Définition: BRIN, substantif masculin.

Définition: BRIN, substantif masculin. I.— [L'idée dominante est celle d'un produit naturel, d'origine végétale] A.— Rejet bien droit provenant d'une souche restée en terre lorsqu'un arbre a été coupé : Ø 1. À grands coups, joyeux de se sentir seul et maître d'un chantier de quinze jours, il [Gilbert] avait jeté à bas les brins de hêtre, de bouleau, de charme, de tremble, et même de chêne... RENÉ BAZIN, Le Blé qui lève, 1907, page 115. Ø 2. Au delà de vingt ans, le taillis perd, en ce sens qu'il se gêne, ne s'étoffe plus, occupe la souche sans profit, retarde le renouvellement des brins. JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, page 1. — Par métaphore, familier. Un beau brin de garçon ou de fille. Une jeune personne grande et robuste. Quel beau brin de fille (HONORÉ DE BALZAC, Les Paysans, 1844, page 205 ). Un joli brin de plume. Manière d'écrire élégante et agréable à lire (Confer Jean de La Varende, Monsieur le Duc de Saint-Simon et sa Comédie humaine, 1955, page 221). — Par métonymie. Substantif + de brin.. Qui a naturellement une forme élancée. 1. EAUX et FORÊTS. Arbre de brin. Arbre qui provient d'une semence et qui ne possède qu'une seule tige bien droite. 2. CHARPENTERIE. Bois de brin. Arbre qui se trouve équarri sans avoir besoin d'être scié. B.— Petite tige allongée et fragile, qui provient de la germination d'une graine (brin de marjolaine, de persil, de bruyère, etc.). Jeter un brin d'herbe à une pauvre fourmi (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Lélia, 1833, page 36 ); un brin de muguet (JULES SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, page 15 ); un brin d'estragon (MARCEL PROUST, Du Côté de chez Swann, 1913, page 20) : Ø 3. C'est encore l'hiver, la nuit durcit la boue des chemins (...) et les femmes qui reviennent du marché rapportent un brin de mimosa sur leur cabas rempli. JACQUES CHARDONNE, Romanesques, 1937, page 49. — Locution adverbiale. Brin à brin. Un brin après l'autre et successivement. Synonyme : fibre par fibre. Ma vie d'oiseau allant chercher son nid brin à brin (HONORÉ DE BALZAC, Lettres à l'Étrangère, tome 1, 1850, page 54 ). · Par métaphore. Recueillir brin à brin l'humble vérité de sa vie (GEORGES BERNANOS, La joie, 1929, page 262 ). II.— [L'idée dominante est celle d'une petite partie d'un tout organique] A.— Petit morceau que l'on a détaché d'un ensemble généralement menu, allongé, souple ou impalpable. Un brin de laine (EDGAR QUINET, Ahasvérus, 1833, page 135 ); un brin de ses cheveux (ALPHONSE DE LAMARTINE, Le Tailleur de pierre de Saint-Point, 1851, page 458 ); des brins de poussière (GUSTAVE FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, tome 2, 1869, page 90) : Ø 4.... les paquets d'épinards, les paquets d'oseille, les bouquets d'artichauts, les entassements de haricots et de pois, les empilements de romaines, liées d'un brin de paille, chantaient toute la gamme du vert... ÉMILE ZOLA, Le Ventre de Paris, 1873, page 627. — Spécialement. 1. TEXTILES. Filament délié du chanvre ou du lin. — Par métonymie (confer supra I A) De premier (ou deuxième) brin. Qui représente le premier (ou deuxième) produit; par extension qui est de première (ou de deuxième) qualité : Ø 5.... on obtient successivement des fibres [de chanvre] longues ou de premier brin...; puis des fibres de deuxième brin servant à faire le bitord. J. GALOPIN, Cours de langage maritime, Matelotage et technologie, 1925, page 25. 2. ÉLECTRICITÉ. Chacun des fils d'un câble : Ø 6. Comme antenne, l'abbé utilisa un fil téléphonique (...) Il ligatura les deux brins du fil coupé en les séparant par un isolant.. MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 63. 3. MÉCANIQUE. Partie d'une courroie qui transmet le mouvement. Brin conducteur (PIERRE GORGEU, Machines-outils, 1928, page 85 ). 4. PÊCHE. Brin d'une ligne. L'un des éléments d'une canne à pêche démontable ou télescopique. B.— Par extension et familier. 1. [En parlant d'un inanimé concret ou abstrait] Très petite quantité de quelque chose. Synonyme : un peu de. Un brin d'amour pour les choses célestes (MAURICE DE GUÉRIN, Journal intime, 1835, page 163 ); un brin de causette (RENÉ TARDIVAUX, DIT BOYLESVE, La Leçon d'amour dans un parc, 1902, page 102 ); un brin de rosée (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, La Tour du Levant, 1931, page 221) : Ø 7.... je ne déteste pas un brin de galanterie, car je suis coquette, je dois l'avouer. GUILLAUME-VICTOR-ÉMILE, DIT ÉMILE AUGIER, Un Beau mariage, 1859, page 163. Ø 8. Il [Thurn] avait déjeuné sous le couvert, mais il y faisait une chaleur insupportable, sans un brin d'air et plein de mouches... JEAN GIONO, Le Bonheur fou, 1957, page 389. — [En construction absolue] Pas un brin. Pas du tout. Ma femme n'a pas de coeur : pas un brin (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Charles Demailly, 1860, page 298 ). 2. Locution adverbiale. Un brin. Un peu. a) [Précédé d'un verbe] Gronder un brin (HONORÉ DE BALZAC, Le Père Goriot, 1835, page 108 ); rire un brin (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, page 86) : Ø 9. Rose pleurait : un bon jeune homme voulut la consoler un brin. THÉODORE DE BANVILLE, Odes funambulesques, 1859, page 188. — Populaire. Ça le faisait un brin marrer (ALBERT SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, page 16 ). b) Rare. [Suivi d'un adjectif] Tu te sens un brin jaloux (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, François le Champi, 1850, page 171 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 937. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 076, b) 1 873; XXe. siècle : a) 1 519, b) 1 148.