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DIVIN, -INE, adjectif et substantif masculin.

Publié le 16/01/2016

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DIVIN, -INE, adjectif et substantif masculin.  

[Correspond à divinité I]  Qui est relatif à la divinité ou d'ordre supra-humain; ce qui est relatif à la divinité. Il [le Christ] a apporté à la terre la doctrine la plus sainte, la plus féconde et la plus divine qui ait jamais rayonné sur l'intelligence humaine (ALPHONSE DE LAMARTINE, Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient (1832-1833) ou Note d'un voyageur, tome 1, 1835, page 225 ). Shiva, la personnification divine des forces naturelles (JULES VERNE, Le Tour du monde en quatre-vingts jours,  1873, page 75 ). Plus d'un penseur s'est perdu à vouloir gouverner et ranger des idées; cette sagesse est divine, non humaine (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1933, page 1127) : 

Ø 1. Qu'est-ce enfin que le logos éternel et créateur de Platon, connaissance divine, première cause des créatures, original immatériel et éternel sur lequel toute chose a été faite et par lequel toute chose est successivement créée... 

PIERRE LEROUX. De l'Humanité, de son principe et de son avenir, tome 2,  1840, page 901. 

I.—  [Correspond à dieu 1re.  section I A; dans une perspective polythéiste]  Qui est relatif à un (ou aux) dieu(x).  Personnages divins, figures divines; tétrade divine; les neuf sphères divines; disputes divines; divines puissances. Pythagore pensait que les corps célestes étaient immortels et divins (CHARLES-FRANÇOIS DUPUIS, Abrégé de l'origine de tous les cultes,  1796, page 47 ). 

—  En particulier. 

·     [En parlant de quelque chose] 

Qui est caractéristique d'un (ou des) dieu(x), qui lui (ou leur) est propre. Le séjour consacré à la Sibylle, à la mémoire d'une femme animée par une inspiration divine (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Corinne ou l'Italie, tome 2, 1807, page 65 ). Les Brahmanistes repoussaient du dedans des pierres (...) les mille bras divins portant le lotus ou la hache (ÉLIE FAURE, L'Esprit des formes, 1927, page 232 ). 

Qui a un (ou les) dieu(x) pour origine ou pour objet. Oracles, cultes divins; malédiction, vengeance divine; divines oboles. Pompée marchoit aux combats, en invoquant l'assistance divine (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Génie du christianisme, tome 1, 1803, page 255 ). 

·    [En parlant de quelqu'un]  Qui est attaché au service, au culte d'un (ou des) dieu(x), qui est inspiré par lui (eux). Divine sibylle. Bacchus aime de promener ici le cortège de ses divines nourrices (MAURICE BARRÈS, Le Voyage de Sparte, 1906, page 40 ). 

—  Spécialement.  [En parlant de certains hommes ou de certains animaux (confer dieu 1re.  section I A 1 spécialement)]  Qui est élevé au rang de dieu, qui est divinisé. La terre (...) où les ancêtres divins reposaient (NUMA-DENIS FUSTEL DE COULANGES, La Cité antique,  1864, page 169 ). La fille du divin Hercule : Messaline (JOSÉPHIN PÉLADAN, Le Vice suprême,  1884, page 68 ). 

·    Locution. Rendre à quelqu'un les honneurs divins. Rendre à un homme divinisé les honneurs ordinairement rendus aux dieux. Décerner, recevoir les honneurs divins. Les Grecs rendirent des honneurs divins au barbare. Ils dédièrent des offrandes à Titus et Hercule, à Titus et Apollon (JULES MICHELET, Histoire romaine, tome 2, 1831, page 57 ). 

II.—  [Correspond à dieu 1re.  section I B; dans une perspective monothéiste, en particulier dans la tradition judéo-chrétienne] 

A.—  Qui est caractéristique de Dieu, qui lui est propre; de Dieu. Il fera plus qu'aucun autre pour vider l'idée divine de toute signification déterminée (HENRI MASSIS, Jugements,  1923, page 88) : 

Ø 2.... S. Jean a pu voir la pensée divine ou le Verbe parlant par Jésus, sans tomber dans l'idolâtrie, et sans faire de Jésus, considéré comme révélateur de la pensée divine, une personne en Dieu, ainsi que le Christianisme l'a fait après lui.

PIERRE LEROUX,  De l'Humanité, de son principe et de son avenir,  1840, page 821. 

SYNTAXE : a) Substantif + divin, ine. Amour, pouvoir, vouloir divin. b) Divin, ine + substantif Idée, connaissance, nature, pensée, action, création divine; puissance, autorité, volonté divine; perfection(s), sagesse, providence, équité, miséricorde, charité divine(s); colère crainte divine. 

B.—  En particulier, dans le christianisme. 

1. Personne divine. Chacune des trois personnes de la Sainte Trinité, Dieu étant la première, le Christ la deuxième et le Saint-Esprit la troisième. Les trois personnes de la Sainte Trinité. Il ne faut pas vouloir scruter témérairement et définir en maître la nature des divines personnes, de l'Esprit-Saint (FÉLIX ANTOINE PHILIBERT DUPANLOUP, Journal intime,  1853, page 167 ). 

·    [Syntagmes dans lesquels divin renvoie à la première personne de la Trinité, Dieu]  L'Être divin, le divin Créateur, le divin Époux. L'Être divin est nécessairement éternel, puisque l'existence est son essence même (ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale,  1932, page 58 ). 

·    [Syntagmes dans lesquels divin renvoie à la deuxième personne de la Trinité, le Christ]  Le Verbe divin; le divin Messie, le divin Sauveur, le divin Rédempteur, l'Agneau divin; le divin Enfant (synonyme l'Enfant Jésus). Il est né le divin Enfant Titre d'un cantique de Noël. Révélation divine, incarnation divine, agonie divine, corps divin, sang divin. Toutes les voix des nonnes s'élevèrent (...) chantant le vieux Noël : il est né le divin enfant (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome 1, 1895, page 94 ). Des hommes ont vu le corps divin qui allait ressusciter dans la gloire (ERNEST PSICHARI, Le Voyage du centurion,  1914, page 204 ). 

—   [Syntagmes dans lesquels divin renvoie à la Vierge Marie, mère du Christ]  La Mère divine; la maternité divine. Je suis vous le savez une pauvre orpheline; Je n'ai d'autre gardien que la Vierge divine (MARCELINE DESBORDES-VALMORE, Mélanges,  1859, page 219 ). 

2. [En parlant de quelqu'un] 

a) [En parlant des anges attachés au service de Dieu]  Divines hiérarchies, divins messagers; phalanges divines; anges, envoyés divins. Hiérarchie des anges, (...) ces divins messagers portent les décrets du Très-Haut, d'un bout de l'univers à l'autre (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Génie du christianisme, tome 1, 1803, page 496 ). 

b) [En parlant d'un être humain consacré à Dieu]  Divin apôtre; prophètes, missionnaires divins : 

Ø 3. Silence au camp! la Vierge est prisonnière; 

Par un injuste arrêt Bedfort croit la flétrir : (...) 

Des pontifes divins, vendus à la puissance, 

Sous les subtilités des dogmes ténébreux 

Ont accablé son innocence. 

CASIMIR DELAVIGNE, Messéniennes,  1824, page 51. 

3.  [En parlant de quelque chose] 

a) Qui provient de Dieu, qui a Dieu pour origine, qui est le fait de Dieu. Assistance, grâce divine : 

Ø 4. Vous cherchez Dieu dans votre vie, et Dieu n'apparaît pas, nous dites-vous. Mais quelle vie n'a pas des milliers d'heures semblables à l'heure de ce drame où tous attendent l'intervention divine...

MAURICE MAETERLINCK, Le Trésor des humbles,  1896, page 231. 

SYNTAXE : Punition divine du péché originel, malédiction divine; autorité divine de l'Église; amour divin; monarchie de droit (voir ce mot) divin; mystères divins; divins sacrements; implorer la faveur, la protection divine; attirer la bienveillance, la bénédiction divine; lire, entendre, répandre la parole divine. 

·    Qui est inspiré par Dieu. Divines Écritures, divins Psaumes; livre divin des Évangiles. L'Église (...) prépare quelque oeuvre divine avant les grandes douleurs (JACQUES MARITAIN, Primauté du spirituel,  1927, page 134) : 

Ø 5. Les Saintes Écritures offrent un autre grand bien, elles consolent. C'est un des traits les plus caractéristiques des divins livres. 

FÉLIX ANTOINE PHILIBERT DUPANLOUP, Journal intime,  1853, page 85. 

b) Qui participe de la substance ou de la nature divine. Hostie divine : 

Ø 6.... ou bien je suis, mais mon essence est divine, ou bien je ne suis pas, mais le néant n'est rien de positif, et nous n'en pouvons former une idée.

JULES VUILLEMIN, Essai sur la signification de la mort,  1949, page 58. 

—  Par extension.  Dont la nature est marquée par son origine de créature faite à l'image de Dieu. Si l'homme ne jouit pas d'une condition divine, c'est qu'il y a dans le monde une abomination qui le lie (JACQUES MARITAIN. Humanisme intégral, problèmes temporels et spirituels d'une nouvelle chrétienté,  1936, page 242 ). 

c) Qui a Dieu pour objet, qui est dû à Dieu. Culte, office, service divin; cantiques divins. Elle assistait aux offices divins avec un respect mêlé de crainte et d'amour (CHARLES, COMTE DE MONTALEMBERT, Histoire de Sainte Elisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe (1207-1231),  1836, page 66 ). 

4. [Lexie à contenu religieux affaibli]  Interjection. Bonté divine! Confer bonté B 2. 

5. Allusion littéraire.  [Par référence à La Divine Comédie de Dante] :

Ø 7. L'histoire et la légende ne sont que les nourritures dont a pu se repaître le monstre qui vit devant nous, aussi étranger à l'humanité, aussi complet dans sa plainte que la plus étrange des divines comédies. 

ROBERT BRASILLACH, Pierre Corneille,  1938, page 305. 

III.—  Emploi comme substantif masculin. Le divin. Ce qui est relatif à la divinité, aux dieux ou à Dieu (Confer divinité I). Appétit, révélation du divin. L'âme est combattue entre le divin et le terrestre (ALBERT BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve,  1939, page 279 ). Innombrables sont nos voies, et nos demeures incertaines. Tel s'abreuve au divin dont la lèvre est d'argile (ALEXIS SAINT-LÉGER LÉGER, DIT SAINT-JOHN PERSE, Exil,  1942, page 253) : 

Ø 8.... loin de croire le surnaturel, le divin inventés par l'homme je pense que c'est l'intervention millénaire de l'homme qui a fini par nous corrompre le divin.

ANTONIN ARTAUD, Le Théâtre et son double,  1938, page 13. 

IV.—  Par hyperbole. 

A.—  [Par opposition au caractère imparfait qui est généralement attaché à tout ce qui est humain ou terrestre] 

1. [Au plan de l'esthétique dans le sens général \" science du beau \"]  Qui représente —  dans son genre —  la perfection, l'excellence, et qui émerveille. 

a) Dans le domaine de la création artistique et intellectuelle. 

—   [En parlant de l'artiste lui-même]  Artiste divin; divin auteur, divin Platon, divin statuaire, divine cantatrice. Le grand héros nous semble un meurtrier (...) ce divin coloriste un barbouilleur de toiles (THÉODORE DE BANVILLE, Les Cariatides, 1842, page 52 ). Ce monde enchanté qu'évoquait la lecture des divins poètes, Goethe, Schiller, Shakespeare (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Le Matin, 1904, page 188 ). 

—   [En parlant de son oeuvre]  Œuvre, poésie, musique, gravure divine; chant divin; divin tableau : 

Ø 9. Admirable vue de la première page de l'Histoire de Notre-Seigneur. C'est sensiblement et absolument divin; d'une pureté, d'une clarté infinie dans la simplicité et la grandeur.

FÉLIX ANTOINE PHILIBERT DUPANLOUP, Journal intime,  1869, page 326. 

b) [En parlant de l'aspect physique de quelqu'un; généralement en parlant d'une femme et dans le langage galant]  Créature divine, beauté divine, femme aux divins appas, les plus divins attraits, profil divin, charmes divins, yeux divins : 

Ø 10.... Avec ses grands cheveux aux naturelles boucles, 

Ses yeux étincelants comme des escarboucles, 

Son col blond et doré, sa bouche de corail, 

Son pied de Cendrillon et sa jambe divine, 

Et ce que l'ombre cache et ce que l'on devine, 

Seule elle valait un sérail. 

THÉOPHILE GAUTIER, Albertus ou l'Âme et le péché,  1833, page 174. 

·    [Formule affectueuse]  Mon divin bijou. Rare.  [À l'adresse d'un homme]  Elle l'appelait : « ma petite fleur, mon chérubin, mon ange adoré, mon divin bijou » (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, L'Orphelin, 1883, page 838 ). 

—  En emploi comme substantif. 

·    Le divin. La beauté, la grâce, le charme féminins dans toute leur perfection : 

Ø 11.... Qui connaît son sourire a connu le parfait. 

Elle fait de la grâce avec rien, elle fait 

Tenir tout le divin dans un geste quelconque, 

Et tu ne saurais pas, Vénus, monter en conque, 

Ni toi, Diane, marcher dans les grands bois fleuris, 

Comme elle monte en chaise et marche dans Paris!... 

EDMOND ROSTAND, Cyrano de Bergerac,  1898, I, 5, page 53. 

·    Par antonomase.  [Pour désigner une femme]  La divine. Tu vas pouvoir faire des courses, mais tu n'as pas la divine pour te trimbaler avec elle dans les musées (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance,  1866, page 218 ). 

2. [Au plan de l'esthétique dans le sens étymologique \" science du sentiment \"] 

a) [En parlant de certaines qualités de coeur ou d'esprit]  Que sa nature ou sa qualité rend digne de Dieu ou des dieux. Intuition, inspiration divine; pitié si divine. Un enfant (...) qui, sous le joug d'une imagination presque divine, s'abandonnait avec amour au torrent de ses pensées (HONORÉ DE BALZAC, Louis Lambert,  1832, page 57 ). 

·    [En parlant d'une personne douée de toutes les qualités]  Que sa supériorité et sa perfection rendent comparable à Dieu ou aux dieux : 

Ø 12. Il est des personnes auxquelles tout est permis (...) il en est d'autres pour lesquelles le monde est d'une incroyable sévérité : celles-là doivent faire tout bien, ne jamais ni se tromper, ni faillir ni même laisser échapper une sottise (...) on ne leur permet rien d'humain, elles sont tenues d'être toujours divines et parfaites. 

HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues,  1843, page 133. 

b) [En parlant de certains sentiments ou de jouissances très diverses]  D'une qualité, d'une pureté, d'une intensité telles qu'elles ne paraissent plus naturelles mais surnaturelles. Souvenirs de nos heures les plus divines. Les paroles débordaient de lui, ce qui est propre à ces divins paroxysmes de la joie (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 658 ). Il vit la divine lumière qui souriait autour d'eux (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Révolte, 1907, page 592 ). Ses lettres, empreintes d'une divine innocence, sont sincères, momentanément (ALBERT BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve,  1939, page 249 ). 

3. [Pour exprimer l'excellence, perçue au seul plan sensoriel, de certaines choses] 

a) Dans le domaine de la gustation.  Mets divin, liqueur divine; divin breuvage, porto; soupers, ananas divins; divins dîners : 

Ø 13. —  Diable! fit-il après avoir avalé ces confitures divines (...) la chose ne me paraît pas aussi succulente que vous l'affirmez.

ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Cristo, tome 1, 1846, page 406. 

b) [Dans le domaine des conditions atmosphériques en tant qu'elles produisent une impression sur l'homme]  Locution familière, vieillie. Il fait (un temps) divin. Il fait un temps délicieux, très agréable. Un temps divin de beauté bleuâtre et serein (JULES BARBEY D'AUREVILLY, Memorandum 1,  1837, page 134 ). 

B.—  Par extension.  [Par opposition au caractère rationnel et naturel que l'on attache à ce que l'on connaît et s'explique; en parlant de quelque chose d'inconnu et de mystérieux que l'on s'explique mal ou pas du tout, et que l'on tend de ce fait à attribuer à quelque cause surnaturelle] :

Ø 14. Mon père était un obscur honnête homme qui, de bien bonne foi, raisonnait à sa manière sur la nature et ses divins secrets. 

GÉRARD DE NERVAL, Le second Faust,  1840, page 54. 

—   [À l'idée de mystère s'ajoute le sentiment de quelque chose d'extraordinaire, de prodigieux, de miraculeux]  Il n'y a pour me rappeler un peu à moi que le thé, le thé divin qui donne la fièvre et qui rend la mémoire (HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec Jacques Rivière] , 1905, page 207 ). 

Remarque : À noter que l'adjectif, divin, ine, quoique exprimant une qualité absolue, se rencontre —  dans les emplois hyperboliques seulement —  employé avec certains degrés de comparaison (plus, si, presque). Il est probable que ce soit par analogie avec l'adjectif humain, aine, ainsi que le suggère LITTRÉ. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 8 678. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 16 176, b) 11 407; XXe.  siècle : a) 10 771, b) 10 512. 

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