Devoir de Philosophie

Définition du mot: ALIÉNER, verbe transitif.

Publié le 21/10/2015

Extrait du document

Définition du mot: ALIÉNER, verbe transitif. I.— Emploi transitif. A.— [L'objet est une chose] 1. DROIT. Céder par aliénation. Aliéner un bien, une propriété : Ø 1. Ils se rendirent chez Marescot, pour qu'il leur trouvât de l'argent, soit par la vente des écales, ou par une hypothèque sur leur ferme, ou en aliénant leur maison qui serait payée en rentes viagères et dont ils garderaient l'usufruit. GUSTAVE FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, tome 2, 1880, page 97. 2.— Par analogie : Ø 2. Attirées et gagnées à force d'argent, trois fortes nourrices bretonnes lui prêtèrent tour à tour leurs mamelles. Elle se refit du sang avec leur lait et conserva précieusement ce qu'elles avaient, à leur insu, pour toujours aliéné, à son profit, la santé. LÉON CLADEL, Ompdrailles, le tombeau des lutteurs, 1879, page 108. B.— [L'objet est une personne, une partie de la personne] 1. [L'objet est une personne considérée dans ses rapports avec elle-même] PSYCHIATRIE. Aliéner la raison, l'esprit. Rendre étranger à soi, égarer, troubler jusqu'à la folie : Ø 3.... c'est le genre de mort, ce sont ses détails affreux qui ravagent son imagination et aliènent presque son esprit. S'il n'en parle pas, dit-elle, s'il s'efforce d'écouter des discours indifférens, s'il n'entend pas parler des affaires de France, les sombres idées qui le dominent s'affaibliront. La douleur qui naît d'un profond sentiment est bien plus difficile à calmer. C'est son esprit qui est malade bien plus que son coeur. GABRIEL SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré, 1797, page 1855. Ø 4. Je me promenais à grands pas; l'agitation que j'éprouvais, l'affreuse idée de la quitter peut-être pour jamais, aliénait ma raison... BARBARA JULIANE VON VIETINGHOFF, BARONNE DE KRÜDENER, Valérie, 1803, page 180. Remarque : Pet IT DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT) note ce sens comme vieux. 2. [L'objet est une personne considérée dans ses rapports avec les choses ou avec autrui] a) Aliéner quelqu'un (ou les facultés morales de quelqu'un) à soi (de soi). Rendre moralement étranger à, détacher, détourner de, susciter l'hostilité. Aliéner les affections, les coeurs, les esprits (Dictionnaire de l'Académie Française); Aliéner la bienveillance, la sympathie de : Ø 5. La timidité nous concentre en nous-mêmes, et ressemble quelquefois à la fierté et au dédain : elle nous aliène ceux devant qui nous tremblons précisément parce que nous ambitionnons trop leurs suffrages. MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal, 1817, page 30. Ø 6. Rien ne doit aliéner de moi les autres hommes; je ne suis le rival d'aucun d'eux; je ne puis pas plus les envier que les haïr; je refuserais ce qui les passionne, je refuserais de triompher d'eux, et je ne veux pas même les surpasser en vertu. ÉTIENNE PIVERT DE SENANCOUR, Obermann, tome 1, 1840, page 26. Ø 7. Elle fut fort intimidée de l'avoir pour voisin de table; et malheureusement, sa timidité se traduisit par ce flot de paroles, qui lui aliéna du premier coup les sympathies de Christophe. ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, L'Adolescent, 1905, page 252. Remarque : 1. — La construction avec de est rare et vieillie. 2. Le complément secondaire peut anciennement rester sous-entendu : Ø 8. — En se prononçant pour les quatre articles, il pouvait donner une légère satisfaction au roi, d'ailleurs si aliéné de lui; mais il aliénait certainement le pape qui, pour le moment, lui était assez favorable ainsi qu'à ses amis. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 5, 1859, page 156. b) PHILOSOPHIE, SOCIOLOGIE, surtout chez Hegel, Marx. (Se) déposséder de certains droits naturels ou caractères humains, (se) rendre esclave des choses ou d'autrui. Aliéner sa liberté, son indépendance : Ø 9.... l'autorité des princes n'est qu'une portion de la souveraineté du peuple mise en dépôt entre leurs mains; ils ne peuvent donc ni la vendre, ni l'aliéner en aucune manière. Le peuple même ne le peut pas, parce qu'il ne peut se dépouiller de ces droits essentiels, attachés à la nature de l'homme, que la société a pour but de protéger et de maintenir, et qu'elle ne peut jamais détruire. MAXIMILIEN DE ROBESPIERRE, Discours, Sur la pétition du peuple avignonais, tome 6, 1790, page 587. Ø 10. L'homme a ainsi un but réel : sa délivrance, échapper à la fausse catégorie de l'avoir, qui lui rend impossible tout rapport humain authentique et le place sous la domination d'une puissance à laquelle il ne peut échapper, l'aliène. De son aliénation à la délivrance toute une marche progressive ouvre le champ de ses possibilités et le rend de plus en plus libre. JEAN LACROIX, Marxisme, existentialisme, personnalisme, 1949, page 15. II.— Emploi pronominal. A.— [L'objet est une chose] DROIT. Se transmettre par aliénation : Ø 11. La valeur courante des fonds productifs susceptibles de s'aliéner s'établit sur les mêmes principes que la valeur de toutes les autres choses, c'est-à-dire en proportion de l'offre et de la demande. JEAN-BAPTISTE SAY, Traité d'économie politique, 1832, page 344. B.— [L'objet est une personne, une partie de la personne] 1. [L'objet est une personne considérée dans ses rapports avec elle-même] Devenir étranger à soi-même. a) PSYCHIATRIE. Devenir fou : Ø 12.... ses forces ne résistèrent point à tant de fatigues, de chagrins et d'affronts : sa tête s'aliéna... SOPHIE COTTIN, Mathilde, tome 2, 1805, page 231. b) PSYCHOLOGIE. [Sans idée de folie] Perdre sa personnalité, modifier son caractère : Ø 13. Changer mon caractère, ce serait proprement devenir un autre, m'aliéner; je ne peux me défaire de moi-même. PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, 1949, page 345. 2. [L'objet est une personne considérée dans ses rapports avec autrui] a) S'aliéner quelqu'un (ou les facultés morales de quelqu'un). Rendre quelqu'un moralement étranger à soi, éloigner de soi. S'aliéner les coeurs, les esprits (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Nouveau Larousse illustré) : Ø 14.... ils le laissèrent travailler aux études qui lui plaisaient et négliger les autres, ne voulant pas s'aliéner cet esprit indépendant, par des tracasseries de pions laïques. GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, À rebours, 1884, page 5. b) PHILOSOPHIE. S'aliéner à quelqu'un, quelque chose. Se rendre ou devenir esclave des choses ou d'autrui : Ø 15. Le triomphe de la volonté ne saurait donc être dans une sorte de réserve jalouse ou d'apothéose sacrilège, mais plutôt dans une apparente abdication; elle tend à des fins impersonnelles et inconscientes. Pour agir, il faut en quelque façon s'aliéner à d'autres, se livrer à des forces que nous ne dominerons plus. À peine paraissions-nous, au sortir de lentes formations, nous élever à la réflexion et la liberté que nous voici ressaisis dans un engrenage capable, ce semble, d'émietter l'individualité naissante... MAURICE BLONDEL, L'Action, Essai d'une critique de la vie, 1893, page 200. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 219. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 503, b) 166; XXe. siècle : a) 240, b) 268.

« ? 4.

Je me promenais ? grands pas; l'agitation que j'?prouvais, l'affreuse id?e de la quitter peut-?tre pour jamais, ali?nait ma raison...

BARBARA JULIANE VON VIETINGHOFF, BARONNE DE KR?DENER, Val?rie, 1803, page 180.

Remarque : Pet IT DICTIONNAIRE ALPHAB?TIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRAN?AISE (PAUL ROBERT) note ce sens comme vieux.

2.

[L'objet est une personne consid?r?e dans ses rapports avec les choses ou avec autrui] a) Ali?ner quelqu'un (ou les facult?s morales de quelqu'un) ? soi (de soi).

Rendre moralement ?tranger ?, d?tacher, d?tourner de, susciter l'hostilit?.

Ali?ner les affections, les coeurs, les esprits (Dictionnaire de l'Acad?mie Fran?aise); Ali?ner la bienveillance, la sympathie de?: ? 5.

La timidit? nous concentre en nous-m?mes, et ressemble quelquefois ? la fiert? et au d?dain?: elle nous ali?ne ceux devant qui nous tremblons pr?cis?ment parce que nous ambitionnons trop leurs suffrages. MARIE-FRAN?OISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal, 1817, page 30.

? 6.

Rien ne doit ali?ner de moi les autres hommes; je ne suis le rival d'aucun d'eux; je ne puis pas plus les envier que les ha?r; je refuserais ce qui les passionne, je refuserais de triompher d'eux, et je ne veux pas m?me les surpasser en vertu. ?TIENNE PIVERT DE SENANCOUR, Obermann, tome 1, 1840, page 26.

? 7.

Elle fut fort intimid?e de l'avoir pour voisin de table; et malheureusement, sa timidit? se traduisit par ce flot de paroles, qui lui ali?na du premier coup les sympathies de Christophe. ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, L'Adolescent, 1905, page 252.

Remarque?: 1.

? La construction avec de est rare et vieillie.

2.

Le compl?ment secondaire peut anciennement rester sous-entendu?: ? 8.

? En se pronon?ant pour les quatre articles, il pouvait donner une l?g?re satisfaction au roi, d'ailleurs si ali?n? de lui; mais il ali?nait certainement le pape qui, pour le moment, lui ?tait assez favorable ainsi qu'? ses amis. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 5, 1859, page 156.

b) PHILOSOPHIE, SOCIOLOGIE, surtout chez Hegel, Marx.

(Se) d?poss?der de certains droits naturels ou. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles