Définition du terme: CRISPER, verbe transitif.

Définition du terme: CRISPER, verbe transitif. I.— Vieux. Donner un aspect ridé par resserrement de la surface. Il fait un froid qui crispe la peau (Dictionnaire de l'Académie française. 1839-1932). Ce petit lac (...) que j'ai vu (...) crisper son eau (PAUL BOURGET, Études et portraits, 1888, page 131 ). — Emploi pronominal avec valeur passive. Le parchemin se crispe quand on l'expose à une forte chaleur (Dictionnaire de l'Académie française. 1932). Le craquement de l'écorce qui se crispe avant d'éclater (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Indiana, 1832, page 28 ). Remarque : La documentation atteste l'emploi du verbe, avec ellipse de se. Des changements subits de température qui font gaufrer ou crisper les feuilles (ÉLIE-ABEL CARRIÈRE, Encyclopédie horticole, 1862, page 112). II.— Usuel. A.— [Le complément d'objet désigne le corps ou une partie du corps] Resserrer les muscles sur eux-mêmes, de façon souvent convulsive. Synonyme partiel : contracter. 1. [Le sujet désigne une personne] a) Crisper les narines, les poings; crisper convulsivement les mains. En crispant tout son corps (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Mes Apprentissages, 1936, page 147 ). Il [le muscle] se contracte d'une façon exagérée lorsque le chanteur crispe l'appareil vocal (JEANNE ARGER, Initiation à l'art du chant, 1924, page 23) : Ø 1. À la septième [corne] il [Barallasque] a flanché, il a crispé les mâchoires et plissé les sourcils et tire-bouchonné ses rides jusqu'aux oreilles. ALEXANDRE ARNOUX, Calendrier de Flore. 1946, page 119. — Emploi pronominal avec valeur passive. · [En parlant d'une partie du corps] Lèvres, traits qui se crispent. Le visage de Calvat se crispa dans un hideux sourire. (OCTAVE FEUILLET, Honneur d'artiste, 1890, page 316 ). Son estomac se crispait de besoin (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la Place, 1908, page 795 ). · [En parlant de la personne tout entière] Il se crispe des pieds à la tête. On voit qu'il lutte contre un charme (JEAN COCTEAU, La Machine infernale, 1934, II, page 82 ). b) En particulier. [En parlant des mains, des doigts, etc., avec un complément prépositionnel en sur, autour de] Serrer fortement et souvent convulsivement (sur ou autour de quelque chose). En crispant sa main autour de la mienne (EDMOND ABOUT, Le Roi des montagnes, 1857, page 267 ). [Le Christ] crispant ses ongles cassés sur la croix qui glisse (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome 1, 1895, page 271 ). Tout mon être s'est tendu et j'ai crispé ma main sur le revolver (ALBERT CAMUS, L'Étranger, 1942, page 1166 ). — Par métaphore. Ne pas vouloir renoncer à. La France est devenue un immense Harpagon, crispant ses doigts sur ses rentes et ses terres (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1857, page 371 ). — Emploi pronominal. [En parlant des mains, etc.] Mes bras se crispaient autour de la taille d'Edmée (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Mauprat, 1837, page 295 ). Des doigts avides qui se crispent sur une proie (ÉLIE FAURE, L'Esprit des formes, 1927, page 196 ). 2. [Le sujet désigne une sensation, un sentiment causant la réaction musculaire] Le dégoût lui souleva le coeur, et le lui crispa (HONORÉ DE BALZAC, La Cousine Bette, 1846, page 289 ). Avec une avidité sensuelle qui crispait les ailes minces de son nez (FRANCIS CARCO, Les Innocents, 1916, page 90 ). Une inquiétude croissante crispait le visage de cette femme [Mme. Clapain] d'ordinaire impassible (ÉDOUARD ESTAUNIÉ, Madame Clapain, 1932, page 41 ). · [Avec un complément prépositionnel désignant la réaction musculaire, infra 3] Le chagrin les [mes membres] crispait en convulsions (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1852, page 461 ). Une bouffée de colère crispait sa joue d'un battement nerveux (JACQUES CHARDONNE, Le Chant du Bienheureux, 1927, page 84 ). 3. [Le sujet désigne une réaction musculaire] Une contraction, un rictus crispe la main, le visage de quelqu'un. Un léger frémissement qui crispait son cou et son nez (MARCEL PROUST, 1913, page 270) : Ø 2. Wilfred redoutait que le malheureux garçon n'eût une crise de larmes, car d'étranges grimaces crispaient son petit visage blême. JULIEN GREEN, Chaque homme dans sa nuit, 1960, page 245. B.— Au figuré. [En parlant de faits psychiques] 1. [Le sujet désigne une personne] Crisper sa volonté. Faire de très gros efforts de volonté. Synonymes : bander, tendre sa volonté. Elle secoue la tête, crispant sa volonté pour ne pas fondre en larmes (ROGER MARTIN DU GARD, Jean Barois, 1913, page 495 ). 2. [Le sujet désigne la cause de l'attitude, le complément d'objet désigne l'être] Irriter, agacer, exaspérer. Ça me crispe (les nerfs)! Fanatisme hypocrite Qui m'échauffe la bile, et me crispe et m'irrite (AMÉDÉE POMMIER, Crâneries et dettes de coeur, 1842, page 137 ). Cette ironie indifférente et supérieure le [Manuel] crispait (ANDRÉ MALRAUX, L'Espoir, 1937, page 620 ). 3. Emploi pronom réfléchi. a) Se raidir psychologiquement, être tendu. Durtal se crispait, se retenait à quatre pour ne pas la [sa bonne] renvoyer dans sa cuisine (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, La Cathédrale, 1898, page 110) : Ø 3. Pareils caractères excellent dans les négociations (...) Au lieu que le bilieux imaginatif, qui se crispe et angoisse, plein de scrupules et de tourments, se trouve en état d'infériorité... LÉON DAUDET, Sylla et son destin, 1922, page 105. · [Avec un sujet métonymique] Ce coeur sincère et jeune se crispe quand on lui raconte un tour de fripon (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, page 395 ). b) En particulier. S'obstiner, immobiliser son esprit. Synonyme : se figer. Les hérétiques qui se crispent sur une divergence (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 740 ). L'attitude de défi dans laquelle se crispent les Américaines prouve qu'elles sont hantées par le sentiment de leur féminité (SIMONE DE BEAUVOIR, Le Deuxième sexe, tome 1, 1949, page 13 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 384. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 129, b) 365; XXe. siècle : a) 855, b) 812.