Définition: CALICE, substantif masculin.

Définition: CALICE, substantif masculin. I.— A.— HISTOIRE. Vase à boire, de matières et de formes diverses, en usage chez les Anciens : Ø 1. Thèriclès, l'un des potiers grecs les plus célèbres (...) a donné son nom (...) comme nom de genre (...) [à] un calice qu'il avait fait. ADOLPHE BRONGNIART, Traité des arts céramiques ou des poteries considérées dans leur histoire, leur pratique et leur théorie, 1844, page 569. B.— Usuel. 1. LITURGIE. Vase sacré présentant la forme d'une coupe évasée portée sur un pied élevé et employé dans la célébration eucharistique pour la consécration du vin. Calice d'or; le voile du calice; élever le calice : Ø 2. Dans le même temps, le maire se jeta sur le calice en argent et l'enleva de l'autel. Ce que voyant, le pontife de la sagesse s'élance, bouscule le maire, lui met le pied sur le ventre et lui arrache des mains l'objet sacré tout tordu. MAURICE BARRÈS, La Colline inspirée, 1913, page 236. — Locution proverbiale. Être doré comme un calice. Avoir " des habits chargés de galon ou de broderie d'or " (Dictionnaire de l'Académie Française). — Par métonymie " Communion sous l'espèce du vin. " (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). « Les hussites demandaient que le calice fût accordé aux laïcs » (Grand Larousse encyclopédique en dix volume s. ). — Par métaphore. L'homme, ce vase d'élection, ce calice rempli de la grâce céleste (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Un Hiver à Majorque, 1842, page 86 ). Cette fille est un long calice de chair étrangement mouvant sur des hanches renflées comme un ciboire (PAUL DUVAL, DIT JEAN LORRAIN, Monsieur de Phocas, 1901, page 49 ). 2. Par analogie. Verre à pied, étroit et haut. Elle (...) but une gorgée dans le calice mince qui tiédissait dans sa paume (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Chéri, 1920, page 84 ). Partie renflée d'un verre à pied. Caresser le calice d'un verre plein (PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 435 ). C.— Au figuré. 1. RELIGION. a) [Par référence à l'usage (par exemple Isaïe 51, 17) de se servir d'une coupe pour boire à la ronde] Portion d'héritage assignée à une personne; " sort réservé par Dieu à chaque homme " (Nouveau Larousse illustré) : Ø 3. Elle est tombée, Babylone la Grande! Parce que Dieu tout à coup s'est repensé d'elle et Il va lui donner à boire! un grand calice plein de vin et le feu n'en est pas évaporé! Sortez du milieu d'elle, mon peuple! PAUL CLAUDEL, Poésies diverses, Les Deux cités, I : Babylone, 1952, page 843. b) [Par référence à la prière de Jésus dans Matthieu, XXVI, 42 : " Mon Père, si ce calice ne peut passer sans que je le boive, que ta volonté soit faite "] Épreuve cruelle, douleur poignante. Le Messager divin [le Christ] avait bu jusqu'à la lie le calice de l'agonie (ALPHONSE DE LAMARTINE, Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient (1832-1833) ou Note d'un voyageur, tome 1, 1835, page 424 ). Le Calice de la Rédemption (LÉON BLOY, Journal, 1900, page 21 ). 2. Par extension. Un calice d'amertume; boire le calice de l'humilité. Absolument. Boire le calice jusqu'à la lie. " Épuiser tout ce qu'il y a d'amertume dans une chose pénible " (Dictionnaire général de la langue française (ADOLPHE HATZFELD, ARSÈNE DARMESTETER)). Ils vidèrent leurs calices de science, de gaz carbonique, de parfums, de poésie et d'incrédulité (HONORÉ DE BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, page 65 ). Elle [la vierge chrétienne] , boit au festin la grâce à pleins calices (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Poésies, Les Noces corinthiennes, Paris, Calmann-Lévy, 1876, page 272) : Ø 4. Les Pères de l'Église, les Athanase, les Ambroise, les Jean Chrysostome, les Augustin n'ont pas écarté d'eux le calice de l'épiscopat, qui pour presque tous fut en effet le plus amer des calices. FRANÇOIS MAURIAC, Journal du temps de l'occupation, 1940-44, page 349. II.— Par analogie. A.— BOTANIQUE. Enveloppe extérieure, comparée à un vase en forme de calice, constituée par les sépales, généralement de couleur verte, qui recouvre la partie inférieure de la corolle d'une fleur et en protège les organes sexuels. Calice embaumé, épanoui; calice gamosépale (calice dont les sépales sont soudés) : Ø 5. Son calice [du lin moyen] se compose de cinq folioles ovales et sa corolle de cinq pétales, de cinq étamines, et d'un ovaire surmonté de cinq styles où choit la semence. JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, page 245. SYNTAXE : Calice commun. « Celui qui appartient à plusieurs fleurs » (BOUILLET 1859). [Aspect] Calice monophylle. « Celui qui est d'une seule pièce » (NYSTEN 1814). Calice quinquéfide. Calice fendu en cinq lobes « distincts à peu près dans la moitié de leur hauteur » (BAILLON tome 1 1876). Calice turbiné ou conique. Calice dont la base est renflée en forme de cône renversé (confer NODIER, La Fée aux miettes, 1831, page 184). [Durée] Calice caduc. « Celui qui tombe à l'instant où la fleur s'ouvre » (J.-J. BAUDRILLART, Nouveau manuel forestier, traduit de Burgsdorf, 1808, page 56). Calice persistant « Celui qui persiste jusqu'à la maturité du fruit » (J.-J. BAUDRILLART, Nouveau manuel forestier traduit de Burgsdorf, 1808, page 56). Calice tombant « Celui qui tombe avant la maturité du fruit » (J.-J. BAUDRILLART, Nouveau manuel forestier traduit de Burgsdorf, 1808, page 56). — Par extension, abusivement. Corolle. La cloche parfumée du calice (PAUL BOURGET, Essais de psychologie contemporaine, 1883, page 237 ). [En parlant d'un objet] Lustre aux calices fins en verre de Venise (GEORGES RODENBACH, Le Règne du silence, 1891, page 21 ). Feux couplés des yeux, calices jumeaux, renversés, des narines (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Naissance du jour, 1928, page 13) : Ø 6. Au temps où il suivait la brigade Garland, près de la Tugela, il avait rencontré de ces fleurs carnivores qui se nourrissent des insectes tombés dans leur calice. JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, Dingley, l'illustre écrivain, 1906, page 155. — En calice. En forme de calice ou de corolle. Chapiteaux en calice de lotus (THÉOPHILE GAUTIER, Le Roman de la momie, 1858, page 240 ). Bouches en calice (JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, Nez-de-Cuir, gentilhomme d'amour, 1936, page 33 ). Creuser, évaser (quelque chose) en calice, s'ouvrir en calice (+ nom de plante) (Confer Octave Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, page 204). B.— [Par analogie de forme, de fonction] 1. ARCHITECTURE. " Ensemble des fleurs sculptées dans les chapiteaux corinthiens. On ajoute habituellement l'adjectif : le calice corinthien " (Terminologie de la pierre de taille (PIERRE NOËL) 1968). Les Égyptiens, qui avaient imité sur le calice de leurs colonnes la végétation du lotus ou du palmier (CHARLES BLANC, Grammaire des arts du dessin, 1876, page 182 ). 2. ZOOLOGIE. " Capsule qui contient l'ovule dans l'ovaire de la poule " (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)); tube corné ou chitineux s'épanouissant, chez les coelentérés, autour de chaque polype, dans les colonies d'hydroïdes; enveloppe des coralliaires (classe de coelentérés) formée par la réunion de plusieurs tubes protecteurs des polypes (d'après Nouveau Larousse illustré-Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). Remarque : 1. Pour le sens en anatomie, confer entonnoir. 2. On relève dans les dictionnaires le terme calicin " qui est de la nature du calice " (attesté depuis Mozin 1826 mais probabablement antonyme), lui-même à l'origine du dérivé calicinal, ale, aux, adjectif (confer Boiste 1803; suffixe -al*) " qui se rapporte au calice, qui lui appartient, qui en tient lieu ". a) Botanique Feuilles calicinales (Voyage de La Pérouse, tome 4, 1797, page 267) — on rencontre parfois, avec le même sens, l'adjectif calical, ale, aux — b) Zoologie. Ce polypier offre des centres calicinaux distincts (Milne-Edwards dans Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 685. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 415, b) 952; XXe. siècle : a) 1 123, b) 519.