Définition: BALAYER, verbe transitif.

Définition: BALAYER, verbe transitif. A.— [Suivi d'un complément désignant un objet ou un lieu] 1. Balayer quelque chose. Pousser, enlever quelque chose à l'aide d'un balai. Balayer la neige, la poussière, les feuilles mortes : Ø 1. Elle vint simplement dire, avec un certain respect dans sa voix assourdie, que puisqu'il n'y avait pas de bain à faire chauffer, ni de « lanceaux » à laver, eh bien! n'est-ce pas, tant vaudrait qu'elle s'en irait bientôt parce qu'il fallait « balayer » la neige sur le devant de porte de la boucherie et de l'auberge. JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 336. 2. Balayer un lieu quelconque. Le nettoyer régulièrement à l'aide d'un balai afin d'enlever ce qui le salit. Balayer la chambre, la classe, le trottoir. — Emploi absolument. Nettoyer, faire le ménage. 3. Par analogie. a) Écarter quelque chose : Ø 2. Elle (Alice) balaya, d'une main impétueuse, la cendre de cigarette... GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Duo, 1934, page 81. b) Par ironie. Soulever la poussière en frôlant le plancher : Ø 3. Outre les avocats sans cause qui balaient cette salle avec leurs robes (...); on voit souvent de patients jeunes gens, à la dévotion des avoués,... HONORÉ DE BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1847, page 405. B.— Par extension. 1. Chasser, disperser, emporter tout ce qui se trouve sur le passage. a) [Le sujet désigne le vent, la mer, etc.] : Ø 4. « Non, Votre Honneur, répondit John Mangles d'une voix ferme, il faut que je sois seul ici avec mon équipage. Rentrez! Le navire peut s'engager et les lames vous balayeraient sans merci... » JULES VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, tome 2, 1868, page 54. Remarque : Dans ce sens peut s'employer pronominalement le ciel se dégage (...), se balaye, s'épure (P. LOTI, Au Maroc, 1889, page 115). b) CHIMIE, MÉDECINE. " Renouveler une atmosphère gazeuse dans un espace clos ou dans un organe (poumon, etc.) " (Dictionnaire français de médecine et de biologie (ALEXANDRE MANUILA, LUDMILLA MANUILA, M. NICOLE, H. LAMBERT) tome 1 1970). — Vieux. Purger : Ø 5. Le séné balaie l'estomac, la rhubarbe nettoie le duodénum, le sel d'Epsom ramone les intestins. VICTOR HUGO, Le Rhin, 1842, page 219. 2. Parcourir une certaine étendue. a) [Avec une idée de violence quand le sujet désigne la mer, le vent, la pluie, une arme, un projectile quelconque, etc.] : Ø 6. Et dans la plaine les obus allemands arrivaient ainsi qu'une marée, avançant, balayant, couvrant le pays, tandis que par bonds, en tirailleurs, des régiments entiers descendaient au-devant de cette mitraille,... RENÉ BENJAMIN, Gaspard, 1915, page 63. b) [Sans idée de violence quand le sujet désigne une source lumineuse (phare, rayons du soleil, de la lune) ou des sons] : Ø 7. Les rues étaient balayées par les sons grêles d'une cloche, sonnant le premier coup de la messe. ÉMILE MOSELLY, Terres lorraines, 1907, page 253. — Par plaisanterie : Ø 8. Il [Chéri] (...) se mit à balayer la dame brune, en face, de regards professionnels dont elle frémissait toute. GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Chéri, 1920, page 142. 3. Toucher, frôler : Ø 9. Seul dans une chapelle, à Saint-Sulpice, un jeune homme agenouillé tout au bord de son prie-Dieu, (...) les cheveux en désordre avec une mèche balayant les sourcils, les yeux grands et profonds. JULIEN GREEN, Journal, 1946, page 36. Remarque : Dans ce sens le verbe peut s'employer pronominalement se balayer le front du bout des doigts (LÉON BLOY, Le Désespéré, 1886, page 310). 4. Locution, familière, figurée. Balayer les planches, le tremplin. " Jouer en lever de rideau " (Dictionnaire historique des argots français (GASTON ESNAULT)). Balayer le plancher, un lieu quelconque. Se débarrasser d'une personne considérée comme gênante. Les renvois en masse dont la direction balayait le magasin (ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 534 ). C.— Au figuré : Ø 10. Ils balayèrent (j'aime le mot) la queue des mauvais romans. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 5, 1859, page 324. Ø 11. Une allégresse balaya le coeur de M. Baslèvre. ÉDOUARD ESTAUNIÉ, L'Ascension de Monsieur Baslèvre, 1921, page 219.