Dictionnaire en ligne: DOUILLET, DOUILLETTE2, adjectif. A.— [En parlant d'une chose] 1. [En parlant d'un élément de literie ou d'ameublement] Qui est doux et délicatement moelleux. Lit, oreiller, matelas, coussin, fauteuil douillet. Un lit soigneusement bordé, chaud, douillet (ELSA TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, page 280 ). — [En parlant d'une étoffe, d'un vêtement chaud et confortable] Un paletot doublé de molleton bien douillet et bien chaud (AUGUSTE BARBIER, Satires, 1865, page 67 ). 2. Par extension. a) [En parlant d'un lieu] Qui est aménagé avec un confort délicat, raffiné, intime. Appartement douillet; un intérieur douillet : Ø 1. En entrant dans la chambre, elle [madame Caroline] trouva les rideaux fermés, six bougies (...) éclairant d'une flamme tranquille ce nid de duvet et de soie, une chambre trop douillette de belle dame à vendre, avec ses sièges profonds... ÉMILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 163. b) [Avec une idée de chaleur, de tranquillité] Qui est vécu avec bien-être, agrément et calme. Sommeil douillet; atmosphère, existence douillette. Je me lèverai à midi : j'aurai des matinées douillettes dans mon lit (ÉDOUARD ESTAUNIÉ, L'Empreinte, 1896, page 18 ). Ils étaient assis au fond du bar, en face du comptoir, c'était douillet, entourés d'un gros bruit cotonneux qui berçait (JEAN-PAUL SARTRE, Le Sursis, 1945, page 131 ). La situation douillette et abritée de la vie prénatale (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 452 ). — Emploi comme substantif avec valeur de neutre. Ces rochers très noirs et dessinés comme sur les gravures qu'on aime à contempler du douillet de son lit, par-dessus l'édredon (JEAN GIONO, Le Bonheur fou, 1957, page 246 ). c) [En parlant d'une partie du corps, du corps d'une personne] Qui est doux, tendre et délicat au toucher. Chair douillette; menton, ventre douillet; main, gorge douillette. Elle [Lina] qui aimait tant tous les petits, (...) ceux qui courent et qui commencent à lire, ceux qui ne sont encore que de la chair douillette à dorloter et à baiser (ALPHONSE DAUDET, L'Évangéliste, 1883, page 45 ). Les plis d'un torse de femme, les creux douillets, les fossettes, les courbes grasses de sa chair (ÉLIE FAURE, Histoire de l'art, 1921, page 207) : Ø 2. Point de muscles visibles, mais partout une rassurante épaisseur, çà et là l'indication d'un pli qui sera plus tard douillet. GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Belles saisons, 1945, page 122. 3. Par analogie, rare. [En parlant d'un mets] Moelleux. Tu ne mettras que trois oeufs, c'est plus douillet (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1858, page 550 ). B.— [En parlant d'une personne] 1. Qui est exagérément sensible aux petites douleurs physiques. Mme. de Coulanges. — Oh! que je me suis fait mal au pied! Mme. de Tourville. — Tais-toi, douillette! (PROSPER MÉRIMÉE, Le Théâtre de Clara Gazul, 1825, page 73 ). On n'était pas douillet dans la famille : malade ou non, on ne se plaignait jamais (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, L'Aube, 1904, page 47 ). · Vieilli. Être douillet à quelque chose Y être très sensible. Elle devenait douillette au froid, sensible au vent (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Les Soeurs Vatard, 1879, page 251 ). — Emploi comme substantif. Faire le douillet, la douillette; un douillet. Ce douillet se plaint du climat : ne dirait-on pas qu'il est né dans la ouate et qu'il a grandi en serre chaude? (JULES SANDEAU, Mademoiselle de la Seiglière, 1848, page 167 ). 2. Par extension. Délicat, trop sensible. Ces bêtes, disait-elle, c'est très douillet; ça prend des coliques pour un rien (ÉMILE ZOLA, Le Ventre de Paris, 1873, page 731 ). — [En parlant d'un organe] Son estomac douillet lui fait changer continuellement de cuisine (HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal, 1866, page 318 ). 3. Qui aime la mollesse, un confort raffiné. Le confort est notre Capoue à tous. Nous nous amollissons dans le bien-être. Une génération douillette, sensitive, efféminée se forme ainsi dans le duvet et dans l'abondance (HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal, 1866page 208 ). Remarque : On rencontre dans la documentation l'adjectif douillard, populaire Qui est très douillet. Je ne dirai rien, si tu m'aimes. Nous nous en irons. Nous le laisserons à sa forêt, bien tranquille, bien douillard, à vieillir tout à fait (Jean de la Varende, Homme aux gants, 1943, page 322). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 6
