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Dictionnaire en ligne: DÉSERT, -ERTE, adjectif et substantif masculin.

Publié le 08/01/2016

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Dictionnaire en ligne: DÉSERT, -ERTE, adjectif et substantif masculin. I.— Adjectif. A.— Où il n'y a (presque) personne. 1. de façon permanente ou pour une longue période. a) [Le déterminé désigne une étendue géographique] Inhabité, sauvage. Île, région, terre déserte. De chaque côté du chemin, la campagne blanche de neige s'étendait déserte à perte de vue; aucune apparence de bourg, village ou hameau (THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 163 ). Dans l'île de Tahiti, la vie est localisée au bord de la mer; les villages sont tous disséminés le long des plages, et le centre est désert (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Le Mariage de Loti, 1882, page 139) : Ø 1.... Là-bas, tout au bout de la France, il est un pays désert, mais désert comme les solitudes américaines, ignoré des voyageurs, inexploré, séparé du monde par toute une chaîne de montagnes (...) Toute cette contrée montueuse est connue sous le nom de « massif des Maures ». Sa vraie capitale est Saint-Tropez... GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Rencontre, 1882, page 330. — Par analogie. Les pages désertes d'une partition où l'on ne lisait que des « temps forts », semés à intervalles égaux comme des larmes (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Naissance du jour, 1928, page 7 ). b) [Le déterminé désigne un bâtiment d'habitation destiné à l'homme ou à l'animal] Abandonné, inoccupé. Vallombreuse emmena Sigognac, qui vit dans l'écurie, naguère déserte, dix beaux chevaux séparés par des stalles de chêne (THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863 page 493 ). L'ambulance divisionnaire se trouvait de l'autre côté de la place. C'était une grande maison déserte et noire sans un meuble, sans un grabat (ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, page 293 ). — Par analogie. Si les ballons remplis d'air demeurent déserts, c'est qu'on les a débouchés dans une zone stérile; s'ils se peuplent, c'est qu'on les a débouchés dans une zone féconde (EDMOND ROSTAND, La Genèse de la vie, 1943, page 123 ). 2. De façon temporaire ou occasionnelle. — [Le déterminé désigne un lieu d'habitation, de réunion, de passage] Vide. Les domestiques étaient au cinéma. L'appareil tintait seul dans la maison déserte (LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 469 ). Les Nouvelles littéraires d'hier (lues, ô horreur! dans l'église déserte, parce que c'est le seul endroit ici où il fasse frais) m'ont apporté votre poème (HENRI DE MONTHERLANT, Pitié pour les femmes, 1936, page 1105) : Ø 2. Il revint assister au débarquement, attendit que le flot des voyageurs eût rendu les billets et se fût empilé dans les voitures des hôtels (...) Et, alors seulement, il put souffler un instant dans la gare redevenue déserte et silencieuse. ÉMILE ZOLA, La Bête humaine, 1890, page 55. Ø 3. Je vais m'installer sur le banc de quart. La barque tire sur son amarre. Le soleil décline doucement. Il y a des risées sur l'eau. Le ciel est pur. La mer déserte. Le large indigo. BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 171. SYNTAXE : Quai, port désert; allée, avenue, place, ruelle déserte; salle (de café, de musée, etc.) déserte. Noir, obscur, silencieux, vide et désert. Remarque : Désert est souvent accompagné d'un adverbe ou d'un complément de temps. Je me promenai dans cette rue sans boutique, et déserte à cette heure (ALEXANDRE DUMAS fils, La Dame aux camélias, 1848, page 115). Au petit matin, des souffles légers parcourent la ville encore déserte (ALBERT CAMUS, La Peste, 1947, page 1314). Désert + complément de l'adjectif. Un peuple affairé, silencieux, vêtu d'imperméables et chaussé de caoutchoucs, circulait déjà, encombrant les trottoirs, mais attentif à ne pas empiéter sur la chaussée, pourtant déserte de voitures (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Sorellina, 1928, page 1198 ). Ô soleil de minuit sans sommeil solitude Dans les logis déserts d'hommes où vous veillez Épouses d'épouvante (LOUIS ARAGON, Le Crève-Coeur, 1941, page 14 ). · Par métonymie. On a cogné contre la porte. Un bond; il va ouvrir : la nuit déserte le salue (JEAN GIONO, Regain, 1930, page 106 ). C'était un petit matin tout gris, désert (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 491) : Ø 4. Cinq ou six vieilles femmes priaient là, clientes de cérémonies désertes. Dans cette solitude pleine de présences et de chuchotements, Augustin finit par goûter une fatigue physique, une nonchalance, un repos, et l'envie de dormir. JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 1, 1933, page 318. B.— Au figuré. Terne, où il ne se passe rien. Paraîtras-tu demain? Passerai-je encore une journée déserte et désolée? (MAURICE DE GUÉRIN, Correspondance, 1837, page 268 ). La lune s'éleva sur les sapins, derrière les collines, (...) Elle nous baigna spontanément de sa lumière morne et pâle, de sa flamme déserte et pâle (PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, 1883, page 304 ). Rien ne palpitait dans ses vers [de Leconte de Lisle] tout en façade que n'étayait, la plupart du temps, aucune idée; rien ne vivait dans ces poèmes déserts (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, À rebours, 1884, page 250) : Ø 5. Elle [Mme. Clapain] devait être payée chichement, n'avoir jamais de liberté, ne sortir que pour les maîtres et toujours le moins possible. Une existence déserte, comme on en voit des milliers, sans les remarquer. ÉDOUARD ESTAUNIÉ, Madame Clapain, 1932, page 317. — En particulier. [Le déterminé désigne la personnalité ou ses manifestations] Sans expression, sans émotion. (Un) regard désert : Ø 6. Il y eut un silence dont Mathieu profita pour ensevelir ses souvenirs de la nuit. Quand il sentit que son coeur était désert, il releva la tête... JEAN-PAUL SARTRE, L'Âge de raison, 1945, page 205. · Libre, disponible : Ø 7.... elle [Aurore] était (...) trop intelligente pour armer contre elle-même les mains qu'elle abandonnait. « Je m'empresse d'oublier tous les visages qui ont cessé de m'émouvoir. Offrir à un nouveau venu un esprit libre et un coeur désert est (...) le moins que l'on puisse faire honnêtement. » LOUISE DE VILMORIN, La Fin des Villavide, 1937, page 60. II.— Substantif. A.— Lieu désert (supra I A). 1. De façon permanente ou pour une longue période : endroit inhabité. Certains départements comme le Gers et l'Ariège deviennent des déserts, mais ces déserts sont peuplés de morts. Les cimetières abandonnés des vieux villages se pressent autour d'églises, mortes elles aussi (FRANÇOIS MAURIAC, Mémoires intérieurs, 1959, pages 116 ). · Vieilli. Alexis se taisait. Un monde de pensées l'oppressaient; les déserts de la banlieue passaient derrière les vitres [du tramway] , et ce spectacle rapide ajoutait à la confusion de son esprit (JACQUES DE LACRETELLE, Les Hauts ponts, 1935, page 144) : Ø 8. Je ne sais pas où est André, et lui-même doit ignorer mon adresse. Les indications à son sujet sont plutôt vagues et contradictoires (...) J'ai le plus grand désir, cependant (et malgré tous les déserts mal servis par les postes), de poursuivre une coutume de correspondance qui réduit l'éloignement à n'être plus qu'un prétexte. PAUL VALÉRY, Correspondance [avec Madame André Gide] , 1893, page 190. · Faire le désert. Confer faire le vide : Ø 9. Renonçant (...) à affronter Richard Coeur de Lion en rase campagne, il [Saladin] se contentera, à la manière bédouine, de faire le désert devant lui. Le désespoir au coeur, il fit évacuer les villes de la côte, même Ascalon, par la population musulmane et, tandis que de douloureux cortèges d'émigrants prenaient le chemin de l'Égypte, il fit raser au sol les murailles des cités. RENÉ GROUSSET, L'Épopée des Croisades, 1939, page 274. — Spécialement. GÉOGRAPHIE. Zone aride, aux précipitations irrégulières ou faibles, à la végétation inexistante ou rare, aux paysages essentiellement minéraux et dépourvue d'habitat permanent. Il n'est ni triste ni gai, le désert, l'innombrable néant des sables sous le néant lucide du ciel : il est sinistre (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mouches, 1943, II, tableau2, 4, page 72 ). Un nouveau genre de supplice débute et non des moindres, supplice du désert, des mirages et autres fantasmagories méchantes de la soif et de la réverbération (JEAN COCTEAU, La Difficulté d'être, 1947, page 145) : Ø 10. La morne tristesse du désert règne sur cette terre aride dont le sein gercé nourrit à peine quelques mimosas dépouillés, des cactus et des palmiers nains. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, page 307. Ø 11. La brise chaude, la brise d'Afrique, apportait à mon coeur joyeux l'odeur du désert, l'odeur du grand continent mystérieux où l'homme du nord ne pénètre guère. GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Un Soir, 1889, page 1127. Ø 12. Il voulait le vrai désert, la vraie plénitude du désert, où vivaient ces vrais hommes qu'il avait entrevus, au seuil des tribus, les yeux baissés sur le chapelet. ERNEST PSICHARI, Le Voyage du centurion, 1914, page 44. SYNTAXE : a) Désert + adjectif : désert immense; désert ardent, aride, brûlant, calciné, glacé; désert crayeux, pétré, pierreux, rocheux, sablonneux, salé; désert rouge; désert africain, tartare. b) Désert + substantif : désert d'argile, de granit, de pierres, de sable; désert de feu. c) Subst + désert : aridité, chaleur, immensité, silence, solitude du désert; poussière, sable, soleil, vent du désert; (les) confins du désert; bédouin, cavalier, seigneur du désert; pirate du désert; caravane, peuple du désert; armée, police du désert; animal, coursier, gazelle du désert; plante du désert; souffle du désert; expérience, magie, nostalgie, nuit, vie du désert; couleur de désert. d) Verbe + désert : fertiliser, irriguer, peupler le désert; (s')égarer, (se) perdre dans le désert. — Par métonymie. Peuples monothéistes modelés par le désert (ÉLIE FAURE, Histoire de l'art, 1912, page 263 ). Ces visages tannés que le désert faisait sans âge (JULIEN GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 283 ). — Locutions. a) [Désert en tant que lieu désolé, à la nature hostile] Oh! Tu sais, avec Jacques, je vivrais bien au désert (HENRI PETIOT, DIT DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire?, 1934, page 70 ). Confer supra Jean-Paul Sartre, loco citato et Jean Cocteau, loco citato et exemple 10. · Au figuré. Elle [l'église] n'a pas peur de la solitude; s'il le faut, elle habitera les déserts et les fera fleurir (JACQUES MARITAIN, Primauté du spirituel, 1927, page 155 ). Crier, parler dans le désert : Crier, parler sans pouvoir se faire entendre. Nasty [à Heinrich] les curés sont impuissants; on les aime, c'est vrai, mais s'ils condamnent la révolte, ils prêcheront dans le désert (JEAN-PAUL SARTRE, Le Diable et le Bon Dieu, 1951, tableau5, 4, page 167 ). La liberté n'est pas cette Ariane sans écho, exhortant des cadavres, prêchant pour les sourds, clamant dans le désert : mais elle est communicative comme l'incendie et purifiante comme la bourrasque (VLADIMIR JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, page 95 ). b) [Désert en tant que lieu de refuge] Dans deux heures, le crime sera commis. L'Agha est déjà en fuite. Moi, je prends le désert ce soir. Veux-tu me suivre? (HENRI-RENÉ LENORMAND, Le Simoun, 1921, tableau13, page 160) : Ø 13.... la fuite au désert, l'« anachorèse » (littéralement la « montée au maquis ») (...) [est] un phénomène très général dans l'Égypte gréco-romaine (criminels, débiteurs et surtout contribuables insolvables, a-sociaux de toute espèce, et non pas seulement religieux). HENRI-IRÉNÉE MARROU, De la connaissance historique, 1954, page 66. · En particulier. [Par référence à l'église* du désert] Je connaîtrais de grands combats. J'irais au désert avec les protestants (JEAN GUÉHENNO, Journal d'une révolution, 1937, page 84 ). c) [Désert en tant que lieu de l'aventure, de l'épanouissement] D'un côté, la liberté dans le désert; de l'autre côté, les hommes (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Le Buisson ardent, 1911, page 1271 ). Confer supra exemple 11 et 12. d) [Désert en tant que lieu privilégié de la rencontre, du face à face avec le Créateur] Et qu'aurai-je fait toute ma vie, sinon de rechercher cette solitude qui n'était pas celle du désert où nous trouvons Dieu, mais celle du confort où nous ne trouvons que nous-mêmes? (FRANÇOIS MAURIAC, Nouveau Bloc-notes, 1961, page 99 ). · [Désert en tant que lieu de l'épreuve] [Épreuve subie] Saint-Cyran, avait si l'on peut dire, la hantise de la tentation du Christ au désert (ABBÉ HENRI BREMOND, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, 1920, page 171 ). Au figuré. Traversée du désert : Ø 14. Et le chevalier parfait, le Cid du catholicisme, saint Polyeucte, sainte Théodore, saint Pierre Corneille, s'avancerait à travers les embûches du démon et les tentations éclatantes de la sainteté. Parfois, il souffrirait, dans sa traversée du désert, de cette aridité qu'ont dévoilée les mystiques, de cet abandon de Dieu que tout croyant a connu et que Corneille n'a pas ignoré... ROBERT BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, page 333. En particulier. Disparition provisoire de la scène politique. Camus, au temps de la traversée du désert, le quitte [De Gaulle] en lui demandant en quoi, à son avis, un écrivain pourrait servir la France : « Tout homme qui écrit (un temps), et qui écrit bien, sert la France » (ANDRÉ MALRAUX, Les Chênes qu'on abat, Paris, Gallimard, 1971, page 169 ). [Épreuve voulue, librement consentie] Anachorète au désert, pères du désert. Il n'y a des hommes supérieurs que là [dans les grandes villes] ; ou dans des cellules au désert (VALÉRY LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, page 311 ). Chercher la sainteté (...) au désert (JACQUES MARITAIN. Humanisme intégral, problèmes temporels et spirituels d'une nouvelle chrétienté, 1936, page 133 ). Par extension. Le cloître, le couvent. Précipitée du monde au désert, elle est entrée soudaine et avec tous ses feux, dans les glaces monastiques (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Génie du christianisme, tome 1, 1803, page 386 ). Elle jeûna, passa des heures en prières, (...) Elle était toute préparée, affirmait-elle, s'il le fallait, à se retirer au désert (RENÉ TARDIVAUX, DIT BOYLESVE, La leçon d'amour dans un parc, 1902, page 244 ). Par analogie. Continuez à m'écrire dans mon désert des nouvelles du monde. Ce n'est pas que ce désert ne soit très animé, nous passons les jours en fêtes (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Correspondance générale, tome 2, 1789-1824, page 119 ). Nous avons été vivre dans notre désert de Bièvres, nous avons fait, comme tant d'autres, notre petite expérience de vie phalanstérienne (GEORGES DUHAMEL, Combat contre les ombres, 1939, page 55 ). · [Désert en tant que lieu du miracle] Le pain tombé du ciel pour le peuple au désert, Quand sécha la rosée dont le sol fut couvert (FRANCIS JAMMES, Les Géorgiques chrétiennes, Chants 1, 1911, page 12 ). — Par métaphore ou au figuré. L'indifférence de la multitude est un désert plus sûr que le désert même (LÉON BLOY, Le Désespéré 1886, page 160 ). La vie sans toi ne me paraît plus qu'un désert (ANDRÉ GIDE, L'École des femmes, 1929, page 1252 ). · Désert + substantif. (Un) désert de larmes. Quand je relis mon journal de jeune fille, j'ai l'impression de voler dans un avion très lent au-dessus d'un désert d'ennui (ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, Climats, 1928, page 157 ). Vous n'avez pas vécu, mais il vous reste encore à vivre. Dans ce désert d'indifférence et d'oubli, n'avez-vous jamais senti, depuis vingt ans, dans le silence, votre âme protester contre vous? (HENRI PETIOT, DIT DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire?, 1934, page 372 ). 2. De façon temporaire ou occasionnelle : endroit vide, où l'on ne rencontre personne. — Cette foule, peu à peu, s'était répandue dans les terres voisines, avait fait le cercle autour de la fosse, à cent mètres. Au centre du grand vide, le Voreux se dressait. Plus une âme, plus un bruit, un désert (ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1544) : Ø 15. Dans la rue Mouffetard, ce soir-là, traînaient des odeurs de viande morte, de chat et d'urine et les invisibles flocons de la misère; comme toujours, dans ces déserts endormis de Paris. Laforgue et ses camarades ne virent s'esquiver que les derniers rôdeurs de la malchance, ces vieilles femmes qui roulent de portail en portail (...) ces noirs et ces manoeuvres algériens qu'on entend chanter si tard en été sous les arbres de papier vert de la place Maubert comme sur un toit d'Afrique... PAUL NIZAN, La Conspiration, 1938, page 20. B.— [Suivi d'un complément déterminatif désignant un lieu] Fait d'être désert; qualité de ce qui est désert (confer I A). Et moi qui redoutais le désert de cette grande salle! Elle est déjà plus qu'à demi pleine de couples qui tournoient (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 306 ). Le désert des champs, le silence des hameaux, la rareté des fumées (...) donnèrent au jeune Toscan un sentiment de malaise et d'insécurité qui s'aggravait à chaque foulée (MAURICE DRUON, La Reine étranglée, 1955, page 189 ). — Par métaphore ou au figuré (confer supra I B 2) Voilà quelles secousses (...) l'amenèrent [Boulanger] aux extrêmes frontières où l'on n'a plus qu'un pas pour entrer dans la mort. Et ce qui l'y jeta, ce fut ce désert moral dès le soir de l'enterrement (MAURICE BARRÈS, L'Appel au soldat, 1900, page 521 ). Le vide et le désert de toute préexistence (VLADIMIR JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, page 255 ). Remarque : On rencontre dans la documentation le substantif féminin désertification. Transformation d'une région en désert. Cinq cents chercheurs ont préparé une étude du processus et des causes de la désertification, une carte mondiale des zones menacées et un projet de plan d'action (L'Écologie, enjeu politique, page 30. Supplément aux dossiers et documents du Monde, mars 1978). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 7 623. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 13 589, b) 12 209; XXe. siècle : a) 9 082, b) 8 814.

« Ø 3.

Je vais m'installer sur le banc de quart.

La barque tire sur son amarre.

Le soleil décline doucement.

Il y a des risées sur l'eau.

Le ciel est pur.

La mer déserte.

Le large indigo. BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 171. SYNTAXE : Quai, port désert; allée, avenue, place, ruelle déserte; salle (de café, de musée, etc.) déserte.

Noir, obscur, silencieux, vide et désert. Remarque : Désert est souvent accompagné d'un adverbe ou d'un complément de temps.

Je me promenai dans cette rue sans boutique, et déserte à cette heure (ALEXANDRE DUMAS fils, La Dame aux camélias, 1848, page 115).

Au petit matin, des souffles légers parcourent la ville encore déserte (ALBERT CAMUS, La Peste, 1947, page 1314). Désert + complément de l'adjectif.

Un peuple affairé, silencieux, vêtu d'imperméables et chaussé de caoutchoucs, circulait déjà, encombrant les trottoirs, mais attentif à ne pas empiéter sur la chaussée, pourtant déserte de voitures (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Sorellina, 1928, page 1198 ).

Ô soleil de minuit sans sommeil solitude Dans les logis déserts d'hommes où vous veillez Épouses d'épouvante (LOUIS ARAGON, Le Crève-Coeur, 1941, page 14 ). · Par métonymie.

On a cogné contre la porte.

Un bond; il va ouvrir : la nuit déserte le salue (JEAN GIONO, Regain, 1930, page 106 ).

C'était un petit matin tout gris, désert (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 491) : Ø 4.

Cinq ou six vieilles femmes priaient là, clientes de cérémonies désertes.

Dans cette solitude pleine de présences et de chuchotements, Augustin finit par goûter une fatigue physique, une nonchalance, un repos, et l'envie de dormir. JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 1, 1933, page 318. B.— Au figuré.

Terne, où il ne se passe rien.

Paraîtras-tu demain? Passerai-je encore une journée déserte et désolée? (MAURICE DE GUÉRIN, Correspondance, 1837, page 268 ).

La lune s'éleva sur les sapins, derrière les collines, (...) Elle nous baigna spontanément de sa lumière morne et pâle, de sa flamme déserte et pâle (PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, 1883, page 304 ).

Rien ne palpitait dans ses vers [de Leconte de Lisle] tout en façade que n'étayait, la plupart du temps, aucune idée; rien ne vivait dans ces poèmes déserts (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS- KARL HUYSMANS, À rebours, 1884, page 250) : Ø 5.

Elle [Mme.

Clapain] devait être payée chichement, n'avoir jamais de liberté, ne sortir que pour les maîtres et toujours le moins possible.

Une existence déserte, comme on en voit des milliers, sans les remarquer. ÉDOUARD ESTAUNIÉ, Madame Clapain, 1932, page 317. — En particulier.

[Le déterminé désigne la personnalité ou ses manifestations] Sans expression, sans émotion.

(Un) regard désert : Ø 6.

Il y eut un silence dont Mathieu profita pour ensevelir ses souvenirs de la nuit.

Quand il sentit que son coeur était désert, il releva la tête... JEAN-PAUL SARTRE, L'Âge de raison, 1945, page 205. · Libre, disponible : Ø 7....

elle [Aurore] était (...) trop intelligente pour 2. »

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