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Définition: BRAS, substantif masculin.

Publié le 06/11/2015

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Définition: BRAS, substantif masculin. I.— [Le bras, membre du corps humain] A.— En général, au singulier ou au pluriel. 1. Chacun des deux membres supérieurs de l'homme, allant de l'épaule, sur laquelle ils s'articulent, à la main. Bras droit, gauche : Ø 1. De son bras droit, long étendu, on ne voyait que l'extrémité des doigts hors du bâti grossier de la manche; et le bras gauche dans le rang, les talons sur la même ligne,... GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Messieurs-les-Ronds-de-cuir, 1893, 5e. tableau, 3, page 186. Ø 2. En manche de chemise, ses forts bras nus dorés d'un rude duvet jaune, il avait par instant, un tressaillement de muscles sous la peau, la crispation nerveuse de ses lourdes mains poilues et charnues sur la barre. MAXENCE VAN DER MEERSCH, L'Empreinte du dieu, 1936, page 119. · Par métaphore : Ø 3.... mollement couchée sous la caresse des flots et des brises, la ville étend ses bras sur l'océan et semble appeler l'univers entier dans sa couche parfumée et fiévreuse,... MAURICE BARRÈS, Sous l'oeil des Barbares, 1888, page 128. SYNTAXE : 1. Substantif + adjectif a) Substantif + adjectif épithète. Des bras fermes, durs, mous; des bras pleins, ronds, grêles, maigres, décharnés; des bras minces, larges; des bras frais; des bras vigoureux, puissants, faibles; des bras souples, agiles, raides; de longs, de grands, de petits bras; de beaux, de jolis bras; d'un bras nerveux. b) Substantif + adjectif attribut de l'objet. Avoir des bras forts, robustes; avoir les bras engourdis; avoir les bras croisés (sur la poitrine), en l'air, en arrière; avoir les bras collés au corps, écartés; avoir le bras étendu, levé; avoir le bras blessé, cassé, fracturé. 2. Substantif + substantif L'os, les muscles, le pli du bras; la force des bras; un geste des bras; l'amputation des bras. 3. Verbe + substantif Élever, abaisser, soulever, ouvrir, (re)fermer, balancer, agiter, secouer les bras; tendre, étendre le bras (en avant). Allonger, remuer le bras. Écarter les bras (du corps); rejeter les bras en arrière (à toute volée); replier son bras; avancer son bras libre; déployer ses bras; laisser aller, pendre ses bras; laisser (re)tomber ses bras (en arrière); se croiser les bras (sur la poitrine); s'aider des bras; s'accouder du bras droit; poser la tête dans son bras replié. — Substantif + verbe. Bras qui s'abaissent, (re)tombent, pendent le long du corps. — Locution. · Avoir le bras en écharpe*. — Par métonymie, familier. (Être) en bras de chemise. (Être) en manches de chemise, sans veste. Se mettre en bras de chemise : (avoir) les bras retroussés (jusqu'aux coudes). (Avoir) les manches retroussées (jusqu'aux coudes) : Ø 4.... je continue mon oeuvre lente comme le bon ouvrier qui, les bras retroussés et les cheveux en sueur, tape sur son enclume sans s'inquiéter s'il pleut ou s'il vente,... GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, tome 1, 1845, page 191. Ø 5.... il faisait exprès de s'amener en bras de chemise et en chaussons parce qu'il savait que Trarieux détestait le laisser-aller. SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 458. · Figuré. [Par référence à la décontraction, au laisser-aller que peut révéler cette tenue] : Ø 6. Aussi longtemps qu'on vit la tour de Saint-Martin, chacun des beaux messieurs garda l'air compassé. Mais sitôt qu'on fut hors des yeux de la cité, tous les fronts s'éclaircirent, et les esprits se mirent comme moi, en bras de chemise. ROMAIN ROLLAND, Colas Breugnon, 1919, page 143. Remarque : Ces deux locutions sont admises par l'Académie française. — ANATOMIE. [Par opposition à avant-bras*] Partie du membre supérieur de l'homme qui s'étend de l'épaule au coude. · Au figuré. Gros comme le bras. a) Donner à quelqu'un du (titre) gros comme le bras. Donner à quelqu'un, avec l'exagération et l'emphase de la flatterie, un titre qu'il a réellement ou qu'il n'a pas. Traiter quelqu'un de (titre) gros comme le bras, appeler quelqu'un (titre) gros comme le bras : Ø 7. Elle [mademoiselle Laguerre] n'avait alors [en 1790] que cinquante-trois ans; et, selon sa femme de chambre, devenue la femme d'un gendarme, une madame Soudry à qui l'on dit madame la mairesse gros comme le bras, « Madame était plus belle que jamais ». HONORÉ DE BALZAC, Les Paysans, 1844, page 14. b) Mensonge gros comme le bras. Mensonge que le manque de subtilité, que la grossièreté devrait rendre évident : Ø 8. J'avais une clef de l'appartement... et j'en profitais pour rentrer à telle heure que je voulais de la nuit, moyennant des mensonges gros comme le bras,... PAUL VERLAINE, Confessions, 1895, page 108. 2. Au pluriel. [Locution exprimant un mouvement des bras en tant qu'il est expressif d'une émotion, d'un sentiment, d'un état physique ou moral] Lever les bras au ciel; les bras m'en tombent; les bras ballants. — (Faire de) grands bras. (Faire de) grands gestes : Ø 9. Et je le [un gérant] voyais faire des grands bras d'assentiment. Alors on est venu enlever l'addition. PAUL-JEAN TOULET, Mon amie Nane, 1905, page 177. — Faire les beaux bras, les grands bras. Prendre de grands airs, des airs importants : Ø 10. Ton arrivée pouvait tout conclure si tu avais voulu me comprendre... Mais non, mademoiselle se pique et fait les beaux bras! GUILLAUME-VICTOR-ÉMILE, DIT ÉMILE AUGIER, La Contagion, 1866, V, page 437. — [Dans un contexte religieux] Lever les bras au ciel. Invoquer le ciel ou lui rendre des actions de grâce en levant rituellement les bras. · Par extension. Lever les bras (au ciel). a) [Pour signifier un appel à l'aide] . Par métaphore : Ø 11. Tout ce que l'homme croit, dans l'abîme, est épars. ... On voit les bras levés de l'espoir qui se noie. VICTOR HUGO, Religions et religion, 1880, page 187. b) [Dans un contexte de conflit armé] Lever les bras. Faire acte de soumission à un adversaire victorieux, se rendre : Ø 12. Je levai les bras, et, comme si ce geste de reddition déclarait ici la guerre, je fus bombardée aussitôt de noix de coco, de bananes, de noisettes... JEAN GIRAUDOUX, Suzanne et le Pacifique, 1921, page 102. Remarque : " Les bras levés des personnes qui se rendent, prisonniers de guerre ou criminels arrêtés, sont évidemment une mesure de précaution imposée par le vainqueur, pour que l'adversaire ne se serve pas d'armes cachées sur lui. Mais ils signifient en profondeur un acte de soumission, un appel à la justice ou à la clémence : le vaincu s'en remet à la volonté du vainqueur. Il renonce à se défendre lui-même. C'est le geste même de la reddition, de l'abandon. Celui qui le fait devient passif, livré au gré de son maître " (Dictionnaire des symboles (JEAN CHEVALIER, ALAIN GHEERBRANT, MARIAN BERLEWI) 1969). c) [Pour exprimer une réaction d'étonnement, de protestation, un sentiment d'impuissance, de douleur, etc., le ciel étant comme pris à témoin] Les professeurs lèvent les bras au ciel et disent : « Qu'est-ce qu'on nous demande! Nous sommes de trop petites choses! » (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 9, 1911, page 42) : Ø 13. — Voici mes comptes. Il en résulte que je suis aux trois quarts ruiné... Ne t'écrie pas! Ne lève pas les bras!... C'est un fait... RENÉ BAZIN, Le Blé qui lève, 1907, page 149. — [Marquant la stupéfaction, la lassitude, la fatigue, le désespoir, etc.] Laisser tomber, pendre ses bras; les bras m'en tombent; (rester) (les) bras ballants, tombants, pendants : Ø 14. Il resta saisi, les bras ballants, les yeux ronds, la bouche ouverte. GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, La Martine, 1883, page 113. Ø 15. Le gros homme ne se retourna même pas. Épaules basses, nuque ployée, bras tombants, il offrait au jour blême rayé de pluie son visage triste dans une espèce d'abandon total. GEORGES BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, page 1401. — [Marquant la détente, le repos] Les bras ballants : Ø 16. Rien à faire! J'allumai une cigarette et je m'allongeai tout à fait, les bras ballants, les jambes abandonnées,... GEORGES DUHAMEL, Confession de minuit, 1920, page 119. — [Marquant l'attente, la satisfaction de soi, etc.] Se croiser les bras; les bras croisés : Ø 17.... le charrieur de pierres du roi cruel reçoit à son tour le droit à l'orgueil. On le voit se croiser les bras devant l'étrave dont le navire de granit commence de menacer les sables (...). Sa majesté est pour lui, comme pour les autres,... ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 928. Remarque : Voir, par ailleurs, infra I B 1 b en particulier. — [Locution sous forme négative] Ne savoir que faire de ses bras. Avoir des gestes gauches, une attitude empruntée : Ø 18.... l'air plus que commun, l'air valet de chambre. Il avait de grands bras dont il ne savait que faire;... HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 2, 1836, page 292. — CHORÉGRAPHIE. [Ici s'ajoutent des considérations esthétiques] Position de bras, port de bras. " Passage des bras d'une position à une autre " (Antonine Meunier, La Danse classique, 1931, page 219) : Ø 19. La technique des ports de bras est restée à peu près ignorée en France et l'enseignement officiel ne nous offre encore que cinq positions de bras pour accompagner et agrémenter les multiples jeux de jambes. MARCELLE BOURGAT. Technique de la danse, 1959, page 70. — Locution figurée. · Baisser les bras. Renoncer à poursuivre une action qui se révèle trop difficile, cesser d'agir. Confer laisser tomber* quelque chose (figuré, familier). Remarque : Attesté dans DICTIONNAIRE DE FRANÇAIS CONTEMPORAIN (JEAN DUBOIS. · [Manifestant l'inquiétude, le désespoir] Se tordre les bras (confer se tordre les mains* [de désespoir] ) : Ø 20. Elle se tordait les bras. — « Mon Dieu, qu'est-ce donc qui l'a changé? » — « Pas d'autres que toi-même! » — « Et tout cela pour Mme. Arnoux!... » s'écria Rosanette en pleurant GUSTAVE FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, tome 2, 1869, page 267. B.— [Le(s) bras en tant qu'instrument(s) indispensable(s), ou symbole, de l'action généralement énergique] : Ø 21.... le problème De sa vie, il ne l'a résolu que si peu Qu'il n'est pas sûr de quoi que ce soit devant Dieu. ... ... Sa parole Hésite, et l'action semble ôtée à son bras. PAUL VERLAINE, Œuvres posthumes, tome 1, Le Livre posthume, 1896, page 146. 1. [Le(s) bras en tant qu'il(s) exécute (nt) une tâche, en tant qu'instrument(s) de l'action, souvent en opposition antonymique — explicite ou implicite — avec la tête en tant que siège de la pensée] : Ø 22. Elle reprit ses sens dans la soirée; mais, du côté droit, le bras et la jambe n'obéissaient plus. ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Le Pénitencier, 1922, page 767. a) Au singulier : Ø 23.... le contrat garantit le traité entre le domestique et le maître, entre le chef et l'ouvrier, (...) entre la tête et le bras, entre la pensée et l'exécution. LÉON GOZLAN, Le Notaire de Chantilly, 1836, page 34. — Se servir du bras de quelqu'un. Lui faire exécuter un acte dont on a conçu le projet. Avoir besoin du bras de quelqu'un; prêter son bras à quelqu'un : Ø 24. Pour mettre à exécution le moyen donné par ce brave jeune homme, Théodore, j'ai besoin de ton bras, tiens-toi prêt, mon fils. HONORÉ DE BALZAC, Les Petits bourgeois, 1850, page 98. Ø 25. Roubaud était un lâche, qui, à deux reprises, n'osant tuer lui-même, s'était servi du bras de Cabuche, cette bête violente. ÉMILE ZOLA, La Bête humaine, 1890, page 268. — Par métonymie, par métaphore. Être la tête/être le bras. N'être que le bras; servir de bras à une tête : Ø 26. Vinet rédigeait le Courrier à lui seul, il était la tête du parti; le colonel, gérant responsable du journal était le bras; Rogron était le nerf avec son argent... HONORÉ DE BALZAC, Pierrette, 1840, page 94. — [Les locutions ou expresssions suivantes privilégient le bras droit et jouent sur son caractère indispensable pour signifier l'importance que l'on attache à quelqu'un ou à quelque chose] · Par métonymie, au figuré. Être le bras droit de quelqu'un. Être le principal et indispensable adjoint de quelqu'un, en particulier au niveau de l'exécution. · [Expression à valeur négative] . Par hyperbole. Se couper volontiers un bras, le bras droit pour...; qu'on me coupe le bras si... : Ø 27. Les Bijoux indiscrets, un mauvais roman fort grossier, dont il dira plus tard « qu'il [Diderot] se couperait volontiers un bras pour ne pas l'avoir écrit ». MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 10, 1913, page 220. Se couper un bras. Sacrifier quelque chose d'important : Ø 28.... il aperçoit de loin le mauvais procès, qui n'est que l'admirable administration; il se méfie de cette raison lente; il transige; il sacrifie quelque chose, il se coupe un bras, comme on dit. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1928, page 801. b) Au pluriel. — Familier. Avoir cent bras. Déployer une grande activité (attesté dans le Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (PAUL ROBERT)). Ne pas avoir quatre (ou cent) bras. Ne pas pouvoir, à soi seul, accomplir ce qu'accompliraient deux (ou cinquante) hommes (attesté dans Larousse de la langue française en six volumes). — [Dans certaines locutions hyperboliques] · Lier les bras à quelqu'un. Lui ôter absolument toute possibilité, tout moyen d'action (confer lier les mains* à quelqu'un). Arrêter, retenir le bras de quelqu'un. Le convaincre de ne pas aller jusqu'au bout d'une action ou l'empêcher d'y parvenir. Par métaphore : Ø 29. On dirait que la nature ne sait pas ce qu'elle veut, ou plutôt ne fait pas ce qu'elle veut, que quelqu'un lui retient le bras pour l'empêcher de trop bien faire. MAURICE MAETERLINCK, La Vie des fourmis, 1930, page 240. · Couper, casser bras et jambes à quelqu'un. Priver quelqu'un, au physique ou au moral, de la capacité, du moyen d'agir; lui ôter toute son énergie. (En) avoir les bras coupés; casser les bras à quelqu'un; (les) bras et (les) jambes cassés; ne plus avoir ni jambes ni bras. Ne plus avoir la force de faire un mouvement. Un accablement tombait sur lui. Ce retour au pays lui coupait bras et jambes (PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, page 248) : Ø 30. L'ennemi avec lequel j'ai à lutter en ce moment (...) est une fatigue que je comparerais à une eau tiède, (...) pourvue (...) de tous les attributs du plus infaillible narcotique, qui me coulerait tout le long du corps. Je n'ai ni jambes, ni tête, ni bras,... CHARLES DU BOS, Journal, 1928, page 140. Ø 31. Le soleil. La course. La soif. Une soif jamais connue, une soif de désert, une soif dont on meurt, la première soif de toute une vie, qui coupe bras et jambes, paralyse la langue... ELSA TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, page 407. Remarque : La locution couper bras et jambes à quelqu'un et ses variantes, qui mettent simultanément en jeu, dans des proportions différentes, la notion générale d'action et les notions plus particulièrement d'exécution d'une tâche et d'énergie, pourraient également être présentées infra sous 2. · Rester les bras ballants. Rester impuissant, sans moyen d'action (supra exemple 14 et 16). Par métaphore : Ø 32.... l'honneur n'existe plus... Vous l'avez avantageusement remplacé par la légalité. Il y a bien encore... la dette de jeu; mais que la loi la reconnaisse, et l'honneur restera les bras ballants devant le Code... GUILLAUME-VICTOR-ÉMILE, DIT ÉMILE AUGIER, Les Effrontés, 1861, page 286. — En particulier. [Les bras en tant qu'instruments du travail physique] Le travail de nos bras prend toutes nos heures, monsieur; la tête reste en arrière (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1932, page 55) : Ø 33. La force, et le droit avec elle, sont aux bras, au travail, aux masses : or, ni les bras, ni le travail, ni les masses n'ont leur compte. PIERRE-JOSEPH PROUDHON, La Guerre et la Paix, 1861, page 192. Ø 34.... à 8 heures, à midi, à 4 heures, quand ses bras arrêtés laissent son esprit songer, il fait le tour de ces lieux avec son âme. JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, page 151. · Vivre de ses bras. Vivre du travail de ses bras, subsister par son propre travail (confer travailler de ses mains*). Ne vivre que de ses bras; n'avoir que ses bras. Avoir pour seule ressource le travail. On n'avait plus de parents, on n'avait que ses bras. J'ai travaillé (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 101 ). Ne posséder que ses deux bras. · Familier. Se servir de ses bras comme un cochon de sa queue. Ne pas savoir travailler correctement : Ø 35.... on leur refusait deux berlines, l'une parce qu'elle ne contenait pas la quantité réglementaire, l'autre parce que la houille en était malpropre (...) aussi est-ce qu'on devrait prendre des fainéants, qui se servent de leurs bras comme un cochon de sa queue! ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1186. · Travailler à pleins bras. Travailler beaucoup. · Familier. En avoir plein les bras. Avoir les bras rompus de fatigue, être rompu de fatigue par excès de travail : Ø 36. C'est ma première journée. J'en ai plein les bras avec leur volant au bout de seize heures. ALBERT SIMONIN, JEAN BAZIN, Voilà taxi! 1935, page 15. · Se croiser les bras. Rester sans rien faire, sans travailler. Ne pas payer quelqu'un pour se croiser les bras; (rester) les bras croisés. Grève des bras croisés; (avoir) les bras ballants. (Être) inoccupé, oisif : Ø 37.... quand bien même je voudrais l'occuper, votre amie, je ne trouverais rien à lui donner à faire. (...) et je ne puis supporter auprès de moi les gens qui restent à me regarder, les bras croisés. ANDRÉ GIDE, L'École des femmes, 1929, page 1275. Ø 38. — Que font-ils dans la journée? (...) — Rien. Presque tous en effet, avaient les bras ballants et les mains vides. ALBERT CAMUS, La Peste, 1947, page 1413. Remarque : Voir supra exemple 14, 16 et 32. · Par métonymie. Personne(s) qui travaille (nt); personne(s) en âge de travailler, apte(s) au travail. Travail gigantesque (...) demandant (...) des milliers de bras (ALPHONSE DAUDET, Le Nabab, 1877, page 167 ). Les bras manquent : Ø 39. Sa famille [de l'ouvrier] s'augmente, mais les bras ne se multiplient pas. DENIS POULOT. Le Sublime, ou le Travailleur comme il est en 1870 et ce qu'il peut être. 1872, page 216. Remarque : La valeur symbolique du bras, ainsi que l'opposition tête/ bras, sont plus sensibles au singulier (supra a) qu'au pluriel (supra b), ce dernier servant à mettre davantage en relief le caractère plus « physique », plus « concret » de l'exécution d'une action, d'une tâche. 2. [Le(s) bras en tant qu'instrument(s) privilégié(s) pour exercer et déployer la force, particulier pour porter une charge, ou en tant que symbole de la vigueur physique; souvent par opposition — implicite ou explicite — à la main en tant qu'organe du toucher, de la préhension, ou symbole de l'adresse] Ô vagues de la mer, berceau des Néréides, / Que je fendais d'un jeune bras (JEAN PAPADIAMANTOPOULOS, DIT JEAN MORÉAS, Les Stances, 1901, page 135 ). Il fait également des haltères (...) qu'il lève à la force des bras (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Messieurs-les-Ronds-de-cuir, 1893, 3e. tableau, 1, page 93) : Ø 40. Vous voulez de Cromwell simplement hériter. Et son fardeau n'a rien qui vous fasse hésiter, Pourtant, milord, la charge est pour vous un peu forte; Je vois la main qui prend et non le bras qui porte. VICTOR HUGO, Cromwell, 1827, page 333. Ø 41.... je vais le charger sur mes épaules, ce ballot, et le porter aussi longtemps qu'il faudra. Si jamais ma vieille maman se trouve dans la rue, avec pareille charge sur les bras, puisse-t-elle rencontrer un passant comme moi,... GEORGES DUHAMEL, Journal de Salavin, 1927, page 54. SYNTAXE : Avoir les bras chargés; avoir un enfant dans les bras; avoir quelque chose sur, sous le bras; avoir les bras alourdis par quelque chose; revenir les bras chargés de présents; porter quelque chose dans ses bras, sous le bras; serrer quelque chose sous son bras. a) [Avec l'idée de force] — Locution métaphorique. · Avoir un bras de fer, d'acier, d'airain [Au plan physique] Être doué d'une grande force musculaire, avoir un bras qu'aucune charge ne peut faire plier. [Au plan moral, surtout en parlant de personnes détenant un pouvoir qu'elles exercent avec vigueur] Faire sentir son bras de fer (confer une main* de fer dans un gant de velours) : Ø 42. L'opinion, que l'on auroit comprimée d'abord, s'échapperoit enfin : lorsque le bras de fer du dernier tyran n'a pu la [l'opinion] tenir terrassée, lorsqu'il n'a pu l'enchaîner dans sa gloire, seroient-ce les foibles mains de quelques agents obscurs qui pourroient la retenir? FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Discours et opinions, 1826, page 193. Ø 43. Paccard, qualifié de vieille-garde, de fameux-lapin, de bon-là, homme à jarret de fer, à bras d'acier, (...) gardait sa fougue en dedans,... HONORÉ DE BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1847, page 160. Remarque : 1. Se rencontre également, mais plus rarement, à propos d'abstractions, dans le cadre d'allégories : Le malheur m'a reçue à ma naissance dans ses bras de fer (VICTOR HUGO, Han d'Islande, 1823, page 394). " Cette (...) nécessité aux bras de fer " (A. DUMAS Père, Intrigue et amour, traduit de Schiller, 1847, II, page 228). 2. La notion de puissance, de pouvoir s'ajoutant à celle de vigueur, la locution avoir un bras de fer et ses variantes trouveraient également leur place infra sous I B 3. · Avoir un, des bras de coton. Être sans énergie, sans volonté, sans courage. Remarque : 1. Attesté dans Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), Nouveau Larousse illustré et DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT ) 2. La notion de courage pouvant intervenir, cette locution est à mettre en rapport également avec la subdivision I B b en particulier infra. · Huile de bras. Énergie. Synonymes : huile de coude, de poignet. Mettre de l'huile de bras dans (une activité physique). Y mettre de l'énergie. De l'huile de bras! Un peu d'huile de bras : Ø 44. Oh hisse! les déménageurs! Enlevez-le avec précaution! Un peu d'huile de bras, s'il vous plaît! GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Un Client sérieux, Le Piano, 1893, page 221. — Par métonymie, populaire. Gros bras. Dur, casseur. Faire le gros bras. Jouer à l'homme fort, jouer les durs : Ø 45. Sous une musique, prétexte futil [e] , quelques gros bras vaguèrent... deux ou trois tronches... « La raison du plus fort... etc. [»] . ANTOINE-LOUIS DUSSORT, Journal, 1930, page 14. · SPORTS. familier " Sportif puissant, qui constitue un concurrent sérieux " (Dictionnaire historique des argots français (GASTON ESNAULT)). Remarque : Également dans Grand Larousse de la Langue française en six volumes : " Les gros bras. " Les champions, ceux qui dominent dans une épreuve ". — Locution adverbiale ou adjectivale. · À bras (d'homme), à force de bras. (Mû) avec la seule force de l'homme, en particulier celle de ses bras, sans aucune aide extérieure animale ou mécanique (confer à main*). Des charrettes de boulanger tirées à bras d'homme (GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale. 1845, page 15 ). Il se souleva péniblement à force de bras (HENRI BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, page 214) : Ø 46. Ce moteur, fonctionnant jadis à bras d'homme, ensuite à manège, puis à vapeur, aujourd'hui enfin, le plus souvent, à l'électricité, est attelé à un tambour... EUGÈNE SCHNEIDER, Le Charbon, son histoire, destin, 1945, page 247. SYNTAXE : Porter, mouvoir, actionner quelque chose à bras; pompe mue à bras d'homme; transports qui se font à bras; se hisser à force de bras. · À bras tendu. Avec la main, le bras étant étendu de toute sa longueur et tenu écarté du corps (ce qui exige un plus grand effort musculaire). Les serments à bras tendu prêtés (VICTOR HUGO, L'Âne, 1880, page 358) : Ø 47.... les Allemands sont plus forts que vous, aux poids? Je le détrompai. J'expliquai que le record à bras tendu était détenu par un Français, celui des deux bras par un Suisse,... JEAN GIRAUDOUX, Simon le Pathétique, 1926, page 48. Par métaphore. [Par référence à l'effort, à la volonté que suppose une action faite à bras tendu] : Ø 48. Penser debout au contraire, vouloir la paix, tenir à bras tendu cette espérance, c'est refus de croire et c'est foi. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1927, page 738. · À bout de bras. Balancer (un panier) à bout de bras. — [Avec une idée d'effort] Synonyme : à bras tendu. Tenir, brandir quelque chose à bout de bras. Le berger hausse l'enfant à bout de bras au-dessus de sa tête (JEAN GIONO, Le Grand troupeau, 1931, page 267 ). Par métaphore. Tenir une affaire à bout de bras. La tenir difficilement, par un effort particulièrement soutenu. · À tour de bras. Avec vigueur, en y mettant toute sa force. Ils (...) frottaient à tour de bras le cuir de leurs basanes (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 1re. partie, 7, page 83 ). Figuré. À profusion, avec prodigalité. Embrasser quelqu'un à tour de bras; mentir à tour de bras. Il va falloir verbaliser et verbaliser encore, et verbaliser à tour de bras (HENRI BARBUSSE, Le Feu, 1916, page 129 ). · À pleins bras. Entre ses bras ouverts (confer à la brassée*). Saisir, prendre quelqu'un, quelque chose à pleins bras; remuer, ramasser quelque chose à pleins bras; tenir quelqu'un à pleins bras. Fier, mon ami me ramasse à pleins bras comme une gerbe (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Vagabonde, 1910, page 169 ). — En particulier. [Avec l'idée supplémentaire de charge, de responsabilité] Locution figurée. · Avoir quelque chose sur les bras. Se trouver dans l'obligation d'en supporter la charge morale ou matérielle, d'en assumer la responsabilité, d'y faire face. Avec son budget sur les bras, il n'a guère le temps d'écrire (PROSPER MÉRIMÉE, Lettres à la comtesse de Montijo, 1870, page 263) : Ø 49.... je me suis continuellement cassé le nez sur des vérités, dont quelques-unes désagréables; sans compter qu'elles sont importunes par leur masse, et par la difficulté de les faire tenir ensemble. On les a sur les bras;... ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1930, page 967. Ø 50. « Mais le militant ouvrier qui se trouve un beau matin avec la responsabilité d'une grève sur les bras n'a pas la tentation de chercher dans le communisme un paradis artificiel; il maintient la ligne;... » ROGER VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, page 164. SYNTAXE : Avoir sur les bras une bien mauvaise affaire, avoir un état de siège sur les bras; mettre quelque chose sur les bras de quelqu'un. Se mettre une (belle, mauvaise) affaire sur les bras (ANATOLE FRANCE, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, page 282). Laisser quelque chose sur les bras de quelqu'un; quelque chose qui tombe, reste sur les bras de quelqu'un. · Avoir quelqu'un sur les bras. Être importuné par sa présence. Impossible de respirer avec de pareilles commères sur les bras! (ÉMILE ZOLA, Les Héritiers Rabourdin, 1874, II, page 14 ). Avoir à faire face à son hostilité. Foudre, anathème; on a le pape sur les bras (VICTOR HUGO, La Légende des siècles, 1883, tome 6, page 105 ). En avoir totalement la charge — en particulier la charge financière — , devoir en assumer la responsabilité : Ø 51.... quand je vous prête l'âme du Vinci, de nos grands analystes modernes (...), n'est-ce pas un dieu que je vous mets sur les bras, « pour que du moins le prétexte de votre lassitude soit noble »? MAURICE BARRÈS, Huit jours chez Monsieur Renan, 1888, page 94. Ø 52.... j'ai trop de soucis, en ce moment : Jimmy qui ne se marie pas; Philippe, qui peut me retomber sur les bras d'un jour à l'autre; et pas un sou à la banque... ÉDOUARD BOURDET, Le Sexe faible, 1931, page 297. SYNTAXE : Être sur les bras de quelqu'un; se mettre quelqu'un sur les bras. « Bon! voilà mon imbécile qui s'est mis une femme sur les bras! » (COURTELINE, Femmes d'amis, 1885, page 15). Mettre, laisser quelqu'un sur les bras de quelqu'un; quelqu'un qui reste, (re)tombe sur les bras de quelqu'un. Remarque : La documentation ne fournit pas d'attestation de la locution figurée tenir quelqu'un (ou quelque chose) à bout de bras, pour signifier « soutenir avec difficulté une personne (ou une chose) qui fléchirait si cet appui venait à lui manquer » (emploi seulement enregistré par Grand Larousse de la Langue française en six volumes). b) [Avec l'idée de violence] — Figuré. À bras raccourci(s). Avec une grande violence. Tomber à bras raccourci sur quelqu'un (confer ne pas y aller de main* morte). Par métaphore : Ø 53. Parfois, quand tous ces grotesques tapaient à bras raccourcis sur la république, on voyait ses yeux rire sans que ses lèvres perdissent leur moue d'homme grave. ÉMILE ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, page 81. — En particulier. [Avec l'idée de violence guerrière, le(s) bras en tant qu'il(s) sert (servent) à se battre, en tant que symbole de la lutte, de la valeur guerrière] Le fils de Thétis par son bras valeureux / (...) se rend égal aux dieux (JEAN PAPADIAMANTOPOULOS, DIT JEAN MORÉAS, Iphigénie, 1900, page 59 ). Armer son bras; un bras armé : Ø 54. Va, va! Je ne veux pas qu'un bras obscur te frappe. Il ne sied pas qu'ainsi ma vengeance m'échappe. Tu ne seras touché par un autre que moi. Défends-toi donc. Il tire son épée. VICTOR HUGO, Hernani, 1830, II, 3, page 44. Ø 55. Et tous les coeurs étaient de flamme; Et tous les bras étaient d'airain; (...) Et dans la ferme crénelée, (...) Le glaive abritait la mêlée;... EDGAR QUINET, Napoléon, 1836, page 303. · Lever le bras (contre quelqu'un). Le menacer. Avoir le bras levé. Être dans des dispositions agressives (envers quelqu'un) : Ø 56.... il dit... qu'ils avaient le bras levé; qu'ils se porteraient à des excès, et que c'était à l'Assemblée à épargner l'effusion du sang. Le Moniteur. 1789, tome 2, page 561. [Dans le cadre de l'allégorie de la mort] La mort lève son bras maudit (VICTOR HUGO, Les Burgraves, 1843, page 111) : Ø 57. Ô mort, je t'ai toujours aimée! Ils ont fait de toi un fantôme hideux, squelette repoussant armé d'une faux et portant superbement ton linceul sur l'épaule. Dans l'orbite de tes yeux ils n'ont point mis de regards; sur ta bouche grimaçante ils ont fait un signe de menace; ton bras est toujours levé,... MAXIME DU CAMP, Mémoires d'un suicidé, 1853, page 262. · Arrêter, retenir le bras de quelqu'un. Convaincre quelqu'un de ne pas frapper, de ne pas mener une vengeance à son terme... ou l'empêcher d'y parvenir : Ø 58. Si vous êtes venu, (...) dans le dessein de me tuer, ce ne sont pas mes supplications les plus éloquentes qui pourront arrêter votre bras. MAURICE MAETERLINCK, Le Trésor des humbles, 1896, page 176. Par métaphore. Arrêter le bras de la vengeance, du Destin. — Par métonymie. Personne qui frappe, qui exécute un meurtre pour le compte de quelqu'un d'autre : Ø 59.... je n'ai jamais pu la tuer [une femme] , je n'y voyais point, et j'étais trop pauvre pour acheter un bras. HONORÉ DE BALZAC, Facino Cane, 1836, page 385. — Proverbe. Les bons bras font les bonnes lames. " Toute arme est bonne entre les mains d'un homme courageux et adroit " (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). Remarque : Également attesté dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, Nouveau Larousse illustré et Larousse du xxe. siècle en six volumes. 3. [Le bras en tant que symbole de la puissance, du pouvoir, notamment juridique] a) [Par anthropomorphisme] . Le bras de Dieu (confer la main* de Dieu) : Ø 60.... celui qui est le Puissant, (...). Il a témoigné de la puissance de Son bras, Il a dispersé ces superbes dont le coeur trouble l'esprit. Il a déposé les puissants de leurs sièges et. Il a relevé les humbles. PAUL CLAUDEL, Poésies diverses, Magnificat, 1952, page 861. — [Le bras de l'homme par opposition au bras, à la parole... de Dieu] Combien le bras de l'homme est moins puissant que la parole de Dieu! (VICTOR HUGO, Han d'Islande, 1823, page 152 ). S'appuyer sur un bras de chair. " Mettre sa confiance dans les hommes, au lieu de la mettre en Dieu " (Dictionnaire de l'Académie Française); (attesté dans la plupart des dictionnaires) : Ø 61.... je sais comment se précipitent rois et nations à force d'offenser Dieu. Quiconque espère en la puissance de son propre bras, sera confondu et n'obtiendra point la victoire;... AUGUSTIN THIERRY, Récits des temps mérovingiens, 1840, tome 2, page 49. b) [En parlant d'institutions dépositaires d'une puissance, d'une autorité de fait] Le bras de l'État; le bras de la justice; le bras de l'Église : Ø 62.... ils [les jésuites] appelèrent à leur aide contre [la théorie de Descartes] le bras de l'Église et celui de l'État. VICTOR COUSIN, Cours d'histoire de la philosophie moderne, 1847, tome 1, page 478. Ø 63.... on trouve la chose impossible [que les Bourbons adoptent le gouvernement établi] : les libertés naturelles, se redressant dans l'absence du bras qui les courbait, auraient repris leur ligne verticale sous la faiblesse de la compression. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe. 1848, tome 2, page 518. · HISTOIRE. [Sous l'Ancien Régime] Le bras séculier. La puissance, l'autorité de la justice laïque par rapport à la justice ecclésiastique, les juges d'Église ne pouvant exécuter eux-mêmes leurs propres ordonnances relatives à des biens temporels ou à des châtiments avec effusion de sang et étant obligés de faire appel aux juges laïques et de leur livrer les condamnés (d'après Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). « Livrer un ecclésiastique au bras séculier » (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). Être à l'abri du bras séculier : Ø 64.... si elle [Jeanne] ne veut pas donner de réponse du tout, je requiers expressément que le juge la déclare hérétique sans débat, par défaut, et l'abandonne au bras séculier! CHARLES PÉGUY, La Tapisserie de Sainte Geneviève et de Jeanne d'Arc, 1913, page 570. Par métonymie. La justice laïque : Ø 65.... la paix de demain ne peut avoir comme base simplement une ou plusieurs déclarations, mais qu'il lui faut une organisation concrète avec le tribunal, la procédure et le bras séculier. CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, page 629. c) Par extension. [Le bras en tant que symbole de l'influence] — Avoir le bras long. Jouir, socialement, d'une grande influence; avoir beaucoup de crédit, de pouvoir; avoir des possibilités d'action importantes : Ø 66. Il y a des écrivains français hors de France... S'ils allaient parler... il faut les en empêcher. Comment faire? bâillonner les gens à distance, ce n'est pas aisé. M. Bonaparte n'a pas le bras si long que ça. VICTOR HUGO, Napoléon le Petit, 1852, page 45. Ø 67. Le bonheur n'aurait-il pas le bras plus long que le malheur et certaines de ses forces ne s'approcheraient-elles pas davantage de l'âme humaine? MAURICE MAETERLINCK, Le Trésor des humbles, 1896, page 163. — Conserver un bras (dans un lieu, un milieu, etc...). Conserver, dans la place, un allié par l'intermédiaire duquel il est possible d'intervenir, d'influer sur le cours des événements : Ø 68. Corentin fut, non pas le conseil de ce ministre [Fouché] , mais son âme damnée... aussi Fouché l'avait-il laissé naturellement au ministère de la Police, afin d'y conserver un oeil et un bras... HONORÉ DE BALZAC, Une Ténébreuse affaire, 1841, page 97. C.— [Le(s) bras en tant qu'instrument(s) ou symbole d'un lien unissant deux êtres] : Ø 69.... vous êtes trop aimable en cette occasion pour votre pauvre amie. Vous me dites des choses à faire prendre le vol pour tomber vite dans ces bras qui embrassent si tendrement;... EUGÉNIE DE GUÉRIN, Lettres, 1840, page 384. 1. Au singulier. [Préposition à, de, par; le bras, donné ou pris, en tant qu'appui] À l'oreille, il nous dit à quelle dame chacun de nous doit offrir le bras (JULES RENARD, Journal, 1897, page 390 ); elle prit son bras (geste horrible : « je te tiens bien! ») (HENRI DE MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, page 1401 ). SYNTAXE : (Femme) accepter le bras (d'un homme); (homme) avoir une femme à son bras; prendre le bras de quelqu'un, prendre quelqu'un par le bras; quitter le bras de quelqu'un; sortir, marcher au bras de quelqu'un; donner le bras à son mari; être au bras de son mari; s'appuyer au bras de son mari; passer le bras de sa femme sous le sien. — Par métaphore : Ø 70.... dans ces espaces déserts, la grande et légère duchesse de Châtillon s'est jadis appuyée sur mon bras. Je ne donne plus le bras qu'au temps : il est bien lourd! FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 2, 1848, page 249. — [Avec l'idée d'appui réciproque] Se donner le bras. · Locution adverbiale. Bras dessus bras dessous. [Le plus souvent, signe d'amitié, notamment entre personne du même sexe] En se donnant le bras. (S'en) aller bras dessus bras dessous (avec quelqu'un). 2. Au pluriel. [Préposition dans, entre; d'entre; à, vers, de; les bras en tant qu'instruments ou symbole d'union très étroite (plus étroite que l'union symbolisée par les mains jointes)] : Ø 71. Comme elle pleurait, Gasparine la prit à son tour dans ses bras, la garda contre sa poitrine plate et ardente, pendant que Campardon accourait les consoler. — Pourquoi pleures-tu? disait-elle avec maternité. ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882, page 164. Ø 72. Je la prends dans mes bras. Et elle frémit. Toute sa bonne chair jeune et forte s'émeut. Je la serre dans mes bras, je l'embrasse. (...) elle se trouble tout de suite profondément. PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, page 253. SYNTAXE : Tenir, presser quelqu'un dans, entre ses bras; saisir, écraser quelqu'un dans ses bras; viens dans mes bras; refermer ses bras sur quelqu'un; être dans les bras de quelqu'un; se jeter, se précipiter, se blottir dans les bras de quelqu'un; se retirer des bras de quelqu'un; l'étreinte des bras de quelqu'un; au sortir des bras de quelqu'un. a) Locutions. — Tendre les bras à / vers quelqu'un. · Tendre les bras à quelqu'un. Solliciter quelqu'un, réclamer sa présence, son amour... Reviens auprès de ta vieille mère qui te tend des bras désespérés (GUY DE MAUPASSANT, Une Vie, 1883, page 242 ). Venir en aide à quelqu'un; lui accorder son pardon. Synonyme : ouvrir ses bras à quelqu'un (confer tendre la main* à quelqu'un [figuré] ) : Ø 73.... pour un homme de votre mérite, l'Italie n'est point une patrie, et la France vous tend les bras; répondez à son appel! ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Morcerf, 1851, I, 1, page 18. Ø 74. Puisse ne point trop tarder la libération de ce peuple qui tend les bras vers ses amis dont il fut hier et sera demain l'avant-garde! CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, page 514. · Tendre les bras vers quelqu'un. L'appeler à son secours, implorer son aide. Tendre les bras vers quelque chose Souhaiter, désirer quelque chose. — Ouvrir ses/les bras à quelqu'un. · Accueillir quelqu'un avec joie, avec bonheur. Par métaphore. La sympathie aux bras ouverts (THÉOPHILE GAUTIER, Poésies, 1872, page 328 ); les bras ouverts de mon Église (PAUL VERLAINE, Sagesse, 1881, page 240 ); je veux marcher libre entre les bras ouverts du monde (JEAN COCTEAU, La Fin du Potomak, 1919. page 258 ). Ø 75. Nous n'avons rien à lui [la France] demander excepté, peut-être, que le jour de la liberté elle veuille bien nous ouvrir maternellement ses bras pour que nous y pleurions de joie... CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, page 125. · Lui accorder son pardon. Synonyme : tendre les bras à quelqu'un : Ø 76. Quant à ma bénédiction, je m'en vais vous la donner tout de suite — et le vieux ouvrit ses bras pour l'accueillir. ANDRÉ GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, page 730. — Arracher quelqu'un des bras de quelqu'un. L'en séparer, l'en éloigner. S'arracher des bras de quelqu'un. — Agoniser, s'éteindre, mourir, expirer dans les bras de quelqu'un. Agoniser, s'éteindre... en ayant cette personne auprès de soi : Ø 77. La mère de Mme. Seguin nous dit : — Ma fille a été admirable de dévouement. M. Charcot est mort dans ses bras. — Dans mes bras! Qu'est-ce que tu dis donc, maman? (...). Je n'y ai même pas touché! JULES RENARD, Journal, 1897, page 421. — Locution adverbiale. À bras ouverts. Avec joie, avec cordialité. Recevoir, accueillir quelqu'un à bras ouverts : Ø 78. Aussi, lorsque la réaction cléricale de 1849 se déclara, presque toute la bourgeoisie de Plassans passa-t-elle au parti conservateur. Elle y fut reçue à bras ouverts. ÉMILE ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, page 74. b) En particulier. — [Dans le domaine de l'amour, pour signifier des relations sexuelles] Par euphémisme. Prendre, serrer une femme dans ses bras; être dans les bras d'une femme; tomber dans, entre les bras d'un homme : Ø 79.... un soir, elle se retrouva dans les bras de Saccard, définitivement à lui, laissant s'établir des relations régulières. ÉMILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 173. Ø 80.... le jeune chrétien se disait : « L'inconnu qui pleure à la tombée du soir en écoutant le muezzin est plus près de ce haut chanteur inconnu que ce sultan du coeur de cette femme qu'il prendra cette nuit dans ses bras. » MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 4, 1904-06, page 236. · Par métaphore : Ø 81.... je suis allé me coucher avec l'espérance; je ne l'avais pas serrée dans mes bras depuis longtemps; mais elle ne vieillit point, et on l'aime toujours malgré ses infidélités. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 4, 1848, page 206. — [Avec l'idée de refuge] Se jeter dans, entre les bras de quelqu'un. Chercher un refuge, une protection, une consolation, etc., auprès de lui. Synonyme : se réfugier dans les bras de quelqu'un : Ø 82.... nous sommes perdus et n'avons d'autres ressources que de nous jeter dans les bras des héros de Juillet. CÉLINE BUISSON DE LA VIGNE, VICOMTESSE DE CHATEAUBRIAND, Mémoires et lettres, 1847, page 184. Ø 83.... des libres penseurs tout de paroles, fort amis de l'autorité, se jetant dans les bras du premier sauveur venu, au moindre grondement du peuple. ÉMILE ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, page 40. · Par métaphore. Se jeter, se réfugier dans les bras de quelque chose : Ø 84. M. Bonneau, riche rentier de Vonges, et qui ne savait à quoi occuper son temps, se jeta avec fureur dans les bras de l'archéologie. JULES FLEURY-HUSSON, DIT CHAMPFLEURY, Les Bourgeois de Molinchart, 1855, page 132. Remarque : Voir d'autre part infra 3. 3. Au pluriel. [Mêmes prépositions que supra 2, mais l'idée de domination supplante celle d'amour] a) Se jeter dans, entre les bras de quelqu'un (qui est hostile). Se (re)mettre à son pouvoir, à sa merci, entre ses mains* (confer tomber aux mains*, dans les mains* de [ses ennemis] ) : Ø 85.... qui ne verrait le doigt de Dieu dans cet aveuglement qui poussa cette famille à se jeter sans cesse dans les bras de ses ennemis... CÉLINE BUISSON DE LA VIGNE, VICOMTESSE DE CHATEAUBRIAND, Mémoires et lettres, 1847 page 176. b) Par métaphore. Être dans les bras de Morphée. Dormir. Dans les bras de la mort ... cher et triste objet d'une passion qui me consume jusque dans les bras de la mort (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Génie du christianisme, tome 2, 1803, page 238 ). c) Par métaphore. Verbe + dans les bras de quelque chose. Dans le sein, sous l'influence de quelque chose : Ø 86. De quelque façon qu'on ait vécu, on veut au moins expirer dans les bras de la Religion, et dans le sein de ses espérances... FÉLICITÉ-ROBERT DE LAMENNAIS, Essai sur l'indifférence en matière de religion, tome 2, 1817-23, page 238. II.— Par extension ou analogie. A.— Par extension. ANATOMIE ANIMALE. 1. [Chez les vertébrés] Membre thoracique dans sa totalité ou dans son premier article seulement : Ø 87. L'aile d'un Oiseau, homologue du membre antérieur d'un quadrupède, comporte la même division en bras, avant-bras et main... EDMOND PERRIER, Traité de zoologie, tome 4, 1928-32, page 3180. — [Chez le cheval] Partie de la patte antérieure allant de l'articulation de l'épaule à celle du genou. Un cheval plie bien le bras, plie bien la jambe (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845); il [un beau cheval] a la tête sèche, peu de ganache et les bras gros (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Thaïs, 1890, page 166 ). 2. [Chez certains crustacés] Chacune des pinces [Chez les céphalopodes, certains mollusques, certains polypes] Chaque tentacule. [Chez certains arachnides] Chaque appendice buccal. Le poulpe aux bras touffus (VICTOR HUGO, La Fin de Satan, Le Glaive, 1885, page 796 ); l'araignée fauve, l'affreux gymnaste aux six bras (VALÉRY LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, page 349 ); de hideux polypes qui serpentent avec leurs sept bras longs, armés de ventouses (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 194 ). B.— [Par analogie (de forme, de position ou de fonction)] 1. SCIENCES et TECHIQUES DE LA TERRE. a) GÉOGRAPHIE. — HYDROGRAPHIE. Bras d'un fleuve, d'une rivière. Subdivision latérale qu'une île sépare du bras principal. Bras fluviaux; les deux bras de la Seine. Sans tenir compte des obstacles, des bras sinueux de la source, qui se croisaient devant elle (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Consuelo, tome 2, 1842-43, page 154) : Ø 88. Le fleuve qui, (...) Traîne ses marnes et ses eaux Au milieu des pâles roseaux, Presse en ses bras une longue île,... ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Poèmes dorés, La Vision des ruines, 1873, page 38. · Par métaphore : Ø 89. Ce dernier et vieux bras du grand fleuve de la légitimité, qui semblait peu guéable et qu'on essayait depuis longtemps de tourner et de saigner de mille manières (...) avait été brusquement franchi par un accident sublime, par un miracle de l'audace populaire. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Premiers lundis, tome 2, 1869, page 117. · Bras mort. Bras abandonné par le cours d'eau parce qu'il est encombré d'alluvions et devenu marécageux : Ø 90. Là aussi, il fallut conquérir les varennes sur les eaux, marais, bras morts, boires ou ramifications des rivières. PAUL VIDAL DE LA BLACHE, Tableau de la géographie de la France, 1908, page 166. Poétique. [Par opposition à bras mort] Bras vif. Eau des bras morts et des vifs, nerveuse et coulante ou d'un sommeil plat (ALEXANDRE ARNOUX, Rhône, mon fleuve, 1944, page 311 ). Par extension : Ø 91. La paisible rue Chanoinesse et la rue des Chantres (...) voyaient bien peu de promeneurs fouler leurs pavés ronds à l'ordinaire. Elles formaient bras mort pour la circulation. JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, Le Roi d'Écosse, 1941, page 286. — OCÉANOGRAPHIE. Bras de mer. Étroite et profonde pénétration de la mer à l'intérieur d'une côte, ou son passage resserré entre deux bandes de terre : Ø 92. On s'en allait par les îles, tout un dédale compliqué de terres et de bras de mer, que forment les embouchures réunies de la Meuse, de l'Escaut et du Rhin. MAXENCE VAN DER MEERSCH, L'Empreinte du dieu, 1936, page 136. b) HORTICULTURE. [En parlant d'un cep de vigne, d'un arbre en espalier] Chaque ramification principale s'écartant du tronc à l'horizontale. Les bras de la souche; les gros bras de vigne; souches de vignes à trois bras. Ce poirier, ce pêcher a le bras droit plus fort ou plus faible que le bras gauche (ÉLIE-ABEL CARRIÈRE, Encyclopédie horticole. 1862, page 69 ). 2. SCIENCES PHYSIQUE. a) ASTRONOMIE. Bras galactique. Prolongement, généralement double et disposé symétriquement, d'une galaxie vers l'extérieur et tendant à s'enrouler autour de son noyau. Bras spiraux, spiraloïdes d'une galaxie; bras galactique local, intérieur; les deux bras d'une nébuleuse spirale. Elle [la voie lactée] entoure tout le ciel approximativement d'un grand cercle, et se divise en deux bras de la constellation du Centaure à celle du Cygne (ERRY SCHATZMAN, L'Astrophysique, 1963, page 95 ). b) PHYSIQUE. Bras de levier d'une force (qui agit sur un solide). " Distance de la ligne d'action de cette force à l'axe de rotation du solide " (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, au mot levier). Remarque : Confer infra 3 d technologie bras de levier. 3. Autres domaines. a) AMEUBLEMENT. — [En parlant d'un fauteuil; vieux, en parlant d'une chaise] Le bras gauche du fauteuil; chaise à bras. Synonymes : accoudoir*, accotoir*. La chauffeuse capitonnée / Vous tend les bras (THÉOPHILE GAUTIER, Émaux et camées, 1852, page 128 ); toujours un rien, un détail (...), le galbe des bras et des jambes faisait de mon fauteuil une pièce originale (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 9, 1912, page 344 ); il (...) se laissa tomber (...) entre le bras valide et le moignon du fauteuil manchot (ALEXANDRE ARNOUX, Roi d'un jour, 1956, page 13 ). — Vieux. Bras-applique ou bras d'applique, bras de lumière, bras. Chandelier mural à une ou plusieurs branches comportant à l'extrêmité, du moins à l'origine, un ornement figurant un poing. Des bras d'argent, de vermeil. Les aigles constituant les bras de lumière (SERGE GRANDJEAN. L'Orfèvrerie du XIXe. siècle en Europe, 1962, page 102) : Ø 93.... le lampier, (...) excelle à modeler et à fondre de grands chandeliers, des candélabres d'autel, des bras pour recevoir des cierges,... CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 7, 1863-69, page 186. · Par extension. Bras (de cheminée). Chandelier sur pied se posant sur le manteau d'une cheminée. Tu garniras de bougies les bras de cheminée et les flambeaux (HONORÉ DE BALZAC, Les Chouans, 1829, page 345 ). b) CHEMIN DE FER. [Dans un sémaphore] Voyant mobile, articulé sur un plan vertical par rapport auquel, se tendant comme un bras, il prend la position horizontale généralement pour signifier la nécessité d'un ralentissement ou d'un arrêt du train. c) MARINE. Bras d'un aviron. Partie d'un aviron allant de la poignée au point d'appui. Bras d'une vergue*. Les bras d'une ancre. Les deux branches de l'ancre, qui portent à leur extrémité la pièce triangulaire plate appelée patte. d) TECHNOLOGIE. — [Pour désigner, dans une pièce, un élément en forme de tige, de barre, permettant de saisir, de soutenir, d'actionner, de transmettre un mouvement...] Bras d'une manivelle, d'une pompe, d'un élévateur, d'une grue; machine à grands bras articulés. La matière première est introduite dans l'appareil (...) par un moyeu évidé muni de bras en hélice (JEAN CAHEN, EDMOND BRUET, Carrières, plâtrières, ardoisières, 1926, page 221 ); un écrou qui actionne (...) le bras moteur d'un arbre transversal appelé arbre de frein (ALBERT HERDNER, Construction et conduite des locomotives à vapeur, page 321 ). · Bras de levier. Barre rigide, mobile autour d'un point d'appui fixe, soumise au moins à l'action contraire de deux forces, la force motrice et la résistance, et servant à soulever, à déplacer des charges; barre permettant d'actionner un mécanisme : Ø 94. On trouve (...) au rapprochement [des essieux] l'avantage de disposer d'un plus grand bras de levier, pour tourner à force de bras les wagons sur les plaques de croisement. JULIEN-NAPOLÉON HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Cours d'exploitation des mines, 1905, page 717. Remarque : Confer supra II B 2 b physique. — Spécialement. Bras (d'un véhicule). Prolonges parallèles situées à l'avant et servant à porter, à mouvoir (le véhicule). Synonyme : brancards*. Les bras d'une brouette, d'une civière; voiture, charrette à bras. Bras de lecture ou bras de pick-up. Tige mobile, articulée sur le plateau de l'électrophone et portant à son extrémité libre la pointe de lecture explorant les sillons du disque. — [Par analogie avec la position d'un homme, se tenant debout, les bras écartés tendus à l'horizontale] Les bras d'une croix, d'un crucifix, d'un gibet, d'un poteau indicateur. Et tout se règle [dans les monts d'Espagne] avec l'équerre / Que font les deux bras du gibet (VICTOR HUGO, Les Chansons des rues et des bois, Liberté, 1865, page 248) : Ø 95. La Croix, c'est Dieu à l'oeuvre. Elle est non seulement son instrument, elle est sa forme active, son opération extractrice et unificatrice, son extension entre les quatre points cardinaux : le Nord ou Zénith qui est cette racine dans le firmament; le Sud ou Nadir qui est cette matière échauffée par la grâce sur laquelle force s'exerce; ces bras, à droite et à gauche, qui sont les instruments de son énergie temporelle. PAUL CLAUDEL, Un Poète regarde la Croix, 1938, page 255. · Par métonymie. ARCHITECTURE RELIGION. [Dans une église] Bras de croix droit ou gauche. Nef latérale correspondant au bras droit (ou gauche) de la croix, située dans la nef centrale. L'homme regardait les choses du bras de croix gauche par où il était entré (PAUL VERLAINE, Œuvres posthumes, tome 1, Souvenirs, page 241 ).

« en chaussons parce qu'il savait que Trarieux détestait le laisser-aller. SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 458. · Figuré.

[Par référence à la décontraction, au laisser- aller que peut révéler cette tenue] : Ø 6.

Aussi longtemps qu'on vit la tour de Saint-Martin, chacun des beaux messieurs garda l'air compassé.

Mais sitôt qu'on fut hors des yeux de la cité, tous les fronts s'éclaircirent, et les esprits se mirent comme moi, en bras de chemise. ROMAIN ROLLAND, Colas Breugnon, 1919, page 143. Remarque : Ces deux locutions sont admises par l'Académie française. — ANATOMIE.

[Par opposition à avant-bras*] Partie du membre supérieur de l'homme qui s'étend de l'épaule au coude. · Au figuré.

Gros comme le bras. a) Donner à quelqu'un du (titre) gros comme le bras.

Donner à quelqu'un, avec l'exagération et l'emphase de la flatterie, un titre qu'il a réellement ou qu'il n'a pas.

Traiter quelqu'un de (titre) gros comme le bras, appeler quelqu'un (titre) gros comme le bras : Ø 7.

Elle [mademoiselle Laguerre] n'avait alors [en 1790] que cinquante-trois ans; et, selon sa femme de chambre, devenue la femme d'un gendarme, une madame Soudry à qui l'on dit madame la mairesse gros comme le bras, « Madame était plus belle que jamais ». HONORÉ DE BALZAC, Les Paysans, 1844, page 14. b) Mensonge gros comme le bras.

Mensonge que le manque de subtilité, que la grossièreté devrait rendre évident : Ø 8.

J'avais une clef de l'appartement...

et j'en profitais pour rentrer à telle heure que je voulais de la nuit, moyennant des mensonges gros comme le bras,... PAUL VERLAINE, Confessions, 1895, page 108. 2.

Au pluriel.

[Locution exprimant un mouvement des bras en tant qu'il est expressif d'une émotion, d'un sentiment, d'un état physique ou moral] Lever les bras au ciel; les bras m'en tombent; les bras ballants. — (Faire de) grands bras.

(Faire de) grands gestes : Ø 9.

Et je le [un gérant] voyais faire des grands bras d'assentiment.

Alors on est venu enlever l'addition. PAUL-JEAN TOULET, Mon amie Nane, 1905, page 177. — Faire les beaux bras, les grands bras.

Prendre de grands airs, des airs importants : Ø 10.

Ton arrivée pouvait tout conclure si tu avais voulu me comprendre...

Mais non, mademoiselle se pique et fait les beaux bras! GUILLAUME-VICTOR-ÉMILE, DIT ÉMILE AUGIER, La Contagion, 1866, V, page 437. — [Dans un contexte religieux] Lever les bras au ciel. Invoquer le ciel ou lui rendre des actions de grâce en levant rituellement les bras. · Par extension.

Lever les bras (au ciel). a) [Pour signifier un appel à l'aide] .

Par métaphore : Ø 11.

Tout ce que l'homme croit, dans l'abîme, est épars. ... On voit les bras levés de l'espoir qui se noie. VICTOR HUGO, Religions et religion, 1880, page 187. 2. »

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