Définition et usage du mot: BÉATIFIANT, -ANTE, participe présent et adjectif.

Définition et usage du mot: BÉATIFIANT, -ANTE, participe présent et adjectif. I.— Participe présent de béatifier* II.— Adjectif " Qui béatifie, qui donne la béatitude céleste " (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)) : Ø 1. Qui ne voit en effet que ce qu'il y a de plus original, de plus vivant, de plus fort dans l'apologétique des Pensées, de plus profond dans la vie intérieure de Pascal, respire, comme on disait alors, contre les dogmes de Jansénius? Et sans doute, il a d'abord conçu la grâce comme une concupiscence sainte, une assurance béatifiante, une certitude personnelle;... ABBÉ HENRI BREMOND, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, tome 4, 1920, page 410. Ø 2. Tous les penseurs du moyen âge s'accordent pour considérer le cas de l'amour de Dieu comme le cas type de ce problème, car tous estiment que Dieu seul est la fin béatifiante de l'homme;... ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, tome 2, 1932, page 86. — Par extension. Qui donne le bonheur : Ø 3. Puisque tu aimes tant le repos, avec le spectacle du mouvement, veux-tu venir habiter la Hollande, cette terre béatifiante? CHARLES BAUDELAIRE, Petits poèmes en prose, 1867, page 212. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 12. Forme dérivée du verbe "béatifier" béatifier BÉATIFIER, verbe transitif. I.— Emploi transitif. A.— RELIGION. [Le sujet est le pape ou l'Église] Proclamer bienheureux : Ø 1. «... La noblesse est tête ou coeur, vertu ou chef-d'oeuvre. Qui niera que le B. Labre est plus noble qu'un Bourbon? » Il y eut des protestations. — « Prenez garde, » fit-il, « l'Église l'a béatifié, il est ennobli pour l'éternité... » JOSÉPHIN PÉLADAN, Le Vice suprême, 1884, page 107. Ø 2. Chaque mercredi, chaque samedi, je participai pendant une heure à une cérémonie sacrée, dont la pompe transfigurait toute ma semaine. Les élèves s'asseyaient autour d'une table ovale; trônant dans une sorte de cathèdre, Mademoiselle Fayet présidait; du haut de son cadre, Adeline Désir, une bossue qu'on s'occupait en haut lieu de faire béatifier, nous surveillait. SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 25. B.— Par extension. [Le complément désigne une personne ou un inanimé abstrait (puissance, instinct)] Rendre heureux, combler : Ø 3. Parmi les petits oiseaux, le premier, par ordre d'excellence, est sans contredit le becfigue. Il s'engraisse au moins autant que le rouge-gorge ou l'ortolan, et la nature lui a donné en outre une amertume légère et un parfum unique si exquis, qu'ils engagent, remplissent et béatifient toutes les puissances dégustatrices. JEAN-ANTELME BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût ou Méditations de gastronomie transcendante, 1825, page 87. Ø 4.... dans la mesure où M. Gide s'est, par avance, défendu de conserver leur énergie aux plus hautes puissances de l'âme, où il a béatifié l'instinct sans loi, c'est aux « puissances démoniaques » qu'il doit soumettre la vie supérieure de l'esprit... HENRI MASSIS, Jugements, tome 2, 1924, page 72. II.— Emploi pronominal, rare, ironiquement. Se béatifier.. Devenir comme un bienheureux du ciel : Ø 5. Vers ce temps-là, je ne sais quel plaisant avait fait courir le bruit que [G. de] Balzac aussi, de son côté, se béatifiait, se prenait d'adoration pour les choses spirituelles;... CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 2, 1842, page 65. Remarque : Béatifier, canoniser. " Béatifier dit moins que canoniser; par la béatification, le pape permet de considérer comme élu un personnage dont la vie et la mort ont été édifiantes; par la canonisation, il ordonne l'inscription d'un nouveau nom dans le canon des saints reconnus par toute l'Église, et, dès lors, tous les fidèles sont tenus d'honorer ce nom comme appartenant à un habitant du ciel " (Larousse du xxe. siècle en six volumes). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 23.