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n'imaginent même pas que l'on puisse avoir de la considération pour le sort des civils, il est prêt à toutes les cruautés, aucune ne lui sera jamais reprochée.

Publié le 06/01/2014

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n'imaginent même pas que l'on puisse avoir de la considération pour le sort des civils, il est prêt à toutes les cruautés, aucune ne lui sera jamais reprochée. Mal payé, mal nourri, il ravage les campagnes où il passe, puisque c'est son moyen de survivre ou d'amasser un maigre pécule. On l'a vu au chapitre précédent : le premier rôle que Charles V assigne à Du Guesclin est de débarrasser le pays des « grandes compagnies ». Tous les livres en parlent, ils oublient souvent de rappeler au passage que ces troupes de brigands étaient formées des soldats qui combattaient peu avant pour le même Charles V - ou tout aussi bien pour son adversaire : rendus à leur liberté, les mercenaires s'étaient fondus dans les mêmes bandes. Que dire des vaillants lieutenants de Jeanne d'Arc, les Lahire, les Xaintrailles, qui firent merveille derrière elle, à Orléans ou ailleurs, et dont le nom fit rêver des générations de bons petits Français ? On en a fait des modèles de héros, prompts à défendre au péril de leur vie leur patrie et leur peuple. Ils firent sans doute moins rêver leurs pauvres contemporains. Sitôt la trêve signée avec les Bourguignons, comme n'importe quels chefs de guerre avant eux, ils participent à ces autres bandes qui sèment encore la désolation et qu'on appelle alors « les écorcheurs », ce qui est tout dire. Non, la guerre de Cent Ans n'est pas la guerre de 14. Le critère national, fondamental au xxe siècle, ne peut résumer le conflit d'hier. D'autres paramètres non moins essentiels entrent en jeu. Lorsqu'éclate la Jacquerie, en 1358, des nobles qui servaient hier les Valois n'hésitent pas à s'allier à ceux qui soutiennent les Plantagenêts (comme le célèbre Gaston Phébus) pour aller mater ces vilains qui osent se révolter et empêcher les gens convenables de jouer au plus noble des jeux, c'est-à-dire de mener tranquillement leur bagarre entre eux. Si le peuple craint la guerre, il craint plus encore ce qui sert à la financer : l'impôt. Comme les conflits coûtent de plus en plus cher, il en faudra beaucoup. Après le soldat, un autre personnage est capable de semer la terreur dans les campagnes, de vider les villages de leurs habitants, de les faire partir à la hâte pour se cacher dans les forêts avec leur maigre vache et leurs trois hardes : l'« homme du roi », le collecteur au service du fisc. En revanche, l'impôt peut aussi jouer un rôle politique et aider à faire basculer le cours de l'histoire. Si, vers la fin de la guerre, dans la première moitié du xve siècle, d'innombrables révoltes éclatent dans la Normandie conquise par Henri V, si les soldats de Charles VII y sont accueillis en libérateurs, ce n'est pas par patriotisme, c'est parce qu'on ne supportait plus l'insoutenable pression fiscale exercée par les Anglais. La Normandie, la Guyenne, berceaux des rois d'Angleterre Comment en serait-il autrement ? Par quel étrange miracle, hors ces questions très concrètes d'impôts, un Normand du xve siècle se sentirait-il plus attaché à un Valois qu'à un Plantagenêt ? En tout cas, du point de vue des Plantagenêts eux-mêmes, les choses étaient claires : la Normandie n'était pas une « terre française », ou tout au moins une terre revenant de droit au souverain régnant à Paris, elle était le berceau de leur famille. N'oublions pas qu'ils descendaient de Guillaume le Conquérant. En entrant dans Rouen (après un siège atroce), Henri V, diton, fit pavoiser la ville : il entendait ainsi montrer la joie qu'il avait de se retrouver enfin chez lui, sur la terre de ses ancêtres. Était-ce pure propagande ? La plupart des manuels anglais soulignent cet épisode, et leurs équivalents français, curieusement, l'oublient. N'entrons pas dans la querelle. Contentons-nous de souligner ce point : oui, à la fin de cette interminable guerre, la conscience que l'on est français ou anglais entre dans les esprits, seulement la France et l'Angleterre n'ont pas grand-chose à voir avec les pays que nous connaissons aujourd'hui et les disparités entre les régions sont immenses. La Flandre, par exemple (c'est-à-dire le Nord actuel de la France, plus une partie de la Belgique et des Pays-Bas), est vassale du roi de France. En général, le comte, la noblesse, lui sont fidèles. La bourgeoisie et le peuple, jamais : ils préféreront toujours les alliances nouées de l'autre côté de la Manche. Au plat pays, on vit du drap, on dépend donc de la laine que les moutons anglais donnent en abondance. Les rois d'Angleterre joueront souvent de cette carte. Édouard III ira jusqu'à menacer la Flandre de blocus commercial, ce qui causerait sa ruine. Lorsqu'il débarque pour affirmer ses prétentions sur le trône français, les villes riches le soutiennent. Durant le xive siècle, quand apparaissent dans la région les troupes des rois capétiens, on les regarde avec haine : elles viennent toujours pour écraser dans le sang les révoltes levées contre leur domination. La Bretagne, elle, reste un duché indépendant. Contrairement à la Flandre, le peuple y suit les choix du prince. Seulement les princes varient beaucoup. On ne se risquera pas à tenter de résumer la politique fluctuante des ducs de Bretagne, hésitant sans cesse entre France et Angleterre, quand ils n'ont pas à se protéger des manoeuvres de l'une et de l'autre pour placer leurs pions et leurs héritiers sur le trône. Notons simplement ce détail. Pour les Français, le plus célèbre Breton de la période s'appelle Bertrand Du Guesclin. Il est fils d'un petit seigneur des Côtes-d'Armor. Sa bravoure, ses qualités de soldat et sa loyauté envers le sage Charles V en ont fait, dans tous les livres français, un héros de légende. Cette noble fidélité à un roi n'est pas évidente pour tout le monde. Il n'y a pas si longtemps encore, les nationalistes bretons un peu sourcilleux appelaient bien autrement celui qui avait choisi de servir un roi étranger : « le traître ». Que dire enfin de la Guyenne ? On l'a vu, les limites de cette province dont le centre correspond à peu près à l'actuel département de la Gironde ont varié au cours du temps, au fil des victoires d'un camp ou de l'autre. Son coeur jamais : il a toujours battu pour sa seule patrie, l'Angleterre. Le fait peut nous sembler étonnant. Il ne l'était pas à l'époque. La Guyenne appartient au domaine des Plantagenêts depuis 1152, cela fait près de deux siècles au début du conflit. Toute son économie, et surtout le commerce des vins, est tournée vers les ports anglais. La mer qui baigne ses côtes nous semble aujourd'hui une sorte de frontière naturelle. Elle était hier un trait d'union tout aussi naturel. L'aristocratie anglaise se sent irrémédiablement liée au riche fief d'origine de la reine Aliénor. Richard II, petit-fils d'Édouard III et qui, comme lui, sera roi d'Angleterre, est né à Bordeaux. Les troupes menées par son père, le terrible Prince Noir, ces troupes que l'on appelle « anglaises » dans les livres, celles qui ravagent les terres du roi de France ou gagnent contre lui d'éclatantes victoires (comme à Poitiers), sont majoritairement gasconnes. Toute la population et toute la noblesse du Sud-Ouest sont fidèles aux Plantagenêts et le seront jusqu'au bout. Quand, en 1451, Charles VII prend Bordeaux, les habitants ne peuvent accepter de se soumettre à ces Français honnis. Ils font appel à Talbot, le vieux chef de guerre anglais, pour les en délivrer. Charles VII, après la bataille du Castillon qui scelle sa victoire définitive et la fin de la guerre de Cent Ans, doit reprendre la ville par le fer. Il y fait construire deux forteresses peuplées d'hommes en armes : il n'y a que par la force que les Bordelais accepteront enfin d'apprendre peu à peu à quel camp désormais ils appartiennent. En histoire, une autre vérité est toujours possible Les Bordelais auraient préféré rester anglais. Bien d'autres sujets du royaume aussi, sans doute, comment le savoir ? On n'en parle jamais. Osons en leur mémoire poser cette question : avaient-ils vraiment tort ? Nous voilà enfin au coeur du sujet qui fâche. Pour quasiment tous les Français amateurs d'histoire, une seule vérité existe : grâce à l'intervention de Jeanne d'Arc qui renverse le cours des choses, la guerre de Cent Ans se termine en un happy end qui est à lui seul un miracle pour notre pays. Charles VII, le seul vrai roi de France légitime, est sur le trône, les occupants sont chassés, leur « honteux traité de Troyes » est déclaré caduc, la France est libre et sauvée. Affrontons ces points les uns après les autres. Passons rapidement sur la légitimité de Charles VII. Oublions les soupçons de bâtardise que l'on trouve dans quelques livres, on l'a dit, plus aucun historien n'en fait état. L'homme est donc un authentique Valois qui devient, comme c'est la règle, le dauphin à la mort de ses frères aînés. En quoi devrions-nous pour autant, à l'heure où nous sommes, continuer à accepter comme naturelle la légitimité de la branche tout entière ? Rappelons que les Valois sont arrivés au pouvoir, à la mort du dernier des fils de Philippe le Bel, au nom d'un principe sacré : il ne fallait pas qu'une femme (Isabelle, mariée au roi d'Angleterre), quelle horreur !, puisse accéder au trône ou simplement transmettre à son fils le droit d'y accéder. Françaises, Français, répondez en conscience : est-ce là un argument recevable ? Pour appuyer sa candidature au trône, Charles reçut, d'une autre femme il est vrai, des assurances haut placées : Dieu lui-même était de son côté, c'est le message qui lui avait été apporté par la célèbre petite bergère de Domrémy. Qu'est-ce que Dieu pouvait bien avoir contre ces pauvres Anglais ? La Pucelle elle-même posa la question lors de son procès de Rouen. La réponse, pour elle comme pour nous, restera un mystère. Toujours est-il que ce soutien divin à l'ex-petit roi de Bourges lui fut d'un grand secours auprès des populations, et qu'il fut attesté par des gens très bien : Jeanne d'Arc fut officiellement réhabilitée par un tribunal ecclésiastique, puis béatifiée, puis canonisée (en 1920) par l'Église universelle. Pour tous les catholiques du monde, le choix est donc simple, pour ne pas dire obligatoire : Charles VII est le souverain incontestable. Mais pourquoi le serait-il pour ceux qui ne le sont pas ? On me dira que ce petit jeu est assez vain. Admettons que la légitimité du Valois ne pèse pas lourd. Celle de son rival ne tient guère mieux, c'est le problème. Henri V entendait renouveler les prétentions au trône de France d'Édouard III et de sa mère Isabelle de France, mais il n'en descendait que par une branche cadette : son père, Henri Bolingbroke, était devenu le roi Henri IV à la suite d'un coup d'État, en chassant du trône Richard II. En Angleterre, le camp opposé à sa famille, les Lancastre, le tenait donc pour un usurpateur. Par ailleurs, en tant que laïque, on aurait grand tort de se jeter du côté du vainqueur d'Azincourt : tout autant que Jeanne d'Arc, il prétendait agir au seul nom de Dieu et son fanatisme religieux n'était pas moins grand. Glissons aussi rapidement sur le thème de l'« occupation anglaise » de la France : elle fait venir des images de Seconde Guerre mondiale, on imagine des barrages militaires sur toutes les routes, des troupes nombreuses tenant tous les endroits stratégiques et des kommandanturs pléthoriques en version britannique pour administrer les villes soumises. Pure vue de l'esprit. Selon les comptes précis effectués par quelques historiens pointilleux1, les soldats anglais dans le Paris du régent Bedford, c'est-à-dire précisément le Paris « anglais » des années 1420-1430, étaient, tout au plus, une trentaine... À dire vrai, c'est la vision traditionnelle tout entière qu'il est peut-être sage de remettre en question. Biaisée comme toujours par le savant travail opéré après coup par le vainqueur, en l'occurrence Charles VII, elle pose les choses de façon simple et binaire : deux camps s'opposaient, l'un était celui de la France, l'autre celui de l'étranger. Ça, c'était vrai en 1940. Ça ne l'était pas forcément en 1420. On peut présenter les mêmes événements tout à fait autrement : après des décennies de guerre civile, sur le territoire qui est aujourd'hui la France, s'opposaient deux grandes factions, tout aussi françaises l'une que l'autre. L'une d'entre elles - Isabeau, la famille royale, et leurs alliés bourguignons -, pour se sortir d'une situation inextricable (l'impossible réconciliation avec des Armagnacs belliqueux et fanatisés) et pour en finir avec une guerre interminable, choisit une voix d'apaisement : une alliance raisonnée avec le roi d'Angleterre, si bien disposé à la paix qu'il acceptait d'épouser la fille de Charles VI, le roi de France qui était censé, hier encore, être son ennemi. Une large partie de la population française, avant de virer de bord, défendit farouchement ce camp-là. Le traité de Troyes, formalisant l'alliance anglaise, est présenté depuis le xixe siècle comme le « honteux traité de Troyes ». En son temps, il fut dûment ratifié par les États généraux du royaume, qui en représentaient les sujets. Quelques années plus tard, Paris, très liée au camp bourguignon, applaudit chaleureusement à l'annonce du procès de Jeanne d'Arc et de sa condamnation. On la considérait alors comme une illuminée au service d'un roi faible dont le triomphe mènerait forcément le pays à la ruine. De l'avis général, le régent Bedford, gouvernant la France après la mort prématurée de son frère Henri V, sut se faire apprécier. Pour faire pièce au sacre de Charles VII à Reims, il organisa dans une cathédrale Notre-Dame de Paris pleine à craquer le sacre de son roi de France à lui, en présence d'innombrables sommités non moins françaises que celles qui se tenaient à la cérémonie champenoise : celui du petit Henri VI, parfois nommé Henri II au regard de la succession française. L'histoire lui aurait-elle accordé la victoire, c'est sans doute cette cérémonie-là dont on apprendrait le détail aux écoliers émus. Quelle horreur, direz-vous enfin, quelle thèse absurde : le triomphe d'Henri VI contre Charles VII aurait signifié que la France devenait anglaise ! Pas du tout. Elle aurait signifié l'avènement d'une « double monarchie », un même souverain assis sur les deux trônes, c'est ce qui était prévu. Et après ? Aurait-ce été une catastrophe ? En France, on vient de l'écrire, nombreux étaient les partisans de cette solution. Assez étonnamment, c'est en Angleterre qu'ils étaient plus rares. Les grands opposants au traité de Troyes et à ce qu'il impliquait se comptèrent surtout au Parlement de Londres, et parmi les grands de ce côté-là de la Manche. Leur raisonnement était simple. L'Angleterre était bien moins vaste, bien moins riche, bien moins peuplée que la France. En devenant souverain à la fois des deux pays, le roi finirait bien vite par s'occuper uniquement du gros pour délaisser le petit. En outre, le choix même de ce prince-là ne leur plaisait guère : quelle confiance accorder à ce petit Henri, élevé en France par une mère princesse française ? Il leur paraissait évident qu'un tel individu n'aurait de cesse de chercher à les franciser. Avaient-ils tort ? Sans doute pas. Si Jeanne d'Arc n'avait pas été là, entend-on parfois, nous serions devenus anglais, nous parlerions leur langue, nous roulerions à gauche. Erreur, sans Jeanne d'Arc, le contraire aurait pu se produire : les Anglais se seraient remis à parler le français et ils rouleraient à droite. La France n'aurait pas été perdue. Elle aurait été doublée. Il n'en a pas été ainsi. L'histoire favorisa le roi de Reims contre celui de Notre-Dame. Après les victoires de ses ennemis et surtout le renversement d'alliances bourguignon, le pauvre Henri VI dut se résoudre à oublier son pays de naissance pour s'installer à Londres. Il garda de ses racines françaises un souvenir dont son nouveau peuple se serait bien passé : comme son grand-père Charles VI, il était fou. On dit qu'il ressentit les premiers accès de son mal après l'annonce de Castillon, la bataille qui signa sa défaite et la victoire définitive de son oncle Charles VII. Les aventures outre-mer étaient terminées, les Anglais avaient d'autres chats à fouetter : comme la France avant elle, leur pays sombra dans une terrible guerre civile entre deux factions ennemies, la « guerre des Deux Roses ». Leurs rois gardèrent longtemps le souvenir nostalgique du trône qu'ils avaient perdu. La fleur de lis orna leur bannière pendant des siècles, comme l'appellation orgueilleuse de « roi de France et d'Angleterre » ornait leur titulature. Ils n'acceptèrent d'abandonner l'une et l'autre qu'en 1801. 1 Jean Favier, par exemple.

« de servir unroi étranger : « letraître ». Que direenfin delaGuyenne ? Onl’avu, leslimites decette province dontlecentre correspond àpeu près à l’actuel département delaGironde ontvarié aucours dutemps, aufildes victoires d’uncamp oudel’autre.

Son cœur jamais : ila toujours battupoursaseule patrie, l’Angleterre.

Lefait peut nous sembler étonnant.

Ilne l’était pas àl’époque.

LaGuyenne appartient audomaine desPlantagenêts depuis1152,celafaitprès dedeux siècles au début duconflit.

Toutesonéconomie, etsurtout lecommerce desvins, esttournée verslesports anglais.

Lamer qui baigne sescôtes noussemble aujourd’hui unesorte defrontière naturelle.

Elleétait hieruntrait d’union tout aussi naturel.

L’aristocratie anglaisesesent irrémédiablement liéeauriche fiefd’origine delareine Aliénor. Richard II, petit-filsd’Édouard III etqui, comme lui,sera roid’Angleterre, estnéàBordeaux.

Lestroupes menées par son père, leterrible PrinceNoir,cestroupes quel’onappelle « anglaises » dansleslivres, cellesquiravagent les terres duroi deFrance ougagnent contreluid’éclatantes victoires(commeàPoitiers), sontmajoritairement gasconnes.

Toutelapopulation ettoute lanoblesse duSud-Ouest sontfidèles auxPlantagenêts etleseront jusqu’au bout.Quand, en1451, Charles VII prendBordeaux, leshabitants nepeuvent accepter desesoumettre à ces Français honnis.Ilsfont appel àTalbot, levieux chefdeguerre anglais, pourlesendélivrer.

Charles VII, aprèsla bataille duCastillon quiscelle savictoire définitive etlafin delaguerre deCent Ans,doitreprendre laville parle fer.

Ilyfait construire deuxforteresses peupléesd’hommes enarmes : iln’y aque parlaforce quelesBordelais accepteront enfind’apprendre peuàpeu àquel camp désormais ilsappartiennent.

En histoire, uneautre vérité esttoujours possible Les Bordelais auraientpréféréresteranglais.

Biend’autres sujetsduroyaume aussi,sansdoute, comment le savoir ? Onn’en parle jamais.

Osonsenleur mémoire posercettequestion : avaient-ils vraimenttort ?Nousvoilà enfin aucœur dusujet quifâche.

Pourquasiment touslesFrançais amateurs d’histoire, uneseule vérité existe : grâce àl’intervention deJeanne d’Arcquirenverse lecours deschoses, laguerre deCent Anssetermine enun happy end qui estàlui seul unmiracle pournotre pays.Charles VII, leseul vrairoideFrance légitime, estsur le trône, lesoccupants sontchassés, leur« honteux traitédeTroyes » estdéclaré caduc,laFrance estlibre etsauvée. Affrontons cespoints lesuns après lesautres. Passons rapidement surlalégitimité deCharles VII.

Oublionslessoupçons debâtardise quel’ontrouve dans quelques livres,onl’adit, plus aucun historien n’enfaitétat.

L’homme estdonc unauthentique Valoisquidevient, comme c’estlarègle, ledauphin àla mort deses frères aînés.Enquoi devrions-nous pourautant, àl’heure où nous sommes, continuer àaccepter commenaturelle lalégitimité delabranche toutentière ? Rappelons queles Valois sontarrivés aupouvoir, àla mort dudernier desfilsdePhilippe leBel, aunom d’unprincipe sacré :ilne fallait pasqu’une femme (Isabelle, mariéeauroi d’Angleterre), quellehorreur !, puisseaccéder autrône ou simplement transmettre àson filsledroit d’yaccéder.

Françaises, Français,répondez enconscience : est-celàun argument recevable ? Pour appuyer sacandidature autrône, Charles reçut,d’uneautrefemme ilest vrai, desassurances hautplacées : Dieu lui-même étaitdeson côté, c’estlemessage quiluiavait étéapporté parlacélèbre petitebergère de Domrémy.

Qu’est-cequeDieu pouvait bienavoir contre cespauvres Anglais ? LaPucelle elle-même posala question lorsdeson procès deRouen.

Laréponse, pourellecomme pournous, restera unmystère.

Toujoursest-il que cesoutien divinàl’ex-petit roideBourges luifut d’un grand secours auprèsdespopulations, etqu’il fut attesté pardes gens trèsbien : Jeanne d’Arcfutofficiellement réhabilitéeparuntribunal ecclésiastique, puis béatifiée, puiscanonisée (en1920) parl’Église universelle.

Pourtouslescatholiques dumonde, lechoix estdonc simple, pournepas dire obligatoire : Charles VIIestlesouverain incontestable.

Maispourquoi leserait-il pourceux qui nelesont pas ? On me dira quecepetit jeuestassez vain.Admettons quelalégitimité duValois nepèse paslourd.

Celledeson rival netient guère mieux, c’estleproblème.

Henri Ventendait renouveler lesprétentions autrône deFrance d’Édouard III etde samère Isabelle deFrance, maisiln’en descendait queparune branche cadette : sonpère, Henri Bolingbroke, étaitdevenu leroi Henri IV àla suite d’uncoup d’État, enchassant dutrône Richard II.

En Angleterre, lecamp opposé àsa famille, lesLancastre, letenait doncpourunusurpateur.

Parailleurs, entant que laïque, onaurait grandtortdesejeter ducôté duvainqueur d’Azincourt : toutautant queJeanne d’Arc,il prétendait agirauseul nom deDieu etson fanatisme religieuxn’étaitpasmoins grand. Glissons aussirapidement surlethème del’« occupation anglaise »delaFrance : ellefaitvenir desimages de Seconde Guerremondiale, onimagine desbarrages militaires surtoutes lesroutes, destroupes nombreuses tenant touslesendroits stratégiques etdes kommandanturs pléthoriques enversion britannique pour administrer lesvilles soumises.

Purevuedel’esprit.

Selonlescomptes préciseffectués parquelques historiens pointilleux 1 , les soldats anglaisdansleParis durégent Bedford, c’est-à-dire précisément leParis « anglais » des. »

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