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MACHIAVEL (Niccolo)

Publié le 02/04/2015

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MACHIAVEL (Niccolo)___________________________________________

Né en 1469, il entre en 1498 comme secrétaire au service de la république de Florence, sa ville natale. A ce titre il accomplit diverses missions diplomatiques dans les autres États italiens, en France et dans l'Allemagne des Habsbourg. Homme de parti (lié aux démocrates modérés), le renversement de la république par les Médicis l'écarte de la politique active (1512) ; il s'exile à Albercaccio. Peu à peu il revient à la vie publique : il fréquente les réunions de Cosme de Médicis, et en 1520, sur la demande de Jules de Médicis, l'Académie de Florence le charge d'écrire l'histoire de la cité. Compromis avec les Médicis, il connaît de nouveau la disgrâce, lorsque la république est restaurée en 1527, et il meurt la même année.

Son oeuvre variée est composée d'écrits succincts, occasionnés par ses missions, de poèmes, de comédies (La Mandragore, 1518), et surtout des trois ouvrages politiques majeurs :Le Prince, 1513, Les Discours sur la première Décade de Tite-Live, 1513-1520, L'Art de la guerre, 1521.

1 . Comment comprendre Machiavel ? Ce Florentin est avant tout un réaliste ; sa réflexion ne propose pas direc­tement un modèle de ce qui doit être fait ; appuyée sur l'expérience et des exemples historiques, elle s'efforce de dégager des lois universellement valables ; sous l'apparence de rompre avec la moralité de la pensée politique tradition­nelle, elle rompt avec l'utopie. On en a fait le penseur de l'absolutisme, du cynisme politique, mais Hegel (Consti­tution de l'Allemagne, 1802) voit en lui l'homme de l'Etat ; Gramsci (1891-1937) le comprend comme le penseur de l'unité italienne. Ce technicien du pouvoir personnel est aussi le théoricien de la liberté populaire, et le premier penseur à défendre l'idée d'une armée nationale, en un temps où la force des Êtats reposait sur le salaire de leurs mercenaires.

2. Les actions des hommes dépendent de la fortune, c'est-à-dire des circonstances auxquelles ils ne peuvent rien, mais aussi de la uirtu (ruse, résolution, sagacité), c'est-à-dire des

qualités propres à dominer les circonstances. Machiavel ne s'intéresse pas aux souverains héréditaires mais aux hommes qui, de simples particuliers, s'élèvent au rang de princes parce qu'ils sont des hommes habiles et secondés par la fortune. Le Prince, est moins la réponse à la question « Comment gouverner ? « qu'à la question fondamentale « Comment fonder un Etat ? « Fonder l'Etat revient à savoir comment prendre le pouvoir et le garder ; c'est à ce but que Machiavel subordonne toute action : la vertu (au sens moral) peut être un moyen de s'imposer au peuple, elle n'est pas en elle-même une qualité politique ; l'amour que son peuple lui porte peut être un moyen pour le prince de gouverner, mais il vaut mieux lui préférer la crainte. En concevant la religion (ou la religiosité) elle-même comme un moyen de gouverner, Machiavel est le premier penseur de l'État laie.

 

L'originalité des Discours est de concevoir la stabilité de l'Etat non à partir de son origine, mais de sa nature : monarchie, démocratie et aristocratie se succèdent au cours de l'histoire et se révèlent instables ; seul l'équilibre de ces trois formes de pouvoir donnera naissance à une république parfaite. Tant que l'on considère Le Prince comme la description cynique des moyens de gouverner, on peut y voir une contradiction avec la doctrine des Discours. Mais peut-on véritablement faire de Machiavel le théoricien du principe « la fin justifie les moyens «, lorsqu'on s'aperçoit que sa théorie d'une armée populaire intériorise justement la fin au moyen ? L'armée constitue l'Etat comme force et lui donne son existence historique, mais elle doit toujours dépendre du pouvoir politique : le pouvoir d'État n'est pas l'exercice de la force pure. C'est peut-être en concevant Machiavel comme le penseur d'une certaine forme d'Etat qu'on parvient à comprendre l'unité de son oeuvre : Le Prince est peut-être moins un ensemble de recettes à l'usage des puissants que la description du fondement d'un nouvel Etat qui, ne pouvant tenir sa nouveauté de ce qui existe, la tiendra de la « virtu « de quelques hommes, c'est-à-dire de la révolution.

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