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HUSSERL (Edmund)

Publié le 02/04/2015

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HUSSERL (Edmund)______________________________________________

Né en 1859 à Prossnitz, il a commencé sa carrière par l'étude des mathématiques ; en 1883, il est promu docteur à Vienne, avec une thèse sur le calcul des variations ; il est ensuite l'assistant à Berlin du célèbre mathématicien Weierstrass. Dès l'année suivante, il revient à Vienne suivre les cours du philosophe et psychologue Brentano, puis soutient son habilitation à l'université de Halle, avec une étude psychologique sur le concept du nombre (1887). Sa Philosophie de l'arithmétique, 1891, lui vaut une réponse de Frege. Ce n'est qu'avec

les Recherches logiques, 1901, et la critique de l'empirisme psycho­logique qu'il entrevoit les thèmes de la phénoménologie, dont son

oeuvre présente l'élaboration et les remaniements successifs. Nommé en 1906 professeur à GOttingen, il fait en 1907 des cours sur l'Idée de phénoménologie (édités en 1950), publie La Philosophie comme

science rigoureuse, 1911, et les Idées directrices pour une phénomé­nologie pure et une philosophie phénoménologique, 1913. Professeur à Fribourg en 1916, il fait des cours importants, des conférences à Londres, à Paris, et apparaît comme l'un des maîtres de la pensée contemporaine. La publication des Leçons sur la conscience intime du

temps, 1925, de la Logique formelle et transcendantale, 1929, et des Méditations cartésiennes, 1936, laissent subsister de nombreux inédits.

En 1928, Husserl, qui est d'origine juive, doit abandonner sa chaire, où lui succède son élève Heidegger ; en 1936, il publie La Crise des

sciences européennes et la philosophie transcendantale, et meurt en 1938. Ses manuscrits ont été recueillis à Louvain et édités progres­sivement depuis 1950.

1. On peut définir la philosophie de Husserl comme une théorie des essences. Par là, elle s'oppose essentiellement à l'empirisme. Ce dernier accorde que la valeur de toute connaissance a son fondement dans le chatoiement infini de ce qui apparaît dans la perception ; il ne reconnaît donc aucune nécessité à la pensée : c'est ce qui conduit Hume au scepticisme. Mais qui entend une mélodie se dérouler saisit bien autre chose que des sons successifs : à chaque audition, ce n'est pas telle ou telle suite contingente de sons que l'on saisit, c'est l'essence de la mélodie. Pareillement le sujet qui calcule éprouve une contrainte impersonnelle, inhérente à la connexion des êtres et des formules mathématiques, à leur liaison objective. L'originalité de la phénoménologie consiste à admettre que toute connaissance est vision d'une essence, d'une forme absolue, sans pour autant reconnaître avec Platon l'existence d'un univers particulier d'essences ; cette originalité, elle le doit à sa définition (empruntée à Brentano) de la conscience comme intentionalité.

2. En reconnaissant que toute conscience est conscience de quelque chose, Husserl n'entérine pas simplement un fait banal, il se donne la possibilité de considérer l'objet de l'acte de conscience comme mode de cette conscience, c'est-à-dire vécu objectif. A pousser à fond cette considération, on remarque alors que l'objet tel qu'il est dans le vécu de conscience, ne peut sans contradiction être la simple apparence que causerait en nous une chose en soi ; le phéno­mène ne renvoie pas à quelque chose d'autre. Notre expé­rience intime nous introduit directement à l'épaisseur du monde : le phénomène étant l'objet d'intuition, de connais­sance immediate, les choses sont ce pour quoi elles se donnent. Pourtant la chose ne se donne pas en soi : si j'ai la vision d'un cube, je ne vois pas tout le cube, et le cube ne peut se réduire à cette apparence. Ce que veut dire Husserl, ce n'est pas que la chose se réduit à telle ou telle apparence, c'est non seulement qu'elle est toujours présente dans chaque apparence, mais encore qu'elle ne differe pas de la totalité des apparences où elle se donne. Ce qu'il y a d'essentiel, c'est alors l'invariant qui se révèle quand on fait varier arbitrairement les visées que l'on peut rendre d'une chose. Cette « variation eidétique « présente le sens d'être des phénomènes, l'ensemble des conditions et nécessités a priori que présuppose leur existence.

L'analyse phénoménologique conduit à étudier la connaissance du point de vue de la conscience. C'est pourquoi Husserl constitue une logique transcendantale, c'est-à-dire une logique déterminant les conditions a priori de la pensée d'un objet en général (1), et c'est pourquoi il fonde la connaissance dans l'évidence. Ce critère de l'évidence est lui-même découvert dans la méditation d'un sujet qui met entre parenthèses (2) le monde et le moi empirique. Tous ses disciples (3) ne suivront pas Husserl sur cette dernière voie qui mène à l'idéalisme transcendantal (4), et les moindres d'entre eux retiendront seulement de la phénoménologie une méthode littéraire d'analyse du vécu de conscience.

1.Voir Cavaillès.

2.Cf. le rôle du doute pour Descartes.

3.Voir Heidegger, Sartre, Merleau-Ponty.

 

4.Voir Kant.

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