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MONTESQUIEU (Charles de SECONDAT de)_______________________

Publié le 02/04/2015

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MONTESQUIEU (Charles de SECONDAT de)_______________________

en 1689 d'une famille de la noblesse de robe, il hérite à 27 ans

d'une charge de président à mortier ; dans les loisirs de sa charge et de l'administration de ses propriétés, il présente à l'académie de

Bordeaux des mémoires scientifiques ; ses Lettres persanes en 1721 lui apportent la gloire ; il voyage en Europe et à partir de 1731 se consacre à la rédaction de l'Esprit des lois, qui paraît en 1748 ; en

1750, il donne la Défense de L'Esprit des lois, qui incite l'Église à mettre l'ouvrage à l'Index ; en 1757, deux ans après sa mort, paraît

l'édition définitive qu'il a revue.

1 . La loi politique est traditionnellement le commandement d'une volonté ; lois de la nature et lois politiques participent d'une même essence, tant que les premières peuvent être conçues comme commandements divins. L'élaboration de la physique arrache les lois de la nature à cette conception (1) en en faisant des rapports constants entre les choses. Montesquieu transporte ce nouveau concept de loi dans le domaine politique : les lois sont les rapports qui se trouvent entre Dieu et les différents êtres, et les rapports de ces diffé­rents êtres entre eux ; ce sont donc des rapports nécessaires qui découlent de la nature des choses. Quant à l'esprit des lois, c'est l'étude du rapport que les lois doivent avoir avec la constitution de chaque gouvernement, les moeurs, le climat, la religion, le commerce, etc., c'est donc l'exposé d'un rapport de rapports. De là la nouveauté de Montesquieu ; contrairement à la théorie politique classique élaborée par les juristes de l'école du droit naturel, il ne recourt ni à une hypothétique origine de la société, ni à un contrat social ; il ne se propose pas comme les philosophes (Locke, Hobbes,

Rousseau) de décrire ce que doit être la société, mais tente d'exposer des déterminations valables pour toutes les sociétés possibles. C'est pour cela que Durkheim a pu voir en lui le précurseur de la sociologie.

2. Décrire toutes les déterminations possibles dans l'infinie diversité des sociétés humaines suppose la position d'hypo­thèses : « J'ai posé les principes, et j'ai vu les cas particuliers s'y plier comme d'eux-mêmes. «. Montesquieu, en étudiant les gouvernements, distingue leur nature et leur principe. La nature du gouvernement répond à la question : Qui détient le pouvoir et comment l'exerce-t-il ? On obtient la célèbre tripartition : monarchie (un seul gouverne mais par des lois fixes et établies), despotisme (un seul gouverne mais sans lois), république (le peuple en corps ou une partie du peuple gouverne). Le principe du gouvernement, c'est ce qui le fait agir, et en est la condition d'existence : l'honneur pour la monarchie, la crainte pour le despotisme, et la vertu pour la république. L'Etat n'est pas seulement une nature, c'est-à-dire une forme vide, mais une totalité concrète ; c'est pourquoi Montesquieu peut en déduire des lois déterminées comme celles qui fixent l'éducation, la propriété, les mariages, etc. Les principes ne sont pas des catégories statiques, destinées à décrire formellement des étapes de l'histoire, ils expliquent aussi l'évolution : « La corruption de chaque gouvernement commence presque toujours par celle des principes. «

·      On a voulu faire de Montesquieu le théoricien de la sépa­ration des pouvoirs. C'est oublier que le chapitre 6 du livre XI, qui expose la constitution anglaise, propose moins une séparation des pouvoirs comme garantie de la liberté qu'une limitation reciproque ; le législatif, le juridique et l'éxécutif ne doivent pas etre réunis dans les mêmes mains, mais l'exécutif dispose du droit de veto, le législatif contrôle l'application des lois, et peut s'ériger en tribunal. Plus que séparation, il y a fusion. Ceci conduit Althusser (Mon­tesquieu, la politique et l'histoire, 1959) à voir en Mon­tesquieu non le précurseur de la démocratie bourgeoise, mais le prisonnier d'un parti pris féodal qui voit dans les corps intermédiaires la seule possibilité de résister à la monarchie centralisatrice qui se constituait depuis le XVIIe siècle.

 

1. Voir Newton.

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