Drame

Diderot est l'inventeur du "drame bourgeois". A l'origine du projet, on doit rappeler la volonté de l'auteur de Jacques le fataliste de proposer une alternative à la tragédie, trop éloignée des préoccupations des spectateurs. Diderot veut créer un nouveau "genre dramatique sérieux" qui mettrait en scène des personnages ordinaires aux prises avec leurs difficultés quotidiennes. On verrait ainsi vivre une famille bourgeoise et ce spectacle aurait une valeur édifiante : les émotions, les inquiétudes des personnages seraient représentées avec naturel et simplicité, et la langue ne souffrirait pas de l'artifice de l'alexandrin. Il s'agirait, en un mot, de désacraliser le genre sérieux. L'échec public est cuisant. Le Fils naturel et le Père de famille tiennent à peine l'affiche quelques jours. Les contemporains de Diderot se soucient peu d'aller voir la représentation d'un univers qu'ils connaissent trop bien. Si le drame bourgeois est un échec, le drame romantique est, par contre, une totale réussite. Le succès immédiat d'Hernani, en 1830, fait de Victor Hugo le théoricien de ce nouveau théâtre qui revendique Shakespeare pour modèle. Les Romantiques souhaitent affranchir le théâtre de toutes les règles contraignantes de l'âge classique : plus d'unité de lieu, de temps ou d'action, mais des ruptures de tons ! Le sublime côtoie le grotesque, la tragédie la comédie. Bref, le drame romantique se veut un théâtre de la liberté, et une réponse originale à l'opposition artificielle de la tragédie et de la comédie. "Le drame, écrit Hugo, tient de la tragédie par la peinture des passions et de la comédie par la peinture des caractère".