Définition: AVORTEMENT, substantif masculin. A.— [En parlant d'êtres animés, animal ou humain] 1. MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. Avortement traumatique. " Avortement causé par des accidents extérieurs, comme chute, blessure, etc. " (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). Avortement enzootique ou épizootique, par opposition à sporadique. " Avortement qui s'étend à un grand nombre d'animaux domestiques d'une même contrée ou d'un même établissement " (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). Avortement facile, laborieux (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)) : Ø 1. L'avortement est un état naturel chez les kanguroos et une maladie chez les mammifères élevés et chez les femmes. CLAUDE BERNARD, Principes de médecine expérimentale, 1878, page 269. 2. Usuel. [En parlant d'une femme enceinte] Expulsion du produit de la conception avant qu'il ne soit viable; manoeuvre entraînant cette expulsion : Ø 2. En Union Soviétique, de 1917 à 1936, l'avortement a été légalisé, puis interdit, et les contraceptifs eux-mêmes ont cessé d'être en vente libre. Mais en 1955, la loi de 1936 a été abolie, la liberté de l'avortement et de la propagande anticonceptionnelle rétablie. JEAN-ALAIN LESOURD, CLAUDE GÉRARD, Histoire économique, XIXe. et XXe. siècles, tome 2, 1966, page 501. SYNTAXE : Avortement spontané (DICTIONNAIRE DE MÉDECINE, DE CHIRURGIE, DE PHARMACIE, DE L'ART VÉTÉRINAIRE ET DES SCIENCES QUI S'Y RAPPORTENT (ÉMILE LITTRÉ, CHARLES ROBIN) 1865), accidentel (BOUILLET 1859), habituel ou à répétition (Dictionnaires français de médecine et de biologie (Alexandre Manuila, Ludmilla Manuila, M. Nicole, H. Lambert) tome 1 1970), naturel (BOUILLET 1859); avortement ovulaire (DICTIONNAIRE DE MÉDECINE, DE CHIRURGIE, DE PHARMACIE, DE L'ART VÉTÉRINAIRE ET DES SCIENCES QUI S'Y RAPPORTENT (ÉMILE LITTRÉ, CHARLES ROBIN) 1865), embryonnaire (BOUILLET 1859), foetal (DICTIONNAIRE DE MÉDECINE, DE CHIRURGIE, DE PHARMACIE, DE L'ART VÉTÉRINAIRE ET DES SCIENCES QUI S'Y RAPPORTENT (ÉMILE LITTRÉ, CHARLES ROBIN) 1865), gémellaire (Dictionnaires français de médecine et de biologie (Alexandre Manuila, Ludmilla Manuila, M. Nicole, H. Lambert) tome 1 1970), môlaire (Ibidem); avortement tubaire (DICTIONNAIRES DES TERMES TECHNIQUES DE MÉDECINE (MARCEL GARNIER, VALÉRIE DELAMARE). 1958), tubo-abdominal (Dictionnaires français de médecine et de biologie (ALEXANDRE MANUILA, LUDMILLA MANUILA, M. NICOLE, H. LAMBERT) t. 1 1970); avortement endocrinien (Ibidem), hémorragique (P.-J. TEISSIER [F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouveau traité de médecine, fascicule 2, 1920-24, page 267] ); avortement provoqué (BOUILLET 1859) ou intentionnel (Dictionnaires français de médecine et de biologie (Alexandre Manuila, Ludmilla Manuila, M. Nicole, H. Lambert) tome 1 1970), avortement provoqué médical (DICTIONNAIRE DE MÉDECINE, DE CHIRURGIE, DE PHARMACIE, DE L'ART VÉTÉRINAIRE ET DES SCIENCES QUI S'Y RAPPORTENT (ÉMILE LITTRÉ, CHARLES ROBIN) 1865) ou thérapeutique (Larousse de Médecine 1970). Remarque : La langue courante réserve avortement à l'expulsion volontaire du foetus non viable, l'expulsion accidentelle étant appelée fausse couche. Quand il n'est pas accompagné d'un qualificatif marquant son caractère de nécessité médicale (avortement thérapeutique), il désigne le plus souvent une intervention volontaire. — DROIT PÉNAL. Avortement criminel (Dictionnaire français de médecine et de biologie (ALEXANDRE MANUILA, LUDMILLA MANUILA, M. NICOLE, H. LAMBERT) tome 1 1970), avortement provoqué criminel (Dictionnaire des termes techniques de médecine (MARCEL GARNIER, VALÉRY DELAMARE) 1958); une affaire d'avortement : Ø 3. La déposition du docteur ne nous apprend rien de nouveau; il explique très longuement que l'enfant a vécu, de sorte qu'on se trouve en présence d'un cas, non d'avortement, mais d'infanticide; pourtant le coup de ciseaux, légèrement donné et comme avec précaution, était plutôt pour s'assurer que l'enfant était mort;... ANDRÉ GIDE, Souvenirs de la Cour d'assises, 1913, page 639. Ø 4. Quiconque, par aliments, breuvages, médicaments, manoeuvres, violence ou par tout autre moyen aura procuré ou tenté de procurer l'avortement d'une femme enceinte ou supposée enceinte, qu'elle y ait consenti ou non, sera puni d'un emprisonnement d'un an à cinq ans, et d'une amende de 1 800 F à 36 000 F. Code pénal, décret-loi 29 juillet 1939, article 82. B.— Par analogie. [En parlant d'un organe, d'une plante, d'un fruit, etc.] Développement incomplet. Avortement des cellules : Ø 5. Sous le rapport des ailes, les insectes des six premiers ordres en ont quatre, dont toutes, ou deux seulement, servent au vol. Ceux du septième et du huitième n'ont plus que deux ailes, ou en manquent par avortement. JEAN-BAPTISTE LAMARCK, Philosophie zoologique, tome 1, 1809, page 185. — BOTANIQUE, HORTICULTURE. Avortement complet, constant, externe, incomplet, interne, naturel; avortement inconstant, accidentel (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)) : Ø 6. Les fouriétistes affirment qu'une alimentation luxuriante et plantureuse rendrait les femmes stériles, comme une surabondance de sève rend les fleurs plus riches et plus belles en les faisant avorter. Mais l'analogie est fausse : l'avortement des fleurs vient de ce que les étamines ou organes mâles sont changés en pétales, comme on peut s'en assurer à l'inspection d'une rose, et de ce que par l'excès d'humidité la poussière fécondante a perdu sa vertu prolifique. PIERRE-JOSEPH PROUDHON, Qu'est-ce que la propriété? 1840, page 283. C.— Par métaphore et au figuré. Fait que quelque chose (processus, entreprise, etc.) n'a pas abouti, échec, insuccès; état qui en résulte. Avortement d'une action, d'une entreprise : Ø 7. Ces notes que je prends chaque jour, c'est un avortement heureux des mauvaises choses que je pourrais écrire. JULES RENARD, Journal, 1896, page 352. Ø 8. Néanmoins, personne ne voulut mettre un sou dans cette affaire, et la locomotion à vapeur sur route avorta. Nous ne pouvons expliquer cet avortement et cet échec que parce que le besoin de tels véhicules ne se faisait pas particulièrement sentir, et aussi par la fidélité à des préjugés routiniers. PIERRE ROUSSEAU, Histoire des techniques et des inventions, 1967, page 238. Remarque : L'avortement de l'âme lorraine (MAURICE BARRÈS, Un Homme libre, 1889, page 119); pour un emploi du mot dans un contexte semblable, confer BARRÈS, Un Homme libre, 1889, page 203 : l'avortement de ma race. À rapprocher de l'exemple 7 : ceci est un cahier d'avortements (JULES RENARD, Journal, 1906, page 1089).
