882, page 884. Ø 8. Joli, beau, superbe, merveilleux, idéal ou laid, affreux, mesquin, atroce, insupportable, voilà ce qui sort aussitôt de toutes les bouches, dans une exposition de tableaux, une audition musicale ou dramatique... MAURICE GRIVEAU, Les Éléments du beau, 1892, page 5. 2. Domaine moral. [Par référence à l'idée du Bien] - [En parlant d'un acte répréhensible ou d'une personne qui commet de tels actes] Qui inspire la réprobation : Ø 9.... le tumulte et la confusion, les cris et l'horreur étoient au comble, et tous ces attentats affreux se commettoient par des hommes plus affreux encore, et au profit d'un seul homme, auquel la société devoit donner la mort, et qui la méritoit mille fois. HONORÉ DE BALZAC, Annette et le criminel, tome 4, 1824, page 100. Ø 10. Trouvé le personnage, un interminable vieillard à tête de cheval de bois. Ô le pharisien! l' affreux prêtre! il me déclare tout d'abord, du haut d'un glacier, qu'il ne sait absolument pas ce qui m'amène,... LÉON BLOY, Journal, 1900, page 270. Ø 11. La duchesse de Boutteville était une personne d'allure et d'esprit pittoresques, mais non dépourvue d'une certaine modération sereine - qu'elle abandonnait lorsqu'il était question de la République et des Républicains. Pour les qualifier, elle disposait d'un vocabulaire restreint, mais précis : « cet affreux régime » - « cet affreux président » - « ces affreux députés » - « ces affreux scandales, oui mes amis, qui prouvent bien notre décadence ». Parfois des images colorées, d'un style curieusement populaire, venaient rehausser le langage de la duchesse : « cette affreuse Marianne, qui a trempé son bonnet dans le sang des meilleurs Français, parfaitement... » MICHEL DE SAINT-PIERRE, Les Aristocrates, Paris, Livre de poche, 1954, pages 386-387. - Spécialement . Affreux à + infinitif : Ø 12. Une chose affreuse à dire, affreuse à voir de ses yeux, m'a chassée des demeures de Loxias, une chose qui ne me laisse ni force, ni stature! PAUL CLAUDEL, Les Euménides, traduit d'Eschyle, 1920, I, page 950. 3. Par extension . a) Souvent par hyperbole . [Pour exprimer un jugement de valeur] Très mauvais : Ø 13. Le temps était doux, les chemins affreux. Un soleil pâle éclairait d'une lumière argentine les champs sans verdure et les arbres sans feuillage, et la neige des montagnes brillait faiblement derrière une brume légère. RODOLPHE TOEPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, pages 324-325. Ø 14. « Alors? Comment ça va? » dit-il dans son affreux français. SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 311. b) [L'idée superlative seule subsiste] Extrême, excessif : Ø 15. Je n'ai rien reçu d'Isabelle aujourd'hui, bien qu'elle me l'ait promis dans sa dernière lettre. Je ne suis pas inquiet mais triste. J'ai un besoin affreux de la revoir. Il me semble qu'il y a déjà des siècles que je l'ai quittée. HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, JACQUES RIVIÈRE, Correspondance, lettre de Jacques Rivière à Alain-Fournier, avril 1909, page 86. 4. Emplois affectifs de la langue surtout parlée . a) Construction impersonnelle, emphatique . C'est affreux, il est affreux de, etc. C'est terrible de..., c'est horrible de (confer A 3 b) : Ø 16. Andréa porte un cilice... tout son corps n'est plus qu' une horrible plaie... M me. de Kergaz jeta un cri. - C'est affreux ! dit-elle, affreux... affreux ! PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 2, Le Club, des valets de coeur, 1859, page 20. Ø 17.... j'étais avec des camarades de club, nous avions tous ramené une femme, et bien que je n'eusse envie que de dormir, les mauvaises langues avaient prétendu, car c'est affreux ce que le monde est méchant, que j'avais couché avec Odette. MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, La Prisonnière, 1922, pages 299-300. b) Emploi neutre . L'affreux, c'est que... : Ø 18. Chacun tirait un numéro. Qui en attrapait un bon aurait un sort heureux. Cependant leur croyance voulait que sur les treize, d'obligation, se trouvât un damné. Pour le connaître, - c'était là l' affreux, - le sorcier pratiquait une sorte de cérémonie. HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Château des sept portes, 1922, page 226. Ø 19.... c'est le corps qui souffre. Ma peau me fait mal, ma poitrine, mes membres. J'ai la tête creuse et le coeur soulevé. Et le plus affreux, c'est ce goût dans la bouche. Ni sang, ni mort, ni fièvre, mais tout cela à la fois. Il suffit que je remue la langue pour que tout redevienne noir et que les êtres me répugnent. ALBERT CAMUS, Caligula, 1944, I, 2, page 26. c) Par création antonomasique sur il fait beau (temps) Il fait affreux. Il fait un temps affreux : Ø 20. Été voir Jacques Blanche hier. « Qu'il fait beau! », n'ai-je pu me retenir de lui dire en entrant Mais lui tout aussitôt : « Oh! comment pouvez-vous dire cela? Il fait affreux. Vous appelez « beau temps » le seul que je ne puisse pas supporter. » De pareils mots m'indignent comme un blasphème. Je ne devrais aller voir Blanche que quand il pleut. ANDRÉ GIDE, Journal, 1906, page 206. B.- Emploi comme substantif . 1. Dans le langage parlé très familier . [Désigne toujours une personne présente] : Ø 21. Il questionnait même ceux qu'il n'avait jamais vus : - Eh! toi, l' affreux, ça t'plaît comme ça d'pourrir ici? RENÉ BENJAMIN, Gaspard, 1915, page 121. Remarque  : Une nuance affective s'attache toujours à cet emploi; de même que vilain, affreux peut à la limite fonctionner comme un hypocoristique. 2. [Par ellipse d'un substantif antérieur] Rare et littéraire : Ø 22. Ô spectacle sacré! l'ombre secourant l'ombre, L'âme obscure venant en aide à l'âme sombre, Le stupide, attendri, sur l' affreux se penchant;... VICTOR HUGO, La Légende des siècles, tome 2, Le Crapaud, 1859, page 738. Remarque  : Voir Hugo parle ici du crapaud qu'il oppose à l'âne le stupide, attendri.   STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 6 168. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 10 928, b) 7 573; XXe. siècle : a) 10 397, b) 6 594.

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La duchesse de Boutteville était une personne d'allure et d'esprit pittoresques, mais non dépourvue d'une certaine modération sereine — qu'elle abandonnait lorsqu'il était question de la République et des Républicains.

Pour les qualifier, elle disposait d'un vocabulaire restreint, mais précis : « cetaffreux régime » — « cet affreux président » — « ces affreux députés » — « ces affreux scandales, oui mes amis, qui prouvent bien notre décadence ».

Parfois des images colorées, d'un style curieusement populaire, venaient rehausser le langage de la duchesse : « cette affreuse Marianne, qui a trempé son bonnet dans le sang des meilleurs Français, parfaitement...

» MICHEL DE SAINT-PIERRE, Les Aristocrates, Paris, Livre de poche, 1954, pages 386-387.. »

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