Devoir de Philosophie

FARCIR, verbe transitif.

Publié le 05/04/2015

Extrait du document

 

FARCIR, verbe transitif.  

[Correspond à farce1 ]  

A.—  Emploi transitif. 

1. Remplir de farce une viande, un poisson, un légume. C'est (...) de l'ail broyé que ces mêmes paysans ajoutent à la sauce dont on farcit les oies et les cochons de lait (EDMOND FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis,  1942, page 170) : 

Ø Notre dîner, placé sur cette table, se composait d'un pilau, d'un plat de lait aigri que l'on mêle avec de l'huile, et de quelques morceaux de mouton haché, que l'on pile avec du riz bouilli, et dont on farcit certaines courges semblables à nos concombres.

ALPHONSE DE LAMARTINE, Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient (1832-1833) ou Note d'un voyageur, tome 1, 1835, page 246. 

2. Par extension, familier.  Remplir jusqu'à saturation. Une tabatière d'où ils tirent une poudre noire avec laquelle ils farcissent incessamment leur nez (HONORÉ DE BALZAC, Œuvres diverses, tome 3, 1840, page 209 ). 

—  Farcir de balles, etc. Cribler de balles, etc. Notre père (...) a dû le tirer de trop près [un lièvre] : il est farci de petit plomb (HERVÉ BAZIN, Vipère au poing,  1948, page 271 ). 

3. Au figuré. 

a) Surcharger un écrit ou un propos, de citations, de mots ou de tournures identiques. Synonyme : truffer. Les femmes croient les gens quand ils farcissent leurs phrases du mot amour (HONORÉ DE BALZAC, Le Colonel Chabert,  1832, page 50 ). Il répétait trop souvent le mot « en effet » et moi je farcissais mes lettres de « en effet » (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Vie de Henry Brulard, tome 2, 1836, page 449 ). 

b) Imposer à quelqu'un, par des sollicitations répétées, une idéologie, une forme de conduite, de culture. Ah! ces penseurs, mon enfance en a-t-elle été assez farcie, comblée, bondée, obstruée, saturée, soûlée! (LÉON BLOY, Exégèse des lieux communs,  1902, page 220 ). 

B.—  Emploi pronominal. 

1. À valeur passive. Les dindons se farcissent avec des truffes (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ) ). 

2. À valeur réfléchie.  [Suivi d'un complément d'objet; le pronom a une valeur de complément d'objet indirect] 

a) Familier. Se farcir (la panse, le chou...). Se remplir, se saturer (de), manger avec excès. Ah! quel plaisir de boire frais, De se farcir la panse! (HECTOR BERLIOZ, Les Grotesques de la musique,  1859, page 29 ).  Confer aussi Roger Martin du Gard, Gonfle, 1928, III, 2, page 1228. 

b) Au figuré. Se farcir (la tête, la cervelle) de. Surcharger son esprit, son intelligence, de notions, de connaissances pas toujours utiles. Laissez-là tous vos déclamateurs de tribunes et toutes ces billevesées grecques et latines dont vous vous êtes farci la mémoire (VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée-d'Antin, tome 1, 1811, page 97 ). 

3. Argot. 

a) [Le complément désigne un inanimé concret ou abstrait] 

—  Se farcir (un travail, une tâche). Exécuter de mauvaise grâce un travail ennuyeux ou pénible. Synonymes : se taper, se coltiner. Je me le suis farci [le piano à déménager] tout seul (FERNAND TRIGNOL. Pantruche, ou les Mémoires d'un truand,  1946, page 87 ). 

·    Rare.  S'offrir, s'acheter quelque chose. Tu te rends compte de ce qu'on peut se farcir avec quinze mille francs! (PAUL VIALAR, Les Faux-fuyants,  1953, page 120 ). 

—  Se farcir une peine (de prison). La purger. Tu sors du ballon? Combien que tu t'es farci? —  Dix piges (FERNAND TRIGNOL. Pantruche, ou les Mémoires d'un truand,  1946 page 91 ). 

b) [Le complément désigne une personne] 

—   Supporter avec beaucoup de mal. Jojo était avare (...) mais, en plus, fallait se le farcir! (JULES SIMON, Petit Simonin illustré par l'exemple,  1957, page 190 ). 

—  Trivial. Se farcir une femme. Coucher avec elle. Synonymes : se taper, s'envoyer. On aurait voulu le poirer nous en train de se farcir la patronne (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 201 ). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2 

Liens utiles