Définition du terme: CONTAMINER, verbe transitif.

Définition du terme: CONTAMINER, verbe transitif. A.— Littéraire. Changer la nature de quelque chose. 1. [Sans idée d'altération péjorative] Rare. Dénaturer. Un sentiment de sécurité, antagoniste de ma peur, la contamine (JULES VUILLEMIN, Essai sur la signification de la mort, 1949, page 131 ). — Emploi pronominal réciproque. [Sujet au pluriel] Interférer en réagissant l'un sur l'autre. Le règne de la subjectivité et de l'objectivité se contaminent mutuellement (PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, 1949, page 193) : Ø 1. Leurs oeuvres, dans l'esprit des lecteurs où elles coexistaient, se sont réciproquement contaminées. JEAN-PAUL SARTRE, L'Imaginaire, 1940, page 113. 2. [Avec idée d'altération] Altérer la qualité, la pureté de (un objet, un aspect d'une personne) par la modification ou la perte de cette qualité. Synonymes : souiller, entacher, flétrir : Ø 2. La révolte, oublieuse de ses généreuses origines, se laisse contaminer par le ressentiment. ALBERT CAMUS, L'Homme révolté, 1951, page 376. B.— Usuel. [Avec idée de propagation d'un mal] 1. [Le sujet désigne un principe physique nuisible] Altérer l'état physique de, rendre malade ou propre à propager la maladie. La maladie a contaminé tout le troupeau; les produits polluants ont contaminé l'eau de la rivière. — En emploi réfléchi avec valeur passive. C'est en broutant l'herbe ainsi infectée que le mouton se contamine (HENRI COUPIN, Animaux de nos pays, Dictionnaire pratique, 1909, page 436 ). — Au figuré. a) [Le sujet désigne une chose ou une valeur considérée comme nuisible : état moral, idéologie] Ce nihilisme, après avoir influencé le socialisme individualiste, va contaminer le socialisme dit scientifique (ALBERT CAMUS, L'Homme révolté, 1951, page 217 ). Synonyme : gagner : Ø 3. Cet état de nonchalance morbide qui nous contaminait tous. ALEXANDRE ARNOUX, Visite à Mathusalem. 1961, page 193. · En emploi absolu. L'argent contamine si l'on s'en approche trop (JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, Coeur pensif, 1957, page 79 ). Remarque : Employé comme sujet du verbe contaminer, un terme devient péjoratif, même s'il n'est pas habituellement perçu comme tel. L'atmosphère de vénération (...) le contaminait malgré lui (ALEXANDRE ARNOUX, Pour solde de tout compte, 1958, page 62). b) [Le sujet désigne une personne porteuse d'un principe considéré comme nuisible] Peu à peu, Aupick l'a [son épouse] contaminée. Sa sévérité a déteint sur elle (JEAN-PAUL SARTRE, Baudelaire, 1947, page 70 ). 2. Par métonymie. [Le sujet désigne un être malade] Transmettre une maladie à quelqu'un. En emploi réciproque. Enfants se contaminant entre eux. — Spécialement. Transmettre une maladie vénérienne à (quelqu'un). Elle avait contaminé les Muselier, et particulièrement Arsène qui était pourri perdu (MARCEL AYMÉ, La Vouivre, 1943, page 101 ). · En emploi réfléchi. Amants trop pressés de se contaminer près des femmes (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, La Fête arabe, 1912, page 206 ). Remarque : 1. Dans ces emplois, la chose transmise peut être exprimée sous forme d'un complément prépositionnel en de. Les mauvais lieux du quartier Saint Sulpice contaminent de leurs produits scélérés tous les autels (JORIS-KARL HUYSMANS, Les Foules de Lourdes, 1906, page 212). Populaire en avec. La vieille Henrouille l'avait tout de suite contaminé avec sa rage d'économies (LOUIS-FERDINAND CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, page 485). 2. On rencontre dans la documentation le substantif masculin contaminateur. Qui transmet une maladie, notamment vénérienne (confer Ce que la France a apporté à la médecine depuis le début du XXe. siècle, 1946, page 111). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 44. DÉRIVÉS : Contaminable, adjectif. Qui peut être contaminé. Impressions très fortes, nullement contaminables de moralité (ANDRÉ BRETON, Nadja, 1928, page 47 ).