Dictionnaire en ligne: ÉCOLE, substantif féminin.

Dictionnaire en ligne: ÉCOLE, substantif féminin. I.— [L'idée dominante est l'acquisition d'un savoir] A.— Établissement dans lequel on donne un enseignement collectif, par métonymie cet enseignement lui-même et son contenu; ensemble des établissements scolaires. Camarade, directeur, maître d'école; école buissonnière*. Les soeurs de la Providence, qui tenaient une école gratuite de jeunes filles (JULES FLEURY-HUSSON, DIT CHAMPFLEURY, Les Bourgeois de Molinchart, 1855, page 60 ). C'est seulement par cette réforme des méthodes de l'enseignement que l'école peut remplir aujourd'hui sa mission de toujours, celle d'initier à une culture (Pour une école nouvelle, Formation des maîtres et recherche en éducation, Actes du colloque national d'Amiens 1968, Paris, Dunod, 1969, page 379) : Ø 1. Quelque chose qui me tracasse, je vais vous dire, c'est les écoles. Il faut des écoles, beaucoup d'écoles. Moi, vous voyez, je ne sais pas lire. C'est mon gars qui me disait les nouvelles, mais il a été tué dans un éboulement. Alors je crois qu'il faudrait en créer des écoles, pour tout le monde. ALBERT CAMUS, Révolte dans les Asturies, 1936, II, 2, page 414. Ø 2. Il [Daniel] n'avait été en classe que quelques semaines en tout. Il gardait cependant de l'école un souvenir persistant mais douloureux et qui ne lui laissait pas de repos. Dès l'ouverture en septembre, il se rappelait deux ou trois jours où il avait été particulièrement heureux, s'en allant vers l'école avec son cartable tout neuf pendu au dos, et tenant sagement la main de Lucille et d'Albert. GABRIELLE ROY, Bonheur d'occasion, 1945, page 270. 1. En particulier. [École est souvent suivi d'un adjectif déterminatif ou d'un complément prépositionnel indiquant la nature, le lieu, l'esprit de l'enseignement ou la qualité de l'enseignant] a) Établissement d'enseignement général. École enfantine*, laïque, libre, mixte; école des frères, du village. Admis gratuitement dans l'école communale élémentaire (Recueil de textes d'histoire publiés sous la direction de L. Gothier et A. Troux. 1883, page 206) : Ø 3. L'égalité a un organe : l'instruction gratuite est obligatoire. Le droit à l'alphabet, c'est par là qu'il faut commencer. École primaire imposée à tous, l'école secondaire offerte à tous, c'est là la loi. De l'école identique sort la société égale. VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 432. Ø 4. Quand vous êtes arrivés ici, plus petits, vous lanciez de vilains gestes, vous employiez de vilains mots, et vous étiez criards, indociles, turbulents! regardez, comme vous êtes changés!... au mois d'octobre vous irez à la grande école, on dira tout de suite : « Oh! oh! ceux-ci viennent de l'école maternelle, ce sont les plus sages... » LÉON FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, page 286. b) Établissement spécialisé où sont enseignées des disciplines particulières. Jeunes gens que l'École Hôtelière jette sur le marché par promotions, comme Polytechnique ou Normale (LÉON-PAUL FARGUE, Le Piéton de Paris, 1939, page 227 ). Créer une école ménagère, une école de puériculture (MICHEL DEBATISSE, La Révolution silencieuse, 1963, page 113 ). Voir agriculture, exemple 11 et 12. — RELIGION PROTESTANTE. École du dimanche. Enseignement religieux dispensé aux enfants le dimanche. Il [Lorie] voulait se convertir, lui et ses enfants, à la religion réformée. Pour les enfants, on n'avait qu'à les envoyer à « l'école du dimanche ». (ALPHONSE DAUDET, L'Évangéliste, 1883, page 158 ). c) Établissement d'enseignement supérieur plus ou moins spécialisé. École polytechnique, école des Beaux-Arts, de médecine, des mines, du Louvre, des Hautes Études (Commerciales); grandes écoles. L'école supérieure de guerre, pépinière des officiers d'état-major (GEORGES CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, page 415 ). Un des lieux du monde les mieux consacrés à la vie de l'esprit, l'École Normale de la rue d'Ulm (JEAN GUÉHENNO, Journal d'un homme de 40 ans, 1934, page 121) : Ø 5. — Vous êtes encore à l'école des Chartes, monsieur Grosdidier? Ce sont des études... (...) Il était entré à l'école des Chartes, trois ans auparavant, comme on entre sous une porte cochère pendant une averse : pour attendre. ROGER MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, page 17. 2. Expression. Mot d'école (péjoratif). Terme ou expression comparables à ceux d'un cours universitaire, c'est-à-dire de contenu purement notionnel et sans référence à la réalité actuelle. (Quasi-)synonyme : poncif. Un mot d'école, sans réalité! (EUGÈNE MELCHIOR, VICOMTE DE VOGUË, Les Morts qui parlent, 1899, page 349 ). 3. Locution verbale. — Faire l'école (vieilli). Enseigner (dans une école maternelle ou primaire). Qu'ils fassent donc l'école [les instituteurs] , il n'y a rien de plus beau au monde (CHARLES PÉGUY, L'Argent, 1913, page 1135 ). — Au figuré. Renvoyer quelqu'un à l'école. " Lui faire sentir son ignorance " (Dictionnaire de l'Académie Française). Péjoratif. Sentir l'école. Offrir un côté pédant Ce pédantisme, qui sent l'école (MARCEL PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 876 ). B.— Par métonymie. 1. Ensemble des élèves et du personnel d'un établissement scolaire. La ville et l'école sont sens dessus-dessous (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 262) : Ø 6. Elle [ma soeur] suivait à présent des cours d'art publicitaire dans un établissement de la rue Cassette où elle se plaisait. À une fête organisée par son école, elle chanta, déguisée en bergère, de vieilles chansons françaises et je la trouvai éblouissante. SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 296. 2. Ensemble des locaux d'un établissement scolaire. Un régiment de cuirassiers qui regagnait au pas l'École militaire (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Messieurs les Ronds-de-cuir, 1893, 1er. tableau, 1, page 19 ). Enfants qui jouent sous un préau d'école (JULES RENARD, Poil de carotte, 1894, page 183) : Ø 7.... lorsque le cours était fini, à quatre heures, une longue soirée de solitude commençait pour moi. Mon père transportait le feu du poêle de la classe dans la cheminée de notre salle à manger; et peu à peu les derniers gamins attardés abandonnaient l'école refroidie où roulaient des tourbillons de fumée. HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Le Grand Meaulnes, 1913, page 13. — En apposition. La petite mairie-école du plus petit village français (VALÉRY LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, page 217 ). 3. Organisation scolaire. Synonyme : enseignement. Pour aller vraiment vers une « École Nouvelle », l'invention, la recherche patiente et méthodique, la volonté de progresser sont au premier rang de ce qui est nécessaire (Pour une école nouvelle, Formation des maîtres et recherche en éducation, Actes du colloque national d'Amiens 1968, Paris, Dunod, 1969, page 27 ). C.— Emplois spéciaux. 1. ART MILITAIRE. vieilli. Instruction dispensée à des soldats. Je suis bien fâché de ne pas savoir l'école de peloton (PROSPER MÉRIMÉE, Arsène Guillot, 1847, page 139 ). 2. ÉQUITATION. Basse école. Exercices par lesquels on apprend à monter à cheval (Confer Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (PAUL ROBERT) Supplément 1970). Haute école. Exercices de voltige. Un lignard très gai fait faire des exercices de haute école à un ânon (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1870, page 688 ). 3. JEUX DE SOCIÉTÉ. Faire une école. Commettre une erreur de tactique telle qu'on mériterait d'être renvoyé à l'école. Schinner voulut apprendre le piquet. Ignorant et novice, il fit naturellement école sur école (HONORÉ DE BALZAC, La Bourse, 1832, page 414 ). — Au figuré. Quelle école! il avait failli (...) se laisser jouer comme un enfant (ÉMILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 346 ). Les malins de sa force [à Edgar Faure] croient qu'il suffit de l'être pour se tirer d'affaire (...) Il a fait là-dessus quelques écoles et le pays avec lui (FRANÇOIS MAURIAC, Bloc-notes, 1958, page 201 ). D.— Au figuré. 1. [École est éventuellement suivi d'un complément ou d'un déterminant subjectifs] Enseignement ou formation reçus au contact d'une réalité, dispensés par une personne. Rien ne vaut la rue pour faire comprendre à un enfant la machine sociale. (...) L'école en plein vent m'enseigna de hautes sciences (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Livre de mon ami, 1885, page 164) : Ø 8. Je ne sais plus à quel propos, je lui dis que le péché donne une expérience de la vie dont il y a un profit énorme à tirer, un profit spirituel; que le péché instruit l'individu, est une sorte d'école où il apprend à connaître l'humanité;... JULIEN GREEN, Journal, 1944, page 171. — Locution verbale. · Être à bonne école. Être au contact d'une personne ou d'une réalité susceptibles d'enseigner ou de former. Par antiphrase. Elle était à bonne école, ça n'avait rien d'étonnant, si elle s'avachissait (ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 648 ). · Il faut aller à votre école pour apprendre cela. " Il n'y a que vous qui puissiez enseigner cela " (Dictionnaire de l'Académie Française). 2. [École est éventuellement suivi d'un complément ou d'un déterminant objectifs] Ce qui apporte la connaissance ou l'expérience de quelque chose. L'école du mensonge. Tenir école de mauvaises moeurs, de mauvais goût (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). Les prairies seront votre école, les fleurs vos alphabets et Flore votre institutrice (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 102 ). Paradoxes qui montaient dans le ciel aussi haut que la tour de Babel pour la confusion de l'école du bon sens (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Charles Demailly, 1860, page 130 ). II.— [L'idée dominante est l'affinité de pensée ou de méthodes] A.— Ensemble des disciples d'un maître. Rectifications que Fustel de Coulanges et son école ont apportées sur nos origines (JACQUES BAINVILLE, Histoire de France, tome 1, 1924, page 7 ). Pavlov et son école décrivent quatre types de comportement réflexe (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 396 ). — Par métonymie. L'École d'Athènes. Fresque de Raphaël consacrée à l'apothéose de la pensée grecque. Un homme appuyé sur son bâton dans l'École d'Athènes (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Corinne ou l'Italie, tome 2, 1807, page 49 ). — Locution verbale. · Faire école. Avoir des disciples ou des imitateurs. Un bon vieil homme piétiste et mystique qui avait fait école au pays de Vaud (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, page 71 ). · Se mettre à l'école de quelqu'un. Apprendre de lui, l'imiter. J'ai repris ces « inédits » de Montesquieu avec un intérêt très vif. C'est un maître écrivain; je veux dire qu'il y a profit à se mettre à son école; à condition de ne pas y rester (ANDRÉ GIDE, Journal, 1938, page 1323 ). B.— Par extension. Doctrine, courant, système, prôné par un maître ou un ensemble de personnes. École classique, historique, littéraire, romantique; chef d'école. L'école sensualiste du dix-huitième siècle (VICTOR COUSIN. Histoire de la philosophie du XVIIIe. siècle 1829, page 39 ). Ces écoles philosophiques nées sur les rivages d'Ionie (PAUL VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géographie humaine, 1921, page 4 ). Une école de spiritualité — l'école française des Bérulle et des Condren (ABBÉ HENRI BREMOND, La Poésie pure 1926, page 144 ). — Vieilli, emploi absolu à valeur méliorative, souvent avec majuscule. L'École. Enseignement philosophique et théologique donné dans les universités médiévales. Synonyme : scolastique. La forme est définie par l'École, « cela par quoi une chose est ce qu'elle est » (PAUL CLAUDEL, Art poétique, 1907, page 187 ). — De l'ancienne, de la vieille école. (À propos d'une personne) Formé selon des méthodes ou des principes vieillis. Les républicains de la vieille école (CHARLES MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, page 86 ). Une cuisinière de l'ancienne école (GEORGES BERNANOS, La Joie, 1929, page 549 ). — BEAUX-ARTS. Esthétique, technique ou tradition communes à un ensemble d'artistes. École flamande, française. Les vieux tableaux de l'école allemande et les primitifs italiens (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Vie en fleur, 1922, page 453 ). Un tableau charmant de l'école de Murillo (ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1963, page 157 ). L'école Dada succédait au groupe des Six (LÉON-PAUL FARGUE, Le Piéton de Paris, 1939, page 51 ). Remarque : On rencontre dans la documentation école employé comme 2e. élément formateur de substantif composés. a) Dans le domaine de l'initiation à la conduite d'un moyen de transport : auto-école, avion-école, voilier-école, voiture-école (confer Dictionnaire des mots nouveaux (PIERRE GILBERT) 1971). b) Dans le domaine de l'enseignement professionnel. Une ferme-école où l'âme et le coeur seraient fortifiés et haussés en même temps que l'intelligence (Joseph de Pesquidoux, Livre de raison, 1932, page 185). Atelier-école (Dictionnaire des mots nouveaux (PIERRE GILBERT) 1971). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 7 638. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 10 445, b) 8 232; XXe. siècle : a) 14 567, b) 10 397. DÉRIVÉS : Écolage, substantif masculin. vieilli. a) Fait de suivre les cours d'une école. Synonyme usuel : scolarité. S'enquérir de la formation intellectuelle, de la régularité de l'écolage (DOCTEUR HENRI CODET, Psychiatrie, 1926, page 4 ). b) Frais d'école dus par un écolier. Séverin alla un peu à l'école. Son père aurait voulu le faire bien instruire (...); mais, pour cela, il fallait payer l'écolage et les Pâtureau étaient bien pauvres (ERNEST PÉROCHON, Les Creux-de-maisons, Paris, Plon, 1921, page 16 ). Remarque : Au sens b, le terme est courant en Suisse romande.