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Définition: ÉTIOLER, verbe transitif.

Publié le 03/02/2016

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Définition: ÉTIOLER, verbe transitif. A.— HORTICULTURE. [Le complément d'objet direct désigne certains légumes : endive, céleri, etc.] Décolorer, rendre grêle et moins amer par culture à l'abri de l'air, de la lumière. La lumière plus ou moins faible nourrit ou étiole les portions vertes des plantes (HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Philosophie de l'Art, tome 1, 1865, page 220 ). — Emploi pronominal passif. Se décolorer, devenir grêle et moins amer en poussant à l'abri de l'air, de la lumière : Ø ... les plantes privées d'air et de lumière, telles que celles qui végètent dans les souterrains, s'étiolent, c'est-à-dire blanchissent. Tels sont les cardons et les chicorées que l'on conserve l'hiver dans des caves, et les laitues romaines, dont l'été on lie les feuilles pour les attendrir. Tous ces végétaux artificiels, privés d'air et des rayons du soleil, ont peu de substance et de vertu. Il en est de même de l'herbe qui croît à l'ombre des arbres; elle y devient longue et molle... JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 144. — Par analogie. [Le complément d'objet direct désigne une personne] Altérer le teint et la santé, faire pâlir et languir par manque d'air pur et de soleil. Une robe de satin noir qui contribuait à la rendre plus pâle, à faire d'elle la Parisienne blême, ardente, étiolée par le manque d'air, l'atmosphère des foules (MARCEL PROUST, La Prisonnière, 1922, page 102 ). · Emploi pronominal passif. S'anémier, se débiliter par manque d'air pur et de soleil. Ce qu'il leur faudrait, c'est le grand air, les jeux au soleil; on s'étiole dans ces pièces trop étroites (...) mes enfants ne sont pas joyeux (ANDRÉ GIDE, Paludes, 1895, page 101 ). Voir basaner exemple 4. — Par métaphore, emploi pronominal passif. [Le sujet désigne une personne envisagée dans sa vie morale, intellectuelle ou une chose abstraite] Péricliter par manque de contact avec le réel, etc. Combien de jeunes talents confinés dans une mansarde s'étiolent et périssent faute d'un ami (HONORÉ DE BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, page 12 ). Les principes s'étiolent et pâlissent dans votre cave constitutionnelle (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 799 ). Des oeuvres qui, n'ayant aucune possibilité de s'épanouir à l'air, s'étiolaient, devenaient chimériques, irréelles (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, page 996 ). B.— Par extension. [Le complément d'objet direct désigne des plantes quelconques] Priver de vitalité en supprimant les conditions favorables à un épanouissement normal (notamment l'humidité, la fertilité du sol). Qu'est-ce qu'un jardin centenaire où pas un marronnier n'a plus de vingt ans, sinon un étouffoir bon, tout juste, à étioler des plantes dépaysées? (ÉDOUARD ESTAUNIÉ, L'Ascension de Monsieur Baslèvre, 1919, page 25 ). — Emploi pronominal passif. Perdre sa vitalité, se faner. Les chênes dont les chétifs s'étiolent au vent de la mer et dont les robustes n'en poussent que mieux (GUSTAVE FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, 1848, page 286 ). Ne laissant pas « inutilement » s'étioler, sur les sépultures fraîches, tous ces splendides bouquets (PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, 1883, page 231 ). L'aptitude pour ainsi dire à filtrer le suc d'un terroir, à l'assimiler, n'est point égale dans toutes les plantes. Là où celle-ci prospère, celle-là s'étiole (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, page 34 ). — Par analogie, emploi pronominal passif. [Le sujet désigne un être vivant] Dépérir. La faune voit s'épanouir le groupe des mammifères. Les marsupiaux, florissants au début du Tertiaire, vont s'étioler pour se cantonner finalement, de nos jours, en Australie (CHARLES COMBALUZIER, Introduction à la géologie, 1961, page 156 ). — Par métaphore, emploi pronominal passif. [Le sujet désigne une personne envisagée dans sa vie morale, intellectuelle ou une chose abstraite] Perdre de sa vigueur, s'affaiblir par manque d'éléments stimulants, vivifiants. Les illusions qui ont pu les séduire, tombent peu à peu d'elles-mêmes, imperceptible semence d'amour-propre qui s'étiole faute d'aliment (ABBÉ HENRI BREMOND, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, tome 3, 1921, page 620 ). Accueille (...) l'inondation, de la sève humaine. Reçois-la, cette sève, — car, sans son baptême, tu t'étioleras sans désir, comme une fleur sans eau (PIERRE TEILHARD DE CHARDIN, Le Milieu divin, 1955, page 202 ). Les mauvais désirs et les mauvaises pensées, quand il y en a, viennent du dehors; à peine en moi, elles languissent et s'étiolent : je suis un mauvais terrain pour le mal (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1964, page 19 ). C.— Au figuré. 1. [Le complément d'objet direct désigne une personne envisagée dans sa vie morale, intellectuelle] Atténuer la personnalité, le caractère, les ressources morales ou intellectuelles. Il m'a tout l'air de ces gens qui s'attachent aux privilégiés avec l'office de penser pour eux (...). Ce fut jadis le rôle de Cicéron auprès des patriciens de Rome, étiolés et amoindris par un siècle d'aristocratie heureuse (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 1, 1836, page 184 ). Le poëte las que la vie étiole (STÉPHANE MALLARMÉ, Poésies, 1898, page 34 ). — Emploi pronominal passif. Perdre sa personnalité, son caractère, ses ressources morales, intellectuelles. Un jésuite qui, rencontrant une âme douée de quelque vitalité, la laisserait s'étioler ou s'annihiler dans une quiétude stérile, aurait manqué à son devoir (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 3, 1855, page 301 ). Celui qui a simplifié et appauvri sa propre vie se ferme à toute compréhension véritable (...), il y a une étroite interdépendance entre toutes les couches de l'être : quiconque laisse s'étioler l'une ou l'autre est malade dans sa personne entière (ALBERT BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, page 83 ). J'en avais assez d'être un pur esprit (...) je devinais que la violence de la chair, sa crudité, m'auraient sauvée de cette fadeur éthérée où je m'étiolais (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 308 ). 2. [Le complément d'objet direct désigne une chose abstraite] Diminuer la force, l'intensité de. Trop d'aristocratie énerve l'art, étiole le génie (JULES BARBEY D'AUREVILLY, 3e. Memorandum, 1856, page 54 ). En apprenant les sciences trop vite, on fatigue donc des facultés de l'esprit qui ne sont point encore développées; si on veut exercer ces facultés par un exercice trop précoce, on les fatigue et on les étiole (CLAUDE BERNARD, Principes de médecine expérimentale, 1878, page 217 ). — Emploi pronominal passif. Perdre sa force, son intensité. Le bel art du Chant s'étiole et tend à disparaître (CAMILLE SAINT-SAËNS, Portraits et souvenirs, 1909, page 328 ). C'est l'ardeur des convictions qu'il [l'homme qui veut répandre sa foi] suscite qui vient réconforter la sienne. Elle s'étiolerait vite si elle restait seule (ÉMILE DURKHEIM, Les Formes élémentaires de la vie religieuse, 1912, page 609 ). Les théories toutes pures s'alanguissent et s'étiolent (PAUL VALÉRY, Tel quel I, 1941, page 96 ). Remarque : La documentation atteste a) Étiolant, ante en emploi adjectival. Qui étiole; en particulier qui fait perdre la vitalité. Si les influences étiolantes et modératrices venaient à cesser, la prolifération des infusoires atteignant son maximum (Marcel Proust, Le Temps retrouvé, 1922, page 772). b) Étioline, substantif féminin Pigment jaunâtre des plantes étiolées qui croissent à l'abri de l'air et de la lumière. La " xanthophylle " ou étioline est un composé voisin du carotène (...), jaune, conférant leur couleur blanc jaunâtre aux feuilles étiolées, développées à l'obscurité (Henri Camefort, A. Gama, Sciences naturelles, 1960, page 332). Attesté aussi dans le Dictionnaire des dictionnaires (sous la direction de Paul Guérin) 1892, Nouveau Larousse illustré-Larousse du XXe. siècle en six volumes au mot étiolement et Baillon tome 2 1886, Dictionnaire aide-mémoire de botanique (Charles-Louis Gatin) 1924. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 79.

« Par les champs et par les grèves, 1848, page 286 ).

Ne laissant pas « inutilement » s'étioler, sur les sépultures fraîches, tous ces splendides bouquets (PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, 1883, page 231 ).

L'aptitude pour ainsi dire à filtrer le suc d'un terroir, à l'assimiler, n'est point égale dans toutes les plantes.

Là où celle-ci prospère, celle-là s'étiole (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, page 34 ). — Par analogie, emploi pronominal passif.

[Le sujet désigne un être vivant] Dépérir.

La faune voit s'épanouir le groupe des mammifères.

Les marsupiaux, florissants au début du Tertiaire, vont s'étioler pour se cantonner finalement, de nos jours, en Australie (CHARLES COMBALUZIER, Introduction à la géologie, 1961, page 156 ). — Par métaphore, emploi pronominal passif.

[Le sujet désigne une personne envisagée dans sa vie morale, intellectuelle ou une chose abstraite] Perdre de sa vigueur, s'affaiblir par manque d'éléments stimulants, vivifiants.

Les illusions qui ont pu les séduire, tombent peu à peu d'elles-mêmes, imperceptible semence d'amour-propre qui s'étiole faute d'aliment (ABBÉ HENRI BREMOND, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, tome 3, 1921, page 620 ). Accueille (...) l'inondation, de la sève humaine.

Reçois-la, cette sève, — car, sans son baptême, tu t'étioleras sans désir, comme une fleur sans eau (PIERRE TEILHARD DE CHARDIN, Le Milieu divin, 1955, page 202 ).

Les mauvais désirs et les mauvaises pensées, quand il y en a, viennent du dehors; à peine en moi, elles languissent et s'étiolent : je suis un mauvais terrain pour le mal (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1964, page 19 ). C.— Au figuré. 1.

[Le complément d'objet direct désigne une personne envisagée dans sa vie morale, intellectuelle] Atténuer la personnalité, le caractère, les ressources morales ou intellectuelles.

Il m'a tout l'air de ces gens qui s'attachent aux privilégiés avec l'office de penser pour eux (...).

Ce fut jadis le rôle de Cicéron auprès des patriciens de Rome, étiolés et amoindris par un siècle d'aristocratie heureuse (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 1, 1836, page 184 ).

Le poëte las que la vie étiole (STÉPHANE MALLARMÉ, Poésies, 1898, page 34 ). — Emploi pronominal passif.

Perdre sa personnalité, son caractère, ses ressources morales, intellectuelles.

Un jésuite qui, rencontrant une âme douée de quelque vitalité, la laisserait s'étioler ou s'annihiler dans une quiétude stérile, aurait manqué à son devoir (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 3, 1855, page 301 ).

Celui qui a simplifié et appauvri sa propre vie se ferme à toute compréhension véritable (...), il y a une étroite interdépendance entre toutes les couches de l'être : quiconque laisse s'étioler l'une ou l'autre est malade dans sa personne entière (ALBERT BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, page 83 ).

J'en avais assez d'être un pur esprit (...) je devinais que la violence de la chair, sa crudité, m'auraient sauvée de cette fadeur éthérée où je m'étiolais (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 308 ). 2. »

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