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Elle tourna la tête pour regarder derrière elle.

Publié le 06/01/2014

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Elle tourna la tête pour regarder derrière elle. Le second tueur était à moins de trente mètres, et il venait vers elle, pour en finir. Tout en cherchant son arme à tâtons autour d'elle, elle entendit alors, sur le côté, un hurlement de moteur. L'Explorer surgit en marche arrière, s'immobilisant à côté d'elle. Elle roula sur le côté, se redressa, ouvrit la portière arrière à la volée et se jeta à l'intérieur. -- Fonce ! hurla-t-elle. Elle n'eut pas besoin de se répéter. Ils franchirent la sortie en coup de vent. Tess tourna sur Park Boulevard et s'éloigna du parking. Sous peu, le quartier grouillerait de flics. Julia ferma les yeux et essaya de retrouver son calme, de réfléchir. Alex et Tess étaient sains et saufs. C'était bien là l'essentiel. 45 Je pouvais respirer. Tess et Alex étaient en sécurité, à l'abri dans la planque fournie par le FBI. Julia les y avait conduits directement de Balboa Park, sans repasser par l'hôtel. Villaverde avait dépêché deux agents pour récupérer leurs bagages à l'hôtel. L'un d'eux resterait avec eux pour assurer leur sécurité. J'avais promis à Tess de les rejoindre dès que possible. Pour le moment, je me trouvais avec Munro dans le bureau de Villaverde, discutant de ce que signifiaient les dernières informations de Pennebaker. -- Ce doit être un proche de Navarro, avança Munro. Quelqu'un qui sait sur quoi il travaillait, et qui essaie de prendre la suite. Un de ses lieutenants, qui aura grimpé les échelons après son assassinat... C'est comme ça que ça marche. A chaque fois qu'un caïd quelconque est arrêté ou tué, quelques sousfifres partent en guerre les uns contre les autres dans l'espoir de prendre sa place. La violence s'exacerbe, et c'est reparti pour un tour. Ses hommes de main ne nous apprendraient rien. Celui que Julia avait poignardé était mort avant d'arriver à l'hôpital. Les deux autres s'étaient fondus dans la foule et avaient disparu. -- Qu'est-ce que c'est que cette drogue ? demanda Villaverde. Qu'a-t-elle de spécial ? -- On n'en sait rien, dit Munro. Tout ce qu'on sait, c'est qu'il s'agit d'un hallucinogène très puissant, que McKinnon a découvert dans une tribu oubliée de Dieu, au milieu de nulle part. J'avais entendu l'enregistrement de l'appel de détresse de McKinnon. Il était arrivé subitement, via un téléphone cellulaire qu'on lui avait fait passer clandestinement. Le message était bref, chaotique et intense. Après s'être identifié, il disait qu'il avait été kidnappé quelques mois plus tôt par des bandits armés, alors u'il faisait de la bioprospection dans la forêt équatoriale au sud du Mexique, près du Chiapas. Les bandidos pensaient d'abord exiger une rançon du groupe pharmaceutique qui était censé l'employer - un job classique pour les chercheurs qui travaillaient dans l'arrière-pays de cette partie du monde. Quand ils comprirent que cKinnon ne travaillait pour personne d'autre que lui-même, ils envisagèrent de le tuer, mais ils trouvèrent un utre moyen de monnayer leur prise. Ils l'offrirent à Navarro, persuadés que les talents du chimiste ntéresseraient El Brujo. Ils ne s'étaient pas trompés. Dans une tentative désespérée de se montrer utile pour rester en vie, McKinnon commit l'erreur de parler e sa découverte à Navarro. Quelque chose qu'il avait cherché pendant des années, quelque chose que lui avait fait partager le sorcier d'une petite tribu isolée, au fond de la forêt vierge : un hallucinogène radical, selon lui différent de tout ce qu'on connaissait. Navarro l'essaya, l'apprécia, et cela devint son obsession. -- McKinnon ne nous a donné que très peu de détails, dit Munro à Villaverde. Il a juste dit que c'était un alcaloïde, qu'il aurait un succès énorme, et il l'a décrit comme « de l'ayahuasca avec des stéroïdes ». Mais Navarro avait un problème. Avec la plupart des hallucinogènes qu'on trouve dans les tribus, comme l'ayahuasca... on a l'impression d'avaler de la vase. Littéralement. Une bouillasse épaisse, dégueulasse, qui a un goût de merde et vous fait vomir pendant des jours. Personne n'aurait envie d'essayer ça. Navarro voulait que McKinnon transforme sa découverte en une pilule facile à avaler, sans les horribles effets secondaires. Et dès que ce serait au point, Navarro pensait y ajouter des composants capables de rendre le produit hautement addictif. Il a menacé McKinnon d'une mort lente... On sait maintenant à quel point il peut être convaincant dans ce domaine. McKinnon s'est donc mis au travail. Et il a réussi. Il nous a dit qu'il avait trouvé comment ynthétiser le produit sous forme de pilule, mais il ne l'avait pas encore dit à Navarro. Il avait assez vite compris que cela équivaudrait à signer lui-même son arrêt de mort. Il ne savait pas combien de temps il pourrait le tenir à distance. Nous avons fait des recherches sur McKinnon, et ça collait. Il avait le profil et les compétences nécessaires pour mettre au point un produit de ce genre. Il fallait donc faire quelque chose. On ne pouvait pas se permettre de laisser cette drogue arriver dans la rue. C'est pourquoi il fallait le sortir de là. Ou le tuer. -- Mais vous ne savez pas quels sont les effets de cette drogue ? insista Villaverde. -- McKinnon ne nous a rien dit de plus. Et il a lancé son SOS. Et apparemment il n'a pas laissé le moindre ossier. En tout cas, nous n'avons rien trouvé. Villaverde réfléchissait. -- Ainsi nous avons un nouveau joueur sur le terrain, celui qui a engagé les motards. Pourquoi toi ? ajoutat-il en me regardant. Qu'est-ce qu'ils croient que tu peux leur donner ? -- Je n'en ai aucune idée. Mais ils doivent savoir que j'étais là... Je me tournai vers Munro. -- ... que nous étions là... Ils pensent peut-être que j'ai trouvé les notes de McKinnon et que je les ai oujours. Tu y étais aussi, dis-je à Munro. Pourquoi moi, et pas toi ? -- Bon Dieu, je n'en ai pas la moindre idée, fit-il en haussant les épaules avec nonchalance. En résumé, il nous fallait absolument savoir à qui nous avions affaire, pour que Tess et Alex (et moi, peutêtre) ne finissent pas leurs jours enfermés dans le pays des merveilles de la protection de témoins. En outre, quelque chose me tracassait. Je me tournai de nouveau vers Munro. -- Que sais-tu de la mort de Navarro ? Il eut un petit sourire entendu. Il savait où je voulais en venir. -- Je ne peux pas jurer que ce salopard est bien mort, si c'est le sens de ta question. Je sentis la pression monter en moi. -- C'est bien le sens de ma question, oui. Il haussa de nouveau les épaules. -- Nous étions à ses trousses, comme tu le sais. La DEA ne prend pas à la légère une attaque contre un e ses agents, surtout lorsqu'un maricón bourré de coke s'en prend à quelqu'un comme Hank Corliss... N'importe quel narco, Navarro y compris, devait le savoir. C'était une règle absolue, depuis qu'Enrique amarena avait été arraché à sa voiture et torturé à mort, au Mexique, au milieu des années 1980. La DEA 'avait pas pris de gants pour déférer ses assassins en justice. Elle avait purement et simplement kidnappé des uspects difficiles à extrader, et leur avait fait passer la frontière clandestinement pour les amener devant un ribunal américain. Pourtant, Navarro s'était attaqué en personne à Corliss, impudemment et à la vue de tous. -- Les narcos nous ont devancés, poursuivit Munro. A cause de Navarro, la pression était telle qu'ils ont écidé de mettre fin eux-mêmes à la chasse aux sorcières. Mais ils ne pouvaient pas nous le livrer vivant, il en savait beaucoup trop. Ils l'ont invité à bavarder avec eux. Il n'a pas marché. -- Alors ils l'ont eu en faisant sauter sa voiture, ajoutai-je. Je me rappelais avoir parcouru un rapport inter-services à ce sujet. -- Le rapport du légiste était solide ? -- Allons... Tu sais à quoi on a affaire, ici. Des Mexicains... Mais on a fait ce qu'on a pu. On a envoyé nos ropres gars pour faire les tests ADN et poser les bonnes questions. Et à leur avis, c'était bien lui. -- Vous vous êtes basés sur quoi ? -- Sur tout ce qu'on a pu dégoter. Les trucs qu'on a trouvés chez lui... sa brosse à dents, des cheveux, du outre sur les draps. Sa taille, son poids. -- Des empreintes digitales ? -- Oui, plusieurs. Elles correspondaient à celles qu'on a trouvées chez lui. Elles collaient aussi avec un ossier que les federales avaient constitué lorsqu'ils l'avaient arrêté, au début de sa carrière. Rien de tout cela n'était incontournable. S'il avait assez d'argent, et s'il disposait des relations nécessaires our le dépenser là où il fallait - et dans sa situation, ce ne devait pas être un problème -, Navarro aurait pu mettre tout cela en scène. C'était précisément ce que je croyais. Il n'existait aucun moyen d'en être sûr. Pas encore, en tout cas. Et ce n'était pas ça le plus important, pour l'heure. Qu'il s'agisse de Navarro ou d'un de ses anciens lieutenants, le plus important était que l'un ou l'autre cherchait quelque chose qu'il croyait en ma possession. A cause d'une faute, d'une erreur de jugement de ma part - ou d'un crime que j'aurais commis, inutile de mâcher es mots -, cinq ans plus tôt. On récolte toujours ce qu'on a semé, hein ? Toute ma vie j'avais entendu cette onnerie. Je n'y avais jamais beaucoup fait attention. Jusqu'à maintenant. Mais si c'était le cas, et si j'avais bien ompris, ça voulait dire que le plan de l'ennemi consistait à me mettre la main dessus. Cela voulait dire que j'étais leur poule aux oeufs d'or. Et ça, je pouvais m'en servir.

« 45 Je pouvais respirer. Tess etAlex étaient ensécurité, àl’abri dans laplanque fournieparleFBI.

Julia lesyavait conduits directement deBalboa Park,sansrepasser parl’hôtel.

Villaverde avaitdépêché deuxagents pourrécupérer leurs bagages àl’hôtel.

L’und’eux resterait aveceuxpour assurer leursécurité.

J’avaispromisàTess deles rejoindre dèsque possible.

Pourlemoment, jeme trouvais avecMunro danslebureau deVillaverde, discutant de ceque signifiaient lesdernières informations dePennebaker. — Ce doit être unproche deNavarro, avançaMunro.Quelqu’un quisait surquoi iltravaillait, etqui essaie de prendre lasuite.

Undeses lieutenants, quiaura grimpé leséchelons aprèssonassassinat… C’est comme çaque çamarche.

Achaque foisqu’un caïdquelconque estarrêté outué, quelques sous- fifres partent enguerre lesuns contre lesautres dansl’espoir deprendre saplace.

Laviolence s’exacerbe, et c’est reparti pouruntour. Ses hommes demain nenous apprendraient rien.Celui queJulia avait poignardé étaitmort avant d’arriver à l’hôpital.

Lesdeux autres s’étaient fondusdanslafoule etavaient disparu. — Qu’est-ce quec’est quecette drogue ?demanda Villaverde.

Qu’a-t-elledespécial ? — On n’en saitrien, ditMunro.

Toutcequ’on sait,c’est qu’ils’agit d’unhallucinogène trèspuissant, que McKinnon adécouvert dansunetribu oubliée deDieu, aumilieu denulle part. J’avais entendu l’enregistrement del’appel dedétresse deMcKinnon.

Ilétait arrivé subitement, via un téléphone cellulairequ’onluiavait faitpasser clandestinement. Le message étaitbref, chaotique etintense. Après s’êtreidentifié, ildisait qu’ilavait étékidnappé quelquesmoisplustôtpar des bandits armés,alors qu’il faisait delabioprospection danslaforêt équatoriale ausud duMexique, prèsduChiapas.

Les bandidos pensaient d’abordexigerunerançon dugroupe pharmaceutique quiétait censé l’employer –un job classique pour leschercheurs quitravaillaient dansl’arrière-pays decette partie dumonde.

Quandilscomprirent que McKinnon netravaillait pourpersonne d’autrequelui-même, ilsenvisagèrent deletuer, mais ilstrouvèrent un autre moyen demonnayer leurprise.

Ilsl’offrirent àNavarro, persuadés quelestalents duchimiste intéresseraient ElBrujo. Ils ne s’étaient pastrompés. Dans unetentative désespérée desemontrer utilepour rester envie, McKinnon commitl’erreurdeparler de sadécouverte àNavarro.

Quelquechosequ’ilavait cherché pendant desannées, quelque chosequelui avait faitpartager lesorcier d’unepetitetribuisolée, aufond delaforêt vierge :un hallucinogène radical,selon lui différent detout cequ’on connaissait.

Navarrol’essaya, l’apprécia, etcela devint sonobsession. — McKinnon nenous adonné quetrèspeu dedétails, ditMunro àVillaverde.

Ila juste ditque c’était un alcaloïde, qu’ilaurait unsuccès énorme, etill’a décrit comme «de l’ayahuasca avecdesstéroïdes ».Mais Navarro avaitunproblème.

Aveclaplupart deshallucinogènes qu’ontrouve danslestribus, comme l’ayahuasca… onal’impression d’avalerdelavase.

Littéralement.

Unebouillasse épaisse,dégueulasse, quia un goût demerde etvous faitvomir pendant desjours.

Personne n’auraitenvied’essayer ça.Navarro voulait que McKinnon transforme sadécouverte enune pilule facileàavaler, sansleshorribles effetssecondaires.

Et dès que ceserait aupoint, Navarro pensaityajouter descomposants capablesderendre leproduit hautement addictif.

Ila menacé McKinnon d’unemortlente… Onsait maintenant àquel point ilpeut êtreconvaincant dans ce domaine.

McKinnon s’estdonc misautravail.

Etila réussi.

Ilnous adit qu’il avait trouvé comment synthétiser leproduit sousforme depilule, maisilne l’avait pasencore ditàNavarro.

Ilavait assez vitecompris que cela équivaudrait àsigner lui-même sonarrêt demort.

Ilne savait pascombien detemps ilpourrait letenir à distance.

Nousavons faitdes recherches surMcKinnon, etça collait.

Ilavait leprofil etles compétences nécessaires pourmettre aupoint unproduit decegenre.

Ilfallait doncfairequelque chose.Onnepouvait pas se permettre delaisser cettedrogue arriverdanslarue.

C’est pourquoi ilfallait lesortir delà. Ou letuer. — Mais vous nesavez pasquels sontleseffets decette drogue ?insista Villaverde. — McKinnon nenous arien ditde plus.

Etila lancé sonSOS.

Etapparemment iln’a pas laissé lemoindre dossier.

Entout cas, nous n’avons rientrouvé. Villaverde réfléchissait. — Ainsi nous avons unnouveau joueursurleterrain, celuiquiaengagé lesmotards.

Pourquoi toi?ajouta- t-il en me regardant.

Qu’est-cequ’ilscroient quetupeux leurdonner ? — Je n’en aiaucune idée.Maisilsdoivent savoirquej’étais là… Je me tournai versMunro. — …que nous étions là…Ilspensent peut-être quej’aitrouvé lesnotes deMcKinnon etque jeles ai toujours.

Tuyétais aussi, dis-jeàMunro.

Pourquoi moi,etpas toi? — Bon Dieu, jen’en aipas lamoindre idée,fit-ilenhaussant lesépaules avecnonchalance. En résumé, ilnous fallait absolument savoiràqui nous avions affaire, pourqueTess etAlex (etmoi, peut- être) nefinissent pasleurs joursenfermés danslepays desmerveilles delaprotection detémoins.

Enoutre, quelque chosemetracassait.. »

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