MACHIAVEL (Niccolo)___________________________________________
Né en 1469, il entre en 1498 comme secrétaire au service de la république de Florence, sa ville natale. A ce titre il accomplit diverses missions diplomatiques dans les autres États italiens, en France et dans l'Allemagne des Habsbourg. Homme de parti (lié aux démocrates modérés), le renversement de la république par les Médicis l'écarte de la politique active (1512) ; il s'exile à Albercaccio. Peu à peu il revient à la vie publique : il fréquente les réunions de Cosme de Médicis, et en 1520, sur la demande de Jules de Médicis, l'Académie de Florence le charge d'écrire l'histoire de la cité. Compromis avec les Médicis, il connaît de nouveau la disgrâce, lorsque la république est restaurée en 1527, et il meurt la même année.
Son oeuvre variée est composée d'écrits succincts, occasionnés par ses missions, de poèmes, de comédies (La Mandragore, 1518), et surtout des trois ouvrages politiques majeurs :Le Prince, 1513, Les Discours sur la première Décade de Tite-Live, 1513-1520, L'Art de la guerre, 1521.
1 . Comment comprendre Machiavel ? Ce Florentin est avant tout un réaliste ; sa réflexion ne propose pas directement un modèle de ce qui doit être fait ; appuyée sur l'expérience et des exemples historiques, elle s'efforce de dégager des lois universellement valables ; sous l'apparence de rompre avec la moralité de la pensée politique traditionnelle, elle rompt avec l'utopie. On en a fait le penseur de l'absolutisme, du cynisme politique, mais Hegel (Constitution de l'Allemagne, 1802) voit en lui l'homme de l'Etat ; Gramsci (1891-1937) le comprend comme le penseur de l'unité italienne. Ce technicien du pouvoir personnel est aussi le théoricien de la liberté populaire, et le premier penseur à défendre l'idée d'une armée nationale, en un temps où la force des Êtats reposait sur le salaire de leurs mercenaires.
2. Les actions des hommes dépendent de la fortune, c'est-à-dire des circonstances auxquelles ils ne peuvent rien, mais aussi de la uirtu (ruse, résolution, sagacité), c'est-à-dire des