DÉFORMANT, -ANTE, participe présent et adjectif.

DÉFORMANT, -ANTE, participe présent et adjectif.  

I.—  Participe présent de déformer* 

II.—  Adjectif. 

A.—  Qui altère la forme de quelque chose, l'aspect de quelqu'un. Rhumatisme déformant Une ostéite déformante du jarret (ERNEST GARCIN, Guide vétérinaire,  1944, page 181 ). Des verres déformants par lesquels tout (...) est vu sous un aspect mauvais et affreux (HENRI DE MONTHERLANT, Celles qu'on prend dans ses bras,  1950, I, 1, page 769) : 

Ø 1. Paul Claudel est plus massif, plus large que jamais; on le croirait vu dans un miroir déformant; pas de cou, pas de front; il a l'air d'un marteau-pilon.

ANDRÉ GIDE, Journal,  1912, page 384. 

B.—  Au figuré.  Qui altère la réalité ou la nature de quelque chose. Une peinture de la société, plus ou moins complète, avec des lointains et des raccourcis plus ou moins déformants (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté,  1932, page IX) : 

Ø 2. Curieux de voir un esprit [Du Bos] aussi soucieux d'équité, de droiture, à la merci des plus déformantes passions, à ce point accessible à la flatterie!

ANDRÉ GIDE, Journal,  1948, page 328. 

Remarque : On rencontre dans la documentation un emploi substantival. Quand je pensais à elle [Louisette] , le froid, le chaud, le nauséeux, le déformant accouraient et éteignaient ses charmes (COLETTE, Képi, 1943, page 145). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 6 

Forme dérivée du verbe \"déformer\"

 déformer

DÉFORMER, verbe transitif.  

A.—  Modifier, généralement en l'altérant, la forme d'une chose, l'aspect d'une personne. La pluie déformait mon chapeau (HONORÉ DE BALZAC, La Peau de chagrin,  1831, page 130 ). Un verre (...) qui dévie les rayons lumineux et déforme les images (AUGUSTIN COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique,  1851, page 568 ). Déformer volontairement son écriture (MARCEL AYMÉ, Derrière chez Martin,  1938, page 87) : 

Ø 1. Nombre de populations ont déformé ou déforment encore le crâne des nouveau-nés en inhibant à l'aide d'appareils spéciaux (...) la croissance de la tête dans certaines directions...

Histoire de la science.  1957, page 1542. 

·    emploi absolu. C'était maintenant la goutte chronique, inguérissable, la goutte qui ankylose et qui déforme (ÉMILE ZOLA, La Joie de vivre,  1884, page 938 ). 

—  Emploi pronominal à sens passif.  Perdre sa forme normale. Vos pieds vont se déformer dans les sabots (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 3, 1855, page 74 ). 

B.—  Au figuré.  Modifier, en l'altérant, la réalité ou la nature de quelque chose. 

1. Altérer une chose (un fait, une parole, une idée, etc.) en lui faisant perdre sa justesse ou son sens, en la défigurant ou en la dénaturant Déformer un fait, une nouvelle (Dictionnaire de l'Académie française.  1932).  Plus un humoriste est intelligent, moins il a besoin de déformer la réalité pour la rendre signifiante (ANDRÉ GIDE, Journal,  1910, page 290 ). Mon imagination, sans grossir les faits, tend à les déformer et à les dénaturer (JULIEN GREEN, Journal,  1955-58, page 157 ). 

·    emploi absolu. Zola cherche des effets : il déforme et noircit. Il truque le réel (FRANÇOIS MAURIAC, Mémoires intérieurs,  1959, page 221 ). 

—  Emploi pronominal. Ce que l'on a vu de ses yeux se déforme, varie avec le temps, prend du bouquet et de la bouteille (ALEXANDRE ARNOUX, Algorithme,  1948, page 139) : 

Ø 2.... les langues ne peuvent se déformer, si on donne à ce mot un sens péjoratif. Elles se transforment, ce qui est bien différent.

RÉMY DE GOURMONT, Esthétique de la langue française,  1899, page 105. 

2. Altérer une chose (une faculté, une fonction) en la gâtant ou en la corrompant Le protestantisme est donc capable de déformer l'esprit aussi dangereusement que le catholicisme (ANDRÉ GIDE, Journal,  1929, page 916 ). 

Remarque : On rencontre dans la documentation un emploi pronominal du verbe au sens de « se défaire ».  Antonyme : former.  Des couples se formaient et se déformaient sur son passage (LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 163). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 379 (déformant : 62). Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 74, b) 349; XXe.  siècle : a) 841, b) 855.