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n'y mettent jamais les pieds.

Publié le 06/01/2014

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n'y mettent jamais les pieds. En 1529, lors d'une des réunions des grands du Saint Empire que l'on appelle la « diète de Spire », Ferdinand, le frère de Charles Quint, ordonne qu'on en revienne aux saines pratiques de la foi et qu'on rétablisse partout la messe comme on doit la faire. Des princes allemands refusent et « protestent » de leurs convictions luthériennes, c'est-à-dire, dans la langue de l'époque, qu'ils les « affirment » (pro-testare, témoigner publiquement). Le « protestantisme » est né. En cinquante ans, il va changer le visage du monde occidental. D'autres réformateurs viendront après Luther, comme le Français Jean Calvin, encore plus radical et intransigeant, qui fera de Genève, la ville où il a trouvé refuge, la « Rome protestante ». Partout les idées nouvelles chamboulent la carte politique. Chaque pays au cours du xvie siècle trouvera à ce défi des réponses particulières. En 1555, le vieux Charles Quint, épuisé, après avoir fait tout ce qu'il pouvait pour en finir avec ce qu'il considère comme une horrible hérésie, concède à l'Empire la « paix d'Augsbourg » pour éviter le pire, c'est-à-dire la guerre civile. Partout on appliquera désormais l'adage : cujus regio, ejus religio, c'est-à-dire littéralement « dans le pays du prince, la religion du prince ». En clair, c'est lui qui décidera du culte que l'on pratiquera dans ses États, les sujets n'ont qu'à suivre ou à s'exiler. La Suisse est divisée, certains cantons restent catholiques, Genève suit Calvin, et Zurich, Zwingli, un autre réformateur. En Suède, le roi Gustave Wasa a été le premier à faire basculer son pays tout entier du côté protestant. L'Écosse devient calviniste. L'Angleterre mitonne une tambouille qui n'est qu'à elle. Henri VIII combat avec ferveur le luthérianisme dès son apparition. Mais il rompt avec Rome sur une question très temporelle : il veut pouvoir divorcer de sa première épouse pour épouser la deuxième et le pape refuse l'annulation du mariage. Lui aussi rompt donc avec le pape, mais garde les rites catholiques au sein d'une Église dont il se déclare le chef suprême, c'est l'anglicanisme. Les petits États italiens restent attachés à Rome, tout comme l'Espagne au catholicisme le plus austère, sous la poigne de fer du fils de Charles Quint, Philippe II. Sans aucun doute, la France aurait suivi cette voie, si le destin n'avait soudain frappé de sa pointe acérée... À François Ier a succédé son fils Henri II (né en 1519, règne en 1547, meurt en 1559). Comme son père, il n'a pas hésité, dans sa politique étrangère, à s'allier à des princes protestants pour contrer Charles Quint. Comme son père, il est, pour ce qui est des affaires intérieures, d'une intransigeance catholique absolue. C'est une des raisons pour lesquelles il a enterré définitivement toute prétention italienne et terminé la guerre avec les Habsbourg qui durait depuis quarante ans (traité du Cateau-Cambrésis, 1559). Il veut avoir les mains libres pour « extirper l'hérésie » déjà très répandue dans son royaume. Il faut croire qu'un dieu (mais lequel ?) hésitait à le laisser faire. En juin 1559, on donne des fêtes. C'est là où vient la pointe : le roi reçoit, au cours d'un tournoi, un coup de lance accidentel dans l'oeil et meurt. Il laisse quatre fils, dont trois vont régner après lui, trois enfants faibles et inadaptés aux circonstances. C'est une des causes d'une des pages les plus sombres de l'histoire de France : les guerres de Religion. Elles dureront de 1562 à 1598. Les guerres religieuses en France La fièvre religieuse a touché la France comme le reste de l'Europe dès la première moitié du siècle. Un scandale avait même secoué le règne du farouche François Ier : par bravade, une nuit de 1524, d'intrépides inconnus avaient collé dans tout le pays des affiches hostiles à la messe et au pape, et certaines avaient été clouées non loin de la propre chambre du roi, dans son château d'Amboise (c'est « l'affaire des placards »). Les persécutions engagées alors n'y avaient rien fait, le « mal » avait continué à se répandre. Sous Henri II, le royaume compte environ 2 millions de rebelles de la foi. Ils sont principalement calvinistes, on les appelle, par déformation d'un mot suisse allemand, les huguenots ou, quand on ne les aime pas, les parpaillots. Ils sont artisans, bourgeois, hommes ou femmes du peuple, plus souvent des gens lettrés et parfois même des nobles de haut rang. Avec la mort d'Henri II, la monarchie entre donc dans une mauvaise passe. Ses fils viennent trop tôt. François II monte sur le trône à moins de quinze ans et meurt au bout d'un an de règne seulement (né en 1544, règne en 1559, meurt en 1560). Son frère Charles IX lui succède alors qu'il n'a pas dix ans et meurt à vingt-quatre, sans enfants, faisant la place au dernier, Henri III, fantasque, inconséquent. Trois rois incapables, chacun dans un genre particulier, dominés par le grand homme de la période, leur mère, Catherine de Médicis. Quand j'étais écolier, elle jouait encore dans l'affaire le rôle de la méchante absolue, acariâtre, autoritaire, obsédée seulement du destin de ses enfants, impénétrable aux malheurs de la France : d'ailleurs elle était italienne, comment compter sur une étrangère ? Aujourd'hui, poussés par ces mouvements de balancier qui sont si fréquents dans le jugement de la postérité, les historiens tendent à réhabiliter son action pour tenter d'assurer l'autorité royale. Disons que cette femme a fait ce qu'elle a pu et qu'elle pouvait peu. Comme toujours lors des périodes d'instabilité monarchique, les grandes familles du royaume avaient senti leur heure venue, elles étaient prêtes à beaucoup pour dépecer le cadavre. Il faut ajouter à ce tableau cent fois vu la dimension religieuse. Les Bourbons, par exemple, personnages considérables, descendants de Saint Louis, devenus par mariage les rois de Navarre, sont protestants. Les Guises, une puissante et riche famille lorraine alliée de la France, sont les ultras-catholiques. Agitez devant le nez des puissants un pouvoir à prendre, vous pouvez facilement les rendre fous. Ajoutez le fait que chaque camp formé autour d'eux est persuadé d'agir au nom de la Vérité, du Bien et du salut éternel, et c'est un pays tout entier qui bascule. Cela a produit trente-six ans d'horreur. Pourquoi en donner les détails ? Le processus est toujours le même. On en date, traditionnellement, le début à 1562. Le fragile François II, roi à quinze ans, totalement sous l'influence de la famille de sa femme, les Guises, est mort après un an de règne (en 1560). Catherine de Médicis, régente au nom du petit Charles IX, pour tenter de reprendre la main, décide de s'appuyer sur un autre clan, les Bourbons. On fait donc un édit qui donne à leurs amis huguenots certaines garanties, comme le droit au culte dans les faubourgs des villes. Les Guises en sont furieux. En 1562, sur la route de Paris, leur puissant duc fait halte à Wassy, un petit village de Champagne, lors même que les protestants du lieu célèbrent l'office. Insultes, provocations : près de cent malheureux sont assassinés par les soldats du duc. Un crime appelle toujours des représailles. Elles demandent des vengeances en retour. C'est le début de l'engrenage infernal, c'est la « première guerre de Religion ». Il y en aura huit, avec d'autres carnages, des provinces ravagées, des villes assiégées, des batailles rangées, des innocents tués par milliers, quelques rares esprits pacificateurs (comme le chancelier Michel de L'Hospital, ministre de Catherine de Médicis), beaucoup de psychopathes passant parfois d'un bord à l'autre pour assouvir leur soif de sang et quelques traités définitifs signés par des ennemis épuisés qui n'en attendent qu'un peu de répit avant de reprendre leur lutte folle. Le sommet de l'horreur sera atteint en 1572, dans la semaine du 24 août, jour fameux, c'est celui de la SaintBarthélemy. Depuis quelque temps, le jeune roi Charles IX est proche d'un grand réformé, de la famille des Montmorency, l'amiral de Coligny. Les temps semblent à la réconciliation. La reine mère Catherine, pour en donner l'éclatant symbole, a offert la main de Marguerite (la fameuse reine Margot), sa fille catholique, au chef du camp protestant, le Bourbon Henri de Navarre. Tous les chefs huguenots sont à Paris pour célébrer la noce. Est-ce un piège affreux qu'on leur a tendu ? Toujours est-il que le 22 août, quelqu'un, sans doute payé par les Guises, tire sur Coligny, qui par chance réchappe à l'attentat. Les huguenots crient vengeance. Le faible roi va réconforter Coligny, il promet la justice, puis il perd pied. On le croyait acquis à la paix. Les catholiques ultras, poussés par la reine Catherine, le retournent et le convainquent en une soirée qu'il faut profiter de ces troubles pour en finir avec les hérétiques. Selon sa légende noire, il accepte le pacte infernal en y ajoutant cette clause abjecte : « Tuez-les, mais tuez-les tous, qu'il n'en reste pas un pour me le reprocher. » Le 24 août avant la pointe du jour, les spadassins se ruent chez l'amiral, le tuent bel et bien et le défenestrent : son corps sera dépecé par la population hystérique. C'est le signal d'une semaine de sang et d'horreur, bientôt suivie d'autres semaines sanglantes dans toutes les grandes villes du royaume : 12 000 protestants, selon les estimations, sont tués de la façon la plus atroce. On n'en est là qu'au début de la quatrième guerre. Il en faudra autant pour sortir de ce cycle infernal où se mêlent bientôt des armées étrangères : les soldats du roi d'Espagne viennent aider les Guises ; les protestants reçoivent les subsides d'Élisabeth d'Angleterre et l'appui des reîtres, mercenaires allemands qui sèment la terreur. Dans les années 1580, le lancinant problème de la succession royale vient couronner le tout. Le troisième des frères, Henri III, n'a pas d'enfant. Il en restait un quatrième, François, duc d'Anjou : il meurt prématurément en 1584. Le seul successeur légitime au trône est un cousin très lointain, mais « prince du sang », c'est-à-dire de sang royal - son arbre généalogique remonte à Saint Louis. Par malheur, il est protestant. C'est notre Bourbon Henri de Navarre. La perspective déchaîne l'ire du troisième Henri de notre affaire : le duc de Guise. Jamais il n'acceptera un parpaillot qui conduirait le pays en enfer. À la tête de son parti, la Ligue, Henri de Guise fait tout pour empêcher cette perspective dantesque. Pendant un temps, le roi penche de son côté, puis il s'en détourne. Guise tente le tout pour le tout. En 1588, ses affidés fomentent une sédition à Paris, c'est « la journée des Barricades », elle oblige le roi à fuir sa capitale. Meurtri par cet affront terrible, Henri III fait venir Guise dans son château de Blois et le fait froidement assassiner par ses gardes. Un an plus tard, un moine catholique fanatique, Jacques Clément, plante en retour son couteau dans le corps du roi. Fin de la dynastie des Valois. Place aux cousins, les Bourbons, c'est-à-dire Henri de Navarre, notre Henri IV, désigné par les lois de succession et par feu Henri III lui-même avant sa mort, mais rejeté par 90 % du pays. Il lui faudra du temps pour devenir le barbu débonnaire de nos livres d'histoire. Il lui faudra, pour pouvoir simplement poser la couronne sur sa tête, beaucoup, beaucoup d'énergie : assiéger Paris tenue par les ligueurs et leurs alliés espagnols (le siège, terrible, causera des dizaines de milliers de mort) ; se battre contre tous les grands qui ne veulent pas de lui, en acheter plus encore (ça le ruinera) et surtout « faire le saut périlleux », comme il le dira lui-même, c'est-à-dire se résoudre à abjurer le protestantisme et à rentrer dans le giron de l'Église catholique. Il le fait en grande pompe en 1593. Ça ne convainc pas tout le monde. Il lui faudra encore cinq ans pour mettre un terme au cauchemar avec un texte qui scelle la réconciliation : l'édit de Nantes. Il confirme que la France est un royaume catholique, mais garantit aux protestants la liberté de culte dans les villes où ils sont installés et de nombreuses « places de sûreté », des places fortes censées assurer leur sécurité. Les « guerres de Religion » sont terminées. L'occasion est donc excellente pour tâcher de comprendre ce qu'elles ont encore à nous apprendre. Ce que l'on peut retenir des guerres religieuses L'édit de Nantes de 1598 a longtemps été considéré comme un texte fondateur de ce que nous appelons la tolérance. De fait, il permet pendant un moment aux frères ennemis catholiques et protestants de vivre ensemble dans le même royaume. On l'a vu, c'est un cas rare dans l'Europe de l'époque, seules la Pologne et la Hongrie connaissent pareille cohabitation paisible. La plupart des historiens actuels (comme par exemple l'excellente Arlette Jouanna1) estiment que la seule cause que le texte ait fait progresser en réalité fut l'absolutisme royal. Le texte ne cherche pas à réconcilier les deux camps - ils sont tellement sûrs de leurs vérités qu'ils sont irréconciliables -, il montre à chacun qu'il existe une autorité supérieure aux convictions : le roi, vrai vainqueur de l'histoire. Sur un strict plan religieux, la seule valeur qui a vraiment progressé au xvie siècle, ce fut le sectarisme. Il est à l'oeuvre dans les deux camps. Parce que les huguenots en France furent minoritaires, parce que les grands historiens républicains qui nous ont enseigné cette histoire étaient très anticléricaux, on a souvent l'habitude de considérer les catholiques comme les méchants de l'affaire, et les Guises et leurs ligueurs comme d'horribles fanatiques. Ils le furent. La Saint-Barthélemy est une tache épouvantable sur le livre de comptes de leur camp. Elle fut saluée à l'époque par des cris de joie dans toutes les églises, le pape fit chanter un Te Deum et frapper une médaille pour saluer cette magnifique victoire. Notons cependant, pour rétablir le fléau de la balance, que les protestants du temps étaient d'un humanisme très relatif. On peut, pour en donner une idée, rappeler deux exemples. Ils sont classiques mais ils sont parlants. Le premier se passe dans l'Empire. Dès 1525, poussés par le vent que Luther lui-même a suscité, des paysans se révoltent en Allemagne contre les horribles conditions de vie qui sont les leurs. Le moine protestataire est effrayé par cette rébellion contre l'autorité et contre les princes dont il a tant besoin. Alors même que des milliers de ces malheureux sont victimes de la plus abominable répression, il écrit textuellement qu'il faut les frapper et les éventrer « comme on assomme un chien enragé ». Le second a lieu à Genève. En 1553, un érudit espagnol, Michel Servet, y cherche abri parce qu'il défend des thèses audacieuses, lui aussi. Il attaque le dogme de la Trinité. Hélas pour lui, ce dogme-là ne déplaît pas à Calvin : sur son ordre, Servet est donc brûlé. Un seul de ses lieutenants contestera cette condamnation et rompra avec son maître. Il s'appelle Sébastien Castellion et écrira à propos de cette affaire une phrase admirable : « Tuer un homme, ce n'est pas défendre une doctrine, c'est tuer un homme. » Il était bien seul à penser de la sorte à l'époque. La Genève du xvie siècle - comment le nier ? - a plus de parenté avec un État taliban qu'avec le paradis des droits de l'homme : la danse, l'amusement, la fête y sont interdits et le seul fait d'oser porter un vêtement à la mode ou de laisser échapper un Ave Maria du bout des lèvres est un moyen très sûr de se faire traîner devant le « conseil », l'impitoyable tribunal de la moralité qui contrôle tout et chacun. On dira que de tels excès sont le fait des doctrines nouvelles, trop incertaines pour être tolérantes. Le drame, c'est que par concurrence la vieille maison romaine va bientôt en arriver à se durcir tout autant. L'Église catholique du début du xvie était un vieux monument vermoulu gouverné par des pontifes débauchés et corrompus. Justement, tout y était possible. Le séisme venu d'Allemagne la pousse à se ressaisir, pour ne pas s'effondrer tout à fait. Vers le milieu du xvie siècle, durant une vingtaine d'années, un interminable concile, le « concile de Trente », jette les bases de ce que l'on appelle « la Contre-Réforme » ou la « Réforme catholique ». La « Compagnie de Jésus », c'est-à-dire les Jésuites, un ordre fondé au début du siècle par un noble espagnol, en sera le fer de lance : elle se vit comme une « armée au service du pape », c'est dire les préoccupations de l'époque. Certaines décisions paraissent évidentes, comme celle qui prévoit de créer des séminaires qui serviront à former les prêtres. Mais aussi, du même mouvement, on voit apparaître un renouveau du mysticisme le plus délirant, la mode des interminables processions du saint sacrement, de nouvelles formes de dévotion qui sont à l'opposé de l'ouverture dont a été capable la pensée catholique à d'autres moments de son histoire. Une haine durable Ce siècle a laissé un autre legs durable : une haine farouche entre protestants et catholiques. Aujourd'hui elle paraît loin. Dans une société déchristianisée, la plupart des gens font mal la distinction entre les branches du christianisme, et cela pousse à des approximations qui auraient fait sortir les fusils il n'y a pas si longtemps. À la

« postérité, leshistoriens tendentàréhabiliter sonaction pourtenter d’assurer l’autoritéroyale.Disonsquecette femme afait cequ’elle apu etqu’elle pouvait peu.Comme toujours lorsdespériodes d’instabilité monarchique, les grandes famillesduroyaume avaientsentileurheure venue, ellesétaient prêtesàbeaucoup pourdépecer le cadavre.

Ilfaut ajouter àce tableau centfoisvuladimension religieuse.LesBourbons, parexemple, personnages considérables, descendantsdeSaint Louis, devenus parmariage lesrois deNavarre, sontprotestants.

LesGuises, une puissante etriche famille lorraine alliéedelaFrance, sontlesultras-catholiques.

Agitezdevant lenez des puissants unpouvoir àprendre, vouspouvez facilement lesrendre fous.Ajoutez lefait que chaque campformé autour d’euxestpersuadé d’agiraunom delaVérité, duBien etdu salut éternel, etc’est unpays toutentier qui bascule.

Celaaproduit trente-six ansd’horreur. Pourquoi endonner lesdétails ? Leprocessus esttoujours lemême.

Onendate, traditionnellement, ledébut à 1562.

Lefragile François II, roiàquinze ans,totalement sousl’influence delafamille desafemme, lesGuises, est mort après unande règne (en1560).

Catherine deMédicis, régenteaunom dupetit Charles IX, pourtenter de reprendre lamain, décide des’appuyer surunautre clan,lesBourbons.

Onfait donc unédit quidonne àleurs amis huguenots certainesgaranties, commeledroit auculte danslesfaubourgs desvilles.

LesGuises ensont furieux.

En 1562, surlaroute deParis, leurpuissant ducfaithalte àWassy, unpetit village deChampagne, lorsmême queles protestants dulieu célèbrent l’office.Insultes, provocations : prèsdecent malheureux sontassassinés parles soldats duduc.

Uncrime appelle toujours desreprésailles.

Ellesdemandent desvengeances enretour.

C’estle début del’engrenage infernal,c’estla« première guerredeReligion ».

Ilyen aura huit, avecd’autres carnages, des provinces ravagées,desvilles assiégées, desbatailles rangées, desinnocents tuésparmilliers, quelques rares esprits pacificateurs (commelechancelier MicheldeL’Hospital, ministredeCatherine deMédicis), beaucoup de psychopathes passantparfoisd’unbord àl’autre pourassouvir leursoifdesang etquelques traitésdéfinitifs signés par des ennemis épuisésquin’en attendent qu’unpeuderépit avant dereprendre leurlutte folle. Le sommet del’horreur seraatteint en1572, danslasemaine du24 août, jourfameux, c’estcelui delaSaint- Barthélemy.

Depuisquelque temps,lejeune roiCharles IX estproche d’ungrand réformé, delafamille des Montmorency, l’amiraldeColigny.

Lestemps semblent àla réconciliation.

Lareine mère Catherine, pouren donner l’éclatant symbole,aoffert lamain deMarguerite (lafameuse reineMargot), safille catholique, auchef du camp protestant, leBourbon HenrideNavarre.

Tousleschefs huguenots sontàParis pourcélébrer lanoce.

Est-ce un piège affreux qu’onleuratendu ? Toujours est-ilquele22 août, quelqu’un, sansdoute payéparlesGuises, tire sur Coligny, quipar chance réchappe àl’attentat.

Leshuguenots crientvengeance.

Lefaible roivaréconforter Coligny, ilpromet lajustice, puisilperd pied.

Onlecroyait acquisàla paix.

Lescatholiques ultras,poussés parla reine Catherine, leretournent etleconvainquent enune soirée qu’ilfautprofiter deces troubles pourenfinir avec les hérétiques.

Selonsalégende noire,ilaccepte lepacte infernal enyajoutant cetteclause abjecte : « Tuez-les, mais tuez-les tous,qu’iln’en reste pasunpour melereprocher. » Le24 août avantlapointe dujour, lesspadassins se ruent chezl’amiral, letuent beletbien etledéfenestrent : soncorps seradépecé parlapopulation hystérique. C’est lesignal d’unesemaine desang etd’horreur, bientôtsuivied’autres semaines sanglantes danstoutes les grandes villesduroyaume : 12 000 protestants, selonlesestimations, sonttuésdelafaçon laplus atroce. On n’en estlàqu’au début delaquatrième guerre.Ilen faudra autant poursortir dececycle infernal oùsemêlent bientôt desarmées étrangères : lessoldats duroi d’Espagne viennentaiderlesGuises ; lesprotestants reçoivent les subsides d’Élisabeth d’Angleterre etl’appui desreîtres, mercenaires allemandsquisèment laterreur. Dans lesannées 1580,lelancinant problème delasuccession royalevientcouronner letout.

Letroisième des frères, Henri III, n’apas d’enfant.

Ilen restait unquatrième, François,ducd’Anjou : ilmeurt prématurément en 1584.

Leseul successeur légitimeautrône estuncousin trèslointain, mais« prince dusang », c’est-à-dire desang royal –son arbre généalogique remonteàSaint Louis.

Parmalheur, ilest protestant.

C’estnotre Bourbon Henride Navarre.

Laperspective déchaînel’iredutroisième Henridenotre affaire : leduc deGuise.

Jamais iln’acceptera un parpaillot qui conduirait lepays enenfer.

Àla tête deson parti, laLigue, HenrideGuise faittout pour empêcher cette perspective dantesque.Pendantuntemps, leroi penche deson côté, puisils’en détourne.

Guisetentele tout pour letout.

En1588, sesaffidés fomentent unesédition àParis, c’est« lajournée desBarricades », elle oblige leroi àfuir sacapitale.

Meurtriparcetaffront terrible, Henri IIIfaitvenir Guise danssonchâteau deBlois et le fait froidement assassinerparsesgardes.

Unanplus tard, unmoine catholique fanatique,JacquesClément, plante enretour soncouteau danslecorps duroi.

Findeladynastie desValois. Place auxcousins, lesBourbons, c’est-à-dire HenrideNavarre, notreHenri IV, désignéparleslois desuccession et par feuHenri III lui-même avantsamort, maisrejeté par90 % dupays.

Illui faudra dutemps pourdevenir lebarbu débonnaire denos livres d’histoire.

Illui faudra, pourpouvoir simplement poserlacouronne sursatête, beaucoup, beaucoup d’énergie : assiégerParistenue parles ligueurs et leurs alliés espagnols (lesiège, terrible, causerades dizaines demilliers demort) ; sebattre contre touslesgrands quineveulent pasdelui, enacheter plusencore (ça le ruinera) etsurtout « fairelesaut périlleux », commeille dira lui-même, c’est-à-dire serésoudre àabjurer le protestantisme etàrentrer danslegiron del’Église catholique.

Ille fait engrande pompe en1593.

Çane convainc. »

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