Définition: ANGE, substantif masculin.

Définition: ANGE, substantif masculin. I.— RELIGION. A.— [De façon continue dans certaines religions, ou de façon temporaire dans les croyances de certaines époques] Puissance secondaire de caractère sacré, qui anime, régit l'univers et les éléments et qui, soumise à la divinité ou en révolte contre elle, intervient en bien ou en mal dans la vie des hommes : Ø 1. Les Indiens ont aussi leurs génies, qui président aux diverses régions du monde. Le systême astrologique avait soumis chaque climat, chaque ville à l'influence d'un astre. On y substitua son ange, ou l'intelligence qui était censée présider à cet astre et en être l'ame. Ainsi les livres sacrés des Juifs admettent un ange tutélaire de la Perse, un ange tutélaire des Juifs. CHARLES-FRANÇOIS DUPUIS, Abrégé de l'origine de tous les cultes, 1796, page 59. B.— Dans les religions (judéo-)chrétiennes. Être spirituel supérieur à l'homme, inférieur à Dieu, dont il est une créature soumise ou révoltée : Ø 2. Différentes religions connaissent des esprits de la nature et des êtres semblables aux anges, intermédiaires entre la divinité et l'homme, tels que les demi-dieux et les démons (...). Les fonctions de ces êtres, dans le domaine judéo-chrétien, sont passées plus ou moins aux anges. Mais la figure de l'« ange », proprement dit, en tant qu'esprit au service d'une puissance supraterrestre, est caractéristique de la foi judaïque et chrétienne, ainsi que des religions qui ont subi son influence (par exemple le syncrétisme antique et l'Islam). ENCYCLOPÉDIE DE LA FOI (SOUS LA DIRECTION DE H. FRIES) TOME 4 1967. Ø 3. Conformément au principe de Denys qui veut que le haut de l'ordre inférieur confine au bas de l'ordre supérieur, saint Thomas situe l'homme entre l'ange et la bête, touchant à l'un par le sommet de son intellect, à l'autre par la caducité de son corps. ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, tome 2, 1932, page 11. · Ange de lumière, ange du ciel, ange fidèle, saint ange, bon ange, ange blanc. Ange resté fidèle à Dieu. C'est aussi " l'un des noms de Satan : " Car Satan lui-même se déguise en ange de lumière. " (Paul, II Corinthiens 11, 14). " (Dictionnaire du diable et de la démonologie (JULIEN TONDREAU, ROLAND VILLENEUVE) 1968). · Ange déchu, ange rebelle, ange de(s) ténèbres, ange de l'abîme, ange du diable, ange de Satan, ange noir, mauvais ange. Ange qui, à la suite de son prince, Satan, a péché par orgueil, s'est révolté contre Dieu et a été, en châtiment, maudit, chassé du ciel et précipité en enfer. Chute des anges : Ø 4. Il serait difficile de rendre avec une noblesse plus idéale que ne l'a fait Raphaël la sérénité distraite et un peu dédaigneuse de l'Archange exécutant l'ordre de Dieu sur l'ange rebelle, autrefois son compagnon de gloire. THÉOPHILE GAUTIER, Guide de l'amateur au Musée du Louvre, 1872, page 31. · Anges de l'Apocalypse. Les quatre cavaliers de l'Apocalypse de Jean, symboles de la guerre, de la victoire, du jugement, de la mort, et ministres de la vengeance divine. — En particulier. dans la religion catholique. Messager de Dieu auprès des hommes; serviteur chargé d'exécuter les ordres de Dieu : Ø 5. Dieu, dans siècle Matthieu, envoie un ange à Joseph, pour lui expliquer le mystère de la naissance de Jésus; puis le même ange réapparaît à Joseph en Égypte, pour lui annoncer la mort d'Hérode. Dans siècle Luc, l'ange Gabriel est envoyé à Élisabeth et à Marie. Dans siècle Matthieu, quand Jésus ressuscite, « Il se fit un grand tremblement de terre; car un ange du seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre du sépulcre, et s'assit dessus. » GASTON LEROUX, De L'Humanité, de son principe et de son avenir, tome 2, 1840, page 854. Ø 6. Notre monde actuel serait-il encerclé par des êtres invisibles? Je crois qu'il existe des anges. Je songe aux Chérubins, aux Trônes, aux Dominations, à la multitude des anges qui peuplent l'espace sur nos têtes et nous surpassent fraternellement dans la série des êtres comme nous-mêmes nous dépassons nos frères inférieurs, les bêtes. MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 14, 1922-1923, pages 104-105. Ø 7. Parmi les anges se détachant avec un relief particulier l'« ange de Yahvé » (...) ou « ange de Dieu » (...), par lequel Dieu se manifestait, si bien qu'au lieu de parler de son ange on pouvait aussi parler directement de Dieu (...). Cet « ange » avait peut-être été regardé à l'origine comme une manifestation de Dieu, comme Dieu lui-même qui, invisible en soi, se rendait par son « ange », dans certaines situations, présent et agissant; mais depuis le temps des rois, et déjà bien avant dans la pensée populaire, cette manifestation de Dieu fut considérée comme un envoyé céleste distinct de Dieu (...). ENCYCLOPÉDIE DE LA FOI (SOUS LA DIRECTION DE H. FRIES) TOME 4 1967. · Ange exterminateur, ange de la mort. L'ange qui, après le départ des Israélites pour la terre promise, frappa de mort tous les premiers-nés d'Égypte : Ø 8. On a fort accusé Lucain pour avoir dit que la peur a créé des dieux. Joseph de Maistre ne dit pas autre chose et soutient que la terreur est la destinée de l'homme; que l'ange exterminateur parcourt le monde éternellement. ALFRED DE VIGNY, Le Journal d'un poète, 1842, page 1169. · Pain des anges. L'Eucharistie : Ø 9. Ô Christ, c'était toi! Christ! c'était ton corps sacré, Pain des Anges, par qui tout sera réparé, Ton corps, Seigneur, substance et nourriture vraies, Avec l'intarissable eau vive de tes plaies! CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE, Poèmes barbares, Le Corbeau, 1878, page 276. Ø 10.... si l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Deutéronome VIII, 3), comment penser que dans l'autre monde il n'y aura plus rien qui réponde à la communion eucharistique et que le pain des anges fera défaut à notre alimentation? PAUL CLAUDEL, Un Poète regarde la Croix, 1938, page 195. · Sainte mère des anges, reine des anges. La Vierge Marie. · Ange gardien, ange tutélaire, ange protecteur ou bon ange. Ange que la croyance attache à chaque homme en particulier et chargé de le protéger, de le conduire à son salut en l'incitant au bien. Bon ange, mauvais -. Selon la croyance populaire, ange de Dieu donc du bien, et ange de Satan donc du mal, qui se disputent l'âme de chaque homme : Ø 11. Vous vous compariez l'autre jour à cet homme baigné de sueur froide qui, dans la grande scène de Michel-Ange, s'attache avec désespoir à l'ange chargé de le disputer au démon. (...). Prenez garde que le bon ange ne se lasse, prenez garde que le mauvais ne se cramponne à vos pieds débiles : c'est à vous de décider lequel des deux vous aura. AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Lélia, 1839, page 394. — Par métonymie. Représentation (en peinture, en sculpture...) d'un ange : Ø 12. Dans la nouvelle iconographie, l'ange et le démon perdent leur physionomie mystérieuse, leur aspect de rêve et se rapprochent de l'homme. ÉMILE MÂLE, L'Art religieux après le Concile de Trente, 1932, page 236. II.— Par extension. A.— Pur esprit, créature parfaite opposée à l'être corporel et imparfait. Faire l'ange, (n'être) ni ange ni bête (Confer Pascal, Pensées, Paris, Brunschvicg, 1662, page 358 : " L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête. ") : Ø 13. Aussi je ne dirai pas du tout que qui veut faire l'ange fait la bête; mais bien plutôt que qui n'a point su faire l'ange fait la bête et pis que la bête. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1926, page 683. · Bon ange, ange blanc. Symbole du principe du bien. Mauvais ange, ange noir. Symbole du principe du mal : Ø 14. Qu'est-ce que les convulsions d'une ville auprès des émeutes de l'âme? L'homme est une profondeur plus grande encore que le peuple. Jean Valjean, en ce moment-là même, était en proie à un soulèvement effrayant Tous les gouffres s'étaient rouverts en lui. Lui aussi frissonnait, comme Paris, au seuil d'une révolution formidable et obscure. Quelques heures avaient suffi. Sa destinée et sa conscience s'étaient brusquement couvertes d'ombre. De lui aussi, comme de Paris, on pouvait dire : les deux principes sont en présence. L'ange blanc et l'ange noir vont se saisir corps à corps sur le pont de l'abîme. Lequel des deux précipitera l'autre? Qui l'emportera? VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 383. — La partie spirituelle dans l'homme : Ø 15. Il y aurait en nous deux créatures distinctes. Selon Swedenborg, l'ange serait l'individu chez lequel l'être intérieur réussit à triompher de l'être extérieur. Un homme veut-il obéir à sa vocation d'ange, dès que la pensée lui démontre sa double existence, il doit tendre à nourrir la frêle et exquise nature de l'ange qui est en lui. Si, faute d'avoir une vue translucide de sa destinée, il fait prédominer l'action corporelle au lieu de corroborer sa vie intellectuelle, toutes ses forces passent dans le jeu de ses sens extérieurs, et l'ange périt lentement par cette matérialisation des deux natures. Dans le cas contraire, s'il substante son intérieur des essences qui lui sont propres, l'âme l'emporte sur la matière et tâche de s'en séparer. Quand leur séparation arrive sous cette forme que nous appelons la mort, l'ange, assez puissant pour se dégager de son enveloppe, demeure et commence sa vraie vie. HONORÉ DE BALZAC, Louis Lambert, 1832, pages 68-69. B.— [Par allusion à la perfection attribuée aux anges] 1. [La construction ange + de + substantif est fréquente] Personne douée jusqu'à la perfection d'une qualité morale ou physique. Ange de beauté, de pureté : Ø 16. Vous confondez dans les règles vulgaires une personne douée comme aucune femme ne l'a jamais été, un ange d'esprit et de bonté; un génie admirable, et néanmoins un caractère sensible et timide; une imagination sublime, une générosité sans bornes;... GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Corinne ou l'Italie, tome 3, 1807, page 152. Ø 17.... il [le docteur] a un ange auprès de lui, la plus céleste jeune fille. HONORÉ DE BALZAC, Ursule Mirouët, 1841, page 124. — Rare. [En parlant de quelque chose] : Ø 18.... le verbe, ange du mouvement, (...) donne le branle à la phrase. CHARLES BAUDELAIRE, Les Paradis artificiels, 1860, page 376. Ø 19.... le pays mérite description pour l'âpreté vraiment remarquable de ses sites et l'exquise suavité de certains de ses produits, — le jambon par exemple, qui est un ange... PAUL VERLAINE, Correspondance, tome 1, 1869-1896, page 253. 2. [Dans certaines tournures, en parlant de personne] Pour marquer l'admiration : c'est un ange, vous êtes un ange; l'amour : mon ange, (mon) cher ange, mon ange adoré(e), mon ange bien-aimé(e); l'affection ou l'amitié, particulièrement à l'égard des enfants : (mon) petit ange; la pitié : pauvre ange, pauvre cher ange, pauvre petit ange. Remarque : Quelques écrivains, employant le mot ange à propos d'une femme, ou imaginant des anges du sexe féminin, font de ce mot un féminin : (ma) chère ange, une ange charmante, cette ange, mon ange bien-aimée; ou mettent au féminin le pronom qui s'y rapporte : notre ange, elle aussi... : Ø 20.... sous une pâle robe, Son pied blanc tour à tour se montre et se dérobe, Et son sein agité, mais à peine aperçu, Soulève les contours du céleste tissu. C'est une femme aussi, c'est une Ange charmante; Car ce peuple d'Esprits, cette famille aimante, Qui, pour nous, près de nous, prie et veille toujours, Unit sa pure essence en de saintes amours : ALFRED DE VIGNY, Poèmes antiques et modernes, Éloa, 1837, page 25. Ø 21.... voilà une ange qui ne m'échappera plus. (...). (J'ai mis ange au féminin. En effet, puisque les anges sont de purs esprits, je ne vois pas pourquoi on les représente exclusivement sous la forme mâle, sinon pour satisfaire la pédérastie inavouée du genre humain.) HENRI DE MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, pages 1023-1024. — Plus rarement. [En fonction d'attribut, avec valeur d'adjectif] Être ange, être plus ange que (quelqu'un), être trop ange, être par-dessus tout ange : Ø 22. Oh! si vous existez, mon ange, mon génie (...) volez (...) Vers cet être charmant que je sers à genoux Et qui, puisqu'il est femme, est plus ange que vous! VICTOR HUGO, Toute la lyre, tome 2, 1885, page 85. 3. Substantif + de + ange. Voix, cheveux d'ange, visage, figure d'ange : Ø 23. Il rit avec un regard d'ange, avec ses yeux, avec son front où tout est limpidité. MAURICE BARRÈS, Les Amitiés françaises, 1903, page 193. · Patience d'ange. Patience extraordinaire, exemplaire. 4. Locution. Comme un ange. S'emploie précédée d'un adjectif ou d'un verbe pour exprimer le haut degré de la qualité que possède quelqu'un (beau, belle comme un ange) ou la perfection avec laquelle quelqu'un fait quelque chose (dormir, travailler comme un ange) : Ø 24.... ce damné seigneur, beau comme un ange et méchant comme un diable, n'abandonnerait certes pas son entreprise,... THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 355. 5. Proverbes. · Faire d'un ange deux. " Faire deux bonnes choses d'un seul coup. On disait, dans le sens contraire, faire d'un diable deux. " (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). Au prêter ange, au rendre, diable. " Proverbe qui répond à celui-ci : ami au prêter, ennemi au rendre. " (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). Ange à l'église et diable à la maison. " Se dit d'une personne qui, en public, paraît bonne et douce, et qui, dans son intérieur, se montre méchante et acariâtre. " (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). C.— Locution. [Par allusion au bonheur céleste des anges tel que notamment il est représenté dans les arts plastiques] . · Être aux anges. Être transporté de joie. Ellipse aux anges : Ø 25. Ma femme est bien heureuse d'être grand'mère, Charles est aux anges d'être papa, Alice est ravie d'être maman, tu es enchanté d'être oncle, et moi je suis enchanté, ravi, heureux, et aux anges. VICTOR HUGO, Correspondance, 1867, page 14. Remarque : Être aux anges est " familier " selon Dictionnaire de l'Académie Française tome 1 1932. · Rire aux anges, sourire aux anges. En bonne part, dans le même sens que être aux anges, ou en parlant de quelqu'un (en particulier d'un bébé) qui semble sourire dans son sommeil; en mauvaise part, avec le sens " rire niaisement " : Ø 26. Le bonheur la transfigure, elle va revoir sa petite Aimée, et, d'allégresse, ne cesse de sourire aux anges, dans l'omnibus qui nous ramène à la gare. GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 238. · Un ange passe. Se dit lorsqu'un silence gêné ou ironique interrompt une conversation : Ø 27. Un silence ironique laissa passer ses anges... HERVÉ BAZIN, La Tête contre les murs, 1949, page 312. · Vieilli. Boire aux anges. " Boire sans plus savoir quelle santé on peut porter. " (Nouveau Larousse illustré); attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), LITTRÉ). Vieux. Voir des anges violets. " Avoir un éblouissement causé par un coup porté sur les yeux; ou, se repaître de songes creux. On dit de même, dans le premier sens, en voir trente-six chandelles. " (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse); attesté également dans le Dictionnaire de l'Académie Française 1835, Dictionnaire universel de la langue française (Louis-Nicolas Bescherelle) 1845, Dictionnaire de la langue française (Émile Littré), Nouveau Larousse illustré). D.— [Par allusion aux différentes sortes d'anges, à leurs différentes fonctions, le plus souvent à propos d'une personne] : Ø 28. En guerre, l'homme ne devient-il pas un ange exterminateur, une espèce de bourreau, mais gigantesque? HONORÉ DE BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, page 178. Ø 29. Et elle [Mme. Josserand] parla de son fils (...). — Songez donc, chère amie, qu'il n'a pas trente ans... Oh! il sait ce qu'il vous doit, et je suis moi-même pénétrée de reconnaissance. Vous resterez son bon ange. ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882, page 326. Ø 30. Pierre de B. n'avait pas été un grand criminel, un ange de ténèbres; l'eût-il été que Céline l'aurait accompagné allègrement en chantant ses gloires jusque dans les palais souterrains. JEAN GIONO, Angelo, 1958, page 32. — [Par allusion à divers épisodes de la Bible, notamment Genèse XXXII, 25-31 (lutte de Jacob avec l'ange, symbole du combat spirituel)] : Ø 31. La poésie de Baudelaire, c'est la lutte avec l'ange. Et Taine aussi a connu ces crises de celui qui, aux prises avec la vérité, ne s'y veut pas soumettre. MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 13, 1921, page 98. — [Par allusion à la représentation des anges] Ange bouffi. " Populaire. Enfant qui a le visage fort plein et de grosses joues, parce que les peintres représentent communément ainsi les anges, et surtout les chérubins et les séraphins. " (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845; attesté également dans le Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmesteter)). Vieux. Ange de grève. " Crocheteur; dit ainsi par plaisanterie, à cause que les crocheteurs se tenaient beaucoup sur la place de Grève et que l'on comparait leurs crochets à des ailes. " (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ); attesté également dans le Dictionnaire universel de la langue française (Louis-Nicolas Bescherelle) 1845, Dictionnaire des dictionnaires (sous la direction de Paul Guérin) 1892). III.— Emplois techniques. A.— AMEUBLEMENT ANCIENNE. Lit d'ange ou lit à l'ange. Lit sans colonnes, surmonté (sur une partie de sa longueur seulement) d'un baldaquin à rideaux relevés : Ø 32. L'alcôve était séparée de la salle par une cloison qui s'arrêtait au pied d'un lit à l'ange. MAURICE GENEVOIX, Les Mains vides, 1928, page 83. B.— HÉRALDIQUE. " Esprit céleste, dont la position ordinaire dans l'écu est d'être de front, les extrémités vers le chef. On en rencontre peu dans les armoires; ils font plus souvent partie des ornements extérieurs. " (Dictionnaire héraldique (CHARLES GRANDMAISON) 1852). C.— ICHTYOLOGIE. Ange de mer (ou ange ou angel ou angelot). Nom usuel d'un poisson d'une forme intermédiaire entre celle des squales et celle des raies : Ø 33. La chair de l'ange de mer est assez délicate et sa saveur rappelle beaucoup celle de la raie. Tous les modes d'apprêts indiqués pour ce dernier poisson sont applicables à l'ange de mer. Nouveau Larousse Gastronomique (MONTAGNÉ) 1967. D.— MODES. Coiffure à l'ange, cheveux à l'ange, être coiffée à l'ange : Ø 34. La nouvelle coiffure à l'ange, les bandeaux de Cléo de Mérode, s'accommodaient du canotier en auréole... GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Le Képi, 1943, page 23. E.— PARFUMERIE ANCIENNE. Eau d'ange, eau des anges. Eau distillée aromatique : Ø 35. Le style parfumé Louis XIII, composé des éléments chers à cette époque, de la poudre d'iris, du musc, de la civette, de l'eau de myrte déjà désignée sous le nom d'eau des anges, était à peine suffisant pour exprimer les grâces cavalières, les teintes un peu crues du temps,... GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, À rebours, 1884, page 151. F.— SPORTS. Saut de l'ange. En natation ou en chorégraphie, saut ou plongeon qui s'exécute en s'élançant les bras ouverts, les jambes réunies arquées en arrière. G.— FOLKLORE. Cheveu(x) d'ange. Guirlande en fil d'argent pour la décoration des arbres de Noël. IV.— Argot, familier. — Ange gardien, ange. Gardien de la paix chargé d'accompagner et de surveiller un détenu; par extension agent de police; par analogie gendarme : Ø 36. Mais une fois rentré sous la garde d'un huissier à chaîne d'acier, dans le vestibule où les gendarmes m'attendaient, je me suis mis à pleurer comme un enfant, si bien que « mes anges gardiens » se mirent à me consoler... PAUL VERLAINE, Mes prisons, 1893, page 391. Ø 37.... ce n'était pas en son honneur [du fils du comte de Paris] mais au mien que le préfet de police jugeait bon de nous faire escorter par ses anges. Excès de prudence, je le crois. Il n'empêche que cela compose l'atmosphère d'une époque. FRANÇOIS MAURIAC, Le Nouveau Bloc-notes, 1961, page 160. — Donner un ange au bon Dieu. Faire avorter. Faiseuse d'ange. Avorteuse (Confer Maxence Van der Meersch, L'Empreinte du dieu, 1936, page 171). — Les anges pissent. " Il pleut. " (Lucien Rigaud, Dictionnaire du jargon parisien, L'argot ancien et moderne, 1878, page 11). — " Lesbienne " (Dictionnaire français-argot (ARISTIDE BRUANT), 1901) : Ø 38.... — Vous aviez un ange? — Un amour qui s'appelait Suze Flavigny... (R. Maizeroy). Dictionnaire français-argot (ARISTIDE BRUANT) 1901. Remarque générale : Ange peut, dans la langue littéraire, fonctionner comme 1er. r élément de composé, habituellement relié au second par un trait d'union : un ange-femme (Honoré de Balzac, Louis Lambert, 1832, page 71); ces anges-vierges (Victor Hugo, Les Rayons et les Ombres, 1840, page 408); ces petits anges-gitons (Edmond et Jules de Goncourt, Journal, 1860, page 804); un petit ange-pupitre (Théophile Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre, 1872, page 105). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 6 725. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 13 918, b) 10 177; XXe. siècle : a) 7 442, b) 6 794.