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Définition du terme: COURBÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

Publié le 27/11/2015

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Définition du terme: COURBÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. I.— Participe passé de courber* II.— Emploi adjectival. A.— Qui est rendu courbe, qui est devenu courbe. Courbé par l'âge. Les lèvres courbées par un sourire sardonique (PROSPER MÉRIMÉE, Colomba, 1840, page 60 ). Confer aussi cadenas exemple 2. Demain je ne croirai pas emporter cette image, mais il me semble qu'une ombre, détachée de moi comme une feuille, demeurera ici, un peu courbée de fatigue (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Vagabonde, 1910, page 265) : Ø 1. Les jeunes filles ont sur les épaules un long bois courbé qui porte deux seaux et sous ce joug familier elles s'avancent avec fierté, jeunes princesses de villages. MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 11, 1914-17, page 171. B.— Incliné. Ce matin, quand le jour a frappé ta paupière, Quel séraphin pensif, courbé sur ton chevet, Secouait des lilas dans sa robe légère, Et te contait tout bas les amours qu'il rêvait? (ALFRED DE MUSSET, La Nuit de mai, 1835, page 64 ). Ces lettres courbées dans le même sens comme les pins par le vent d'ouest (FRANÇOIS MAURIAC, Le Noeud de vipères, 1932, page 17 ). — Au figuré : Ø 2. On se demande quel Dieu pourra bien se dégager jamais de ces êtres sordides, courbés vers les contentements les plus immédiats, guenilleux, poussiéreux, abjects et délaissés de l'avenir. ANDRÉ GIDE, Journal, 1943, page 231. C.— Au figuré. Soumis, écrasé. Le regard baissé, l'attitude triste de sa petite femme lui firent juger [à Granville] qu'elle était courbée sous quelque despotisme inconnu (HONORÉ DE BALZAC, Une Double famille, 1830, page 264 ). Et voici, dans le fond de nos campagnes, les plus humbles de mes frères, voici les plus obscurs et les plus courbés (ERNEST PSICHARI, Le Voyage du centurion, 1914, page 142 ). Ève toujours belle habite en ces lieux [les enfers] courbée par le désespoir bien qu'elle ait à sa nudité la consolation d'un nimbe (MAX JACOB, Le Cornet à dés, 1923, page 215 ). — Emploi comme substantif (notamment au pluriel pour désigner une catégorie d'êtres) : Ø 3. À tous les déshérités, les courbés sous un joug et chargés, les assoiffés, les meurtris, les dolents, l'assurance d'une survie compensatoire! Si chimérique qu'elle soit, oserez-vous leur enlever cette espérance? ANDRÉ GIDE, Journal, 1935, page 1234. Fréquence absolue littéraire : 1 246. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 744, b) 2 270; XXe. siècle : a) 2 275, b) 1 225. Forme dérivée du verbe "courber" courber COURBER, verbe transitif. I.— Emploi transitif. A.— Rendre courbe. 1. Courber un objet; courber des branches, un bâton, des arbres. Quelques autres [lépreux] courbaient des nasses d'osier, ou taillaient des hanaps de buis (LOUIS BERTRAND, DIT ALOYSIUS BERTRAND, Gaspard de la nuit, 1841, page 157 ). Leurs [des déesses des eaux] chevelures de pourpre emmêlées de perles que semblait avoir courbées l'ondulation du flux (MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, page 40) : Ø 1. Courtiser Messaline, infante aux sens troublés, Très belle, quoi qu'on fasse, Ou Camille, aux bras nus, qui courait sur les blés Sans courber leur surface;... THÉODORE DE BANVILLE, Les Cariatides, Auguste Supersac, 1842, page 177. — emploi absolu. Ainsi le vent, qui n'a point de poids ni d'odeur, connaît qu'il existe en creusant les blés. « Je suis, pense-t-il, puisque je courbe » (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 920 ). 2. Courber une partie du corps. Sa taille [de Françoise] que l'âge commençait à courber (MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 896 ). — Par métonymie. Courber une personne. Un mal courbe ma mère et lui brûle le foie (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Poésies, 1876, page 138 ). B.— Pencher, en l'abaissant, une partie du corps. Courber sa tête sur les livres : Ø 2. Il fallut après franchir un espace découvert. La fausse Hora laissa prendre de l'avance à Poëri, courba sa taille, se fit petite et rampa contre le sol. THÉOPHILE GAUTIER, Le Roman de la momie, 1858, page 270. Ø 3. Il s'est tenu trente ans de suite à la porte de son magasin de nouveautés, courbant l'échine devant les gens qui entraient, et disant : — « Qu'y a-t-il pour le service de Madame?... » HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Notes sur Paris, Vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge, 1867, page 32. · Par métonymie. Le héros est courbé au labeur comme un animal de trait (CHARLES BAUDELAIRE, Salon de 1845, 1845, page 21 ). — En particulier. [En signe de soumission] Courber la tête, le front, le genou : Ø 4. Mais, dès qu'ils arrivaient devant le flamboiement, Les clairons effarés se taisaient brusquement, Tout ce bruit s'éteignait. Reculant en désordre, Leurs chevaux se cabraient et cherchaient à les mordre, Et la lance et l'épée échappaient à leur poing. En voyant la lueur qu'ils ne comprenaient point, Ils s'arrêtaient, courbant leurs faces étonnées; Ils avaient ce front bas des bêtes enchaînées Quand, le loup étant pris au piège et garrotté, L'air terrible fait place à l'air épouvanté. VICTOR HUGO, La Légende des siècles, tome 6, La Vision de Dante, 1883, page 346. · Courber la tête. Se résigner : Ø 5. Sa mort. — Il en appelle à la nature, aux espaces. Il courbe la tête. Il se rend à la mort, il s'abandonne entre les mains de la mort. MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 13, 1921-22, page 205. — Par métaphore. [Le complément d'objet désigne une abstraction] : Ø 6. Vraiment, le pardon calme à défaut d'espérance; Il détend la colère; on pleure, on apprend Dieu, Dieu triste! Comme nous voyageur en ce lieu, Et l'on courbe sa vie au pied de sa souffrance. MARCELINE DESBORDES-VALMORE, Élégies, Affliction, 1859, page 42. Ø 7. Eh bien, la grande erreur de notre temps, ç'a été de pencher, je dis plus, de courber, l'esprit des hommes vers la recherche du bien-être matériel... VICTOR HUGO, Actes et paroles, 1, 1875, page 254. Ø 8. Oui, vraiment, ce soir même où elle me parlait comme j'ai rapporté, je me sentais l'âme si légère et si joyeuse que je me méprenais encore, et encore en transcrivant ces propos. Et parce que j'eusse cru répréhensible l'amour, et que j'estimais que tout ce qui est répréhensible courbe l'âme, ne me sentant point l'âme chargée je ne croyais pas à l'amour. ANDRÉ GIDE, La Symphonie pastorale, 1919, page 912. C.— Au figuré. Courber quelqu'un sous la domination de quelque chose Soumettre quelqu'un à quelque chose : Ø 9. Il veut tromper pour fonder un système dont la chaîne ait le premier anneau rivé dans le ciel au pied d'une divinité, ou bien il s'est enivré lui-même du vin des ciboires, et par peur du diable, s'agenouille en tremblant et voudrait courber le monde sous l'égoïsme et la terreur, sous l'attente d'une récompense mal rêvée ou d'un supplice burlesque. ALFRED DE VIGNY, Le Journal d'un poète, 1863, page 1382. — [Le complément d'objet désigne une abstraction] : Ø 10. On sait avec quel noble désintéressement (...) Léonard Astier-Réhu se démit de sa charge au bout de quelques années (1878), refusant de courber sa plume et l'impartialité de l'Histoire devant les exigences de nos gouvernants actuels. ALPHONSE DAUDET, L'Immortel, 1888, page 18. Remarque : On rencontre en Suisse, argot scolaire, courber. Manquer un cours, faire l'école buissonnière (confer ITTEN-BASTIAN, Santé! Conversation! Lausanne 1970, page 108). II.— Emploi pronominal. A.— Devenir courbe, prendre une forme courbe, décrire une courbe. Ses épaules s'étaient courbées, elle grelottait un peu dans le froid de ses vêtements trempés de sueur (ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1172) : Ø 11. J'avais pitié d'un poisson rouge plus long que le diamètre de son bocal, et qui tournait en se courbant. ALEXANDRE ARNOUX, Paris-sur-Seine, 1939, page 16. Ø 12. Entre deux assez hauts murs de terre il [le chemin] circule comme indolemment; les formes des jardins, que ces hauts murs limitent, l'inclinent à loisir; il se courbe ou brise sa ligne; dès l'entrée, un détour vous perd; on ne sait plus ni d'où l'on vient, ni où l'on va. ANDRÉ GIDE, L'Immoraliste, 1902, page 391. B.— S'incliner, se pencher. La plante se courbe au grand soleil (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1913, page 160 ). Les maisons royales ressemblent à ces figuiers de l'Inde dont chaque rameau, en se courbant jusqu'à terre, y prend racine et devient un figuier (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 11 ). Les blés jeunes se courbaient et luisaient, comme couchés par une immense main d'argent (JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, Les Manants du Roi, 1938, page 157) : Ø 13.... des femmes charmantes, qui, subissant elles-mêmes l'influence de ce spectacle, se courbent sur les balcons, se penchent hors des fenêtres, font pleuvoir sur les voitures qui passent une grêle de confetti qu'on leur rend en bouquets;... ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Cristo, tome 1, 1846, page 511. — [En signe de soumission] Noble sicambre, à demi dépouillé au milieu de l'âge, courbez-vous! (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 2, 1834, page 266 ). Il [l'évêque] dressa les deux doigts de sa main droite et bénit l'homme qui ne se courba pas (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 105 ). · Au fig : Ø 14. Une heure arrivait dans cette vie où Germinie renonçait à la lutte. Sa conscience se courbait, sa volonté se pliait, elle s'inclinait sous le sort de sa vie. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Germinie Lacerteux, 1864, page 193. Remarque : 1. On rencontre dans la documentation a) Un exemple d'emploi absolu au sens de « s'incliner ». L'Empereur se fâcha (...). Le grand-maître courba devant l'orage, et n'en continua pas moins son train accoutumé (LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, 1823, page 815). b) Emploi normal avec suppression du pronom réfléchi derrière faire + infinitif (confer aussi DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ)). — Qu'on se hâte! dit une voix au fond de la galerie. Cette voix fit courber tout le monde, comme le vent en passant sur la plaine fait courber un champ d'épis. Moi, elle me fit tressaillir. Cette voix, c'était celle de mon père (ALEXANDRE DUMAS père, Le Comte de Monte-Cristo, tome 2, 1846, page 260). 2. On rencontre dans la documentation un exemple de courbeur correspondant au proverbe moderne courbaire, employé (imprimé en italique) par Mistral dans sa traduit de Mireille et cité par Lamartine « ... le vent de mer, courbeur puissant des peupliers » (Cours littérature, 40e. entretien, 1859, page 291). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 095. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 405, b) 2 325; XXe. siècle : a) 1 682, b) 1 199.

« d'osier, ou taillaient des hanaps de buis (LOUIS BERTRAND, DIT ALOYSIUS BERTRAND, Gaspard de la nuit, 1841, page 157 ). Leurs [des déesses des eaux] chevelures de pourpre emmêlées de perles que semblait avoir courbées l'ondulation du flux (MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, page 40) : Ø 1.

Courtiser Messaline, infante aux sens troublés, Très belle, quoi qu'on fasse, Ou Camille, aux bras nus, qui courait sur les blés Sans courber leur surface;... THÉODORE DE BANVILLE, Les Cariatides, Auguste Supersac, 1842, page 177. — emploi absolu.

Ainsi le vent, qui n'a point de poids ni d'odeur, connaît qu'il existe en creusant les blés.

« Je suis, pense-t-il, puisque je courbe » (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 920 ). 2.

Courber une partie du corps.

Sa taille [de Françoise] que l'âge commençait à courber (MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 896 ). — Par métonymie.

Courber une personne.

Un mal courbe ma mère et lui brûle le foie (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Poésies, 1876, page 138 ). B.— Pencher, en l'abaissant, une partie du corps.

Courber sa tête sur les livres : Ø 2.

Il fallut après franchir un espace découvert.

La fausse Hora laissa prendre de l'avance à Poëri, courba sa taille, se fit petite et rampa contre le sol. THÉOPHILE GAUTIER, Le Roman de la momie, 1858, page 270. Ø 3.

Il s'est tenu trente ans de suite à la porte de son magasin de nouveautés, courbant l'échine devant les gens qui entraient, et disant : — « Qu'y a-t-il pour le service de Madame?...

» HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Notes sur Paris, Vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge, 1867, page 32. · Par métonymie.

Le héros est courbé au labeur comme un animal de trait (CHARLES BAUDELAIRE, Salon de 1845, 1845, page 21 ). — En particulier.

[En signe de soumission] Courber la tête, le front, le genou : Ø 4.

Mais, dès qu'ils arrivaient devant le flamboiement, Les clairons effarés se taisaient brusquement, Tout ce bruit s'éteignait.

Reculant en désordre, Leurs chevaux se cabraient et cherchaient à les mordre, Et la lance et l'épée échappaient à leur poing. En voyant la lueur qu'ils ne comprenaient point, Ils s'arrêtaient, courbant leurs faces étonnées; Ils avaient ce front bas des bêtes enchaînées Quand, le loup étant pris au piège et garrotté, L'air terrible fait place à l'air épouvanté. VICTOR HUGO, La Légende des siècles, tome 6, La Vision de Dante, 1883, page 346. · Courber la tête.

Se résigner : Ø 5.

Sa mort.

— Il en appelle à la nature, aux espaces.

Il courbe la tête.

Il se rend à la mort, il s'abandonne entre les mains de la mort. MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 13, 1921-22, page 205. — Par métaphore.

[Le complément d'objet désigne une abstraction] : 2. »

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