Définition: CARILLON, substantif masculin.

Définition: CARILLON, substantif masculin. A.— 1. Dispositif (dans les clochers d'églises ou dans les tours d'hôtels de ville) qui permet de faire résonner alternativement plusieurs cloches formant harmonie entre elles : Ø 1. Il n'y a pas de grande ville belge où un carillon, juché dans le beffroi, ne vienne tous les quarts d'heure amuser l'artisan à son établi,... par les étranges harmonies de ses sonorités métalliques. HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Philosophie de l'Art, tome 1, 1865, page 261. 2. Par métonymie. a) Battement de cloches à coups précipités, avec une sorte de mesure et d'accord. Sonner le carillon. Sonner à double carillon (Dictionnaire de l'Académie Française). Les cloches de la paroisse de* sonnèrent en carillon (VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 1, 1811, page 249 ). b) Sonnerie de cloches de carillon (vive et gaie); air exécuté sur ces cloches : Ø 2.... un ravissant carillon est venu à mon secours, un carillon fin, léger, cristallin, fantastique, aérien, qui a éclaté brusquement dans cette nuit noire, nous annonçant la Belgique, cette terre des étincelantes sonneries, et prodiguant sans fin son babillage moqueur, ironique et spirituel. VICTOR HUGO, Le Rhin, 1842, page 47. — Par comparaison. Le gai carillon des campanelles des harnais des chevaux (ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, page 9 ). — Par métaphore. J'ai entendu en moi-même un grand carillon joyeux (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 451) : Ø 3.... elle [Nana] avait pris à deux mains son épaisse chevelure blonde, et elle la secouait au-dessus de la cuvette d'argent, pendant qu'une grêle de longues épingles tombaient, sonnant un carillon sur le métal clair. ÉMILE ZOLA, Nana, 1880, page 1375. c) Œuvre musicale tirant son caractère d'une imitation plus ou moins stylisée d'un carillon véritable. Écrire des carillons (ERNEST GUIRAUD, HENRI BUSSER, Traité pratique d'instrumentation, 1933, page 96 ). 3. Par métaphore ou au figuré. a) Bruit, son qui se répète ou qui s'égrène à la façon d'un carillon. La première voiture de laitier secoua au dehors un carillon de verrerie (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Chéri, 1920, page 223 ). b) Familier. Tapage, vacarme. Faire du carillon : Ø 4. Entends-tu le carillon qu'ils font? Paf, les portes! Clip-clap, les assiettes, les plats, les fourchettes, les bouteilles! Il me semble que j'entends chanter. ALFRED DE MUSSET, Le Chandelier, 1840, II, 2, page 51. · Faire du carillon et du scandale (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, À la belle bergère, 1925, page 217 ). c) Ce qui sert à annoncer quelque chose à grand bruit. On mit en branle le carillon de la publicité (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 57 ). d) Jaillissement : Ø 5.... il [M. Tadéma] a aussi une note singulière, (...) jetant dans la pâle et tendre assonance de ses teintes des carillons de magnifique rouge,... GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Art mod, 1883, page 210. B.— Par analogie. 1. HORLOGERIE. Ensemble de cloches ou de timbres d'horloge ou de pendule, accordés, sur lesquels frappent des marteaux pour jouer un air musical; horloge ainsi conçue : Ø 6.... j' (...) ai vu fonctionner le carillon, qui a trente-six cloches et cinquante-deux marteaux. Figurez-vous un énorme rouleau d'orgue de Barbarie, mis en jeu par le mécanisme de l'horloge, et dont les pointes, heurtant les touches d'un clavier de fer, soulèvent et font retomber le marteau qui doit frapper les cloches. MAXIME DU CAMP, En Hollande, 1859, page 177. — Par métonymie. Air sonné par une horloge ou une pendule à certains intervalles. Horloge, pendule, montre à carillon (Dictionnaire de l'Académie Française). Le carillon de la Samaritaine (confer Victor-Joseph Étienne, dit de Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 5, 1814, page 133). L'horloge du château sonnait sept heures avec carillon de musique à la mode des Flandres (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, tome 1, 1858, page 70 ). 2. MUSIQUE. Instrument de musique composé de lames d'acier ou d'une série de tubes que l'on frappe avec un marteau ou avec la main (Confer Albert Lavignac, La Musique et les musiciens, 1895, page 180). 3. Sonnette d'appel à la porte de quelqu'un (modulant un petit air de musique); sonnerie. Il ébranla, d'un coup furieux, le lourd gland de soie rouge. Un carillon retentit, s'apaisa par degrés (GUSTAVE FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, 1869, page 81 ). Remarque : Les dictionnaires (Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Grand dictionnaire universel du XIXe. et du XXe. siècle (Pierre Larousse), Dictionnaire de la langue française (Émile Littré), Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmesteter), Dictionnaire des dictionnaires (sous la direction de Paul Guérin) 1892, Dictionnaire encyclopédique Quillet 1965) attestent le syntagme (fer de) carillon " tige de fer carrée " (confer F. Fillon, Le Serrurier, 1942, page 29 et Dictionnaire des mots nouveaux (PIERRE GILBERT), 1980), où se conserve le sens ancien du mot (confer étymologie). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 213. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 209, b) 388; XXe. siècle : a) 487, b) 225.