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IMAGINATION

Publié le 02/04/2015

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IMAGINATION______________________________

L'imagination est la faculté des images; en ce sens elle peut intervenir dans la sensation où se produit l'image et dans la mémoire où elle se reproduit ; c'est pourquoi Kant fait de l'imagination transcendantale la condition première de toute nos pensées. Le problème est alors de savoir ce qu'est une image : physiquement définie par sa ressemblance à ce qu'elle représente (cf. le miroir), l'image peut-elle qualifier la pensée, quelle part l'esprit joue-t-il dans sa constitution ? Au sens propre, l'imagination est cette faculté de dépasser le donné perçu, le simple contact du monde, vers une représentation qui, à proprement parler, ne représente rien, puisque rien n'est donné qui y corresponde. La problème est alors de concevoir la fonction de cette faculté para­doxale dans la pensée.

<> 1 — La maîtresse de fausseté

Selon un courant inspiré de Descartes, Pascal et Spinoza, l'imagination a pour fonction de produire l'apparence ; tissu de représentations confuses, elle est pour la connaissance un moindre être, un manque ; là où on imagine, dit Descartes, il y a agitation dans le corps et erreur dans l'esprit. L'imagi­nation ne représente rien : il faut rompre avec l'apparence illusoire des choses que donnent des images.

2 — La conscience imageante

Cette conception d'une imagination, faculté de déformation des images fournies par la perception relève, selon Sartre, d'une « illusion d'immanence «. La conscience n'est pas un lieu peuplé de petits simulacres ; l'image est une modalité de la conscience. Imaginer est pour le sujet une certaine façon de viser un objet en le posant comme absent, irréel, non perçu. Que je perçoive ou que j'imagine une chaise, l'objet de ma perception et l'objet de mon imagination sont iden­tiques : c'est la chaise matérielle de fer et de bois. Mais dans

l'acte d'imagination, la chaise matérielle visée par la conscience est posée irréelle. La conscience affecte donc l'objet concret d'un coefficient d'irréalité : on dit qu'elle imagine parce qu'elle pose son corrélat comme un néant. Cette approche qui confronte l'imagination reproductrice, fondée sur l'image souvenir, à la perception, permet de montrer la pauvreté de la première. Le cube perçu se dévoile progressivement dans l'acte de perception tandis que le cube en image « se donne immédiatement pour ce qu'il est «.

3 — L'invention

Si l'imagination cesse d'être productrice d'erreurs, on retire à l'image qu'elle déploie toute consistance propre, on la ramène à n'être qu'une structure de la conscience. Bachelard institue dans ses ouvrages sur la poétique une véritable révolution copernicienne (1) de l'imagination : elle devient faculté d'invention, de renouvellement, qui permet d'interpréter l'image dès qu'elle est rencontrée. En ayant le statut d'un quasi objet, tout en rompant avec la réalité, l'objet imaginé acquiert consistance et prégnance. Il est manié par l'imagination dans une activité ouverte et évasive, dont la valeur se mesure à la capacité de produire du nouveau.

Dès lors, faut-il encore concevoir l'imagination comme faculté des images, représentations ressemblantes des objets matériels qui constituent le monde, ou aller plus loin et la réduisant à cette capacité du nouveau, lui accorder un rôle au coeur de la pensee abstraite ? L'imagination du mathé­maticien n'est pas « imageante «, elle est mathématique.

 

1. Voir dans l'article Kant le sens de cette expression.

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