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marchands de mouches collées sur des présentoirs en gâteau ; les

Publié le 06/01/2014

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mouches
marchands de mouches collées sur des présentoirs en gâteau ; les chaudronniers, perceptibles à l'oreille cent mètres à l'avance par le roulement sonore de leurs masses ; les vanniers et cordiers aux pailles blondes et vertes ; les chapeliers, alignant les cônes dorés des kallas, pareils aux mitres des rois sassanides, entre les écharpes à turban ; les boutiques de textiles où flottent les pièces fraîchement teintes en bleu ou en jaune, et les foulards safran et rose tissés en soie artificielle dans le style de Boukhara ; les ébénistes, sculpteurs et laqueurs de bois de lits ; les rémouleurs tirant sur la ficelle de leur meule ; la foire à la ferraille, isolée et maussade ; les marchands de tabac aux piles de feuilles blondes alternant avec la mélasse rousse du tombak, près des tuyaux de chilam disposés en faisceaux ; ceux de sandales, rangées ar centaines comme des bouteilles dans un chai ; les marchands de bracelets - bangles - tripes de verre aux tons bleu et rose s'effrondrant en tous sens et comme échappées d'un corps éventré ; les échoppes de potiers où s'alignent les ases des chilam, oblongs et vernissés, les jarres d'argile micacée et celles peintes en brun, blanc et rouge sur un fond de terre fauve avec des ornements vermicellés, les fourneaux de chilam enfilés en grappes, comme des chapelets. Les marchands de farine qui tamisent à longueur de journée ; les orfèvres pesant dans des balances des menus fragments de galon précieux, aux devantures moins étincelantes que celles des ferblantiers voisins ; les imprimeurs de tissus, frappant les cotonnades blanches d'un geste léger et monotone qui laisse une délicate empreinte colorée ; les forgerons en plein vent : univers grouillant et ordonné au-dessus duquel frémissent, comme des arbres aux feuilles agitées par la brise, les gaules hérissées des moulinets multicolores destinés aux enfants. Même dans des régions rustiques, le spectacle peut être aussi saisissant. Je voyageais en bateau à moteur sur les rivières du Bengale. Au milieu du Buliganga bordé de bananiers et de palmiers, entourant des mosquées en faïence lanche qui semblent flotter au ras des eaux, nous avions abordé un îlot pour visiter un hat, marché campagnard qu'un millier de barques et de sampans amarrés avaient signalé à notre attention. Bien qu'aucune habitation ne se remarquât, il avait là une véritable ville d'un jour, emplie d'une foule installée dans la boue, avec des quartiers distincts dont chacun tait réservé à un commerce : paddy, bétail, embarcations, perches de bambou, planches, poteries, tissus, fruits, noix 'arec, nasses. Dans les bras du fleuve, la circulation était si dense qu'on les aurait pris pour des rues liquides. Les vaches ouvellement achetées se laissaient transporter, chacune debout dans sa barque et défilant devant un paysage qui la egarde. Tout ce pays est d'une extraordinaire douceur. Dans cette verdure bleutée par les jacinthes, dans l'eau des marais et es fleuves où passent les sampans, il y a quelque chose de pacifiant, d'endormant ; on se laisserait volontiers pourrir omme les vieux murs de briques rouges désarticulés par les banyans. Mais en même temps, cette douceur reste inquiétante : le paysage n'est pas normal, il y a trop d'eau pour cela. 'inondation annuelle crée des conditions d'existence exceptionnelles, car elle entraîne la chute de la production de égumes et des pêcheries : temps de crue, temps de disette. Même le bétail devient squelettique et meurt, ne réussissant pas à trouver dans les spongieuses jacinthes d'eau un fourrage suffisant. Étrange humanité qui vit imbibée d'eau plus ncore que d'air ; dont les enfants apprennent à se servir de leur petit dingi presque en même temps qu'à marcher ; lieu ù, par manque d'autre combustible, le jute séché après rouissage et défibrage, se vend, au temps des crues, deux cent cinquante francs les deux cents tiges à des gens qui gagnent moins de trois mille francs par mois. Pourtant, il fallait pénétrer dans les villages pour comprendre la situation tragique de ces populations que la coutume, l'habitation et le genre de vie rapprochent des plus primitives, mais qui tiennent des marchés aussi compliqués qu'un grand magasin. Il y a un siècle à peine, leurs ossements couvraient la campagne ; tisserands pour la plupart, ils avaient été éduits à la famine et à la mort par l'interdiction, faite par le colonisateur, d'exercer leur métier traditionnel afin d'ouvrir n marché aux cotonnades de Manchester. Aujourd'hui, chaque pouce de terre cultivable, bien qu'inondée pendant la oitié de l'année, est affecté à la culture du jute qui part après rouissage dans les usines de Narrayanganj et de Calcutta u même directement pour l'Europe et l'Amérique, de sorte que d'une autre manière, non moins arbitraire que la récédente, ces paysans illettrés et à demi nus dépendent pour leur alimentation quotidienne des fluctuations du marché ondial. S'ils pèchent le poisson, le riz dont ils se nourrissent est presque entièrement importé ; et pour compléter le aigre revenu des cultures - une minorité seulement étant propriétaire - ils consacrent leurs jours à de navrantes ndustries. Demra est un hameau presque lacustre, tant est précaire le réseau de talus émergés où les huttes se groupent dans les osquets. J'y ai vu la population, depuis les enfants en bas âge, occupée dès l'aube à tisser à la main ces voiles de ousseline qui firent jadis la célébrité de Dacca. Un peu plus loin, à Langalbund, une région entière se consacre à la abrication de boutons de nacre du genre utilisé dans notre lingerie masculine. Une caste de bateliers, les Bidyaya ou adia, qui vivent en permanence dans la cabine en paille de leurs sampans, récoltent et vendent les moules fluviales estinées à fournir la nacre ; les tas de coquilles boueuses donnent aux hameaux l'apparence de placers. Après avoir été décapées dans un bain acide, les coquilles sont brisées au marteau en fragments, arrondis ensuite sur une meule à main. uis, chaque disque est placé sur un support pour être façonné à l'aide d'un bout de lime ébréchée armant une vrille de ois manoeuvrée à l'archet. Un instrument analogue, mais pointu, sert enfin à percer quatre trous. Les enfants cousent les boutons terminés, par douzaine, sur des cartes recouvertes de clinquant, comme les offrent nos merceries de province. Avant les grandes transformations politiques qui ont résulté de l'indépendance des pays asiatiques, cette industrie modeste, qui approvisionnait le marché indien et les îles du Pacifique, donnait la subsistance aux travailleurs, malgré l'exploitation dont ils étaient et continuent d'être victimes de la part de cette classe d'usuriers et d'intermédiaires, les mahajans, qui avancent la matière première et les produits de transformation. Le prix de ces derniers a été multiplié par cinq ou six, tandis que par fermeture du marché, la production régionale est tombée de soixante mille grosses par semaine à moins de cinquante mille par mois ; enfin, dans le même temps, le prix payé au producteur a baissé de 75 %. Du jour au lendemain presque, cinquante mille personnes ont constaté qu'un revenu déjà dérisoire était réduit au entième. Mais c'est qu'en dépit des formes de vie primitives, le chiffre de la population, le volume de la production et l'aspect du produit fini interdisent de parler d'artisanat véritable. Dans l'Amérique tropicale - au Brésil, en Bolivie ou au Mexique - le terme reste applicable au travail du métal, du verre, de la laine, du coton ou de la paille. La matière première est d'origine locale, les techniques sont traditionnelles, et les conditions de production, domestiques ; l'utilisation et la forme sont d'abord régies par les goûts, les habitudes et les besoins des producteurs. Ici, des populations médiévales sont précipitées en pleine ère manufacturière et jetées en pâture au marché mondial. Du point de départ jusqu'au point d'arrivée, elles vivent sous un régime d'aliénation. La matière première leur est étrangère, complètement pour les tisserands de Demra qui emploient des filés importés d'Angleterre ou d'Italie, partiellement pour les façonniers de Langalbund dont les coquillages ont une origine locale, mais non les produits chimiques, les cartons et les feuilles métalliques indispensables à leur industrie. Et partout, la production est conçue according to foreign standards, ces malheureux ayant à peine les moyens de se vêtir, moins encore de se boutonner. Sous les campagnes verdoyantes et les canaux paisibles bordés de chaumières, le visage hideux de la fabrique apparaît en filigrane, comme si l'évolution historique et économique avait réussi à fixer et à superposer ses phases les plus tragiques aux dépens de ces pitoyables victimes : carences et épidémies médiévales, exploitation forcenée comme aux débuts de l'ère industrielle, chômage et spéculation du capitalisme moderne. Le XIVe, le XVIIIe et le XXe siècle se sont ici donné rendez-vous pour tourner en dérision l'idylle dont la nature tropicale entretient le décor. C'est dans ces régions, où la densité de population dépasse parfois mille au kilomètre carré, que j'ai pleinement esuré le privilège historique encore dévolu à l'Amérique tropicale (et jusqu'à un certain point à l'Amérique tout entière) 'être restée absolument ou relativement vide d'hommes. La liberté n'est ni une invention juridique ni un trésor hilosophique, propriété chérie de civilisations plus dignes que d'autres parce qu'elles seules sauraient la produire ou la réserver. Elle résulte d'une relation objective entre l'individu et l'espace qu'il occupe, entre le consommateur et les essources dont il dispose. Encore n'est-il pas sûr que ceci compense cela, et qu'une société riche mais trop dense ne 'empoisonne pas de cette densité, comme ces parasites de la farine qui réussissent à s'exterminer à distance par leurs oxines, avant même que la matière nutritive ne fasse défaut. Il faut beaucoup de naïveté ou de mauvaise foi pour penser que les hommes choisissent leurs croyances ndépendamment de leur condition. Loin que les systèmes politiques déterminent la forme d'existence sociale, ce sont les ormes d'existence qui donnent un sens aux idéologies qui les expriment : ces signes ne constituent un langage qu'en résence des objets auxquels ils se rapportent. En ce moment, le malentendu entre l'Occident et l'Orient est d'abord émantique : les formules que nous y colportons impliquent des signifiés absents ou différents. S'il était possible que les hoses changent, il importerait peu à leurs victimes que ce soit dans des cadres que nous jugerions insupportables. Ils ne e sentiraient pas devenir esclaves, mais bien au contraire libérés, d'accéder au travail forcé, à l'alimentation rationnée et la pensée dirigée, puisque ce serait pour eux le moyen historique d'obtenir du travail, de la nourriture et de goûter une ie intellectuelle. Des modalités qui nous apparaissent privatives se résorberaient devant l'évidence d'une réalité offerte, t jusqu'alors par nous-mêmes, au nom de son apparence, refusée. Par delà les remèdes politiques et économiques convenables, le problème posé par la confrontation de l'Asie et de 'Amérique tropicales reste celui de la multiplication humaine sur un espace limité. Comment oublier qu'à cet égard 'Europe occupe une position intermédiaire entre les deux mondes ? Ce problème du nombre, l'Inde s'y est attaquée il y a uelque trois mille ans en cherchant, avec le système des castes, un moyen de transformer la quantité en qualité, c'est-àire de différencier les groupements humains pour leur permettre de vivre côte à côte. Elle avait même conçu le roblème en termes plus vastes : l'élargissant, au-delà de l'homme, à toutes les formes de la vie. La règle végétarienne 'inspire du même souci que le régime des castes, à savoir d'empêcher les groupements sociaux et les espèces animales d'empiéter les uns sur les autres, de réserver à chacun une liberté qui lui soit propre grâce au renoncement par les autres à l'exercice d'une liberté antagoniste. Il est tragique pour l'homme que cette grande expérience ait échoué, je veux dire qu'au cours de l'histoire les castes n'aient pas réussi à atteindre un état où elles seraient demeurées égales parce que différentes - égales en ce sens qu'elles eussent été incommensurables - et que se soit introduite parmi elles cette dose perfide d'homogénéité qui permettait la comparaison, et donc la création d'une hiérarchie. Car si les hommes peuvent parvenir à coexister à condition de se reconnaître tous autant hommes, mais autrement, ils le peuvent aussi en se refusant les uns aux autres un degré comparable d'humanité, et donc en se subordonnant. Ce grand échec de l'Inde apporte un enseignement : en devenant trop nombreuse et malgré le génie de ses penseurs, une société ne se perpétue qu'en sécrétant la servitude. Lorsque les hommes commencent à se sentir à l'étroit dans leurs spaces géographique, social et mental, une solution simple risque de les séduire : celle qui consiste à refuser la qualité humaine à une partie de l'espèce. Pour quelques dizaines d'années, les autres retrouveront les coudées franches. Ensuite l faudra procéder à une nouvelle expulsion. Dans cette lumière, les événements dont l'Europe a été depuis vingt ans le héâtre, résumant un siècle au cours duquel son chiffre de population a doublé, ne peuvent plus m'apparaître comme le ésultat de l'aberration d'un peuple, d'une doctrine ou d'un groupe d'hommes. J'y vois plutôt un signe annonciateur 'une évolution vers le monde fini, dont l'Asie du Sud a fait l'expérience un millénaire ou deux avant nous et dont, à oins de grandes décisions, nous ne parviendrons peut-être pas à nous affranchir. Car cette dévalorisation systématique e l'homme par l'homme se répand, et ce serait trop d'hypocrisie et d'inconscience que d'écarter le problème par 'excuse d'une contamination momentanée. Ce qui m'effraye en Asie, c'est l'image de notre futur, par elle anticipée. Avec l'Amérique indienne je chéris le reflet, ugitif même là-bas, d'une ère où l'espèce était à la mesure de son univers et où persistait un rapport adéquat entre 'exercice de la liberté et ses signes.
mouches

« modeste, quiapprovisionnait lemarché indienetles îles duPacifique, donnaitlasubsistance auxtravailleurs, malgré l’exploitation dontilsétaient etcontinuent d’êtrevictimes delapart decette classe d’usuriers etd’intermédiaires, les mahajans, qui avancent lamatière première etles produits detransformation.

Leprix deces derniers aété multiplié par cinq ousix, tandis queparfermeture dumarché, laproduction régionaleesttombée desoixante millegrosses par semaine àmoins decinquante milleparmois ; enfin,danslemême temps, leprix payé auproducteur abaissé de75%. Du jour aulendemain presque,cinquante millepersonnes ontconstaté qu’unrevenu déjàdérisoire étaitréduit au centième.

Maisc’estqu’en dépitdesformes devie primitives, lechiffre delapopulation, levolume delaproduction et l’aspect duproduit finiinterdisent deparler d’artisanat véritable.Dansl’Amérique tropicale–au Brésil, enBolivie ouau Mexique –le terme resteapplicable autravail dumétal, duverre, delalaine, ducoton oudelapaille.

Lamatière première estd’origine locale,lestechniques sonttraditionnelles, etles conditions deproduction, domestiques ; l’utilisation etlaforme sontd’abord régiesparlesgoûts, leshabitudes etles besoins desproducteurs. Ici, des populations médiévalessontprécipitées enpleine èremanufacturière etjetées enpâture aumarché mondial. Du point dedépart jusqu’au pointd’arrivée, ellesvivent sousunrégime d’aliénation.

Lamatière première leurest étrangère, complètement pourlestisserands deDemra quiemploient desfilés importés d’Angleterre oud’Italie, partiellement pourlesfaçonniers deLangalbund dontlescoquillages ontune origine locale,maisnonlesproduits chimiques, lescartons etles feuilles métalliques indispensables àleur industrie.

Etpartout, laproduction estconçue according toforeign standards, ces malheureux ayantàpeine lesmoyens desevêtir, moins encore deseboutonner. Sous lescampagnes verdoyantes etles canaux paisibles bordésdechaumières, levisage hideux delafabrique apparaîten filigrane, commesil’évolution historiqueetéconomique avaitréussi àfixer etàsuperposer sesphases lesplus tragiques aux dépens deces pitoyables victimes :carencesetépidémies médiévales, exploitation forcenéecommeauxdébuts de l’ère industrielle, chômageetspéculation ducapitalisme moderne.LeXIV e, le XVIII eet leXXesiècle sesont icidonné rendez-vous pourtourner endérision l’idylledontlanature tropicale entretient ledécor. C’est danscesrégions, oùladensité depopulation dépasseparfoismilleaukilomètre carré,quej’aipleinement mesuré leprivilège historique encoredévoluàl’Amérique tropicale(etjusqu’à uncertain pointàl’Amérique toutentière) d’être restée absolument ourelativement vided’hommes.

Laliberté n’estniune invention juridiqueniun trésor philosophique, propriétéchériedecivilisations plusdignes qued’autres parcequ’elles seulessauraient laproduire oula préserver.

Ellerésulte d’unerelation objective entrel’individu etl’espace qu’iloccupe, entreleconsommateur etles ressources dontildispose.

Encoren’est-ilpassûrque ceci compense cela,etqu’une société richemaistropdense ne s’empoisonne pasdecette densité, commecesparasites delafarine quiréussissent às’exterminer àdistance parleurs toxines, avantmême quelamatière nutritive nefasse défaut. Il faut beaucoup denaïveté oudemauvaise foipour penser queleshommes choisissent leurscroyances indépendamment deleur condition.

Loinquelessystèmes politiques déterminent laforme d’existence sociale,cesont les formes d’existence quidonnent unsens auxidéologies quilesexpriment : cessignes neconstituent unlangage qu’en présence desobjets auxquels ilsse rapportent.

Encemoment, lemalentendu entrel’Occident etl’Orient estd’abord sémantique : lesformules quenous ycolportons impliquent dessignifiés absentsoudifférents.

S’ilétait possible queles choses changent, ilimporterait peuàleurs victimes quecesoit dans descadres quenous jugerions insupportables.

Ilsne se sentiraient pasdevenir esclaves, maisbienaucontraire libérés,d’accéder autravail forcé,àl’alimentation rationnéeet à la pensée dirigée, puisque ceserait poureuxlemoyen historique d’obtenirdutravail, delanourriture etde goûter une vie intellectuelle.

Desmodalités quinous apparaissent privativesserésorberaient devantl’évidence d’uneréalité offerte, et jusqu’alors parnous-mêmes, aunom deson apparence, refusée. Par delà lesremèdes politiques etéconomiques convenables,leproblème poséparlaconfrontation del’Asie etde l’Amérique tropicalesresteceluidela multiplication humainesurunespace limité.Comment oublierqu’àcetégard l’Europe occupeuneposition intermédiaire entrelesdeux mondes ? Ceproblème dunombre, l’Indes’yest attaquée ilya quelque troismille ansencherchant, aveclesystème descastes, unmoyen detransformer laquantité enqualité, c’est-à- dire dedifférencier lesgroupements humainspourleurpermettre devivre côteàcôte.

Elleavait même conçule problème entermes plusvastes : l’élargissant, au-delàdel’homme, àtoutes lesformes delavie.

Larègle végétarienne s’inspire dumême souciquelerégime descastes, àsavoir d’empêcher lesgroupements sociauxetles espèces animales d’empiéter les uns surlesautres, deréserver àchacun uneliberté quiluisoit propre grâceaurenoncement parlesautres à l’exercice d’uneliberté antagoniste.

Ilest tragique pourl’homme quecette grande expérience aitéchoué, jeveux dire qu’au coursdel’histoire lescastes n’aient pasréussi àatteindre unétat oùelles seraient demeurées égalesparceque différentes –égales encesens qu’elles eussent étéincommensurables –et que sesoit introduite parmiellescette dose perfide d’homogénéité quipermettait lacomparaison, etdonc lacréation d’unehiérarchie.

Carsiles hommes peuvent parvenir àcoexister àcondition desereconnaître tous autant hommes, mais autrement, ils lepeuvent aussiense refusant lesuns auxautres undegré comparable d’humanité, etdonc ensesubordonnant. Ce grand échec del’Inde apporte unenseignement : endevenant tropnombreuse etmalgré legénie deses penseurs, une société neseperpétue qu’ensécrétant laservitude.

Lorsqueleshommes commencent àse sentir àl’étroit dansleurs espaces géographique, socialetmental, unesolution simplerisquedeles séduire : cellequiconsiste àrefuser laqualité. »

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