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EXPIRER, verbe.

Publié le 04/02/2016

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EXPIRER, verbe.  

A.—  Emploi transitif.  Expulser (un corps gazeux) des poumons. Expirer du gaz carbonique. Antonymes : aspirer, inspirer. Le mélange gazeux vicié que nous expirons est moins dense que l'air (LOUIS SER, Traité de physique industrielle,  1890, page 671 ). Les chevaux expiraient par les naseaux une vapeur blanche (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Dieux ont soif,  1912, page 307 ). Wandrille allumait savamment un cigare bagué (...) expirait doucement une fumée paresseuse (ALEXANDRE ARNOUX, Double chance,  1958, page 19 ). 

·    Par métaphore.  Laisser s'échapper (quelque chose). Synonyme : exhaler. Un oeillet expirait ses pubères baisers Sous la trompe sans flair de l'éléphant de Jade (JULES LAFORGUE, Les Complaintes,  1885, page 96 ). L'être immense me gagne, et de mon coeur divin L'encens qui brûle expire une forme sans fin (PAUL VALÉRY, La Jeune Parque,  1917, page 108 ). 

—  Emploi pronominal, rare.  S'expulser. Je tire l'air par les narines, et, m'y étant combiné, il s'expire de moi mon souffle (PAUL CLAUDEL, Art poétique,  1907, page 141 ). 

—  Emploi absolu,  PHYSIOLOGIE.  Restituer l'air qu'on a inspiré. Expirer profondément. Antonymes : aspirer, inspirer. Parfois le bègue expire totalement par le nez (HENRI BOUASSE, Instruments à vent,  1930, page 243) : 

Ø 1. Le médecin apparut ganté de gants lourds, ocellé de lunettes énormes. La demoiselle fit avancer le bâti contre lequel s'appuyait le patient. (...) —  De cette manière, disait-elle. Poings sur les hanches. Coudes en avant (Dédaigneuse et sybilline) : respirez; n'expirez pas.

JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 418. 

B.—  Emploi intransitif. 

1. [Le sujet désigne un animé]  Littéraire.  Rendre son dernier soupir. Il expira dans mes bras; le voilà qui expire (Dictionnaire de l'Académie Française). (Quasi-)synonymes : décéder, s'éteindre, mourir, trépasser. « La vie m'est odieuse : j'ai tout perdu. Ah! dit-il, la mort vient trop tard ». Il expira, sa tête se pencha sur moi : je reçus son dernier soupir (CLAIRE DE KERSAINT, DUCHESSE DE DURAS, Édouard,  1825, page 216 ). Le lendemain, une fluxion de poitrine se déclara. Huit jours plus tard, elle expirait (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, La Tombe, 1884, page 967) : 

Ø 2. Foulque décida de l'accompagner [Mélisende] en chassant, mais, comme il poursuivait un lièvre, son cheval buta et se renversa sur lui en lui écrasant le crâne. Le roi resta dans le coma et expira le soir du troisième jour.

RENÉ GROUSSET, L'Épopée des Croisades,  1939, page 161. 

·    Par métaphore. Le moteur toussa, puis expira. Longuement sollicité par le démarreur, il tourna enfin et le chauffeur le fit hurler à coups d'accélérateur (ALBERT CAMUS, L'Exil et le Royaume, 1957, page 1561 ). 

—   [Avec un complément introduit par de exprimant la cause]  Il partit au galop, et l'emporta jusqu'à ses tentes. En arrivant (...) le cheval expira de fatigue (ALPHONSE DE LAMARTINE, Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient (1832-1833) ou Note d'un voyageur, tome 2, 1835, page 16 ). Dix millions d'Anglais, sur quinze, sont obligés de travailler quatorze heures par jour, sous peine d'expirer de faim dans la rue (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Napoléon, tome 2, 1842, page 221 ). Je suis le voisin immédiat d'une pauvre tuberculeuse (...) que j'enveloppe dans ma couverture pour ne pas la voir expirer de froid (LÉON BLOY, Journal,  1892, page 63 ). 

2. Par analogie et au figuré.  [Le sujet désigne un inanimé]  S'affaiblir jusqu'à cesser d'être. Des rires qui expirent. Les sons expirèrent lentement (Dictionnaire de l'Académie française. ). Une table sur laquelle était un mauvais chandelier de cuivre où la veille avait expiré un bout de chandelle de la plus mauvaise espèce (HONORÉ DE BALZAC, La Recherche de l'absolu,  1834, page 321 ). À la fin de chacun des psaumes, l'un des cierges expirait et sa fusée de fumée bleue s'évaporait encore dans le pourtour ajouré des arches (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome 2, 1895, page 252 ). 

a) [Avec un complément locatif introduit par à, sur indiquant le lieu où se produit la disparition]  Les flots expirent sur le sable. À sa vue, le reproche expira sur mes lèvres (Dictionnaire de l'Académie française. ).  (Quasi-)synonymes : disparaître, mourir. Les leçons de l'histoire expirent au seuil de l'événement (JEAN-RICHARD BLOCH, Destin du siècle,  1931, page 182 ). La Marne se prolonge et s'achève par l'Yser, qui est peut-être le chef-d'oeuvre de Foch. L'idée stratégique allemande se brise à ce ruisseau, expire à Ypres (PAUL VALÉRY, Variété IV,  1938, page 74) : 

Ø 3.... j'étais resté debout sur le seuil, n'osant pas faire de bruit, et je n'en entendais pas d'autre que celui de son haleine venant expirer sur ses lèvres, à intervalles intermittents et réguliers, comme un reflux, mais plus assoupi et plus doux.

MARCEL PROUST, La Prisonnière,  1922, page 71. 

b) [Avec un complément introduit par en exprimant un état; le sujet désigne un inanimé abstrait]  S'affaiblir, cesser d'être en se transformant en quelque chose d'autre. Sa colère expirait en cris désespérés. Les poissons d'or font ombre au fond des réservoirs, Et les jets d'eau baissés expirent en murmures (HENRI DE RÉGNIER, Sites,  1887, page 123 ). Parfois, une querelle s'enflammait parmi nous, les petits. Nous nous mettions à larmoyer, à ressasser nos griefs. (...) Parfois, la querelle expirait en radotages, en revendications rabâcheuses (GEORGES DUHAMEL, Le Notaire du Havre,  1933, page 63 ). 

c) [Avec un complément introduit par dans indiquant la manière dont s'effectue la disparition]  Le parti absolutiste, enfin, (...) ne tardera pas d'expirer à la suite des autres, dans les convulsions de son agonie sanglante et liberticide (PIERRE-JOSEPH PROUDHON, Les Confessions d'un révolutionnaire pour servir à l'histoire de la Révolution de février,  1849, page 335 ). Quand elle [la fumerolle] eut expiré dans un dernier flocon, il [Séverin] murmura avec indifférence : —  C'est le premier d'ici que le nouveau curé enterre (MAURICE GENEVOIX, Marcheloup, 1934, page 271 ). 

3. En particulier.  [Avec une idée de durée]  Arriver à son terme. Son mandat expire dans trois jours. Son bail expire à la Saint-Jean (Dictionnaire de l'Académie française. ).  (Quasi-)synonymes : se terminer, prendre fin. Aujourd'hui, 12 octobre, expire le délai que vous m'avez accordé pour faire copier et relire mon drame (PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Correspondance,  1875, page 204) : 

Ø 4. Les délais accordés pour la conclusion de l'armistice expirant demain à 11 heures, on a l'honneur de demander si Messieurs les plénipotentiaires allemands ont reçu l'acceptation par le chancelier allemand des conditions qui ont été communiquées...

MARÉCHAL FERDINAND FOCH, Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre de 1914-1918, tome 2, 1929, page 302. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 216. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 3 338, b) 1 539; XXe.  siècle : a) 1 300, b) 714. 

 expiré

EXPIRÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.  

I.—  Participe passé de expirer* 

II.—  Emploi adjectival.  [Correspond à expirer B] 

A.—  [Le déterminé désigne un animé]  Rare, littéraire.  Qui a rendu son dernier soupir, qui a cessé d'être. Mes amis expirés. Synonymes : décédé, mort; antonyme : vivant. Je rencontrai une bonne vieille qui étendait des herbes sèches dans la tombe d'une vierge antique, expirée le jour de ses noces (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Lys rouge,  1894, page 111 ). 

—  Par métaphore. Le jour grandissant éclairait des cercles de fantassins roidis et morts autour des bûchers expirés (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 2, 1848, page 451 ). 

B.—  [Le déterminé exprime une idée de durée]  Qui a pris fin, qui est arrivé à son terme. L'heure expirée, on doit rentrer. Ce temps expiré, aucune réclamation ne pourra être admise (Dictionnaire de l'Académie française. ).  Synonymes : échu, passé, terminé :  

Ø À peine y étais-je arrivé que l'officier de justice s'empressa de me remettre en cellule, feignant de douter (...) si je lui étais envoyé après mes trois mois expirés ou au contraire pour les purger.

FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances,  1946, page 353. 

 

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