Définition: ASSIMILÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif masculin.

Définition: ASSIMILÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif masculin. I.— Participe passé de assimiler* II.— Adjectif. Rendu semblable, de même nature : Ø 1.... les civilisations, depuis qu'il y a des hommes et qu'ils écoutent, ont soigneusement rangé en deux catégories ce qu'ils entendaient, à savoir les sons (musicaux ou assimilés), d'une part et, de l'autre, les bruits;... PIERRE SCHAEFFER, À la recherche d'une musique concrète, 1952, page 145. III.— Substantif masculin. Personne qui a le statut d'une certaine catégorie de personnel, sans avoir le titre qui s'attache à la fonction. Fonctionnaires et assimilés, cadres et assimilés (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes) : Ø 2. «... mon collègue et moi étions des visus — ce qui n'était pas vrai — mais encore (...) nous en étions de l'espèce la plus inférieure, relégués au plus bas degré de l'échelle sociale, et de tout point incompatibles avec la magistrature dont nous sommes les assimilés. » GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Gendarme est sans pitié, 1899, 1, page 149. — ARMÉE : 1. " Appellation donnée aux cadres des services de l'armée (médecins, intendants, etc.), ayant des grades correspondant à ceux des personnels des armes combattantes " (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). 2. " Membres de certains corps civils spéciaux mobilisés comme tels, ou détachés dans l'armée en temps de paix. Assimilés spéciaux " (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). 3. " Dans le langage courant, on appelle " assimilés " les officiers des corps techniques de la Marine " (Glossaire des termes de marine (JULIEN LE CLÈRE), 1960). — INFORMATIQUE. " Membre du personnel de rédaction d'un journal, susceptible de recevoir, en vertu de la loi du 29 mars 1935 ou de conventions ultérieures, la carte d'identité professionnelle de journaliste avec tous les droits qui y sont attachés " (Glossaire des termes de presse (BERNARD VOYENNE) 1967). — Par extension et par plaisanterie : Ø 3. Je me disais en les écoutant qu'on n'a vraiment pas le droit d'imputer aux intellectuels une sensibilité sophistiquée; c'était ces gens-là — gens du monde et assimilés — qui promenaient dans l'existence des yeux aveuglés par de mauvais clichés et un coeur envahi de lieux communs. SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 343. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 238. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 154, b) 222; XXe. siècle : a) 381, b) 531. Forme dérivée du verbe "assimiler" assimiler ASSIMILER, verbe transitif. I.— Assimiler + complément objet. Rendre semblable ou identique à soi, en incorporant à sa propre substance une substance étrangère qui par là même est réduite à néant. A.— [Le complément désigne un inanimé concret ou abstrait] 1. PHYSIOLOGIE. [Le sujet désigne un organe, une plante] Transformer en sa propre substance les éléments vivants d'un type déterminé : Ø 1. Si les plantes peuvent s'assimiler les éléments de l'air, ce sont celles qui vivent dans l'air ou dans l'eau. CLAUDE BERNARD, , Cahier de notes (1850-1860), 1860, page 94. Ø 2.... les agronomes allemands Hellriegel et Wilfarth mettent en évidence, par une série d'expériences impeccables, le fait que les légumineuses ont la capacité de croître dans un milieu dépourvu d'azote combiné, en assimilant l'azote libre de l'air et cela grâce aux nodosités que portent leurs racines. Histoire générale des sciences (sous la direction de René Taton) tome 3, volume 1, 1961, page 466. Remarque : Emploi absolu du verbe chez Claudel (La Jeune fille Violaine, 2e. version, 1901, page 578). " Le coeur n'est point semblable à l'estomac qui reçoit, qui retient, qui digère et qui assimile. " 2. Par analogie, domaine intellectuel. Faire sien ce qui est l'objet de la connaissance, l'intégrer dans ce qu'on a déjà acquis : Ø 3.... comme un outil est une sorte d'organe ajouté à nos organes, l'action est une extension du vouloir hors de nous. Elle sort, mais c'est pour faire entrer en elle et s'assimiler cela même où elle semble s'aliéner. MAURICE BLONDEL, L'Action, Essai d'une critique de la vie, 1893, page 216. Ø 4. «... la raison s'assouplit, s'élargit, et réussit de la sorte à s'assimiler des éléments de l'être qui d'abord la scandalisaient. Elle s'assimile le non-être avec Platon, la liaison synthétique avec Descartes... l'évolution avec Hegel... » PAUL NIZAN, Les Chiens de garde, 1932, page 38. Ø 5. Loin que la philosophie enveloppe et assimile sous l'espèce de la notion du beau tout le domaine de la sensibilité créatrice et se rende mère et maîtresse de l'esthétique, il arrive qu'elle en procède,... PAUL VALÉRY, Variété III, 1936, page 154. Remarque : Se rencontre en emploi absolu dans ce sens (confer DICTIONNAIRE DU FRANÇAIS CONTEMPORAIN (JEAN DUBOIS), CAPUT 1969, Grand Larousse de la Langue française en six volumes). B.— [Le complément désigne une personne] Transformer un être et ce qu'il représente de manière à l'intégrer dans un système de pensée, un groupe, etc. : Ø 6. Il est donc vrai de dire que l'amour est la semence commune de la justice et du péché. Comment raconter tous les fruits bons, ou mauvais, qu'il portera : la jalousie, le soin de la conservation de l'objet aimé, le zèle de sa gloire, enfin l'union avec lui, l'union qui assimile deux êtres entre eux et les confond en un? FRÉDÉRIC OZANAM, Essai sur la philosophie de Dante, 1838, page 143. Ø 7. Il [Nietzsche] mésentend résolument le Christ; mais, de ce malentendu, sur lequel il va prendre élan, l'Église est, plus encore que lui, responsable; en annexant, en cherchant (en vain du reste) à assimiler le Christ, au lieu de s'assimiler à lui, elle l'estropie davantage — et c'est ce Christ estropié que Nietzsche combat. ANDRÉ GIDE, Journal, 1937, page 1282. — Spécialement. SOCIOLOGIE. [En parlant d'étrangers] Transformer les mentalités et le comportement en vue d'une intégration harmonieuse dans le groupe social d'accueil ou l'état de civilisation (confer assimilable et assimilation) : Ø 8. Dans ce problème si complexe de la situation des étrangers en France, il y a deux idées qu'il s'agit de réaliser : défendre nos nationaux contre l'invasion étrangère et assimiler les étrangers vivant sur notre sol. MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 10, 1913, page 144. Ø 9. Ce n'était pourtant pas ce qui les distinguait des autres barbares que Rome avait entrepris d'attirer, d'assimiler et d'utiliser contre les Allemands d'Outre-Rhin. JACQUES BAINVILLE, Histoire de France, tome 1 1924, page 18. C.— Emploi pronominal à valeur passive. Être assimilé. Aliments qui s'assimilent plus ou moins facilement (confer Dictionnaire Robert. ). II.— Assimiler à. A.— Assimiler quelque chose à soi. PHYSIOLOGIE. [Le sujet désigne un corps ou un organe du corps] Incorporer à sa propre substance : Ø 10. C'est donc quelque chose que la vie; c'est elle qui fait aussi que tant qu'un corps en est doué, il a la force d'assimiler à sa substance les corps avec lesquels il est en contact d'une manière convenable, tandis que dès qu'il est mort, ce sont tous les élémens qui le composent qui se dissolvent, se séparent, et vont former de nouveaux mixtes avec les êtres environnans, suivant de nouvelles lois d'affinités. ANTOINE-LOUIS-CLAUDE DESTUTT DE TRACY. Élémens d'idéologie, 1. Idéologie proprement dite. 1801, page 249. B.— Assimiler quelque chose ou quelqu'un à quelque chose ou quelqu'un. 1. Considérer ou déclarer semblable par un jugement, un acte de volonté; donner un statut identique : Ø 11.... quand M. Necker proposa d'assimiler par les assemblées provinciales les pays appelés d'élection aux pays d'états, c'est-à-dire de donner aux anciennes provinces les priviléges qui n'étaient possédés que par celles dont la réunion à la France était plus récente, il y avait à Paris un parlement qui pouvait refuser d'enregistrer les édits bursaux, ou toute autre loi émanée directement du trône. GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, tome 2 1817, page 420. Ø 12. Ce ne serait donc pas punir le clergé que le priver des traitements qui assimilent les prêtres aux fonctionnaires publics. ALFRED DE VIGNY, Le Journal d'un poète, 1843, page 1211. Ø 13. Les ouvriers mineurs, payés à la tâche, ont toujours bénéficié de salaires les assimilant aux meilleurs professionnels des autres industries;... EUGÈNE SCHNEIDER, Le Charbon, son histoire, destin, 1945, page 264. 2. Comparer et aboutir à une identification totale ou partielle, mettant l'accent sur les ressemblances sans supprimer les différences. a) [Le complément désigne une personne ou une entité personnifiée] : Ø 14. Les clichés du patriotisme professionnel sont difficiles à citer dans une étude où l'on ne veut ni indigner, ni faire rire. Un des plus bénins est celui-ci : « Depuis nos malheurs, » phrase doucereuse où on assimile la France à une vieille dame à cabas « qui a connu de meilleurs jours ». RÉMY DE GOURMONT, Esthétique de la langue française, 1899, page 312. b) [Le complément désigne un inanimé abstrait (oeuvre de l'esprit, état de civilisation, etc.)] : Ø 15. On pourrait croire qu'en rappelant l'activité intellectuelle à l'érudition on constate par là même son épuisement, et qu'on assimile notre siècle à ces époques où la littérature ne pouvant plus rien produire d'original devient critique et rétrospective. ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890, page 138. Ø 16.... l'inconscient et les mécanismes inconscients ne sont pas directement des « objets », des « choses », mais les automatismes affectifs les assimilent autant qu'il est possible aux choses physiques dont ils simulent le déterminisme. PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, 1949, page 373. C.— Emploi pronominal. S'assimiler à.. S'identifier à, par un acte de volonté ou de jugement : Ø 17. « Nous estimons donc que le même orgueil, qui porta les mauvais anges à s'assimiler au Très-Haut, a pu seul inspirer dans l'église romaine la croyance impie de l'infaillibilité du Pape, ou même des évêques rassemblés en concile général. » FÉLICITÉ-ROBERT DE LAMENNAIS, Articles publiés dans le journal L'Avenir, 1831, page 289. Ø 18. Le secret des contradictions des hommes du jour est dans la privation du sens moral, dans l'absence d'un principe fixe et dans le culte de la force : quiconque succombe est coupable et sans mérite, du moins sans ce mérite qui s'assimile aux événements. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 4 1848, page 524. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 518. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 348, b) 436; XXe. siècle : a) 982, b) 1 080.