EXÉCRER, verbe transitif.

EXÉCRER, verbe transitif.  

A.—  [Le complément d'objet direct désigne une personne] 

1. Éprouver pour quelqu'un un sentiment d'horreur et de haine. L'humanité, qui a toujours mis entre le bien et le mal une différence infinie, qui a exécré Néron et adoré Titus (PÈRE HENRI-DOMINIQUE LACORDAIRE, Conférence de Notre-Dame,  1848, page 185) : 

Ø 1. Oui; va, feins d'exécrer le blanc qui fut son père,

Achète, au prix de l'or, l'enfant à ses gardiens,

Embarque-la sur l'heure à tout hasard, et viens

M'assurer que la mer avec cette bannie

Emporte tout témoin de mon ignominie.

ALPHONSE DE LAMARTINE, Toussaint Louverture,  1850, IV, 2, page 1358. 

2. Éprouver une vive antipathie pour. J'exécrais tout le monde et ma tante Séraphie superlativement (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Vie de Henry Brulard, tome 1, 1836, page 101 ).  Je n'avais aucune souplesse, et je me contentais d'exécrer ces gens-là, et de les éviter autant que je le pouvais (VALÉRY LARBAUD, Journal,  1935, page 359 ). 

—  Emploi pronominal réciproque. Il y avait dans cet embrassement adultère de deux êtres qui se méprisaient et s'exécraient mutuellement quelque chose de trop révoltant, même pour ces âmes dégradées (VICTOR HUGO, Han d'Islande,  1823, page 84 ). 

B.—  [Le complément d'objet direct désigne une chose] 

1. Manifester du dégoût ou de l'aversion pour. Les mathématiques, tu entends, je les exècre, je les dégobille (ALEXANDRE ARNOUX, Algorithme,  1948, page 249 ). 

2. [À un degré moindre]  Ne pas pouvoir supporter. Resté garçon par amour du repos et de la tranquillité, il exécrait le mouvement et le bruit (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Les Dimanches d'un Bourgeois de Paris, 1880, page 285) : 

Ø 2. Il l'essuya, la serviette rosit. Ainsi, non contente de se mettre du rouge, ce qu'il exécrait et méprisait, Solange restait assez pensionnaire pour acheter du rouge de bazar!

HENRI DE MONTHERLANT, Les Lépreuses,  1939, page 1404. 

Remarque : On rencontre dans la documentation le dérivé exécrateur, substantif masculin Celui qui exècre (quelqu'un ou quelque chose). Exécrateur victimaire du propos banal et de la rengaine (Léon Bloy, Le Désespéré, 1886, page 42). Exécrateur des tyrans (Alexandre Arnoux, Algorithme, 1948, page 23). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 359. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 297, b) 714; XXe.  siècle : a) 1 024, b) 271.