Devoir de Philosophie

Définition: ÉVEIL, substantif masculin.

Publié le 03/02/2016

Extrait du document

Définition: ÉVEIL, substantif masculin. A.— Vieux ou littéraire. Action d'éveiller, de sortir de l'état de sommeil. (Quasi-)synonyme : réveil. Ce matin, à l'éveil, je suis assiégé de mille idées pessimistes (HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal, 1866, page 467 ). Il est quantité de gens qui, dès l'éveil, se mettent au « garde à vous » et cherchent à remplir leur personnage (ANDRÉ GIDE, Ainsi soit-il, ou Les Jeux sont faits, 1951, page 1239) : Ø 1. Du reste, quand je m'étais décidé à éveiller Albertine, j'avais pu le faire sans crainte, je savais que son éveil ne serait nullement en rapport avec la soirée que nous venions de passer, mais sortirait de son sommeil comme de la nuit sort le matin. MARCEL PROUST, La Prisonnière, 1922, page 115. — [En parlant d'animaux] L'éveil d'une volière. Un long miaulement ennuyé annonce la fin du jour, l'éveil des chats, l'approche du dîner (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 33 ). — Au pluriel. Moments d'éveil, périodes de veille. À ce souci qui est de règle, s'il s'ajoute une appréhension aussi obsédante (...) les nuits sont forcément coupées d'éveils (HENRI BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, page 142 ). — (Tenir) en éveil. (Tenir) en état de veille, éveillé. Toute la nuit le village fut en éveil (GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 2, 1857, page 172 ). Je fus pris tout à coup de malaises bizarres et inexplicables. Ce fut d'abord une sorte d'inquiétude nerveuse qui me tenait en éveil des nuits entières (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Le Horla, 1886, page 1088 ). Des chiens en éveil ont hurlé toute la nuit (HENRI DE RÉGNIER, Sites, 1887, page 137 ). Mais je me rappelle que cette nuit-là je dormis fort mal, tenu en éveil par une conversation imaginaire avec le gouverneur de Virginie (JULIEN GREEN, Journal, 1939, page 223 ). B.— Au figuré. 1. [En parlant des facultés, des sentiments, de la nature] Action d'apparaître, de (se) révéler. Pour se développer, ces dispositions à l'éveil avaient besoin de temps et de circonstances favorables (ERNEST RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, page 146) : Ø 2. Je repensai soudain à mon éveil religieux (...) à Laura et à cette école du dimanche où nous nous retrouvions, moniteurs tous deux, (...) discernant mal, dans cette ardeur qui consumait en nous tout l'impur, ce qui appartenait à l'autre et ce qui revenait à Dieu. ANDRÉ GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, page 1009. a) [Avec un complément prépositionnel à] Action de s'ouvrir à (quelque chose). L'étonnement que l'éveil à la poésie provoqua chez l'homme de trente ans (ALBERT BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, page 189 ). Ce sentiment éprouvé à quinze ans a été mon véritable éveil à l'existence (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 250 ). Activités d'éveil. — Donner l'éveil à. Faire naître. Il n'était pas besoin de tant de circonstances excitantes pour donner l'éveil au génie philosophique et scientifique du jeune Blaise (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 2, 1842, page 455 ). b) Au pluriel, absolument. Elle patientait, attendant qu'il grandît. À mesure qu'elle constatait certains éveils, elle se rassurait, elle pensait que l'âge en ferait un homme (ÉMILE ZOLA, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, page 1331 ). La vie d'un homme n'est qu'une longue suite d'éveils et de fixations; les deux mouvements peuvent longtemps se compenser (PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, 1949, page 282) : Ø 3. Il n'est pas rare qu'un enfant, à l'heure des éveils, rencontre un jour ce condisciple ou cet aîné, pareil au magicien des contes arabes, dont les paroles fatidiques jettent un sort sur sa destinée. Un petit voisin de campagne a joué pour moi ce rôle. ROGER MARTIN DU GARD, Souvenirs autobiographiques, 1955, page XLII. c) [Avec un complément prépositionnel de] Éclosion, première manifestation (d'un sentiment, d'une quantité, d'une aspiration). L'éveil tardif de la puberté. J'aime à saisir le premier éveil d'une vocation, le déchiffrement de l'instinct (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 3, 1848, page 519 ). Tout était en elle séduction, éveil de sensualité (ÉMILE MOSELLY, Terres lorraines, 1907, page 215 ). Je l'entendis confier à M. Simonnot (...) que personne, au soir de la vie, n'assistait sans émotion à l'éveil d'un talent (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1964, page 128 ). — Au pluriel. Éveils de la chair. Je l'ai connu [Henry Descamps] dans le beau temps des poëtes naissants et des éveils d'esprits (VICTOR HUGO, Correspondance, 1856, page 251 ). Éveils terribles du coeur et des sens, grandes révoltes, et puis retour à la vie ascétique du large, à la séquestration sur le couvent flottant (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Mon frère Yves, 1883, page 3 ). 2. Par analogie. [En parlant de groupes d'hommes, de collectivités] Éveil des masses, des multitudes. L'éveil des peuples économiquement retardés impose, comme fit celui des classes passives, d'inventer de nouveaux équilibres humains (FRANÇOIS PERROUX, L'Économie du XXe. siècle. 1964, page 19 ). — Donner l'éveil à. Donner une impulsion à, faire naître. Il [Boris] se plaisait à attirer les Allemands dans ses États pour donner l'éveil à l'industrie (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, tome 7, 1851-62, page 374 ). C.— Avertissement, alerte. 1. Donner l'éveil. a) Vieilli. Attirer l'attention (de quelqu'un sur une chose qui lui échappe). Je recevrai, j'espère, ces détails que vous m'avez promis : (...) après m'avoir donné l'éveil, pouvez-vous m'en faire attendre si longtemps l'explication? Ne devinez-vous pas mon inquiétude? (JEAN-JACQUES AMPÈRE, Correspondance, 1825, page 331 ). Une lettre qui lui donnait l'éveil sur la haine toujours vivante que le ministre de l'Intérieur avait pour lui (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 3, 1835, page 253 ). b) Usuel. Donner l'alerte, mettre en garde, attirer l'attention. Elles devraient avoir un chien, quand ce ne serait que pour donner l'éveil (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Pierrot, 1882, page 348 ). Un prisonnier allemand, resté par hasard dans la buanderie, les avait vus escalader le mur, et avait donné l'éveil (MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 293 ). En attendant elles [les batteries allemandes] se garderaient bien de tirer dessus, même à titre d'essai, de peur de donner l'éveil (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, 1938, page 31 ). — [Avec un complément prépositionnel] Il fallait expliquer la présence de Florent, en évitant de donner l'éveil à la police (ÉMILE ZOLA, Le Ventre de Paris, 1873, page 658 ). 2. Vieilli. Avoir (l')éveil (de/sur quelque chose). Avoir son attention dirigée sur quelque chose (surveiller quelque chose). Mais pour qu'il soit repris, il faut que la police ait l'éveil (PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 1, 1859, page 676 ). Yvan sortit de la porte cochère, et me dit : Je suis là pour vous prévenir. La police a l'éveil sur cette maison (VICTOR HUGO, Histoire d'un crime, 1877, page 42 ). Ces curiosités étaient au-dessus de ma raison, qui si elle en avait eu quelque éveil, aurait mis sa fierté à les écarter (MAURICE BARRÈS, Amori et dolori sacrum, 1902, page 122 ). 3. En éveil. a) (Être) en éveil. (Être) attentif, sur ses gardes. (Quasi-)synonymes : épier, (être) aux aguets. a ) [En parlant de l'homme] Vous devez être particulièrement en éveil à l'égard de tels alliés qui seraient, peut-être, trop enclins à considérer la France libre comme quantité négligeable (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, page 507 ). · Avoir l'oeil en éveil. Il allait, l'oeil en éveil, l'oreille tendue (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Le Père Milon, 1883, page 215 ). ß ) Par analogie. [En parlant d'un sens, d'une faculté, d'une qualité, etc.] Dans un état d'excitation particulière. Avoir l'esprit en éveil; imagination en continuel éveil; désir toujours en éveil. La curiosité des petites villes, toujours en éveil (ÉMILE ZOLA, Le Docteur Pascal, 1893, page 181) : Ø 4.... ce que le lecteur découvre sous ces dialogues romanesques (...) est peu de chose auprès de ce qu'il peut lui-même découvrir quand (...) tous ses instincts de défense et d'attaque en éveil, excité et sur le qui-vive, il observe et écoute ses interlocuteurs. NATHALIE SARRAUTE, L'Ère du soupçon, 1956, page 112. b) Mettre en éveil. Avertir, mettre en état d'alerte. Rose Mignon, mise en éveil par la présence de Nana, comprit tout d'un coup (ÉMILE ZOLA, Nana, 1880, page 1330 ). Une grossièreté qui eût mis en éveil quelqu'un de plus fin que M. Jeannin (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Antoinette, 1908, page 848) : Ø 5. La compagnie s'égaillera derrière eux en laissant des intervalles pour ne pas attirer l'attention. Un caillou a roulé et les guetteurs allemands, du haut du fort, mis en éveil, lancent des fusées et font feu. HENRY BORDEAUX, Les Derniers jours du fort de Vaux, 1916, page 248. — Par analogie. [En parlant d'un trait de caractère, d'une qualité] C'était une bêtise sans doute; seulement, l'idée le tourmentait, il se sentait attiré, son vice mis en éveil (ÉMILE ZOLA, Nana, 1880 page 1153 ). Sa curiosité serait mise en éveil par le moindre bruit insolite (HENRI BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, page 264 ). c) Tenir en éveil. Ils auront le devoir de se tenir en éveil, en constatant que nous les laissons en face de l'Allemagne unifiée (MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 2, 1931, page 381 ). Tenir une fraction de nos forces toujours en éveil, prête à se déployer tout entière, à tout instant (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, page 6 ). Cet âge juvénile où l'exaltation du tête-à-tête, l'intimité des confidences, tiennent les esprits indéfiniment en éveil (ROGER MARTIN DU GARD, Souvenirs autobiographiques, 1955, page LXIX. ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 614. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 199, b) 928; XXe. siècle : a) 1 385, b) 1 110.

« philosophique et scientifique du jeune Blaise (CHARLES- AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 2, 1842, page 455 ). b) Au pluriel, absolument.

Elle patientait, attendant qu'il grandît.

À mesure qu'elle constatait certains éveils, elle se rassurait, elle pensait que l'âge en ferait un homme (ÉMILE ZOLA, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, page 1331 ).

La vie d'un homme n'est qu'une longue suite d'éveils et de fixations; les deux mouvements peuvent longtemps se compenser (PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, 1949, page 282) : Ø 3.

Il n'est pas rare qu'un enfant, à l'heure des éveils, rencontre un jour ce condisciple ou cet aîné, pareil au magicien des contes arabes, dont les paroles fatidiques jettent un sort sur sa destinée.

Un petit voisin de campagne a joué pour moi ce rôle. ROGER MARTIN DU GARD, Souvenirs autobiographiques, 1955, page XLII. c) [Avec un complément prépositionnel de] Éclosion, première manifestation (d'un sentiment, d'une quantité, d'une aspiration).

L'éveil tardif de la puberté.

J'aime à saisir le premier éveil d'une vocation, le déchiffrement de l'instinct (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 3, 1848, page 519 ).

Tout était en elle séduction, éveil de sensualité (ÉMILE MOSELLY, Terres lorraines, 1907, page 215 ).

Je l'entendis confier à M.

Simonnot (...) que personne, au soir de la vie, n'assistait sans émotion à l'éveil d'un talent (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1964, page 128 ). — Au pluriel.

Éveils de la chair.

Je l'ai connu [Henry Descamps] dans le beau temps des poëtes naissants et des éveils d'esprits (VICTOR HUGO, Correspondance, 1856, page 251 ).

Éveils terribles du coeur et des sens, grandes révoltes, et puis retour à la vie ascétique du large, à la séquestration sur le couvent flottant (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Mon frère Yves, 1883, page 3 ). 2.

Par analogie.

[En parlant de groupes d'hommes, de collectivités] Éveil des masses, des multitudes.

L'éveil des peuples économiquement retardés impose, comme fit celui des classes passives, d'inventer de nouveaux équilibres humains (FRANÇOIS PERROUX, L'Économie du XXe.

siècle.

1964, page 19 ). — Donner l'éveil à.

Donner une impulsion à, faire naître.

Il [Boris] se plaisait à attirer les Allemands dans ses États pour donner l'éveil à l'industrie (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE- BEUVE, Causeries du lundi, tome 7, 1851-62, page 374 ). C.— Avertissement, alerte. 1.

Donner l'éveil. a) Vieilli.

Attirer l'attention (de quelqu'un sur une chose qui lui échappe).

Je recevrai, j'espère, ces détails que vous m'avez promis : (...) après m'avoir donné l'éveil, pouvez-vous m'en faire attendre si longtemps l'explication? Ne devinez- vous pas mon inquiétude? (JEAN-JACQUES AMPÈRE, Correspondance, 1825, page 331 ).

Une lettre qui lui donnait l'éveil sur la haine toujours vivante que le ministre de l'Intérieur avait pour lui (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 3, 1835, page 253 ). b) Usuel.

Donner l'alerte, mettre en garde, attirer l'attention.

Elles devraient avoir un chien, quand ce ne serait que pour donner l'éveil (GUY DE MAUPASSANT, Contes et 2. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles