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et l'annihilation, et en particulier les mensonges et les tromperies,

Publié le 06/01/2014

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et l'annihilation, et en particulier les mensonges et les tromperies, depuis les demi-vérités séduisantes du serpent jusqu'aux tromperies intéressées qui circulent dans les familles, à commencer par la toute première famille humaine -- mais encore contient en son centre l'histoire de Caïn et Abel, le plus grand récit biblique sur le péché originel fratricide, sa tentative la plus complète pour expliquer les origines des tensions et des violences qui planent au-dessus des familles, mais aussi au-dessus des peuples de la terre. Comprenant les seize premiers versets du chapitre 4 de la Genèse, le récit est désormais familier : comment Adam a connu Eve, qui a été enceinte et donné naissance à Caïn, un événement qui l'a poussée à prétendre, « J'ai créé un homme avec YHWH ! » ; comment elle a ensuite donné naissance au jeune frère, Abel. Comment, curieusement, c 'est le jeune frère qui a eu la tâche la plus plaisante de surveiller les troupeaux, pendant que l'aîné travaillait péniblement la terre, et comment lorsque les frères ont fait leurs offrandes à Dieu, les fruits de la terre et le premier-né du troupeau, Dieu a accepté l'offrande du plus jeune, mais pas l'offrande de l'aîné, et comment cela a rendu furieux Caïn, « qui avait un visage abattu ». Comment Dieu a réprimandé Caïn, en l'avertissant que le péché « était à sa porte » et qu'il devait le « dominer » ; et comment Caïn n'a pas, à la fin, dominé cette impulsion pécheresse, mais a fait venir son frère dans un champ et l'a tué. Comment Dieu omniscient a exigé d'apprendre de Caïn où était son frère, question à laquelle Caïn a fait cette fameuse réponse, pleine de cette effronterie boudeuse, bien connue des parents d'enfants coupables : « Suis-je le gardien de mon frère ? » Comment Dieu clame alors que le sang d'Abel « crie du sol » et maudit Caïn, le condamnant à errer sur la terre. Puis l'angoisse de Caïn, l'expulsion, la marque sur son front. En dépit de sa raideur archaïque, c'est une histoire qui, pour quiconque a une famille -- parents, frères et soeurs, ou les deux --, c'est-à-dire tout le monde, va paraître étrangement familière. Le jeune couple, l'arrivée du premier enfant ; l'arrivée du premier frère, impliquant des émotions  plus complexes, un certain compromis ; les germes d'une obscure compétition ; la désapprobation parentale la honte, les mensonges, les tromperies. La violence dans un moment de - quoi ? Le départ qui est à la fois une fuite et un exil.     Un lundi de janvier 1939, Shmiel Jäger, qui était alors un homme d'affaires de quarante-trois ans, avec une femme et quatre enfants, s'est assis pour écrire la première de ces lettres. Il est vrai que presque tous les aspects des rapports de mon grand-père avec son frère aîné doivent rester soumis à conjectures, puisque l'esprit de Shmiel s'est transformé depuis longtemps en molécules et atomes dans l'atmosphère de la petite ville de Belzec, tandis que la matière qui faisait de mon grand-père ce qu'il était s'est depuis longtemps décomposée et est retournée à la terre de ce petit emplacement du Mount Judah Cemetery, dans le Queens, réservé aux Juifs originaires de Bolechow. Mais il y a certains aspects de cette lettre, des choses concrètes, des choses que la lettre dit vraiment et que, par conséquent, je n'ai pas besoin de conjecturer, qui m'obligent à penser aux querelles de famille, à la proximité et à la distance, et à l' « intimité », non spatiales et temporelles, mais émotionnelles. La lettre commence par une date que Shmiel a écrite comme suit : 16/1/1939. 16 janvier 1939. Je sais que le 16 janvier tombait un lundi, en 1939. Naturellement, ce fait est vérifiable de bien des façons, puisqu'il existe maintenant des sites Internet qui, en un dixième de seconde, peuvent fournir au chercheur le plus désinvolte des quantités infinies de données calendaires, géographiques, topographiques et autres. Par exemple, il y a un certain nombre de sites qui vous disent à quelle date de n'importe quelle année du siècle passé a eu lieu la lecture rituelle d'une parashah donnée ou portion hebdomadaire de la Torah, ou peuvent vous dire, en une fraction de seconde, quelle haftarah, l'extrait tiré des Prophètes, a été lue à telle date. Dans ce contexte, il semble important de noter que la pratique de la lecture de la portion haftarah, en supplément de celle de la Torah chaque semaine, est une évolution qui date de la période de l'oppression des Juifs par les Grecs, au cours du IIe siècle avant J.-O, une sorte de subterfuge rabbinique, puisque les suzerains grecs des Juifs avaient interdit la lecture de la Torah. En réponse à cette interdiction, les rabbins du Second Temple ont remplacé la lecture hebdomadaire des parashot par la lecture des Prophètes -  textes qui n'étaient pas interdits. Ces extraits étaient toutefois choisis avec soin afin que la portion haftarah à lire ait un lien thématique fort avec la parashah impossible à lire de cette semaine-là (par exemple, une portion de la Torah sur les sacrifices faits par le grand prêtre pour le pardon -  une parashah sur le rituel des boucs émissaires -  pouvait être remplacée par une haftarah sur la purge et la rédemption conséquente du peuple d'Israël : ma parashah, ma haftarah). De cette façon, la lecture hebdomadaire du Shabbat, au cours de cette période de l'oppression des Juifs, a créé une sorte de monde narratif parallèle, dans lequel ce qui était lu l'était précisément parce que c'était un rappel de ce qui ne pouvait être lu, de ce qui était devenu, à ce moment-là, impossible à dire. Il y a donc de nombreuses façons de vérifier différentes informations concrètes, spécifiques, sur Internet, des informations qui vous diront quand ont eu lieu certains événements. Et pourtant la méthode que j'utilise pour vérifier certains types de dates s'appuie curieusement, même si elle est aussi infaillible que les vastes archives qui sont mobilisées pour la constitution de ces banques de données, sur une seule mémoire humaine. J'ai un jeune ami qui a l'étrange capacité de vous dire instantanément le jour précis de la semaine pour n'importe quelle date au cours des deux derniers millénaires que vous souhaitez connaître. C'est très utile pour des gens comme moi qui s'intéressent à des périodes précédant très largement l'ère des journaux quotidiens ou des calendriers muraux. Mon jeune ami, par exemple, peut vous dire que le 18 juillet 1290 -  le jour où la totalité de la population juive d'Angleterre a été sommée, par un édit du roi Edouard Ier, de quitter le pays avant le 1er novembre (un mercredi) de cette même année, sous peine d'exécution capitale -  était un mardi (ce mardi coïncidant avec l'observance, cette année-là, d'un jeûne, le neuvième jour du mois hébraïque d'Ab, rituel qui commémore une série de désastres pour le peuple juif, dont la destruction du Temple) ; et en dépit du fait qu'un groupe de Juifs qui fuyaient a été, de façon tristement célèbre, abandonné à une noyade certaine par le capitaine du navire qu'ils avaient engagé (Priez votre Moïse, leur a-t-il dit en s'éloignant, grâce à qui vos pères ont traversé la mer Rouge : une trahison cruelle qui a valu à cet horrible capitaine d'être pendu sur ordre du roi, choqué par ce crime perpétré contre des hommes, des femmes et des enfants innocents), les Juifs d'Angleterre sont en effet partis, la plupart d'entre eux traversant sans encombre la Manche pour trouver refuge en France... Mais Nicky peut aussi vous dire alors que le répit pour ces Juifs anglais n'a duré que jusqu'à un vendredi, seize ans plus tard, puisque le 22 juillet 1306, par un édit de Philippe le Bel (dont le trésor était dangereusement amoindri), tous les Juifs de France, dont le nombre s'élevait peut-être à des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, ont été chassés de ce pays, après quoi leurs maisons, leurs terres et les biens mobiliers ont été vendus aux enchères, et Philippe le Bel, en rien démonté, apparemment, par ses sensibilités religieuses contre l'usure, s'est approprié les titres des emprunts accordés à des Français chrétiens par les prêteurs juifs désormais absents (six siècles plus tard, la France était encore très mal à l'aise avec ses Juifs : le 15 octobre 1894 -  un lundi -, un officier juif de l'armée française, Alfred Dreyfus, était arrêté, sur de fausses preuves, pour avoir livré des secrets militaires aux Allemands ; le procès qui a suivi, pour ne rien dire des révélations sur les opérations de camouflage du gouvernement pour protéger de hauts fonctionnaires antisémites, a constitué un scandale explosif et une source de discorde dans l'histoire de la France et de l'Europe modernes, l'atmosphère conflictuelle et fratricide étant parfaitement résumée dans le fameux « J'accuse ! », lancé comme un défi par le romancier Emile Zola au président de la République, à la une du journal L'Aurore, le 13 janvier 1898, qui était un jeudi. La couverture de l'affaire par les journaux a été, en fait, très large à travers toute l'Europe, fait qu'il était peut-être utile de mentionner ici, puisque, parmi les journalistes étrangers couvrant le procès, se trouvait un jeune journaliste autrichien, Theodor Herzl, qui devait devenir le fondateur du mouvement sioniste moderne et qui a, par la suite, déclaré que c'étaient son expérience de l'affaire Dreyfus et son contact avec l'antisémitisme officiel révélé au cours des débats qui avaient galvanisé sa conviction sioniste : la seule solution au problème de l'antisémitisme européen consistait dans la création par les Juifs d'une nation bien à eux -  c'est-à-dire d'un endroit dont ils ne pourraient plus être chassés). Cependant (pour revenir au XIVesiècle), il y avait d'autres endroits où aller, et il est tout à fait possible que certains des Juifs qui avaient été tout d'abord expulsés par les Anglais, puis par les Français, aient décidé de traverser les Pyrénées pour aller, disons, en Espagne. Et il est parfaitement possible qu'ils y aient prospéré, même s'il faut dire que le répit n'a pas duré ; et, en effet, il y a encore deux dates intéressantes à cet égard, qui sont le 30 mars et le 30 juillet 1492, la première étant le vendredi de la publication de l'édit d'expulsion signé par Ferdinand et Isabelle, bien connus des élèves américains comme les mécènes de Colomb, mais moins, je le soupçonne, comme les auteurs de ce document légal particulier, la seconde étant le lundi de sa prise d'effet, condamnant ainsi quelque deux cent mille Juifs à s'exiler -  même s'il faut préciser que des dizaines de milliers ont été assassinés alors qu'ils tentaient de partir, certains par d'avides capitaines de navire espagnols qui les ont jetés par-dessus bord après avoir empoché le prix exorbitant de leur passage, d'autres par des Espagnols avides qui avaient entendu dire que les Juifs avaient avalé de l'or et des bijoux et qui les ont assassinés sur les bords des routes. Nous savons, toutefois, que de nombreux Juifs espagnols en fuite ont pu arriver à bon port, ayant été invités par le tolérant et avisé sultan ottoman, Bajazet, pour faire progresser son royaume (Comment pouvez-vous dire de Ferdinand d'Aragon qu'il est un roi sage, ce Ferdinand qui a appauvri son propre pays et enrichi les nôtres ? est-il censé avoir dit). Et, en effet, bon nombre de ceux qui se sont arrêtés avant Istanbul ont, eux aussi, bien prospéré. Il faut pourtant noter que presque tous les descendants des Sépharades en fuite qui ont fini par s'installer à Thessalonique, la grande ville byzantine, puis ottomane, de ce qui est maintenant la Grèce septentrionale -  la quasi-totalité des soixante mille Juifs qui étaient les descendants directs de ces réfugiés et qui étaient vivants au début des années 1940 -  ont péri, inéluctablement, au moment de l'entrée des colonnes armées allemandes dans cette ville, le 9 avril 1941, un mercredi (le premier convoi de vingt-cinq mille environ, chiffre relativement modeste au train

« la terre decepetit emplacement duMount JudahCemetery, dansleQueens, réservéauxJuifs originaires deBolechow.

Maisilya certains aspectsdecette lettre, deschoses concrètes, des choses quelalettre ditvraiment etque, parconséquent, jen'ai pasbesoin deconjecturer, qui m'obligent àpenser auxquerelles defamille, àla proximité etàla distance, etàl’ « intimité », non spatiales ettemporelles, maisémotionnelles. La lettre commence parune date queShmiel aécrite comme suit:16/1/1939.

16janvier 1939.

Jesais que le16 janvier tombait unlundi, en1939.

Naturellement, cefait estvérifiable de bien desfaçons, puisqu'il existemaintenant dessites Internet qui,enun dixième de seconde, peuventfournirauchercheur leplus désinvolte desquantités infiniesdedonnées calendaires, géographiques, topographiques etautres.

Parexemple, ilya un certain nombre de sites quivous disent àquelle dateden'importe quelleannée dusiècle passé aeu lieu lalecture rituelle d'une parashah donnée ouportion hebdomadaire delaTorah, oupeuvent vousdire, en une fraction deseconde, quelle haftarah, l'extrait tirédes Prophètes, aété lueàtelle date. Dans cecontexte, ilsemble important denoter quelapratique delalecture delaportion haftarah, en supplément decelle delaTorah chaque semaine, estune évolution quidate dela période del'oppression desJuifs parlesGrecs, aucours duIIe siècle avant J.-O,unesorte de subterfuge rabbinique, puisquelessuzerains grecsdesJuifs avaient interdit lalecture dela Torah.

Enréponse àcette interdiction, lesrabbins duSecond Temple ontremplacé lalecture hebdomadaire des parashot par lalecture desProphètes – textes quin'étaient pasinterdits. Ces extraits étaienttoutefois choisisavecsoinafinque laportion haftarah à lire aitun lien thématique fortavec la parashah impossible àlire decette semaine-là (parexemple, une portion delaTorah surlessacrifices faitsparlegrand prêtre pourlepardon – une parashah sur lerituel desboucs émissaires – pouvait êtreremplacée parune haftarah sur lapurge etla rédemption conséquente dupeuple d'Israël :ma parashah, ma haftarah).

De cette façon, la lecture hebdomadaire duShabbat, aucours decette période del'oppression desJuifs, acréé une sorte demonde narratif parallèle, danslequel cequi était lul'était précisément parceque c'était unrappel decequi nepouvait êtrelu,de cequi était devenu, àce moment-là, impossible àdire. Il ya donc denombreuses façonsdevérifier différentes informations concrètes,spécifiques, sur Internet, desinformations quivous diront quand onteulieu certains événements.

Etpourtant la méthode quej'utilise pourvérifier certains typesdedates s'appuie curieusement, mêmesi elle estaussi infaillible quelesvastes archives quisont mobilisées pourlaconstitution deces banques dedonnées, surune seule mémoire humaine. J'ai unjeune amiquial'étrange capacitédevous direinstantanément lejour précis dela semaine pourn'importe quelledateaucours desdeux derniers millénaires quevous souhaitez connaître.

C'esttrèsutile pour desgens comme moiquis'intéressent àdes périodes précédant très largement l'èredesjournaux quotidiens oudes calendriers muraux.Monjeune ami,par exemple, peutvous direquele18 juillet 1290– le jour oùlatotalité delapopulation juive d'Angleterre aété sommée, parunédit duroi Edouard Ier ,de quitter lepays avant le1er novembre (unmercredi) decette même année, souspeine d'exécution capitale– était un mardi (cemardi coïncidant avecl'observance, cetteannée-là, d'unjeûne, leneuvième jourdu mois hébraïque d'Ab,rituel quicommémore unesérie dedésastres pourlepeuple juif,dont la destruction duTemple) ;et en dépit dufait qu'un groupe deJuifs quifuyaient aété, defaçon tristement célèbre,abandonné àune noyade certaine parlecapitaine dunavire qu'ilsavaient engagé ( Priez votre Moïse, leur a-t-il ditens'éloignant, grâce àqui vos pères onttraversé la mer Rouge : une trahison cruellequiavalu àcet horrible capitaine d'êtrependu surordre du roi, choqué parcecrime perpétré contredeshommes, desfemmes etdes enfants innocents),. »

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